Séance du vendredi 22 septembre 2000 à 17h
54e législature - 3e année - 10e session - 43e séance

PL 8142-A
19. Rapport de la commission des travaux chargée d'étudier le projet de loi du Conseil d'Etat ouvrant un crédit d'investissement de 12 065 000 F avec subvention pour la construction et l'équipement d'un bâtiment public universitaire «Uni-Pignon» à Plainpalais. ( -) PL8142
 Mémorial 1999 : Projet, 8569. Renvoi en commission, 8602.
Rapport de M. Thomas Büchi (R), commission des travaux

La Commission des travaux, sous la présidence de Mme Anita Cuénod, s'est réunie les 25 janvier, 8 février et 16 mai 2000 pour examiner le projet de loi 8142, traitant d'un crédit d'investissement avec subvention pour la construction et l'équipement d'un bâtiment public universitaire « Uni-Pignon », déposé le 8 octobre 1999, et renvoyé par le Grand Conseil en Commission des travaux lors de sa séance du 28 octobre 1999.

M. Laurent Moutinot, conseiller d'Etat chargé du Département de l'aménagement, de l'équipement et du logement, a participé aux travaux de la commission, assisté de M. François Reinhard, directeur des bâtiments ; M. Marc Andrié, chef de la Division des études et constructions ; M. Dominik Meyer, chef du Service des constructions universitaires et hospitalières et M. Jean-Marc Tschopp, ingénieur concept énergétique, Office cantonal de l'énergie.

Ont également assisté à nos séances :

Historique

Le projet étudié est issu du résultat d'un concours d'architecture sur invitation, jugé les 17 et 18 novembre 1997.

Un crédit d'étude en vue de la construction de ce bâtiment public universitaire a été voté par le Grand Conseil le 28 février 1999.

Le bâtiment projeté s'inscrit dans le plan directeur établi en 1982, après le transfert du Palais des expositions au Grand-Saconnex.

L'évolution des besoins depuis la définition du programme d'Uni-Mail, réalisé en 1993, a non seulement conduit à redistribuer des locaux dans la deuxième étape, mais également à planifier une augmentation des surfaces qui ne peuvent être satisfaites dans le cadre du bâtiment d'Uni-Mail.

Les principales raisons de cette redistribution et augmentation des surfaces sont à trouver dans le programme de formation des enseignants primaires (loi du 14 décembre 1995), le développement des centres interdisciplinaires et l'élargissement de l'offre en formation continue.

Cette formation est fondamentale, car directement liée au recyclage permanent des enseignants et permettra de reconstituer l'entier de la faculté, actuellement scindée en deux.

L'accroissement des enseignants dû à cette nouvelle formation est de 46 postes et la spécificité de cette formation a entraîné la mise sur pied d'unités de formation compactes : la formation est condensée sur plusieurs journées, voire plusieurs semaines, en alternance avec des périodes sur le terrain.

Par ailleurs, la FAPSE a procédé à une réforme complète de la formation en « logopédie », qui s'est traduite par un accroissement de l'offre d'enseignements et nécessite une augmentation des surfaces prévues à l'origine.

Ainsi, par l'attribution des surfaces d'« Uni-Pignon » à la Section de pédagogie de la FAPSE, une partie des surfaces qui lui étaient réservées dans la deuxième étape d'Uni-Mail peut ainsi être libérée. Celles-ci permettront, par conséquent, à la Faculté des sciences économiques et sociales (SES) de consolider sa nouvelle structure (création en 1995 d'une Section des Hautes études commerciales et d'un Département de systèmes d'information) et de développer ses activités vers des recherches appliquées (laboratoire travaillant sur des mandats extérieurs), et à l'Ecole de traduction et d'interprétation d'intégrer l'Institut Dalle Molle, sans coûts induits.

Programme des locaux

Le programme des surfaces est le suivant :

Surfaces libérées

Cette construction libérerait 1800 m2, occupés à Battelle, ce qui laisse la possibilité d'y intégrer les Mathématiques, actuellement implantées à la rue du Lièvre, pour une location annuelle de 510 000 F.

Concept et description des travaux

Ce bâtiment est destiné à achever les immeubles le long du boulevard du Pont-d'Arve, qui se terminent actuellement par un mur mitoyen aveugle.

