Séance du jeudi 26 octobre 2000 à 17h
54e législature - 3e année - 11e session - 46e séance

M 1361-I
12. Proposition de motion de Mme et MM. Jean-Marc Odier, Thomas Büchi, Hervé Dessimoz, Daniel Ducommun, John Dupraz, Pierre Froidevaux, Jean-Louis Mory, Walter Spinucci, Marie-Françoise de Tassigny, Pierre-Pascal Visseur, Louis Serex et Roger Beer en faveur d'une promotion touristique de Genève encore plus efficace. ( )M1361-I

EXPOSÉ DES MOTIFS

Plusieurs articles de presse récents (L'Hebdo du 27 juillet 2000, pages 5 et 46-52 ; La Tribune de Genève du 27 juillet, page 25 et du 3 août 2000, page 18) ont relevé des carences dans la promotion touristique helvétique en général, mais aussi genevoise dans certains cas.

Le tourisme est une activité importante de notre pays. Des efforts sont faits par les collectivités et de nombreux organismes publics et privés. Ils semblent néanmoins ne plus être suffisants.

La Suisse et Genève ne peuvent éternellement vivre sur leur réputation passée, espérant que les touristes s'intéresseront toujours à eux, malgré les intenses activités de promotion déployées par de nombreux autres pays.

Comme les articles de presse le relèvent, l'amabilité, la disponibilité et la qualité de l'information ne se trouvent malheureusement plus partout ; ces constations ne sont malheureusement pas isolées. Des efforts doivent absolument être accomplis dans ce domaine et nos autorités politiques doivent les encourager.

Informations concernant Genève

Il est important de faire en sorte que les informations concrètes relatives à Genève soient fiables, mises à jour très régulièrement et disponibles dans de nombreuses langues. Ces informations devraient se trouver, en libre accès, à l'aéroport, aux gares ferroviaires et routière, à l'Office du tourisme de Genève, dans les offices de tourisme importants en Suisse et à l'étranger.

Si l'Office du tourisme publie 2 millions de brochures par an (la brochure de présentation de Genève, existant en 12 langues, est magnifique), à l'aéroport ou à la gare, par exemple, il n'y a presque aucune brochure intéressante disponible en libre service… Une fois que le touriste intéressé par Genève, grâce à la magnifique brochure de présentation citée ci-dessus arrive dans notre ville, davantage d'informations pratiques (plan détaillé de la ville, situation des curiosités genevoises, horaires des magasins et restaurants, manifestations culturelles) devraient être disponibles, et aussi dans de nombreuses langues !

Les nouvelles technologies (Internet, courrier électronique) devraient être utilisées encore plus efficacement pour promouvoir Genève. A ce sujet, les informations figurant sur Internet au sujet de Genève n'existent qu'en français et en anglais (qu'en est-il des autres langues?)... et ne permettent pas toujours au visiteur ne connaissant pas Genève de distinguer l'essentiel de l'accessoire, tellement elles sont nombreuses. D'ailleurs, lorsqu'on fait - sur le site de l'Office du tourisme - une recherche sur la restauration genevoise, on trouve en tête de liste les "; fast food " !

La collaboration active avec la Confédération (Suisse-Tourisme entre autres) et les cantons devrait être intensifiée, afin que des informations pertinentes relatives à notre canton soient disponibles (afin d'éviter la déconvenue arrivée au journaliste de L'Hebdo).

Développement de l'accueil

Nous suggérons ensuite à l'Office du tourisme d'engager, lors des périodes touristiques, des jeunes étudiants plurilingues et de les faire se balader dans les lieux fréquemment visités, afin de renseigner les touristes et même les Genevois intéressés (!) ou de remettre de la documentation pertinente... comme cela se fait à l'étranger (à Helsinki par exemple).

Un important effort devrait également être fait sur le plan des "; mentalités " : il faut absolument sensibiliser la population à l'importance de l'accueil des arrivants à Genève et des bénéfices (pas seulement financiers !) que notre canton peut retirer du contact avec les touristes et autres visiteurs.

Conclusions

Nous souhaitons donc que cette motion permette au Conseil d'Etat de faire un bilan (avec les points positifs et négatifs) sur la promotion touristique genevoise, de relever ce qui fonctionne bien et ce qui peut encore être amélioré.

