Séance du vendredi 24 septembre 1999 à 17h
54e législature - 2e année - 10e session - 43e séance

M 1293
27. Proposition de motion de Mme et MM. Christian Grobet, Jeannine de Haller, Bernard Clerc, Luc Gilly et Pierre Vanek sur la traversée de Meyrin. ( )M1293

Le GRAND CONSEIL de la République et canton de Genève

invite le Conseil d'Etat

EXPOSÉ DES MOTIFS

Les autorités meyrinoises demandent que la route de Meyrin soit mise en tunnel dans le secteur du village de Meyrin. Un tel ouvrage d'art, d'intérêt purement local, coûterait des dizaines de millions de francs que l'Etat ne peut manifestement pas supporter, en raison de sa situation financière et des équipements d'intérêt cantonal prioritaires qu'il aura déjà des difficultés à financer.

Cette demande s'inscrit dans le cadre d'une série de demandes de même nature émanant des communes de Versoix, de Collonge-Bellerive, du Grand-Saconnex, d'Onex, pour d'autres routes cantonales, que l'Etat ne peut manifestement pas financer.

Par ailleurs, après les centaines de millions de francs consacrés au réseau routier, il convient que les disponibilités soient affectées au développement du réseau TPG (réseau tramway) qui a souffert d'un retard considérable.

En ce qui concerne la traversée de Meyrin, une solution de substitution bon marché, bien préférable à un tunnel, est réalisable avec la mise en service du prolongement de l'avenue de Lect et la réalisation du passage sous-voies de la ligne de chemin de fer Cornavin - La Plaine. Il s'agirait, par certains aménagements relativement modestes, de mettre en place sur la route de Meyrin, l'avenue de Lect, la route du Nant-d'Avril et la route du Mandement, de créer une véritable route d'évitement de Meyrin, à l'instar des évitements de Plan-les-Ouates, de Satigny, d'Aire-le-Ville, de Bernex, de Puplinge ou de l'autoroute de contournement, pour prendre l'exemple extrême.

Les concepts routiers ont évolué avec le temps. Le concept des routes expresses à travers les localités a fort heureusement été abandonné au profit des routes d'évitement, afin de préserver la qualité de vie des localités.

La solution retenue par les autorités meyrinoises est donc totalement dépassée. Sans compter que les tunnels (qui n'ont en principe pas de bandes d'arrêt pour des motifs de surcoût) sont beaucoup plus dangereux lors d'accidents (notamment en cas d'incendie) que les routes ouvertes, raison pour laquelle on essaie d'éviter leur construction chaque fois que cela est possible. En outre, leurs frais d'entretien sont très élevés et l'évacuation de l'air vicié pose problème tout en induisant une dépense énergétique importante.

Dans la mesure où la solution d'une route d'évitement peut être mise en place pour le trafic de transit, elle s'impose, même si elle allonge de deux ou trois minutes le temps de parcours des voitures, ce qui est dérisoire par rapport à la suppression obtenue des nuisances provoquées par le trafic de transit. Ce principe est d'ailleurs largement appliqué en France.

Dans le cas d'espèce, il y aurait lieu de mettre en place un giratoire sur la voie de sortie de la route de Meyrin, au niveau de la Maladière, pour assurer un accès rapide à l'avenue de Lect, un giratoire au carrefour de la route du Nant-d'Avril et de la route du Mandement et une liaison privilégiée entre cette route et la route de Meyrin pour que l'itinéraire de délestage soit attractif et rapide. Pour garantir le détournement du trafic de transit, la route de Meyrin devrait être mise en cul-de-sac au niveau du village, avec des déviations obligatoires sur l'avenue de Vaudagne et le quartier de Monthoux.

Compte tenu de ce qui précède, nous vous invitons, Mesdames et Messieurs les député-e-s, à faire bon accueil à cette motion.

Débat

M. Christian Grobet (AdG). Mesdames et Messieurs, nous souhaitons le renvoi de cette motion à la commission des transports, car elle concerne un problème de trafic, de circulation dans la commune de Meyrin.