L'édifice comprend un rez-de-chaussée inférieur se prolongeant partiellement sous le parvis et distribuant par son hall central les salles de séminaires, les locaux techniques de service et les circulations verticales.

Des jours zénithaux éclairent toutes les salles de séminaires.

Un escalier central permet l'accès au « balcon » (rez supérieur) totalement libre et donne accès aux circulations verticales.

Les sept étages sont libérés des contraintes de service et de circulation verticale par l'élément adossé au mur pignon existant et permettent, de par leur construction en poteaux-dalles, de recevoir les modules de bureaux selon un mode combinatoire indépendant à chaque niveau.

Le mode combinatoire choisi permet un apport de lumière naturelle et une possibilité de vue depuis le hall d'étage de chaque niveau. A l'intérieur de chacun des modules de bureaux, toute mutation demeure possible au gré des répartitions choisies et de l'évolution future.

La façade principale est enveloppée d'un rideau métallique et permet de soulager la façade des agressions du vent, du soleil et de l'eau, tout en donnant une lecture unitaire du bâtiment.

Enveloppe

A l'origine, l'enveloppe était constituée de deux façades (double peau), l'une formant la paroi extérieure, l'autre composée de panneaux de verre sérigraphié suspendu.

Les études préliminaires menées conjointement par les mandataires et conseillers en façade ont conduit nos mandataires à reconsidérer le concept initialement prévu.

Les conclusions du rapport de l'EPFL mentionnent que « Compte tenu des conditions de site et de gabarit du projet ON / OFF, la réalisation d'une façade double peau n'est pas indiquée : sa contribution aux buts de protection acoustique et d'économie d'énergie est insuffisante et ne permet pas de justifier son surcoût de réalisation et d'entretien ».

Les conclusions de cette analyse ont amené le département et les mandataires à proposer une autre solution.

Une première façade (façade principale) constitue la première peau; elle est composée d'une face extérieure métallique avec isolation et de panneaux de plâtre à l'intérieur des locaux. Les fenêtres sont en métal.

Un rideau métallique à densité et à mailles variables, selon les ouvertures prévues dans la façade principale, constituera la deuxième peau.

Les influences de ce rideau métallique sur l'aspect thermique, sur l'éclairage naturel et artificiel et sur la protection solaire ont été étudiées par le LESO (Laboratoire d'énergie solaire et de physique du bâtiment) de l'EPFL. Ces études ont permis d'optimiser la densité du maillage.

Les diverses analyses effectuées ont, en outre, permis de conjuguer tous les aspects concernant les exigences physiques, architecturales, environnementales du concept de la façade.

Le coût plus élevé de la double peau par rapport à une façade « traditionnelle », est compensé par un certain nombre d'avantages, dont :

une pérennité du matériau (maille en acier inoxydable) ;

une flexibilité des locaux autorisant toutes les modifications intérieures sans intervention sur la façade (façade légère, non porteuse) ;

une perception différenciée de « l'ambiance » à l'intérieur des locaux et de l'apparence extérieure du bâtiment, en fonction des saisons et de la lumière ;

une protection solaire due aux mailles, complétée par un store solaire à toile manuel, moins coûteux qu'un store traditionnel ;

une ouverture de toutes les fenêtres protégées contre les intempéries.

Un prototype à l'échelle 1/1 sera élaboré dans la phase de développement du projet et permettra d'affiner encore le concept novateur de cette façade.

Bâtiment

Sous-sol

Les travaux préparatoires comprendront l'enceinte de fouille par la mise en place de palplanches.

Les fondations seront constituées d'un radier général sous l'ensemble du bâtiment.

Structure

La structure choisie est constituée de dalles-béton sur poteaux circulaires en béton et contreventée, d'une part, par un noyau rigide composé des circulations verticales et des locaux de service et, d'autre part, par des croix de Saint-André derrière la façade côté parvis.

Aménagements intérieurs

Les séparations intérieures seront de type cloisons légères (structure métallique et plâtre cartonné avec isolation entre panneaux).

Les sols seront revêtus de parquet, moquette ou carrelage selon leur destination.

Aménagements extérieurs

Une fois le bâtiment terminé, le parvis du site universitaire pourra être prolongé jusqu'au bâtiment « Uni-Pignon », selon l'image prévue initialement lors de la construction d'Uni-Mail.

La surface principale sera en béton balayé comme le reste de la surface.

Un platane complétera le mail arborisé, prévu en première étape des aménagements.

