Séance du
jeudi 19 février 1998 à
17h
54e
législature -
1re
année -
5e
session -
5e
séance
IU 439
Mme Laurence Fehlmann Rielle (S). Mon interpellation urgente s'adresse à M. le conseiller d'Etat Gérard Ramseyer, au sujet de ses déclarations publiées dans les éditions des 10 et 11 février de la ";Tribune de Genève".
Monsieur Ramseyer, vous avez annoncé votre intention de déposer un projet de loi pour libéraliser les heures d'ouverture des cafés, afin de corriger l'inégalité de traitement que subiraient les tenanciers de notre canton par rapport aux bistrots-squats.
Ce projet soulève plusieurs questions.
Est-il crédible de prétendre qu'une quinzaine de bistrots-squats sont de réels concurrents pour les établissements publics traditionnels...
Des voix. Oui, oui !
Mme Laurence Fehlmann Rielle. ...alors que l'on sait pertinemment que leur clientèle n'est pas du tout la même que celle des cafés et restaurants officiels ?
Si ces derniers subissent les contrecoups de la récession, ils font aussi les frais d'une autre mesure de libéralisation, intervenue au début de 1997 : la levée de la clause du besoin.
N'y a-t-il pas lieu de craindre qu'une telle libéralisation des horaires n'entraîne une plus grande accessibilité et, partant, une augmentation de la consommation d'alcool, en particulier chez les jeunes ? (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Il faut rappeler que la législation en la matière, censée protéger les mineurs, n'est pas appliquée sinon fort mal. Je fais allusion à l'interdiction de servir de l'alcool à des mineurs et à l'obligation faite aux tenanciers d'offrir un choix de trois boissons sans alcool moins chères que la bière.
Je demande enfin quelles seront les conséquences d'une telle libéralisation sur les conditions de travail et la santé du personnel si l'on ne fixe pas des règles précises en matière de protection des employés de la restauration.
Je ne veux absolument pas jouer les rabat-joie, car l'idée d'animer la ville, en prolongeant l'ouverture des cafés, peut sembler attrayante. Néanmoins, la prise d'une mesure destinée à apaiser la colère de quelques personnes pourrait entraîner des effets pervers dont il faudrait évaluer la portée avant de se lancer dans une telle entreprise.