Vous savez que cette commune demande la réalisation d'un tunnel routier pour la traversée de Meyrin, dont le coût est particulièrement élevé et qui nous paraît au surplus une solution obsolète aussi bien au niveau de la sécurité des usagers qu'au niveau des problèmes environnementaux. A la suite de l'important investissement que l'Etat a consenti pour relier, par un passage sous voie, la rue Lect à la route du Nant-d'Avril, nous pensons à une solution beaucoup plus simple pour décharger le village de Meyrin de la circulation de transit, qui est effectivement intolérable, à savoir dévier cette circulation sur une voie de contournement, comme cela se fait dans de nombreux endroits en France, et désaffecter le secteur de la route de Meyrin au centre du village de Meyrin.

On peut à cet égard citer un exemple très proche en France voisine : la localité de Ferney-Voltaire, où l'ancienne route nationale a été transformée en espace piétonnier au centre de Ferney-Voltaire, avec la mise en place d'une voie de détournement. Cette solution donne satisfaction à tout le monde et ce qui se fait près de chez nous devrait pouvoir se faire dans notre canton.

Certains s'inquiétaient, prétendant que dévier la circulation sur la route du Nant-d'Avril aurait pour conséquence de rabattre cette circulation sur les localités de Vernier et de Châtelaine. Evidemment, et nous l'avons indiqué dans la motion, il faudrait, dans l'hypothèse de cet itinéraire, mettre en place des mesures d'accompagnement. D'une part, pour rendre l'itinéraire attractif, il s'agirait de réaliser deux giratoires, un sur la route du Mandement et l'autre à la sortie de la route de Meyrin, à un endroit très dangereux déjà maintenant, soit à côté du Brico-Loisirs Migros. D'autre part, il conviendrait de prendre des mesures dissuasives sur le secteur final de la route du Nant-d'Avril, en réduisant la circulation à une voie et en réalisant une régulation des feux au niveau de l'avenue Pictet, de manière à retenir le trafic et par là même à inciter à suivre l'itinéraire de délestage.

Je précise que, dans la mesure où les deux giratoires dont nous suggérons la réalisation s'inscrivent parfaitement dans la politique menée par le département depuis un certain nombre d'années, à la satisfaction générale des automobilistes, il serait très facile, avec des mesures mobiles, de tenter au moins l'expérience de la solution que nous préconisons. Nous demandons donc que notre motion soit envoyée en commission, pour qu'elle puisse être examinée et pour que nous puissions entendre le chef du département de l'aménagement, de l'équipement et du logement sur cette question. Ce d'autant que ce dernier, nous le savons, considère qu'en l'état actuel des choses il n'est pas envisageable de réaliser le tunnel souterrain réclamé par la commune de Meyrin. 

Mme Madeleine Bernasconi (R). Cette motion fait suite à une idée qui a été émise par l'ATE et quelques sympathisants le 5 février dernier déjà, à l'occasion de la journée de la traversée du village organisée par la commune et à laquelle assistait, entre autres, M. Laurent Moutinot, conseiller d'Etat chargé du département de l'aménagement, de l'équipement et du logement.

Cette idée paraît bien sûr, au premier abord, magnifique et l'on se pose la question de savoir pourquoi l'on n'y a pas pensé plus tôt ! Cependant, si les autorités meyrinoises ont accordé un crédit de 400 000 F pour mener à bien l'étude de faisabilité d'une traversée de Meyrin-Village, ce n'est pas la tête dans le sac. Sans vouloir reprendre tout le détail des études menées, on peut rappeler les quelques points essentiels décrits ci-après, qui montrent à l'évidence que l'idée reprise par la motion 1293 n'est pas défendable. Il est vrai qu'avec leurs propositions les motionnaires persistent et signent dans la constitution d'une collectivité à deux vitesses : d'un côté, ceux qui habitent à l'intérieur de la ceinture autoroutière et qui méritent dignité et protection ; et puis les autres, qui habitent en dehors, dans la périphérie genevoise, et qui peuvent supporter des contraintes de déplacement plus stressantes et toujours plus élevées !