Nous reconnaissons volontiers l'important travail effectué par l'Office du tourisme, en particulier pour la promotion de Genève à l'étranger, mais il nous semble également important que des efforts d'accueil soient faits à Genève même.

Nous espérons, Mesdames et Messieurs les députés, que vous soutiendrez cette motion en la renvoyant directement au Conseil d'Etat.

Débat

M. Jean-Marc Odier (R). Le tourisme représente pour Genève un produit commercial de tout premier ordre, tant par son importance que par la diversité des secteurs concernés. Nous le savons, notre Office du tourisme déploie ses efforts de promotion tous azimuts à travers le monde. Il le fait avec dynamisme et brio, obtenant des résultats quantitatifs en constante progression et nous ne pouvons que l'en féliciter. Cela est d'autant plus nécessaire qu'on a trop souvent tendance à penser, à tort, que la présence de touristes dans notre cité est toute naturelle et définitivement acquise. C'est peut-être sous-estimer le fait que, si Genève a la chance de disposer d'un site de qualité, cette chance n'est pas le fruit du hasard, mais celui d'un important travail de promotion.

Si le volet extérieur de la promotion touristique est donc performant, notre préoccupation se porte sur le volet intérieur de cette promotion, que l'on a tendance à reléguer au second plan. Le propos n'est pas de blâmer l'Office du tourisme, cela d'autant plus qu'il ne détient qu'une partie des éléments de cette promotion, mais il s'agit de contribuer à renforcer les moyens pour peaufiner cette promotion intérieure que l'on appelle l'accueil.

L'exposé des motifs de la motion fait état de quelques exemples de lacunes qui, toutes prises séparément, représentent des détails. Cependant, le touriste n'est malheureusement pas différent de chacun d'entre nous, et nous savons bien que l'on se rappelle plutôt le détail négatif que l'essentiel. Il nous paraît donc indispensable d'améliorer et d'intensifier l'information touristique par tous les moyens possibles.

Le deuxième aspect de l'amélioration de l'accueil tient à un élément que l'on ne peut imputer à l'Office du tourisme. En effet, les fournisseurs de prestations touristiques, mais aussi et simplement la population genevoise, ont un rôle prépondérant dans ce domaine. Nous pensons qu'il serait judicieux de sensibiliser les Genevois par une campagne sur le sens de l'accueil et qu'une attitude aimable à l'égard du touriste peut être la meilleure carte de visite pour Genève.

Nous souhaitons que le Conseil d'Etat présente au Grand Conseil un projet d'action allant dans ce sens. La promotion de Genève dans le domaine touristique est l'affaire de tous. C'est pourquoi nous vous demandons, Mesdames et Messieurs les députés, de réserver également un excellent accueil à cette motion !

Mme Stéphanie Ruegsegger (PDC). Nous sommes tous d'accord pour accorder de l'importance au tourisme dans notre canton. Des efforts ont été faits, des moyens ont été mis en oeuvre ; là, je rappellerai à M. Odier notamment une manifestation que met sur pied chaque année Genève Tourisme, qui est la Journée du tourisme, consacrée à l'accueil et destinée aux Genevois. Des efforts ont donc été faits, avec la contribution des principaux partenaires du tourisme genevois, dont notamment la Fondation pour Genève qui jette des ponts entre la Genève internationale et la société civile de Genève.

Nous sommes également d'accord pour dire qu'il faut favoriser les synergies et encore développer des efforts, notamment sur l'amabilité et l'accueil, mais ce n'est pas tout. La promotion touristique est en fait un ensemble de facteurs qui dépassent largement les seules compétences de Genève Tourisme. Il est effectivement bon de faire venir des gens à Genève, encore faut-il leur donner l'envie d'y rester et, pourquoi pas, d'y revenir. Il y a notamment deux éléments qui nous paraissent particulièrement importants et que nous proposons de traiter également en commission à travers l'étude de cette motion, à savoir, d'une part, la question de la propreté de notre ville, qui laisse de plus en plus à désirer et qui s'est détériorée ces dernières années, et également la question de l'accessibilité.

La promotion touristique de notre canton n'incombe donc pas seulement à Genève Tourisme, mais à un ensemble de partenaires privés et publics, et nous souhaitons que ces éléments soient également pris en compte dans l'étude de cette motion.

