Séance du
jeudi 21 septembre 2000 à
17h
54e
législature -
3e
année -
10e
session -
41e
séance
IU 907
Mme Fabienne Bugnon (Ve). J'ai deux interpellations urgentes, dont la première s'adresse à Mme Brunschwig Graf.
Madame la conseillère d'Etat, on parle beaucoup d'éducation citoyenne à l'école secondaire, de participation des élèves, bref de faire entrer les problèmes de société à l'école. Dès lors, je suis étonnée qu'un sujet fasse encore l'objet de tabous : il s'agit du suicide des jeunes.
En effet, il a fallu toute l'énergie du groupe «Children Action» - soutenu par la Loterie romande et par plusieurs communes, mais pas par le DIP, à ma connaissance - pour que l'on commence à parler de ce problème dramatique par le biais d'une bande dessinée. M'étant déjà intéressée de près à ce problème il y a quelques années, j'ai été frappée par le silence et même le silence de plomb des autorités scolaires sur ce sujet.
Aujourd'hui, des jeunes se mobilisent, au collège Calvin notamment, pour dénoncer cette pratique. Ce sont leur copain, leur copine de collège qui ont tenté, et parfois réussi à se suicider. Ils veulent qu'on en parle pour essayer de prévenir et d'éviter autant que faire se peut.
Une émouvante manifestation silencieuse a réuni deux cents personnes dans les rues au début de ce mois. Peu de parents, peu d'enseignants se sont mobilisés et, surtout, les jeunes n'ont pas obtenu l'accord de leur direction pour organiser des forums de discussion au sein des collèges.
Aussi, mes questions sont les suivantes :
- Pouvez-vous confirmer que certaines directions ont refusé que de tels débats aient lieu et, si oui, pour quelles raisons ? Il s'agit en tout cas du collège Calvin et du collège Candolle. J'ai appris aujourd'hui que le collège Candolle organiserait une semaine de la santé au mois de janvier et que l'on y parlerait de ce problème... Vous gesticulez, Madame Brunschwig Graf, mais reconnaissez qu'il a fallu mettre la pression !
- Sur quelles études sérieuses se base-t-on pour penser que parler du suicide pourrait avoir un effet d'entraînement ?
- Le DIP a-t-il pris la mesure de l'ampleur de ce phénomène dramatique qui touche les jeunes et dont notre pays détient le sinistre record ?
- Si oui, et c'est ma quatrième question, le DIP est-il prêt à se donner les moyens d'inverser la tendance par un soutien plus poussé, par une formation des enseignants à ce problème ou par toute autre proposition ?
Maintenir le silence me semble en tout cas être faux, car le suicide n'est pas un acte de courage mais bien un acte de désespoir et en parler permettrait peut-être d'éviter que les jeunes ne retournent le silence contre eux.