Les 25 000 automobilistes qui traversent le village de Meyrin tous les jours ne le font pas pour satisfaire un simple désir personnel : ils y sont contraints pour se rendre de leur domicile à leur lieu de travail, pour gagner leur vie, pour vivre ! L'ouvrage de la traversée de Meyrin-Village ne cherche pas à apporter un confort supplémentaire à la bagnole, mais à ces 25 000 automobilistes qui sont des humains et qui, à ce titre, ont droit à des conditions de vie et de déplacement aussi confortables que celles que les motionnaires veulent offrir à leur clientèle. 25 000 automobilistes par jour, à huit minutes de trajet supplémentaires, cela veut dire une perte de 3333 heures/jour dans l'évitement de Meyrin-Village, alors qu'avec l'ouvrage de traversée ces automobilistes auraient peut-être gagné deux minutes sur le temps de trajet, mais auraient vu s'améliorer de beaucoup la sécurité et le confort.

Et puis, ces 3333 heures/jour sont autant d'heures de fonctionnement inutile des moteurs d'automobiles qui arrosent de leur pollution les zones d'habitat et d'activités de Meyrin, ou de Satigny, selon la direction du vent. L'idée prônée par les motionnaires, c'est donc l'expression d'un égoïsme assez primaire, soit le déplacement du problème chez les autres !

Il faut savoir que la route du Nant-d'Avril, déjà saturée, donne accès à une zone d'activités qui héberge actuellement plus de 15 000 emplois et dont le potentiel pourrait atteindre 35 000 emplois - heureux Genève ! Aussi le déversement d'un flot de 25 000 véhicules par jour sur cette artère ne peut pas être résolu à coup de «y'a qu'à», ou grâce à la réalisation d'un ou deux giratoires supplémentaires. Par ailleurs, l'accessibilité de ces zones d'activités est déjà fort problématique. Les autorités meyrinoises ont attiré l'attention du Conseil d'Etat sur ce problème tout récemment, car il met en péril l'attractivité même des zones d'activités et donc le développement économique du canton.

Il est faux et archifaux de dire que l'ouvrage de traversée de Meyrin-Village est encore un investissement pour la voiture. C'est un investissement qui répond à un besoin prépondérant, exprimé par la collectivité, en matière de sécurité, de confort environnemental et de conditions de mobilité nécessaire à une économie qui génère ou doit générer les moyens d'obtenir un tel confort.

Meyrin ne veut pas être un village en cul-de-sac, Meyrin ne veut pas être une commune que l'on contourne. Meyrin est une commune qui accueille une collectivité de plus de 100 nationalités, qui est ouverte sur le monde, tant au travers de l'aéroport que du CERN, le CERN qui réalise aujourd'hui l'un des plus grands équipements de recherche fondamentale du monde. C'est dire si ce dernier a posé sa loupe sur notre coin de territoire.

Enfin, la proposition des motionnaires est totalement inacceptable, car elle constitue un geste totalement inamical envers la France voisine, avec laquelle la commune cherche à collaborer étroitement dans tous les problèmes de proximité. La modération de trafic mise en place sur la route de Prevessin a été mal accueillie et mal acceptée par les frontaliers. Alors, mettre la route de Meyrin en cul-de-sac, c'est un acte vraiment inamical envers le CERN, envers l'Hôpital de la Tour, en compliquant bien inutilement, on l'a vu, les accès à leurs installations, qui accueillent un nombreux public en provenance du monde entier.

M. Moutinot, conseiller d'Etat chargé du DAEL, répondra très certainement et, j'espère, de façon très précise sur les questions purement techniques, mais il faut tout de même relever que l'ouvrage de traversée de Meyrin-Village, sans les trémies, a une longueur d'environ 500 mètres et n'est donc pas à comparer, sur le plan de la sécurité et des coûts d'entretien, avec des tunnels routiers de plusieurs dizaines de kilomètres de longueur. Enfin, contrairement à ce que soutiennent les motionnaires, la solution de contournement des agglomérations n'est plus la panacée, car ces agglomérations, une fois contournées, dépérissent et n'ont plus aucune vie sociale ni économique. Quant à l'investissement nécessaire à la réalisation de l'ouvrage de traversée, il reste très modeste. En effet, la Confédération, le canton et la commune auraient à financer chacun le tiers, c'est-à-dire environ 10 millions, sur quatre ans de travaux. Peut-on soutenir sans rougir que 2,5 millions par an, pendant quatre ans, est un luxe que les pouvoirs publics ne peuvent plus se permettre pour assurer la qualité de l'environnement d'une collectivité de plus de 30 000 habitants et travailleurs ?

