Séance du
jeudi 20 janvier 2000 à
17h
54e
législature -
3e
année -
4e
session -
2e
séance
IU 783
M. Roger Beer (R). Mon interpellation urgente s'adresse au Conseil d'Etat et concerne plus particulièrement M. Laurent Moutinot, chargé du département de l'aménagement, de l'équipement et du logement. On pourrait l'intituler : «Pourquoi toujours discréditer le bois ?» Ma question se rapporte à une déclaration publiée dans la «Feuille d'avis officielle» du vendredi 14 janvier dernier, dans le cadre du point de presse du mercredi 12 janvier 2000.
Je me réfère à la réponse du Conseil d'Etat à une motion relative à l'utilisation du bois tropical dans la construction. Cette motion - M 962 - avait été traitée une première fois par le Grand Conseil, le 20 janvier 1995. Ensuite, après un bref passage en commission, le Grand Conseil avait renvoyé cette motion au Conseil d'Etat, le 19 mai de la même année, en 1995. Aujourd'hui, cinq après, il faut pour le moins reconnaître que le Conseil d'Etat a bien réfléchi et mûri sa réponse.
Dans sa prise de position, le Conseil d'Etat se félicite, comme toujours, d'expliquer qu'il va dans le sens de la motion et que le bois indigène est préférable au tropical dans les constructions de l'Etat. Jusque-là, il n'y a pas encore de quoi s'énerver. Cette motion s'inscrit d'ailleurs dans le contexte plus général du Grand Conseil, dans sa majorité, qui a déjà appuyé d'autres interventions pour que l'Etat, dans ses constructions, favorise davantage le bois, ce matériau indigène et renouvelable.
Jusque-là, tout est normal et acceptable. Mais quelle ne fut pas ma surprise de lire dans le communiqué du Conseil d'Etat, ce fameux point de presse, sous la plume de je ne sais quel fonctionnaire que j'aurais envie de qualifier d'un peu léger, que le bois, je cite, «pouvait entraîner des contraintes d'entretien et des surcoûts».
Cette affirmation, en soi scandaleuse, était illustrée par l'exemple de la charpente de la halle 7 de Palexpo. Il était prétendu que cette construction, à cause du bois, avait entraîné un surcoût d'environ 1,8 million de francs, ce qui est simplement faux. D'ailleurs, d'aucuns se souviendront que cette charpente en bois avait été imposée au département par une majorité du Grand Conseil. Enfin, passons !
J'ai été scandalisé, d'autant que cette information, parue sur le site Internet de l'Etat de Genève le mercredi 12 janvier, avait fait l'objet d'un correctif paru sur le site des députés, le 13 janvier, suite à certaines interventions musclées du jour même. Il y est fait état d'un surcoût de 600 000 F. Après publication, fausse donc, de la «Feuille d'avis officielle» du 14 janvier, la correction, très discrète, n'a évidemment été faite que dans la «Feuille d'avis officielle» du lundi 17 janvier dernier.
Je dois dire, Mesdames et Messieurs les conseillers d'Etat, que la légèreté avec laquelle un tel communiqué a pu être publié m'étonne et m'attriste en même temps. Publier un texte avec une erreur de 1,2 million en passant de la somme de 600 000 F à 1,8 million est pour le moins étonnant, et ce n'est ni une faute de zéro ni une faute de virgule ! Je pourrais faire de nombreuses autres remarques, mais je serai bref et j'en reviens à ma question.
Pourquoi le département, qui construit pour des centaines de millions de francs, s'acharne-t-il, à chaque occasion, à dénigrer l'utilisation du bois ? Que faites-vous, Monsieur le conseiller d'Etat, pour sensibiliser vos très nombreux collaborateurs à l'utilisation intelligente du bois dans la construction ? J'ai vraiment l'impression que le DAEL ne bénéficie pas de compétences très sérieuses en matière d'utilisation du bois. Pourquoi le correctif de la «Feuille d'avis officielle» est-il si discret ?
Enfin, à l'heure où l'ouragan Lothar a couché presque 16 millions d'arbres dans les forêts - ce qui représente, je vous le rappelle, plus de deux fois la quantité de bois coupée en une année en Suisse - et où il est évident que les coûts de cette catastrophe seront très lourds pour les pouvoirs publics, je ne comprends pas, mais alors vraiment pas, que dans ces circonstances l'Etat de Genève ne se solidarise pas davantage et n'encourage pas plus une meilleure utilisation du bois.
J'imagine que dans cette tâche, Monsieur le conseiller d'Etat, votre collègue Cramer pourrait vous donner un coup de main et d'utiles conseils. D'ailleurs, je reviendrai sur cet aspect de la problématique et nous proposerons une motion dans ce sens lors de la prochaine séance.