Planning des travaux

Il est spécifié par le DAEL qu'il faut compter à partir de l'acceptation du crédit, 8 mois avant l'ouverture du chantier et environ 15 mois de travaux.

Concept énergétique

Caractéristiques de l'enveloppe du bâtiment

Il apparaît que l'enveloppe du bâtiment est conforme aux recommandations SIA 180, 380/1 et à la norme 384/1 respectivement de 1998, 1988 et de 1991, aux fiches techniques de l'OFEN, en rapport avec les conditions normales d'utilisation, à la catégorie de construction, ainsi qu'à la prise en compte des ponts thermiques pour la justification de l'isolation.

Ces caractéristiques sont également conformes au préavis thermique de l'OCEN, version N° 4.

La production de chaleur est assurée par un ensemble de trois chaudières, d'une puissance totale de 141 kW, murales à gaz naturel et placées dans un local thermique en superstructure. Il en résulte une dépense annuelle en énergie de 43 807 F. Les réserves de puissance prévues pour Uni-Mail sont conservées en prévision d'une 3e étape (installations sportives).

Coût de l'ouvrage

Le coût de l'ouvrage proposé par le présent projet de loi se décompose de la manière suivante :

A. Construction

Travaux préparatoires 656 000 F

Bâtiment 7 007 000 F

Equipements d'exploitation généraux 646 000 F

4. Aménagements extérieurs 397 000 F

5. Frais secondaires (dont 46 605 F non soumis à la TVA)    273 000 F

Total 8 979 000 F

Honoraires  908 000 F

Total A 9 887 000 F

TVA (7,5 % du total A - 46 605 F) : 738 030 F, arrondi à  738 000 F

Total avant attribution au Fonds cantonal de décoration  10 625 000 F

6. Fonds cantonal de décoration 106 000 F

 Renchérissement (estimation selon détail annexé)  199 000 F

 Divers et imprévus (3 % sur CFC 1 à 4, y compris

 les honoraires et la TVA  310 000 F

Les frais d'étude ont été déduits des montants indiqués ci-dessus.

B. Equipement mobile

Le volume SIA de la construction est de 13 270 m³.

La surface brute de construction est de 3720 m².

Ces données permettent de calculer les coûts unitaires suivants, y compris honoraires, mais TVA non comprise :

- pour le chapitre 2 2 080 F/m² 583 F/m³

- pour les chapitres 2 et 3 2 272 F/m² 637 F/m³

Date de référence des coûts : juillet 1999.

Evolution du projet lauréat

Le coût du bâtiment du projet primé (CFC 0 à 5, y compris la TVA, mais non compris les équipements, le renchérissement, les divers et imprévus, ainsi que le Fonds cantonal de décoration) était de 8,5 millions, alors qu'il est aujourd'hui de 10 625 000 F.

L'augmentation sensible du coût du bâtiment s'explique par les raisons suivantes :

contrainte légale imposant une redistribution des surfaces ;

surface en sous-sol plus onéreuse, composée de 6 salles de séminaires en lieu et place de locaux d'archives ;

adjonction de 150 m² de surface destinée à des bureaux; ces surfaces manquantes avaient été mentionnées dans le rapport d'experts du concours ;

création d'un couloir de fuite en périphérie du rez-de-chaussée inférieur, due à l'implantation des salles de séminaires ;

installation d'un système de renouvellement d'air (double flux) dans les bureaux pour éviter les nuisances sonores importantes, d'où une surface technique plus importante.

Récupération du mobilier actuel et du mobilier informatique

L'Université a précisé par courrier du 9 février 2000, ainsi que dans la note adressée à la Commission des travaux, du 9 mai 2000, que :

le mobilier utilisé à Battelle est récupéré ou replacé ;

l'équipement informatique peut être récupéré ;

l'équipement multimédia est neuf ;

une partie du mobilier est neuf.

Subvention fédérale

A la question d'un commissaire, il est répondu que le taux du subvention est variable, en fonction de la capacité financière des cantons, il est fixé par le Département fédéral des finances pour 2 ans. A titre d'exemple :

Genève : 35 %

Berne : 57 %

Zurich : 35 %

Fribourg : 60%

Dans le cas d'Uni-Pignon, et du fait de son léger décalage, il ne bénéficiera vraisemblablement pas du taux de subvention fixé pour la période 1996-1999. En conséquence, la subvention fédérale attendue devrait être diminuée de l'ordre de 400 000 F, soit une subvention estimée de l'ordre de 2,2 millions, au lieu de 2,6 millions prévus dans le projet de loi.