Quant à moi, je vous aurais invités à rejeter purement et simplement cette motion, par égard aussi pour mes collègues et pour les habitants de la commune de Vernier, qui verraient augmenter de façon importante la circulation de véhicules et notamment de poids lourds, mais je ne le ferai pas. Je pense qu'il serait opportun, comme l'a proposé M. Grobet, de renvoyer cette motion à la commission de l'aménagement. 

M. Claude Blanc (PDC). J'ai lu avec attention l'exposé des motifs à l'appui de la motion que vient de défendre M. Grobet. J'espère qu'il n'en est pas l'auteur, parce qu'en tant qu'ancien conseiller d'Etat il aurait dû voir que cet exposé des motifs est truffé d'incohérences.

A la page 3, deuxième paragraphe, on constate que celui qui a rédigé ce deuxième paragraphe ne connaît pas du tout la situation de la commune de Meyrin, qu'il n'y a sûrement jamais mis les pieds et que, par conséquent, il parle de ce qu'il ne connaît pas. Je lis «qu'il y aurait lieu de mettre en place un giratoire sur la voie de sortie de la route de Meyrin, au niveau de la Maladière...» S'agissant de la rue de la Maladière, M. Grobet doit savoir, parce qu'il était conseiller d'Etat à l'époque, qu'elle s'appelle maintenant, depuis une quinzaine d'années, rue Malnati. Il devrait savoir aussi que c'est une rue de quartier et qu'elle n'a aucun débouché sur la route de Meyrin : le débouché a été supprimé justement pour en faire une rue tranquille. Elle n'a aucun débouché non plus sur la route du Nant-d'Avril. C'est la rue la plus habitée du village de Meyrin et les autorités de la communes de Meyrin, en collaboration avec les autorités cantonales - M. Grobet devrait le savoir - avaient pris des mesures pour que cette rue, anciennement rue de la Maladière et aujourd'hui rue Malnati, ne soit réservée qu'à la circulation de quartier. Il y a d'ailleurs des gendarmes couchés tous les cinquante mètres. C'est dire que créer un giratoire à cet endroit serait vraiment la négation du bon sens.

D'autre part, si on devait créer un giratoire au débouché de la rue de la Maladière, sur la route de Meyrin, il faudrait nécessairement démolir quelque chose. Peut-être avez-vous pensé qu'on pourrait démolir l'église - cela irait dans vos vues ! - qui se trouve là bien malencontreusement placée et qui empêcherait en tout cas la construction d'un giratoire.

Plus loin dans cet exposé des motifs, et c'est totalement incohérent, vous dites, concernant le même carrefour : «Pour garantir le détournement du trafic de transit, la route de Meyrin devrait être mise en cul-de-sac au niveau du village, avec des déviations obligatoires sur l'avenue de Vaudagne et le quartier de Monthoux.» Alors, déviation obligatoire sur Vaudagne, passe encore, mais pour aller à Monthoux depuis là, il faut précisément utiliser la rue Malnati qui, je le répète, est réservée actuellement à la circulation locale et qui est la rue la plus habitée de Meyrin-Village. En l'occurrence, ce serait vraiment créer une horreur dans ce village de Meyrin. Cela prouve simplement que vous ne savez pas de quoi vous parlez, ce n'est pas la première fois et je le regrette !

M. Georges Krebs (Ve). Nous soutenons le renvoi de cette motion à la commission des transports. En effet, l'étude des reports de circulation doit être faite avec soin. Le souci des habitants de Vernier de voir le trafic augmenter sur Vernier ou Châtelaine est réel. Il faudrait, à cet égard, faire intervenir la notion de bruyance, c'est-à-dire du nombre d'habitants touchés par le trafic. La route du Nant-d'Avril est déjà extrêmement chargée, le soir comme dans la journée. Elle dessert, comme l'a dit Mme Bernasconi, une zone industrielle qui va encore se développer et, pour nous, la solution consiste non pas à favoriser encore plus le trafic automobile, mais à prévoir des transports en commun efficaces. C'est pourquoi nous proposons le renvoi à la commission des transports. 

