Séance du jeudi 2 décembre 1999 à 17h
54e législature - 3e année - 2e session - 57e séance

RD 343
6. Hommage à Mme Barbara Polla, députée démissionnaire. ( )RD343

Le président. Nous vous avons communiqué la démission de notre collègue, Mme Barbara Polla, lors de notre dernière séance du Grand Conseil. Je prie la secrétaire de bien vouloir donner lecture de ce courrier.

Annexe

Le président. Il est pris acte de cette démission.

Mme Barbara Polla a été élue députée en 1993. Nous la félicitons pour son élection au Conseil national et formons nos voeux les meilleurs pour la suite de ses activités.

M. Michel Halpérin (L). Monsieur le président, au chapitre de l'hommage qui est dû à Mme Polla, vous me permettrez de dire quelques mots au nom du groupe libéral pour saluer avec regret le départ de cette députée émérite, qui, dans l'ensemble des activités qu'elle a consacrées à la vie politique du canton après celles qu'elle avait consacrées à la Ville de Genève, a fait la preuve de son engagement, de ses talents très divers et de sa capacité à traiter avec intelligence et brio de tout ce qui par la force des choses finissait par lui tomber sous la main, au gré des sujets inscrits à notre ordre du jour.

S'il fallait une démonstration que ce que notre fin de siècle a fait de mieux, c'est de donner enfin aux femmes la place qu'elles avaient le droit d'occuper depuis toujours dans la cité, Mme Polla en est probablement l'illustration la plus marquante. Elle est médecin, elle est chercheur, elle est une mère de famille comblée, son mari a l'air de ne pas trop se plaindre ni de sa présence, ni de son absence. Elle réussit férocement tout ce qu'elle entreprend. C'est à se demander où elle trouve l'énergie de faire tout ce qu'elle décide de faire et de le faire suffisamment bien pour que chacun de ceux qui l'ont côtoyée dans les commissions ou dans ce plénum en ait éprouvé de l'intérêt, parfois du réconfort, toujours de l'estime, notamment face à l'intensité de son travail dans les sujets dont elle se charge, et face au courage qu'elle met parfois dans la défense des thèses auxquelles elle s'est vouée. Je dirais que cette explication doit être recherchée dans l'ambition. Mais c'est une ambition à laquelle il ne faut attacher aucun caractère péjoratif. C'est l'ambition de servir la cité. C'est aussi l'ambition de montrer que les femmes sont dans ce domaine comme dans tous les autres, non pas les égales, mais les supérieures des hommes. (Applaudissements.) Il y a quelque temps que la société des mâles chauvinistes est révolue. Il y a quelque temps que quelques-uns de ces derniers rescapés s'aperçoivent de la faiblesse de leur statut, de leur qualité probable d'espèce en voie de disparition. C'est la raison pour laquelle nous sommes quelques-uns dans ce Grand Conseil à choyer tout particulièrement le x de notre xy. C'est à peu près tout ce qui nous reste à faire en présentant nos hommages à Mme Polla ! (Applaudissements.)

Mme Barbara Polla (L). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, chers amis, j'ai énormément aimé mon travail de députée, comme j'avais aimé celui de conseillère municipale et comme je vais aimer celui de conseillère nationale. Je suis un peu triste de démissionner aujourd'hui, mais je suis très attachée à notre travail de milice et convaincue que le fait d'avoir les pieds dans la vie économique, académique ou culturelle est un atout pour notre travail politique. Alors, comme je ne sais pas faire plusieurs choses à la fois, je quitte ce Grand Conseil, mais en espérant bien garder avec lui les meilleurs contacts.

Une des choses que j'ai le plus appréciée au cours de ces années, c'est la possibilité de pouvoir travailler avec des personnalités magnifiques de tous bords. Je ne vais en citer qu'une par parti, même si j'aurais préféré parler de chacun, et j'espère que les autres ne m'en tiendront pas rigueur.

Pour l'Alliance de gauche, j'aimerais tout particulièrement saluer Mme Loly Bolay, son esprit indépendant, son courage personnel et politique, et son sens de l'ouverture. Au parti socialiste, j'aimerais dire à notre première vice-présidente, Mme Elisabeth Reusse-Decrey, combien j'admire le travail qu'elle a fait et qu'elle poursuit contre ce fléau que sont les mines antipersonnel. Bravo et merci ! Chez les Verts, le groupe ne serait pas ce qu'il est sans mon ami presque d'enfance Chaïm Nissim, son inénarrable look, ses absences parfois aux moments où il devrait être là, ses questions fondamentales et existentielles sur ce qu'il faudrait ne pas faire et ses choix parfois arbitraires sur les domaines à soutenir ou non au nom d'une éthique toute personnelle, mais dont il n'est pas quand même jamais très sûr. Au parti démocrate-chrétien, j'aimerais remercier Mme Nelly Guichard de sa droiture dans le travail d'entente, de sa disponibilité, de son sens des négociations et de sa discrétion. Et finalement chez les radicaux, j'aimerais promettre au docteur Pierre Froidevaux, qui m'a bien souvent traitée de Don Quichotte des causes perdues, que je continuerai à défendre celles qui me tiennent à coeur sans me laisser décourager par les échecs.

Car ils ont été nombreux mes échecs au cours de ces six dernières années, n'est-ce pas Monsieur Froidevaux ! Le premier, ce fut aussi mon premier combat dans ce parlement et ce fut d'essayer de vous convaincre que le président du DASS ne devait pas être à la fois le président du conseil d'administration des HUG, une proposition balayée alors, mais reprise aujourd'hui par les Verts ! Le RHUSO, un échec pour une fois partagé avec M. le conseiller d'Etat Guy-Olivier Segond, m'a ouvert quant à lui les portes d'un projet plus vaste, la régionalisation de la Suisse, dont l'Union Vaud-Genève ne représente que le premier pas. J'en saute quelques-uns pour rappeler le dernier en date, pas plus tard que lors de notre précédente session, au cours de laquelle je n'ai pas réussi à vous convaincre de la nécessité pour notre République de reconnaître à la justice ses prérogatives d'autocontrôle. Mais là encore, je suis bien certaine qu'un jour ou l'autre le temps me donnera raison. Et puis, de l'autre côté des échecs, il y a les succès. Et pendant ces six années, j'ai eu le privilège de me réjouir et de partager ceux de notre pionnière, Mme Martine Brunschwig Graf. Première femme conseillère d'Etat à Genève, première femme présidente du Conseil d'Etat de notre République et canton de Genève, elle a été pour moi, comme pour beaucoup d'autres, de par ses connaissances, ses compétences, son courage, son endurance au travail et sa volonté d'acier, d'où d'ailleurs son surnom, un exemple et un modèle de succès. Merci Martine et merci à vous tous ! (Applaudissements.)

Le président. Je remercie Mme Polla et l'invite à se rapprocher du perchoir afin que je puisse lui remettre le traditionnel stylo-souvenir ! (Applaudissements.)