Séance du
jeudi 18 décembre 1997 à
17h
54e
législature -
1re
année -
3e
session -
59e
séance
IU 406
Mme Elisabeth Reusse-Decrey (S). Mon interpellation urgente s'adresse à M. Guy-Olivier Segond, ainsi qu'aux conseillers d'Etat membres de la délégation auprès des réfugiés.
Permettez-moi de vous exposer la situation d'une enfant née au Zaïre. Elle a vécu seule, avec sa mère, qu'elle a perdue à l'âge de quatorze ans. L'homme qu'elle croyait être son père vit dans notre pays depuis de nombreuses années. Il est veuf d'une Suissesse dont il a eu deux enfants.
Ce père a fait venir sa fille à Genève, il y a environ quatre ans. Celle-ci, âgée de dix-huit ans, suit avec succès les cours de la deuxième année de l'Ecole de commerce. Simultanément, elle s'occupe de sa petite soeur et de deux malades : son père atteint du sida, son frère atteint de la même maladie et d'un cancer du foie.
Il y a quelques jours, Monsieur Segond, vous nous avez écrit qu'il n'y avait plus de recours possible pour cette jeune fille et qu'elle devait quitter la Suisse, c'est-à-dire sa famille qu'elle soutient très fortement.
Par conséquent, je vous demande ce que vous entendez faire à propos de cette jeune fille; si vous envisagez d'appeler la police; devrait-elle s'en cacher ? Ne pensez-vous pas qu'une solution plus humaine devrait être apportée à une situation de famille aussi dramatique ?
Ne me répondez surtout pas qu'elle s'est rendue au bureau d'aide au départ et qu'elle ne s'est pas opposée à son renvoi. Quand on a dix-huit ans et qu'on va toute seule dans un tel bureau, il est difficile d'affirmer que l'on ne veut pas partir. Ne me dites pas non plus que son père est un triste individu, qui a souvent floué les autorités helvétiques. Je le sais déjà, mais la fille n'a pas à payer pour les fautes et le mauvais comportement du père.