Séance du
jeudi 28 octobre 1999 à
17h
54e
législature -
2e
année -
11e
session -
47e
séance
RD 334
Le président. Nous avons reçu une lettre de démission de notre collègue M. René Longet. Je prie la secrétaire de bien vouloir donner lecture de ce courrier.
Annexe lettre de démission M. Longet
Le président. René Longet siégea sur les bancs du parti socialiste au Grand Conseil tout d'abord pendant douze ans, de 1973, année où il fut le benjamin du Grand Conseil, jusqu'en 1985. De nouveau élu député en 1993, il fut secrétaire du Bureau en 1997-1998 et assura la présidence de la commission des transports en 1994-1995. Il est actuellement président de la commission de l'enseignement supérieur. Il fut également conseiller national de 1982 à 1991 et présida notamment la commission de la science, de l'éducation et de la culture.
Le Grand Conseil peut être satisfait d'avoir pu bénéficier de l'excellente expérience parlementaire de M. René Longet. Nous le félicitons pour ses nouvelles fonctions de conseiller administratif de la commune d'Onex et lui souhaitons pleine réussite dans ses activités futures. Nous lui remettons bien sûr le traditionnel stylo-souvenir ! (Applaudissements.)
Mme Elisabeth Reusse-Decrey (S). Ce soir, René Longet franchit une nouvelle étape politique. Cela signifiera bien sûr un vide pour nous. Pour lui, cela devient un peu une banalité. La politique, c'est en effet sa vie et, pour reprendre une formule bien connue de celles et ceux qui ont des connaissances littéraires très poussées, René Longet est probablement tombé dans la marmite lorsqu'il était petit.
Plus jeune député de ce parlement en 1973 déjà, il a ensuite suivi un chemin qui l'a, au contraire d'un certain nombre de politiciens qui s'éloignent de plus en plus, rapproché de ses racines. De Berne, au Conseil national, il est revenu à Genève, dans ce parlement qu'il quitte aujourd'hui pour se consacrer entièrement à sa commune d'Onex où nous lui souhaitons beaucoup de succès et beaucoup de satisfaction. Voilà pour le parcours géographique et politique très varié. Son parcours éthique, lui, et ses convictions n'ont jamais changé. Homme de dialogue, homme de concertation, j'aimerais rappeler ici qu'il a été le premier à faire entrer l'écologie en politique, défendant les principes du développement durable avant même que ce mot ne soit reconnu et promu. René Longet manquera à la fraction socialiste. Il manquera aussi, j'en suis sûre, à tout ce parlement, même si, après tous ces compliments, permets-moi, René, de le dire, tu étais parfois « Longet Longet » dans tes interventions ! Merci, René, pour tout ce que tu nous as apporté et pour tout ce que tu as apporté à la politique de ce canton !
Mais - peut-être qu'il y a un mais - le reverra-t-on dans cette enceinte, car il semble que l'administratif d'Onex soit une voie privilégiée pour revenir siéger sur les bancs du Conseil d'Etat. M. Wellhauser en a fait l'expérience, M. Lamprecht maintenant. Donc, à bientôt peut-être, René ! (Applaudissements.)
M. René Longet (S). J'aimerais vous remercier, Jean Spielmann et Elisabeth Reusse-Decrey, pour ces aimables et chaleureux propos. On ne peut bien sûr n'avoir que des qualités et je ne prétends pas ne pas vous avoir parfois ennuyés avec des discours qui ne vous ont peut-être pas plu.
Mais j'aimerais prendre congé ce soir avec un certain nombre de souhaits ou de constats. J'aimerais d'abord faire un constat. Je le dis partout où je peux, je trouve que le Grand Conseil est bien meilleur que son image. J'aimerais tout de suite accoler un voeu à ce constat, c'est que ce Grand Conseil réussisse par une meilleure discipline, par une meilleure communication, par une meilleure image, à ce que le travail qui se fait ici passe réellement au niveau de la population. Je le dis en partant, parce que cela a été mon souci constant ici. C'est aussi ce que j'ai pu faire lorsque j'étais au Bureau. Cela m'a fait très plaisir de voir que l'on avançait, qu'un certain nombre de projets avançaient. Il me tient donc à coeur de dire qu'il se fait un excellent travail dans ce parlement, mais que l'on a encore besoin de faire un excellent travail de communication.
Un constat et un voeu donc, mais en même temps aussi un regret, je l'ai dit dans ma lettre. Le regret de n'avoir pas toujours pu consacrer le temps qu'il fallait à la fois au travail lui-même et à la convivialité. C'est vraiment une question de temps. Nous sommes des miliciens et c'est parce que nous sommes des miliciens que nous devons aussi choisir.
Pour ma part, je salue la règle de l'incompatibilité que mon parti applique. Je la trouve juste en ce qui me concerne. Si mon parti me demandait le contraire, c'est-à-dire de rester et de cumuler les fonctions, je crois que je ne le pourrais pas. Il n'est pas possible de se consacrer réellement... (Brouhaha.) Je ne voudrais pas pour ma part ne pas pouvoir faire mon travail là où je dois le faire et servir beaucoup de maîtres à la fois. A un moment donné, on ne sert plus personne et ce n'est pas ce que je souhaite.
Mon départ va peut-être vous épargner deux interventions qui auraient pu susciter des controverses. Je vous aurais premièrement dit le mois prochain tout le mal que je pense de ce qui reste du projet de loi sur le partenariat. J'espère que vous arriverez à l'enrichir par la suite, parce que tel qu'il est, il ne me satisfait pas en ma qualité de coauteur.
J'aurais aussi voulu défendre devant vous quelque chose qui sera certainement repris par mes collègues, à savoir le souhait que Genève entre dans un processus qui s'est généralisé en Suisse et qui se rapproche de plus en plus, à savoir une révision totale de la Constitution. Je crois que le débat que nous avons eu tout à l'heure montre qu'il est bien nécessaire de repenser les fonctionnements. J'aurais voulu vous le proposer, le temps m'en empêche, mais je pense que mon groupe s'y intéressera activement.
Dernier mot enfin. Je crois que le résultat des récentes élections fédérales - j'aimerais féliciter au passage les six collègues qui ont été élus et réélus ce dimanche et leur souhaiter bon vent sous la coupole fédérale - je crois donc que les résultats de ces élections fédérales ont un peu été pour nous tous un signal d'alarme. Quelles que soient les satisfactions ou les déceptions qu'il y a eu dans les partis, nous avons tous senti qu'il y avait en dehors de cette enceinte d'autres gens qui ne comprenaient pas ce que nous faisions, qui critiquaient ce que nous faisions, qui comprenaient mal ce que nous faisions, d'où aussi tout l'intérêt de bien communiquer. La manière dont nous présentons les choses à l'extérieur n'est pas négligeable. Ces incompréhensions, ces difficultés, ces critiques pourraient peut-être changer la composition de ce parlement, dans deux ans, dans un sens qui nous paraîtrait à nous tous dangereux. Je vous invite donc à poursuivre ce que vous avez déjà fait, ce que nous avons déjà fait, à savoir faire de la politique et bien la faire !
C'est dans ce sens que j'aimerais prendre congé de vous et vous souhaiter une excellente fin de législature ! (Applaudissements.)