Renchérissement

Le calcul figurant à l'annexe 7, ainsi que les hypothèses sont à prendre au conditionnel, étant donné le caractère théorique de celui-ci. Il pourra être sujet à modification en fonction de l'évolution des coûts dans la construction.

Total du renchérissement : 199 000 F, calculé sur la période allant de juillet 1999 à septembre 2001.

Discussion et vote

Un commissaire n'est pas convaincu du caractère urgent de cet investissement et pense qu'il y a d'autres investissements plus urgents et qu'un gros effort a déjà été fait pour l'Université (Uni-Mail, Sciences III).

Il est précisé par le DAEL que le chantier ne devrait pas démarrer avant la fin du premier trimestre 2001 et les dépenses étalées entre 2001 et 2002.

Le président du DAEL fait remarquer que le projet Uni-Pignon reste dans l'enveloppe budgétaire votée et fait partie du plan de trésorerie.

Un commissaire se pose la question du bien-fondé d'une construction à cet endroit, compte tenu du caractère très bruyant du boulevard du Pont-d'Arve. Il est relevé par un autre commissaire que ce bâtiment sera plutôt une protection contre le bruit pour les bâtiments situés sur cour.

Pourquoi le concept des bureaux paysagers a-t-il été abandonné s'étonne un commissaire ? M. Raffestin explique que ce choix a été fait selon les fonctions des bureaux. Le travail des enseignants se fait avec des assistants et des étudiants pour lesquels le bureau paysager n'a aucun sens. Les utilisateurs se sont clairement prononcés en faveur de ce concept.

Compte tenu du caractère novateur de la façade, la discussion s'oriente sur son concept et ses caractéristiques.

Modification du concept initial

Le concept initial prévu au concours impliquait de préconiser la deuxième peau de verre impliquant un dépassement de gabarit. La distance par rapport à la première peau était augmentée de plus de 1 m, d'où perte de surface utile par étage. De plus, après examen détaillé de ce projet, le concept énergétique était déficient (effet de serre provoqué par la deuxième peau en verre).

Il était également nécessaire de ne pas fermer le bas de la façade, donc l'effet de protection acoustique n'était plus assuré.

Le DAEL ajoute que le but d'un crédit d'étude est bien d'étudier le projet, afin de présenter un objet fiable.

Tissu métallique et géobiologie

Une étude ponctuelle de géobiologie a été demandée, par la Commission des travaux, le 8 février 2000, à M. Roland Richard Martin. (Bureau d'études Ecobâtir SA) et le DAEL a demandé en plus une étude à M Claude Saccarro (Entreprise Humistop), concernant les influences éventuelles du « tissu métallique » de la façade sur les utilisateurs.

M. Martin a indiqué à la commission que le bureau de mandataires qu'il représente s'appelle « Ecobâtir SA », qu'il s'occupe plutôt de l'Ecologie de l'habitat englobant la toxicité des produits et les nuisances dues aux diverses installations. Il a travaillé avec le DAEL pour les recommandations liées à des projets écologiques dans la construction. La question posée sur ce bâtiment portait sur la grille métallique de façade et sur une influence éventuelle pour les utilisateurs du bâtiment.

Il a expliqué que ce matériau est un alliage de cuivre et nickel ce qui diminue son transfert magnétique, il est donc amagnétique. Dans sa fixation, ce qui est délicat, c'est qu'il ne faut pas souder cette maille; il faut prévoir des liaisons mécaniques. Ce métal est antistatique s'il est indépendant; une grille de métal ne produit pas de champ, mais peut en transporter. Il ne faut pas mettre à proximité de ce tissu des présences électriques. Le risque est la diffusion d'un champ électromagnétique ou électrique sur toute la façade.

Sur l'aspect de la luminosité, on a une zone qui sera toujours ombrée, ce qui est favorable pour travailler sur des ordinateurs.

La grille est adossée aux façades, à une distance de 52 cm ; sans grande tension à proximité, cela ne va pas diffuser. Néanmoins il serait judicieux de procéder à l'étude plus approfondie des schémas de distribution et d'installation implantées proche de cette grille.