M. Alain Etienne (S). Après l'obligation de dispenser l'éducation civique dans les écoles obligatoires, le développement durable - que Genève montre l'exemple - voici que le groupe radical nous propose une promotion touristique efficace.

Certes, les socialistes reconnaissent que le tourisme est une activité importante pour notre canton. Cependant, nous ne soutiendrons pas en l'état cette motion et ceci pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, parce que la motion devrait pouvoir être élargie à d'autres considérants. En effet, le tourisme est multiple. Je pense en particulier au tourisme rural, à l'écotourisme, à l'accueil des jeunes. Je crains qu'une telle motion aboutisse à favoriser un tourisme de prestige centré plus particulièrement sur la rade, quand bien même Genève peut développer d'autres facettes sur l'ensemble de son territoire et de la région.

Je ne vois pas très bien où les motionnaires veulent en venir avec cette motion, car il existe déjà une base légale avec un règlement. Cette loi date de 1994, ce qui n'est pas si vieux. Il s'agit donc d'appliquer la loi, soit développer un tourisme de qualité correspondant à la demande, etc. Rappelons aussi ici que l'Etat, la Ville de Genève, les communes genevoises intéressées, les milieux du tourisme ainsi que les milieux économiques concernés sont représentés au sein des instances dirigeantes de la Fondation du tourisme et que l'Office du tourisme est tenu de présenter chaque année à la fondation son budget, ses comptes et son rapport d'activité.

Alors, faut-il comprendre par cette motion que le Conseil d'Etat ne fait pas son travail ? Faut-il comprendre que la Fondation pour le tourisme ou l'Office du tourisme de Genève ne sont pas assez efficaces ? Permettez-moi de m'interroger !

Concernant l'Office du tourisme de Genève, voici déjà quelques années que cet organisme cherche à se rapprocher de la population. Il ne faudrait peut-être pas tuer prématurément cet élan nouveau. Peut-être qu'ici ou là on peut constater quelques manquements, mais je veux croire au dynamisme de l'Office du tourisme pour corriger ces défauts.

Et puis, pour terminer, je ne vois pas comment le Conseil d'Etat peut sensibiliser la population genevoise à un accueil plus chaleureux des touristes et des nouveaux arrivants. Cette notion d'accueil me semble être très subjective.

Certes, le tourisme à Genève mérite une réflexion, mais sûrement pas en ces termes et sûrement pas avec une motion à envoyer directement au Conseil d'Etat. Le groupe socialiste est favorable à un renvoi en commission.

M. David Hiler (Ve). Effectivement, le texte présenté par le parti radical contient implicitement un certain nombre de critiques sur quelques aspects de la promotion touristique et donc du travail de l'Office du tourisme. La critique est, a priori, utile et constructive : c'est le travail des députés, s'il leur paraît qu'il y a des insuffisances, de les relever, puis de proposer des solutions.

Si l'on s'en tient aux invites de la motion, elles nous paraissent tout à fait correctes et il ne nous semble pas qu'elles exigent de longues séances de commission pour se mettre d'accord sur le fait qu'il est préférable que les données soient justes plutôt que fausses, que ces informations soient disponibles en des points stratégiques plutôt que dans des caves, et qu'on utilise les nouvelles technologies de l'information plutôt que des copistes dans des monastères ! Je crois qu'on peut être d'accord sur ces points et éviter à la commission de l'économie trois à quatre séances de travail et d'auditions fastidieuses, pour redire à la sortie exactement ce que nous aurons déclaré aujourd'hui !

Nous proposons donc de renvoyer cette motion au Conseil d'Etat, de sorte qu'il puisse examiner les améliorations ponctuelles à apporter à la pratique de l'Office du tourisme. A cet égard, je partage l'avis de M. Etienne sur le travail de l'Office du tourisme : cela va plutôt mieux que moins bien, me semble-t-il, depuis quelques années.

Enfin, j'aimerais relever un point de l'intervention d'une préopinante. A vrai dire, si nous souhaitions que Genève soit un peu plus propre qu'elle ne l'est, ce serait, au premier chef et sans vouloir être trop égoïste, pour les Genevois eux-mêmes, qui sont les premiers concernés et qui pourraient trouver cela agréable. Par la même occasion, nos hôtes seraient également contents. Je partage donc cette préoccupation, pas seulement pour faire bonne impression, mais pour vivre peut-être un peu mieux.