M. Christian Brunier (S). Nous ne sommes pas cosignataires de cette proposition de motion. Néanmoins, nous pensons, au sein du groupe socialiste, qu'elle peut être étudiée en commission, où nous l'examinerons avec un certain sens critique, puisque ce projet a quelques défauts.

Premièrement, quelle que soit notre position sur la traversée souterraine en tranchée couverte de Meyrin, je pense qu'il faut être clair : ce projet ne constitue pas une alternative à la traversée couverte. Ceci n'est pas une prise de position pour ou contre la tranchée couverte, mais juste une précision pour ne pas tromper les gens sur les conséquences réelles de ce projet.

Deuxièmement, si cette motion était mise en application sans mesures de régulation du trafic dans les communes limitrophes, elle aurait des conséquences relativement néfastes sur les communes voisines, notamment en augmentant le trafic sur les routes du Nant-d'Avril et de Vernier, qui sont déjà des routes très fréquentées, mais aussi dans des quartiers qui subissent déjà nombre de nuisances, tels que Châtelaine, Avanchets ou d'autres quartiers environnants. Ce développement du trafic dégraderait encore des quartiers qui sont déjà très touchés par les nuisances et, comme l'a dit M. Grobet, il faut donc prévoir des mesures d'accompagnement à ce projet.

Nous sommes d'accord d'étudier ce projet en commission, mais il faudra mener une politique de concertation, examiner toute idée qui sortirait de la commission et écouter les gens principalement touchés par ces mesures. Le parti socialiste vous invite à envoyer cette motion à la commission des transports pour une étude critique et complémentaire. 

M. Pierre Ducrest (L). J'ai bien entendu les explications de l'ingénieur en chef Grobet concernant la motion 1293 qu'il nous propose. Je ne suis malheureusement que Carougeois, mais mes préopinants meyrinois ont expliqué les tenants et aboutissants qui justifient le refus de cette motion.

Monsieur Grobet, souventes fois dans ce parlement, vous agissez de la même manière face à un projet en cours, en gestation. Ici, des communiers essaient de proposer quelque chose de logique et vous venez avec une motion dilatoire pour essayer de retarder, voire d'annuler un projet qui est pourtant tout à fait convenable. Et avec quels arguments ? Les seuls arguments pertinents qui ont été émis dans ce parlement sont ceux de M. Krebs. En effet, lui a la sincérité de reconnaître que les Verts sont pour les transports collectifs et pas pour les transports privés. Cette notion s'inscrit tout à fait dans le système : on veut profiter d'un projet pour faire la promotion des transports publics et on tente une manoeuvre dilatoire pour empêcher la réalisation d'un tunnel nécessaire, en proposant une motion qu'on discutera en commission, d'où il ne ressortira rien du tout !

Mesdames et Messieurs les députés, vous connaissez la carte du canton de Genève : elle a une particularité, c'est que la route de Meyrin est toute droite, depuis toujours et bien avant la construction de la cité satellite de Meyrin. Et cette route de Meyrin draine le bassin gessien. Or, mes préopinants l'ont bien expliqué : le fait de vouloir bloquer cette route, c'est le coup de pied de l'âne vis-à-vis des communes gessiennes, qui somme toute apportent à l'économie genevoise une bonne partie de ses revenus, par les travailleurs qu'elles nous envoient et qui font aussi marcher notre économie.

D'autre part, s'agissant de l'aspect technique proprement dit, beaucoup a déjà été réalisé, puisque la route de Meyrin a été modifiée à plusieurs reprises. J'en veux pour preuve la descente vers l'aéroport, l'élargissement à certains endroits, la diminution de vitesse sur toute cette artère qui va jusqu'à l'entrée de la rue de la Servette. Des travaux importants ont déjà été réalisés sur cette voie et il faut continuer avec l'évitement du village de Meyrin. Celui-ci se trouve sur une butte et techniquement il est logique d'y faire un tunnel.