Un budget de 30 à 40 000 F devrait être investi pour l'étude et la mise en conformité de la mise à terre de la grille et l'application de l'étude décrite ci-dessus.

Les députés de la commission sont dans leur majorité favorable à cette démarche, mais ils laissent toute latitude au DAEL de confier ce mandat comme il l'entend.

Comment est prévu l'entretien de cette maille ?

Réponse : le treillis est antistatique; il peut être nettoyé une fois tous les 5 ans, avec un Karcher. Les conclusions mentionnent : « Qu'une attention particulière devra être portée sur la mise à terre et l'équipotentialité complète de la maille et des éléments constitutifs la reliant à la façade principale ».

De son côté M. Saccarro confirme, « L'enveloppe du futur bâtiment est un acier austhénitique et ne représentera aucun danger, puisque cet acier est a-magnétique et qu'il y a peu de pollution électrique et aucune pollution magnétique de courant provenant de l'environnement.

Vu l'éloignement du bâtiment par rapport à la future ligne du tram, le risque de nuisance sera quasi nul, pour autant qu'il n'y ait pas d'installation électrique trop proche de la maille, comme décrit ci-dessus ». Il est recommandé par contre, et indépendamment de la façade, de juguler les perturbations géomagnétiques du site dues aux remontées d'eau par électro-osmose contre les murs du sous-sol du futur bâtiment. Ce procédé (Humistop), permet de modifier le champ électrique du site par effet de contrechamp. A la question de M. Tschopp sur les incidences éventuelles sur la distribution électrique, M. Saccarro répond qu'il n'a pas découvert de pollution électrique due à des alimentations électriques à proximité. Il est précisé en outre par l'architecte qu'il n'y a pas de maille métallique à proximité de l'alimentation principale du bâtiment. Les coûts induits aux diverses mesures préventives à entreprendre contre les risques liés à une remontée d'humidité sur le socle sont estimés à environ 40 000 F et devraient être absorbés dans le devis général.

Les démarches et mesures à entreprendre sont laissées à la libre appréciation du DAEL et comme le rappelle un député, il y a d'autres produits concurrents sur le marché que celui qui est proposé.

Entretien

Compte tenu des caractéristiques du matériau (antistatique), les poussières ne devraient pas s'accrocher sur le maillage et il est précisé, pour répondre à la question d'un commissaire, que les frais d'entretien sont estimés entre 9000 F et 15 000 F pour 5 à 10 ans.

De plus, le tissu métallique offre peu d'aspérités pour retenir le gel et les quelques aspérités pouvant se former au point bas du treillis pourraient facilement être supprimées.

Lumière

Concernant la diminution de lumière due au maillage métallique en façade, M. Tschopp précise que le facteur de lumière du jour est de 1,5 à 2,5 en fonction des étages, les valeurs sont donc bonnes.

A la question d'un commissaire concernant la diminution de l'éclairage naturel des locaux, il est précisé par la présidente que la majorité des locaux sont des bureaux avec ordinateurs et pas une école ou des laboratoires. Les 6 salles de cours se situent au rez inférieur. Chaque bureau est équipé en plus de petits stores intérieurs, permettant d'affiner la protection solaire en partie assurée par le maillage.

S'agissant du coût de la maille, il est estimé à environ 400 F/m2; le coût total de la double façade est de 1050 F/m2; le coût moyen pour une façade traditionnelle est de 850 F/m2.

Bien que certains commissaires émettent une certaine retenue sur la maille, d'autres pensent qu'il faut accepter de prendre certains risques pour des nouveautés.

Les divers témoignages recueillis sur des concepts de bâtiments à maille sont plutôt positifs. Un commissaire regrette néanmoins un manque d'avis d'habitants.

Sécurité

S'agissant de la sécurité en cas d'incendie, l'architecte précise qu'il est très facile de découper une partie du treillis de façade par meulage. Une réunion a eu lieu avec le SIS pour définir les mesures d'intervention. D'autre part, les divers services de sécurité ont préavisé favorablement ce projet.

Pour ce qui est du comportement du treillis de façade par rapport au vent, l'architecte précise qu'une trame pèse 600 kg par lé et est plus perméable qu'une peau de verre et plus résistante qu'un store.

