Séance du
jeudi 18 décembre 1997 à
17h
54e
législature -
1re
année -
3e
session -
59e
séance
I 1993
Mme Elisabeth Reusse-Decrey (S). Cette interpellation date de plusieurs mois. Entre-temps, les médias ont publié les résultats d'une certaine enquête dont il ressort que les écoles de Genève semblent mal placées sur le plan des coûts, du rendement et de l'efficacité.
Si les indicateurs sont fiables pour confronter des résultats en mathématiques ou en sciences, matières se prêtant à des analyses claires et succinctes, il n'en est pas de même pour d'autres domaines plus complexes, donc plus difficiles à comparer.
L'école genevoise a une richesse, celle d'intégrer un nombre important d'enfants étrangers. Une loi lui impose de former ses élèves à la solidarité et à l'ouverture au monde. Autant de valeurs qui ne sont pas comparables, mais qui comptent beaucoup dans une formation et la construction d'une société.
Dès lors, nous nous inquiétons de savoir comment se déroulera, à l'avenir, cette analyse basée sur des indicateurs. Les résultats obtenus seront-ils pondérés par les valeurs inculquées dans nos écoles ? Je cite un exemple : si les enfants de Séoul sont meilleurs en mathématiques que les nôtres, encore faudrait-il connaître le nombre d'enfants étrangers intégrés dans leurs classes !
J'aimerais savoir comment l'on incorporera certaines valeurs dans des indicateurs basés sur des branches scientifiques et mathématiques. Quelles seront les incidences au niveau des budgets ? La comparaison se fera-t-elle en termes d'efficacité et de frais ? Pourra-t-on diminuer le financement d'une école - comme celle de Genève - qui coûte relativement cher et n'a pas le rendement espéré ?
Mon interpellation exprime une réelle inquiétude.
Mme Martine Brunschwig Graf, conseillère d'Etat. Toute inquiétude devant être considérée, je m'efforcerai de donner une réponse précise.
L'enquête à laquelle vous faites allusion a paru dans «l'Hebdo». Elle n'est qu'une parmi toutes celles menées au niveau international. Les indicateurs ne se résument pas à cela !
Si vous avez consulté les indicateurs publiés annuellement par l'Office fédéral de la statistique dans le domaine de l'enseignement, vous aurez remarqué des comparaisons mettant en évidence, certes, les moyens financiers consacrés par chaque canton, mais également des indicateurs qui définissent la composition de la population étudiant dans nos écoles, indiquant notamment le niveau des uns et des autres sur le plan matériel et social. Cela signifie que l'on n'utilise jamais un indicateur isolément pour en déduire les éléments d'une politique. En revanche, nous devons suivre les indicateurs globalement et dans le temps.
Vous avez évoqué, à juste titre, la loi sur l'instruction publique, notamment son article 4.
Nous avons des devoirs, et les indicateurs nous sont utiles pour savoir si nous les remplissons ou non. Parmi ces devoirs, nous avons celui d'assurer l'intégration scolaire, professionnelle, culturelle et sociale des élèves que nous formons. Pour cela aussi, nous avons besoin d'indicateurs, afin de savoir ce que deviennent nos élèves après leurs études, de connaître leur parcours et leurs difficultés. L'ensemble des données recueillies nous permet de savoir si notre système d'enseignement, dans la durée, est adapté ou non, par rapport à ce que l'on peut en attendre sur tous les plans.
Ce n'est pas parce que nous sommes les plus chers, ce que nous savons depuis dix ans, que nous en prendrons prétexte pour démanteler l'école genevoise ! Cela aurait été fait depuis longtemps si nous nous étions basés sur les dépenses par tête d'habitant, mais nous avons respecté certaines des données que vous avez évoquées.
Les membres de la commission de l'enseignement auront l'occasion d'entendre M. Botani, le nouveau directeur du service de la recherche en éducation. Il est chargé d'établir, pour Genève, une palette d'indicateurs dans la durée qui ne serviront pas seulement aux chercheurs mais aussi aux politiques, aux enseignants, aux parents et à la population dans son ensemble.
J'ai proposé aux députés commissaires d'entendre M. Botani, qui, pour l'OCDE, avait mis en place des indicateurs internationaux beaucoup plus globaux que ceux qui servent à évaluer les sciences et les mathématiques.
Madame la députée, rien ne vous rassurera autant que ce qui sera proposé et mis sur pied. Mais vous devez savoir qu'aucune mesure n'est prise qui pourrait porter atteinte à l'intégration des élèves sur la base de ce qui a été publié dans les journaux.
Cette interpellation est close.