Dès lors, je ne vois pas pourquoi nous renverrions ce projet en commission. Elle n'a rien à y faire, rien ne sortira du travail de commission, si ce n'est du temps perdu ! Je vous invite donc à refuser cette motion. 

M. Christian Grobet (AdG). Monsieur Blanc, je sais que vous adorez faire de l'humour, mais vous avez fort bien compris, puisque vous êtes un habitant de cette commune, qu'il y a effectivement, dans le dernier paragraphe de l'exposé des motifs, une erreur de désignation, que j'ai omis de relever dans ma présentation tout à l'heure.

Ce n'est bien entendu pas au niveau du village de Meyrin que nous proposons de faire un giratoire, mais - et je l'ai expressément indiqué tout à l'heure - au niveau du Brico-Loisirs, à la sortie de la route de Meyrin qui part depuis la route de Meyrin et qui tombe sur la rue Lect. A ce croisement, que j'ai qualifié de dangereux et pour lequel la commune fait des études, il est de toute manière souhaitable de réaliser un giratoire. Vous savez aussi bien que moi qu'il y a des problèmes de circulation à cet endroit-là... (Commentaires.) Ecoutez, Monsieur Blanc, je comprends que vous vouliez vous amuser, c'est dans votre tempérament, mais je pense que dans le cas d'espèce vous abusez de votre ironie habituelle !

Pour le surplus, Monsieur Ducrest, nous ne cachons pas que nous ne voulons pas de solution qui augmente encore la circulation automobile. Il est évident qu'en réalisant ce tunnel extrêmement coûteux - qui servira en outre de précédent pour en construire d'autres qui sont réclamés par les communes - on va augmenter le «tout à la voiture» que semble préconiser le maire de Meyrin, ce qui n'est effectivement pas notre politique.

Maintenant, quant au coup de pied de l'âne qu'on donnerait aux Français, je conteste ce point de vue. En effet, j'ai l'occasion d'aller assez fréquemment en France, comme vous-même certainement, et je constate qu'il y a énormément de localités où les Français - ils nous donnent l'exemple ! - ont réalisé des routes d'évitement, aménageant le centre des localités en zones piétonnes. J'ai donné l'exemple voisin de Ferney-Voltaire et je pourrais vous en donner bien d'autres. Vous êtes en retard de trente ans sur les concepts de circulation, vous en êtes à l'orée des années 60, où on prévoyait encore les routes directes à travers les localités. Ce concept passéiste de vouloir faire passer des flots de circulation à travers les villes a été abandonné au début des années 60 au profit des contournements. C'est ainsi qu'on a construit l'autoroute de contournement à Genève et non les traversées directes, qui ont été refusées par le peuple au début des années 60 !

Mme Dolorès Loly Bolay (AdG). Nous acceptons le renvoi de cette motion en commission, tout en relevant que le parti du Travail section Meyrin a soutenu le projet de tranchée couverte sous la route de Meyrin proposé par les autorités du village. Cela dit, cela ne nous empêchera pas d'étudier en commission l'alternative proposée par notre camarade Christian Grobet.

M. Claude Blanc (PDC). S'il est vrai, et M. Grobet le confesse, qu'il y a une erreur dans la première partie du dernier paragraphe, il n'en reste pas moins qu'à la fin de ce dernier paragraphe il est écrit que «la route de Meyrin devrait être mise en cul-de-sac au niveau du village, avec des déviations obligatoires sur l'avenue de Vaudagne et le quartier de Monthoux».

Alors, vous m'expliquerez comment on peut, depuis le milieu du village de Meyrin, accéder au quartier de Monthoux sans ouvrir à la circulation une rue qui ne l'est pas actuellement et qui est la plus peuplée de Meyrin, soit la rue Malnati. De cette rue, que les autorités de Meyrin se sont efforcées de préserver avec la collaboration des autorités cantonales, vous voulez faire une route de déviation pour aller sur la zone industrielle. C'est complètement ridicule et cela, ce n'est pas une erreur de frappe, c'est vraiment que vous n'avez rien dans la tête ! 