Sans autres remarques ou questions, la présidente procède aux différents votes :

Personnes qui acceptent l'entrée en matière du projet de loi 8142 : 11 oui (2 L, 2 R, 2 DC, 2 S, 3 AdG) et 4 abstentions (1 L, 1 S, 2 Ve).

Personnes qui sont d'accord avec le projet de loi dans son ensemble : 9 oui (2 L, 2 R, 2 DC, 1 S, 2 AdG) et 6 abstentions (1 L, 2 S, 2 Ve, 1 AdG).

Conclusion :

L'édification du bâtiment Uni-Pignon complètera de façon fort judicieuse les équipements universitaires dont Genève a besoin. De plus, sur le plan de l'urbanisme, il sera particulièrement bienvenu d'achever le quartier et de lui redonner une cohérence visuelle.

S'il n'y a pas eu d'unanimité dans la commission lors du vote final, il est à relever qu'il n'y a pas eu d'opposition. Les abstentions ont été motivées par certains commissaires sur le fait qu'il n'y avait, selon eux, pas d'urgence à construire ce bâtiment, tout en acceptant le nécessité de le réaliser à moyen terme. D'autres abstentionnistes étaient sceptiques par rapport à l'architecture relativement audacieuse de ce bâtiment. Mais la majorité de la commission pense qu'il sera extrêmement positif pour Genève d'avoir un bâtiment de cette qualité.

Au vu de ce qui précède la commission des travaux recommande au Grand Conseil d'accepter le projet de loi 8142.

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Premier débat

M. Thomas Büchi (R), rapporteur. Ce projet d'Uni-Pignon a eu le mérite de soulever un vrai débat au sein de la commission, tant sur l'urgence de réaliser ce bâtiment que sur son utilité et surtout sur son architecture. L'ensemble de la commission est unanime pour relever, en plus du besoin de réaliser un bâtiment dans ce périmètre, la nécessité urbanistique d'achever le périmètre situé à côté du bâtiment universitaire d'Uni-Mail. La commission a néanmoins été interpellée par le fait que l'avant-projet, gagné par de jeunes architectes, avait pour nom « la Lanterne ». C'était un projet assez intéressant qui nous avait été soumis lors du vote du crédit d'étude. Par la suite, lors du dépôt du projet de loi qui vous est soumis aujourd'hui pour le crédit de construction, on nous a proposé un nouveau projet, totalement modifié, présentant une architecture relativement audacieuse. C'est sur cette problématique architecturale que la commission s'est penchée un bon moment.

Ce bâtiment, que certains vont adorer et d'autres détester, a la particularité d'être entouré par une maille métallique et une façade rideau en arrière de celui-ci. La commission, unanime, a décidé de pousser ses investigations en profondeur. Nous avons pour la première fois demandé un rapport de géobiologie qui puisse nous prouver que la pose d'un pareil maillage sur toute la surface d'un bâtiment ne pouvait pas lui porter préjudice ou engendrer des atteintes à la santé des étudiants se rendant à l'université, par exemple par le biais de champs magnétiques extrêmement importants qui pourraient se propager sur l'ensemble du bâtiment et créer ce que l'on appelle des cages de Faraday. Nous avons donc auditionné un architecte géobiologue qui a rendu un rapport extrêmement intéressant. Je crois qu'il vaut la peine de lire son rapport, annexé au projet de loi, parce qu'il présente de nombreuses données fort intéressantes qui pourraient être appliquées dans le futur à d'autres bâtiments. C'est un point important que je voulais souligner.

Nous avons donc relevé la nécessité de construire ce bâtiment. Il reviendra à l'ensemble du Grand Conseil de se prononcer. Pour ce qui est de la commission, elle a décidé au bout du compte, par 9 oui et 6 abstentions, d'accepter ce projet de loi. Je suis de ceux qui l'ont accepté, parce que je pense que cette architecture est intéressante et qu'elle constituera un symbole nouveau dans la ville. Je vous propose d'en faire autant. 

M. Charles Seydoux (R). Je partage bien évidemment les conclusions de la commission des travaux, telles qu'elles ont été rapportées dans l'excellent rapport de mon collègue Thomas Büchi. Le vote d'un crédit de construction de 12 millions de francs devrait, Mesdames et Messieurs les députés, réjouir le président des entrepreneurs que je suis. Rassurez-vous, c'est bien le cas ! Mais je profite de ce débat portant sur un crédit d'investissement pour attirer votre attention sur la nécessité de mieux étaler dans le temps les investissements publics dans la construction.