Nous vous proposons donc, Mesdames et Messieurs, de renvoyer cette motion au Conseil d'Etat ; celui-ci, dans un délai rapide, résoudra les petits problèmes soulevés.

M. Christian Grobet (AdG). Les débat se suivent mais ne se ressemblent pas forcément ! D'abord, je dois dire à M. Hiler - il ne m'en voudra pas - que nous avons un point de divergence important sur cette motion, à savoir que nous souhaitons son renvoi en commission et non son renvoi direct au Conseil d'Etat. Je vais dire pourquoi.

Tout à l'heure, on a entendu les députés d'en face dire tous les bienfaits qu'ils voyaient à une gestion privée des affaires de ce canton, vanter l'efficacité de la gestion privée à propos de l'aéroport. D'ailleurs, je ne peux m'empêcher, Monsieur le président, de profiter de ce tour de parole pour m'étonner quelque peu des propos de M. Lamprecht. Je comprends, Monsieur Lamprecht, que vous ayez été mal à l'aise tout à l'heure, mais, en ce qui nous concerne, nous n'avons aucune critique à formuler à l'égard des travailleurs de l'aéroport, ni à l'égard du fonctionnement de cet aéroport. Je ne sais pas où vous avez été chercher cela ! Au contraire, ce sont vos amis politiques qui considèrent que l'aéroport est mal géré et qu'il faut le privatiser... (Protestations et brouhaha.) Quant à nous, nous avons simplement dit que nous n'étions pas totalement satisfaits du directeur. A mon avis, il a en effet un sacré culot, vu sa place, étant donné qu'il a été désigné par le Conseil d'Etat, d'épouser la thèse de ceux qui veulent privatiser l'aéroport ! Et si nous avons dit qu'il y a un ou deux fromages à l'aéroport, ce n'est pas nous qui demandons de transformer le statut de cet aéroport sous prétexte qu'il serait mal géré, à entendre les gens d'en face... (L'orateur est interpellé.)

Et pour en revenir au tourisme, Monsieur Dessimoz, nous sommes par contre d'accord avec vous sur le fait que ce secteur est mal géré. Là oui, nous sommes d'accord, mais nous pensons que votre motion ne va pas assez loin. Et cela me permet, sans faire de longues digressions, de rappeler une ou deux choses à propos du tourisme à Genève.

Contrairement aux communes et aux villes des autres cantons de ce pays, qui ont de longue date un office du tourisme communal, en général, dont ils sont très fiers, le canton de Genève n'a jamais voulu d'un office communal. Et, surtout, nous étions probablement le seul canton de Suisse où il n'y avait pas de taxe de séjour pour les touristes de passage, car MM. les hôteliers ne voulaient pas qu'on perçoive de taxes de séjour à Genève. Pendant pratiquement trente ans, la gauche s'est battue à l'intérieur de cette enceinte pour qu'une telle taxe de séjour soit perçue, comme c'est le cas partout ailleurs, afin précisément de financer un office du tourisme. Mais il est vrai qu'à partir du moment où on perçoit une taxe de séjour, à partir du moment où la contribution à l'Office du tourisme n'est plus une contribution volontaire de la part des hôteliers mais provient d'une taxe, cela justifie évidemment que les autorités se préoccupent de la manière dont cette taxe va être utilisée. Et c'est parce que Mmes et MM. les hôteliers ne voulaient pas que les autorités, et tout particulièrement la Ville de Genève, mettent leur nez dans les affaires de l'Office du tourisme qu'ils se sont battus pendant des décennies contre la taxe de séjour.

Celle-ci a finalement a été instaurée il y a quelques années, lorsque l'Office du tourisme a finalement dû admettre qu'il n'avait plus les moyens de faire face à sa tâche. C'est parce qu'il était au bord de l'abîme que les milieux économiques ont finalement accepté cette taxe. En revanche, on n'a pas été jusqu'au bout : la loi a été adoptée à un moment où vous aviez la majorité, Mesdames et Messieurs les députés de l'Entente, et vous n'avez pas voulu entendre parler d'un Office du tourisme dépendant des autorités. On a créé, vous l'avez relevé, Monsieur Etienne, une pseudo-fondation de droit privé - il n'était bien entendu pas question de créer une fondation de droit public ! Du reste, je me suis donné la peine de ressortir la loi sur le tourisme et le règlement d'application, pensant naïvement que, dans le règlement d'application, je verrais peut-être qui fait partie du conseil de cette fondation privée : eh bien, le règlement ne dit pas qui en fait partie, il n'y a pas de noms, on ne sait rien... Tout ce qu'on sait, c'est qu'en tout cas cette fondation n'est absolument pas représentative de la population, au même titre que le comité de l'Office du tourisme - dont je ne voudrais pas rappeler tous les avatars de ces dernières années - qui n'est pas non plus représentatif de la population. En fait, les milieux liés au tourisme et principalement les hôteliers veulent bénéficier de la taxe de séjour, taxe publique, mais privatisée au profit de leur façon de gérer l'Office du tourisme.