Mme Erica Deuber-Pauli (AdG). Je voudrais verser au dossier un élément dont on n'a pas parlé, pour que celui-ci soit pris en compte dans les travaux de la commission.

La route de Meyrin est un élément extrêmement important, inscrit dans notre territoire depuis sa réalisation au XVIIIe siècle. Ce sont les ingénieurs français de Louis XV qui l'ont planifiée, elle est devenue une route de liaison entre la frontière de Genève au Bouchet et le Pays de Gex, ralliant la route qui longe en France le pied du Jura pour accélérer le voyage vers Paris, en évitant la Faucille et en passant par le Fort-de-l'Ecluse. Ce sont des créations qui sont inscrites dans notre territoire de manière particulièrement intéressante et qui sont aussi liées à l'histoire de Meyrin.

Personnellement, je n'aime pas les tranchées couvertes, dans la mesure où on a tendance à les traiter en oubliant l'esthétique du territoire patrimonial qui nous est légué. J'en veux pour preuve ce qui s'est passé sur une autre liaison historique, à Plan-les-Ouates, avec la jonction des Communes-Réunies, où ce qui ressort aujourd'hui des travaux exécutés entre le Bachet-de-Pesay et Plan-les-Ouates ressemble à un capharnaüm. Cette portion de territoire est détruite à jamais.

Je souhaite donc qu'on tienne compte de cet aspect esthétique et paysager - qu'aussi bien le projet alternatif d'évitement que celui de tranchée couverte n'ont pas encore mentionné - afin que, d'une part, la route de Meyrin ne soit pas un cul-de-sac et que, d'autre part, dans le traitement de la solution adoptée, quelle qu'elle soit, cette marque territoriale, qui est un élément de notre patrimoine, soit respectée. 

M. Laurent Moutinot. En matière de transports, il y a les grandes priorités et les objets d'importance régionale ou locale. S'agissant de Meyrin, les deux grandes priorités sont le TCSP et le raccordement à l'autoroute par les deux demi-boucles qui manquent. Il s'agit là d'objets d'importance cantonale et j'entends que, sur ces deux objets, nous puissions avancer le plus vite possible.

La traversée de Meyrin, quelle qu'elle soit, est un objet qui a une importance évidente pour la population locale, mais qui n'a pas d'impact majeur pour la conception des transports dans le canton. A ce jour, la position des autorités meyrinoises est de demander une traversée en tunnel : ce projet n'est pas abandonné par le département, ni par le Conseil d'Etat. En revanche, vous avez pu constater qu'il ne figure pas au budget 2000, précisément parce que, dans l'ordre des priorités, seules ont pu subsister les priorités d'importance cantonale.

Cela nous donne par conséquent, Mesdames et Messieurs les députés, le loisir d'examiner en commission les propositions contenues dans cette motion. Je relève à cet égard que j'ai reçu un certain nombre de coups de téléphone ou de mots de Meyrinoises et de Meyrinois qui appuient la motion, et d'autres de leurs camarades de parti de Vernier qui me prient de bien vouloir la combattre : je crois qu'il y aura là une difficulté interne au parti des motionnaires à régler.

Par ailleurs, je signale, mais je vous en informerai plus en détail en commission, qu'en prévision de la construction du tunnel une étude de dérivation de la circulation a été faite - puisque la circulation serait évidemment impossible pendant la construction - et que l'étude a conclu que la solution de dérivation que vous proposez n'est pas la bonne. Ce sont là des éléments dont vous pourrez prendre connaissance et discuter tout à loisir en commission des transports, ce me semble, plutôt que de l'aménagement.

Le président. Nous sommes au terme de ce débat. Deux propositions ont été formulées : l'une, d'adresser cette motion à la commission des transports, l'autre de l'adresser à la commission de l'aménagement. La proposition de la commission de l'aménagement est-elle maintenue, ou tout le monde se rallie-t-il au renvoi à la commission des transports ? Personne ne réagit..., je mets aux voix le renvoi de cette motion à la commission des transports !

Cette proposition est mise aux voix.

Le résultat est douteux.

Il est procédé au vote par assis et levé.

Le sautier compte les suffrages.

Le renvoi de cette proposition de motion à la commission des transports est adopté.