Le pire ennemi des entrepreneurs est sans doute l'instabilité des commandes due au cycle tourmenté de la construction. Mes collègues se plaignent, à juste titre, de ne pas avoir assez à manger ou de ne pas avoir le temps de manger. L'amplitude du cycle et les coûts de la demande rendent très difficile la gestion du personnel, qui constitue, je vous le rappelle, le facteur de production principal dans les métiers du bâtiment. Le changement brutal de conjoncture rend très difficile la conduite d'une politique de la main-d'oeuvre cohérente à long terme. C'est ainsi qu'après avoir dû réduire leurs effectifs de l'ordre de 50% durant la dernière décennie, les entreprises sont confrontées à de grosses difficultés pour trouver la main-d'oeuvre qui leur permette de faire face au retournement de conjoncture que nous sommes en train de vivre. Encore une fois, je me réjouis du redémarrage de la croissance économique dans notre canton, mais je pense que les collectivités publiques doivent songer à accroître leur rôle anticyclique dans le cadre de la demande de la construction et ne pas vouloir tout réaliser en même temps, au moment où les commandes du secteur privé prennent l'ascenseur. Je sais qu'il s'agit d'un voeu pieux et que je soulève là un vieux problème. Mais je souhaite quand même que les départements constructeurs se donnent les moyens d'établir une planification à moyen et à long terme, d'entente avec les professionnels et les partenaires sociaux, dans le but de créer cet effet stabilisateur souhaité. 

M. Georges Krebs (Ve). Ce projet n'a pas soulevé l'enthousiasme. Sa principale qualité, c'est que ce bâtiment permet de terminer une opération d'urbanisme. En ce qui concerne la nécessité de ce bâtiment, nous n'avons pas spécialement été convaincus par les représentants de l'université. Nous avons plutôt eu l'impression que les besoins de l'université étaient infinis et que les responsables de celle-ci arrivaient toujours à remplir les bâtiments mis à leur disposition !

En ce qui concerne l'architecture, nous avons assisté au remplacement d'une « Lanterne » par un bâtiment entouré d'une cotte de mailles, une espèce de cage. Aucun bâtiment de ce type n'a été réalisé jusqu'à présent en Suisse. L'expert le dit très bien : « La principale difficulté posée par la demande est qu'elle implique des réponses au sujet d'un élément proposé en première suisse, ce qui ne permet pas de faire de mesure dans l'immédiat. » Nous sommes donc dans le flou. Imaginez que vous ayez devant les fenêtres un grillage ! Les véhicules passant derrière provoquent un effet stroboscopique et le grillage réduit très fortement la lumière. Au point de vue architectural, le résultat sera intéressant, mais il posera tout de même des problèmes. Voilà pour le bâtiment lui-même.

En ce qui concerne le point soulevé par M. Duvillard - cela me fait plaisir de l'entendre de la part d'un entrepreneur - l'Etat devrait prendre... (L'orateur est interpellé.) ...M. Seydoux, pardon ! Rectification ! M. Seydoux, entrepreneur, connaît la conjoncture. Nous pensons aussi que l'Etat ne devrait pas investir en ce moment. Il vaudrait mieux prendre des mesures anticycliques. Voilà pourquoi ce projet, mis à part son aspect architectural et urbanistique, n'a pas soulevé l'enthousiasme de la commission, puisqu'il y a eu un grand nombre d'abstentions et des oui un peu réticents.

Les Verts vont donc s'abstenir sur ce projet. 

M. Laurent Moutinot. Monsieur Seydoux, vous savez que le bâtiment est un grand paquebot auquel on ne fait pas changer de cap sur quelques mois. Vous me demandiez voici quelques mois d'accélérer la relance. Vous me demandez maintenant de freiner un début de surchauffe. On ne peut pas piloter de la sorte, vous le savez, même si vous avez évidemment raison sur le fond et que l'Etat a effectivement un rôle anticyclique à jouer. Mais au-delà de ce rôle anticyclique, il a aussi le rôle de répondre aux besoins qui sont ceux de la population et qui ne correspondent malheureusement pas toujours à une politique anticyclique, ce d'autant plus après une période de difficulté financière au cours de laquelle bon nombre de projets ont dû être reportés dans le temps. Vous m'avez demandé une planification. Vous disposez aujourd'hui de cette planification, Monsieur le député, dans le tableau de trésorerie des grands travaux. Il vous indique aussi bien les travaux votés que les travaux projetés jusqu'en 2005. On y voit d'ailleurs bien se produire le phénomène que je viens de vous décrire. A force de reporter dans le temps, on arrive à charger d'avance l'année suivante.