Monsieur Dessimoz, je m'excuse d'avoir fait cette digression, mais je crois qu'il n'était pas inutile de rappeler le contexte pour les nouveaux députés, qui ne sont pas forcément au courant. Pour en revenir au fond de votre motion, la première chose à faire - et c'est pourquoi, Monsieur Hiler, nous demandons son renvoi en commission - c'est de revoir le fonctionnement de l'Office du tourisme, le statut de la fondation, de façon que la manière de gérer cette taxe perçue auprès de contribuables de passage soit contrôlée par les pouvoirs publics, d'une manière normale et démocratique.

Deuxièmement, il faudrait effectivement définir une politique du tourisme à Genève. J'ai entendu Mme Ruegsegger faire état de sa préoccupation principale et de ce qui semble être le problème des touristes, à savoir que Genève ne serait pas aussi propre qu'elle l'était dans le temps. Il est vrai que Genève n'est pas exemplaire à cet égard, mais elle est encore bien meilleure que de nombreuses villes. Vous me permettrez quand même de dire, Madame Ruegsegger, que le problème des touristes qui viennent à Genève, ce ne sont pas les quelques papiers qui traînent sur les trottoirs, mais ce sont les coûts prohibitifs des chambres d'hôtel et le coût de la vie particulièrement élevé à Genève... (Brouhaha. Le président agite la cloche.)

Genève, c'est un secret de polichinelle, est une ville de palaces : 70% des lits sont dans des hôtels de 4 ou 5 étoiles. On n'a rien fait pour développer un tourisme populaire. Pire, le Conseil d'Etat, quand j'y siégeais, a bloqué la construction et semble toujours ne pas vouloir permettre la construction d'un hôtel 2 étoiles le long de l'autoroute, sur le site de Blandonnet réservé à cet effet. Le projet ne s'est jamais réalisé, parce que M. Maitre et la majorité de droite du Conseil d'Etat ont exigé que ce projet soit bloqué pendant quatre ou cinq ans, à la demande expresse des propriétaires des palaces genevois, qui ne voulaient pas de la concurrence d'un hôtel 2 étoiles. Aujourd'hui, il faudrait quand même que cette politique change. Heureusement qu'entre-temps on a aménagé le camping du Bois-de-Bay, qui est une petite structure d'accueil... (Commentaires et rires.) Vous riez, mais, dans toutes les villes qui se préoccupent du tourisme, on axe l'accueil sur les jeunes, parce qu'on sait que les jeunes auront probablement un jour plus d'argent et que, s'ils ont été bien accueillis, ils reviendront. Si, grâce à l'appui des démocrates-chrétiens dans ce cas, on a réalisé une auberge de jeunesse exemplaire, et si on a réussi à aménager le camping, de manière générale la structure d'accueil pour les touristes de condition modeste est totalement insuffisante. Et ceci est dû à la politique voulue par l'Office du tourisme de miser sur le tourisme de luxe.

Je ne voudrais pas qu'on se méprenne : nous sommes parfaitement favorables à ce que viennent à Genève des congressistes, des touristes qui ont de l'argent et qui font marcher notre économie, mais nous disons qu'il est également indispensable d'attirer des touristes d'autres catégories sociales, de se préoccuper d'autres formes de tourisme, qu'a définies M. Etienne et que je ne vais pas rappeler. Dans le cadre du renvoi en commission, si vous l'acceptez, Monsieur Hiler, vous aurez peut-être d'autres propositions à faire et nous pourrons fixer les objectifs d'une nouvelle politique du tourisme à Genève.

