Séance du
jeudi 10 juin 1999 à
17h
54e
législature -
2e
année -
8e
session -
28e
séance
IU 689
M. René Ecuyer (AdG). J'avais deux interpellations urgentes à l'intention de M. Gérard Ramseyer, mais comme Mme Briol est déjà intervenue sur le sujet des taxes TPG et que je me rallie entièrement à ce qu'elle a dit, je laisse tomber ma première interpellation et je développerai la deuxième qui concerne les locaux de la PC pour les réfugiés.
L'arrivée massive de réfugiés du Kosovo - merci à l'OTAN, merci à Milosevic - nous oblige à prendre des dispositions nouvelles et d'urgence. Beaucoup d'entre vous ont fait de la protection civile et il semble qu'il aurait pu arriver n'importe quoi, on était paré contre toutes les catastrophes. Or il se trouve que nous sommes complètement dépassés par l'arrivée de quelques centaines de réfugiés et l'on n'ose pas imaginer ce que l'on ferait face à une catastrophe majeure ?
On peut se poser des questions au sujet de la PC, puisqu'on a dû faire appel à une entreprise privée - à Securitas pour ne pas la nommer - pour l'encadrement des malheureux qui nous arrivent en masse. Ne pensez-vous pas, Monsieur le président Ramseyer, que c'est une erreur d'avoir confié cette tâche d'accueil à des gens qui sont plus préparés à «pincer» des cambrioleurs qu'à accueillir des gens en détresse ?
Plusieurs faits témoignent de cette situation qui est plutôt anormale. Par exemple, il y a eu l'histoire d'une femme enceinte qui souffrait passablement. Elle restait alitée et demandait des soins. On lui a répondu qu'elle irait à l'infirmerie le lendemain après-midi. Il a fallu l'intervention d'un quidam de la PC pour que cette dame soit envoyée par le SIS en urgence à l'hôpital où elle est restée quelques jours.
Plusieurs choses sont anormales, comme le fait qu'à leur arrivée les réfugiés subissent un interrogatoire. On établit alors une feuille d'identité par famille. Or pour quitter le centre, il faut avoir la feuille d'identité. Si un membre veut sortir du centre, sa famille doit rester à l'intérieur. Cela ne joue pas. Il existe une paperasserie et des complications administratives qui sont dignes de régimes autoritaires, de la bureaucratie que vous avez toujours critiquée.
Mais le plus grand souci, Monsieur Ramseyer, est qu'il faut expliquer à ces gens qui viennent du privé que les réfugiés qui arrivent ici ne sont pas des prisonniers de guerre. Ils n'ont pas besoin d'avoir des matons à côté d'eux. Ce ne sont pas des cambrioleurs, mais des gens qui souffrent de la séparation, de la mort de proches, de déracinement, de la destruction de leur terre et que, s'ils fuient la maltraitance, ce n'est pas pour en trouver une autre, sournoise et bêtement administrative.
Pour eux, la Suisse représente le paradis où, bien souvent, ils se réjouissent de retrouver un membre de leur famille. Ne pensez-vous pas, Monsieur Ramseyer, que la surcharge de nos services ne devrait pas empêcher la compassion, la courtoisie et la solidarité ? Ne pensez-vous pas qu'il serait nécessaire de donner des cours de préparation aux employés d'entreprises privées de sécurité qui ont la mission d'encadrer les réfugiés ?