Comme ce projet n'a pas été très rapidement inscrit à l'ordre du jour, il se trouve que votre demande de le décaler dans le temps est de fait réalisée, puisque les travaux ne pourront de toute évidence pas commencer avant l'an prochain. S'il le faut, pour effectivement contribuer à ce rôle anticyclique, nous prendrons des mesures d'entente avec les milieux concernés pour éviter, par hypothèse, d'ouvrir en même temps deux chantiers qui ne seraient pas compatibles.

En ce qui concerne les quelques inquiétudes de M. Krebs à propos de cette fameuse maille, votre commission a effectivement apporté un soin tout particulier à l'étude de ce problème, au point même que nous avons posé, vous vous en souvenez certainement, quelques mètres carrés de cette maille devant une fenêtre de mon département pour montrer l'effet qu'elle produisait depuis l'intérieur et depuis l'extérieur. Cet effet est paru acceptable, ce d'autant plus qu'il s'agit d'une première suisse. Il ne s'agit toutefois pas d'une première mondiale. Il existe, à Munich et à Paris, plus précisément à la Bibliothèque de France et au stade de France, des éléments d'immeubles recouverts par une telle maille.

Enfin, vous allez devoir traiter au point suivant de l'ordre du jour une pétition qui a trait à l'esplanade située devant Uni-Mail. L'une des manières évidentes de régler un certain nombre de problèmes d'urbanisme, par conséquent de comportement social à cet endroit, c'est de terminer l'aménagement et de construire Uni-Pignon.

Je vous remercie par conséquent, Mesdames et Messieurs les députés, de bien vouloir suivre la très nette majorité de votre commission et de voter ce crédit d'investissement. 

Ce projet est adopté en trois débats, par article et dans son ensemble.

La loi est ainsi conçue :

Loi(8142)

ouvrant un crédit d'investissement de 12 065 000 F avec subvention pour la construction et l'équipement d'un bâtiment public universitaire "; Uni-Pignon " à Plainpalais

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genèvedécrète ce qui suit :

Art. 1 Crédit d'investissement

1 Un crédit de 12 065 000 F (y compris TVA et renchérissement) est ouvert au Conseil d'Etat pour la construction et l'équipement d'un bâtiment public universitaire "; Uni-Pignon " à Plainpalais.

2 Il se décompose de la manière suivante :

· Construction

8 979 000 F

· Equipement

767 000 F

· Honoraires, essais, analyses

908 000 F

· TVA

796 000 F

· Attribution au Fonds cantonal de décoration

106 000 F

· Renchérissement

199 000 F

· Divers et imprévus

310 000 F

Total

12 065 000 F

Art. 2 Budget d'investissement

1 Ce crédit est réparti en tranches annuelles inscrites au budget d'investissement dès 2000 sous la rubrique 35.00.00.503.36.

2 Il se décompose de la manière suivante :

· Construction

11 240 000 F

· Equipement

825 000 F

Total

12 065 000 F

Art. 3 Subvention fédérale

Une subvention fédérale est prévue. Elle sera comptabilisée sous la rubrique 35.00.00.660.36 et se décomposera comme suit :

· Montant retenu estimé pour la subvention 

7 800 000 F

· Subvention estimée

2 600 000 F

· Financement à la charge de l'Etat

9 465 000 F

Art. 4 Financement et couverture des charges financières

Le financement de ce crédit (déduction faite de la subvention fédérale) est assuré par le recours à l'emprunt dans le cadre du volume d'investissement "; nets-nets " fixé par le Conseil d'Etat, dont les charges financières en intérêts et en amortissements sont à couvrir par l'impôt.

Art. 5 Amortissement

L'amortissement de l'investissement est calculé chaque année sur la valeur d'acquisition (ou initiale) selon la méthode linéaire et est porté au compte de fonctionnement.

Art. 6 Loi sur la gestion administrative et financière de l'Etat

La présente loi est soumise aux dispositions de la loi sur la gestion administrative et financière de l'Etat de Genève, du 7 octobre 1993.