Séance du
jeudi 24 septembre 1998 à
17h
54e
législature -
1re
année -
11e
session -
37e
séance
RD 303
Le président. Nous avons reçu la lettre de démission de Mme Charrière Debelle. Je prie Mme la secrétaire de bien vouloir en donner lecture.
Le président. Il est pris acte de ce courrier. Mme Liliane Charrière Debelle a été élue députée en 1993. Elle fut présidente de la commission des transports. Nous formons nos voeux les meilleurs pour ses futures activités et lui remettons le traditionnel stylo souvenir. (Applaudissements.)
Mme Liliane Charrière Debelle (S). Je voudrais tout d'abord dire qu'en tant que fonctionnaire, ça me «titillait» drôlement et je me disais : «Mais que font-ils dans ce Grand Conseil ? quand je pourrai, j'irai voir.» J'ai vu, j'ai appris et j'ai rencontré.
J'aimerais vous dire à tous, sur quelque banc que vous vous situiez les uns et les autres, que j'avais cette idée un peu stupide comme quoi il y avait la gauche, la droite, et le centre qui... bon ! (Rires.) En fait, j'ai compris - j'avoue qu'à mon âge j'aurais dû m'en apercevoir avant - que j'ai surtout rencontré des gens. Que ce soit sur les bancs d'en face, où j'ai rencontré des gens chez qui j'ai trouvé une personnalité, où j'ai rencontré des gens avec qui par exemple j'ai parlé de littérature, d'événements politiques ou de bien d'autres choses, et je me suis dit que c'était tout de même formidable. J'oubliais complètement qu'ils étaient de tel ou tel parti. Que ce soit à gauche, où j'ai rencontré des gens totalement différents de ce que j'imaginais. Je pense à un de nos collègues qui va rougir mais tant pis pour lui, je pense par exemple à Gilles Godinat : un personnage à découvrir... (Rires et applaudissements.) ...parce que c'est un homme de coeur et d'engagement, et je n'en dirai pas plus car il rougit facilement. Je pense à Bernard Lescaze : qu'est-ce qu'on a pu s'engueuler tous les deux... (Rires.) ...mais pour trouver plus Genevois que lui ou moi, il faut chercher un moment !
Je voulais donc vous dire à tous que ce n'est pas sans un petit pincement au coeur que je vous quitte et comme dit un ami qui m'est très cher puisqu'il est devenu mon mari, il y a des pages à tourner qui collent aux doigts ! C'est effectivement une page qui me colle aux doigts. C'est dire que lorsqu'on s'en va dans ces circonstances, on fait un choix. On ne peut pas être et avoir été.
Quoi qu'il en soit, j'ai appris qu'on ne peut pas désespérer de l'espèce humaine. Derrière chaque personne, il y a une personnalité, un engagement, qu'on aime ou qu'on n'aime pas mais c'est là une autre question; la démocratie permet beaucoup de choses. Et c'est ce que j'ai découvert. Evidemment, je précise que je n'ai pas préparé mon intervention et tout ce que je vous dis me vient tout droit du coeur et de la tête, mais surtout du coeur !
J'ai aussi rencontré au gouvernement et à la chancellerie des gens fort attachants et différents. Bref, ce qui me coûte le plus n'est pas de m'en aller ni de perdre mon mandat mais de ne plus rencontrer les gens que j'ai connus ici. Et puis quand même, les médecins qui sont là m'ont drôlement sauvé la mise à plusieurs reprises. Alors à tous, un chaud merci et travaillez bien !
Je vous assure que lorsqu'on voit ce qui se fait ici de loin, comme c'est le cas pour mon mari et moi qui vivons de temps en temps dans le Midi, on a une autre vision des choses. En fait, je ne déménage pas, je suis Genevoise et je le reste mais il est vrai que je vais de temps en temps le voir dans le Midi. On est marié, il faut bien qu'on se dise bonjour de temps à autre ! (Rires.) Et dans ce village où nous habitons - lui toujours et moi épisodiquement - la différence des problèmes est frappante. Là-bas, pour nous qui sommes de gauche, comme on peut être de droite, par engagement, sincérité et conviction, ce qui nous a coûté et qui lui a coûté le plus, comme aux gens que nous fréquentons, c'est que l'année passée, aux législatives, l'alternative n'était pas compliquée. Au premier tour, comme la gauche sait si bien le faire, elle s'est bien divisée de sorte que, pour le deuxième tour, il y avait un RPR et un FN. C'était donc simple. Mais pour des gens que je connais bien et pour le cher ami en question, c'était la première fois de sa vie qu'il votait RPR, et il a bien fait. En effet, dans ce pays où on n'a finalement pas tellement de problèmes d'immigration - ce n'est pas vrai, pas dans une commune de dix mille habitants - le FN a récolté plus de 20% des voix. Rendez-vous compte ! Cela me fait peur et me fait penser à une bête qui s'étale comme une tache d'huile.
Bref, je vous embrasse tous bien fort et allez de l'avant ! (Vifs applaudissements.)
Le président. Merci à Liliane Charrière Debelle à qui nous réitérons nos voeux pour la suite de sa vie dans notre cher pays voisin.
7. Correspondance.
Le président. La correspondance suivante est parvenue à la présidence :