M. Roger Beer (R). Je remercie M. Grobet, au nom du groupe radical. En effet, jamais nous n'aurions osé imaginer que cette motion pourrait provoquer un tel enthousiasme de la part de M. Grobet, qui a profité de son temps de parole pour faire un tour d'horizon historique de tout ce qu'il connaît sur Genève... (Rires.) C'était effectivement très intéressant ! Je le remercie donc et je remercie aussi les autres intervenants, qui ont finalement senti qu'il y avait un certain intérêt à demander à l'Office du tourisme de faire encore plus d'efforts.

Cela dit, j'ai quelques doutes sur l'enthousiasme de M. Grobet par rapport au renvoi en commission et je me dis qu'effectivement M. Hiler a raison : notre groupe va également proposer le renvoi directement au Conseil d'Etat.

M. David Hiler (Ve). J'hésite à prononcer les quelques phrases que je vais devoir prononcer, parce que je vais faire preuve, à l'égard d'un monument politique comme M. Grobet, d'un manque de respect évident ! Monsieur Grobet, vous qui êtes la personne la plus travailleuse de ce Conseil...

Mme Fabienne Bugnon. Mais non, c'est toi !

M. David Hiler. ...la personne qui produit le plus de projets de lois et de motions par mois, je suis extrêmement surpris de la paresse que vous montrez sur ce dossier !

Je tiens à vous dire que proposer, à partir d'une motion qui demande qu'on ne fasse pas de fautes d'orthographe et qu'on mette de temps en temps le site Internet à jour, proposer à partir de là de refaire toute la politique touristique est un délit de détournement de motion ! (Rires.) Monsieur Grobet, venant d'un être aussi profondément intègre et honnête que vous, je le déplore et j'engage ce Conseil, y compris l'Alliance de gauche, à renvoyer ce projet au Conseil d'Etat, sans plus discuter ! (Rires et applaudissements.)

M. Carlo Lamprecht. Je crois, Mesdames et Messieurs, que tout a été dit... (Rires.) On pourra en rajouter, que ce soit lors du travail en commission ou à travers une réponse du Conseil d'Etat.

Cela dit, il y a tout de même, dans cette motion pleine de bonnes intentions, quelques petites erreurs. On fait allusion à une absence de moyens informatiques, à une absence de promotion : je pourrais répondre ce soir, mais je ne voudrais pas que cette séance finisse à minuit juste à cause de cette affaire... Je relève donc très volontiers le défi : renvoyez cette motion au Conseil d'Etat et vous aurez ainsi toutes les réponses et les éclaircissements à propos du fonctionnement de l'Office du tourisme, de ce qu'il fait, de son efficacité, de ce qu'il peut faire mieux, car on peut toujours faire mieux !

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous allons passer au vote... Monsieur Grobet, vous voulez réintervenir ? Non ? Nous allons donc nous prononcer sur la proposition de renvoi en commission de l'économie, faite par M. Etienne.

Mis aux voix, le renvoi de cette proposition de motion à la commission de l'économie est rejeté.

M. Christian Grobet (AdG). Je vais, à regret, décevoir mon ami David Hiler et répondre en fait à son invitation expresse. Vous m'avez reproché, Monsieur Hiler, de ne pas m'être suffisamment préoccupé, et par là mon groupe, de cette problématique du tourisme : en l'occurrence, sans nous accaparer cette motion, car tel n'est pas notre désir, et puisque vous avez voulu la discussion immédiate, nous allons proposer deux compléments à cette motion, sous forme d'amendement. Pour que cette motion ait, je dirais, un peu plus de corps, nous suggérons d'ajouter les deux invites suivantes :

- à définir une politique du tourisme axée sur un accueil aussi large que possible ;

- à revoir les structures de l'Office du tourisme et de la fondation.

Le président. J'attends la confirmation écrite de votre intervention, Monsieur Grobet... Bien, je mets aux voix les amendements présentés par M. Grobet, soit d'abord l'invite supplémentaire suivante :

- à définir une politique du tourisme axée sur un accueil aussi large que possible ;

Mis aux voix, cet amendement est adopté.

Le président. Je cite la seconde invite supplémentaire :

- à revoir les structures de l'Office du tourisme et de la fondation.

Mis aux voix, cet amendement est rejeté.

Mise aux voix, cette motion ainsi amendée est adoptée.

Elle est ainsi conçue :

Motion(1361-I)en faveur d'une promotion touristique de Genève encore plus efficace