Séance du vendredi 5 décembre 1997 à 17h
54e législature - 1re année - 2e session - 56e séance

E 874-1
4. a) Prestation de serment de M. Eric Fiechter, élu juge suppléant à la Cour de justice. ( ) E874-1
Mémorial 1997 : Election, 9331.
E 875-1
b) Prestation de serment de Mme Nicole Castioni-Jaquet, élue juge assesseur au Tribunal des baux et loyers, représentant les locataires. ( ) E875-1
Mémorial 1997 : Election, 9332.

M. Eric Fiechter et Mme Nicole Castioni-Jaquet sont assermentés. (Applaudissements.)

 

5. Déclarations du Conseil d'Etat et communications.

Le président. Nous vous rappelons que le lundi 8 décembre la commission des finances remettra au Grand Conseil ses rapports sur le budget. Ils seront photocopiés et remis aux députés à la salle Petitot, le soir du 8 décembre, après la prestation de serment à la cathédrale.

Mesdames et Messieurs les députés, quatre conseillers d'Etat quittent lundi leurs fonctions au gouvernement.

Il m'appartient de les saluer, d'en faire brièvement l'éloge et de les remercier en votre nom.

A tout seigneur, tout honneur, je commencerai par le président en charge.

Membre du gouvernement depuis le mois de décembre 1985, M. Jean-Philippe Maitre en fut le président en 1993, ainsi que durant l'année qui présentement s'achève.

Avocat au Barreau de Genève depuis 1971, président du parti démocrate-chrétien genevois de 1980 à 1984, il fut député au Grand Conseil de 1973 jusqu'à son élection au Conseil d'Etat en 1985.

Il est en outre conseiller national depuis 1983.

Jean-Philippe Maitre fut également, autrefois, secrétaire général de la Chambre genevoise de l'agriculture.

Permettez-moi de relever par tra-vers quelques traits saillants de sa carrière d'homme d'Etat.

Gérant l'économie sans s'économiser

 Et sans écho nommé, il porte à tire-d'aile

  Les ailes de Cointrin au risque d'épuiser

   L'air qui provient de Suisse, au vent d'une tutelle.

Plaidant le profil bas, mais luttant haut de face

 Il sort du train à Berne y défendre Genève

  Et revient chez Calvin y rechercher la trace

   Qu'autrefois des Bernois marquèrent sur la grève.

Cordial et bon vivant, en somme,

 En dépit de sa taille svelte,

  Jean-Philippe respecte l'Homme

   Qu'il soit romain, germain ou celte.

Son visage attachant rit de nous voir si beaux

 Lui chanter un vibrant hommage pour ses hauts

  Faits, tant de magistrat

   Que d'homme de combat.

Je vous invite à l'applaudir. (Applaudissements.)

Claude Haegi accède au gouvernement en 1989.

Vice-président en 1993, il en est le président en 1994.

Il dirige le département de l'intérieur, de l'environnement et des affaires régionales, pendant l'entière durée de son mandat.

Administrateur d'entreprises, notamment dans le domaine de la construction, il préside le parti libéral genevois en 1969 déjà.

Député au Grand Conseil de 1977 à 1989, il est également conseiller administratif de la Ville de Genève de 1983 à 1989.

Claude Haegi fut maire de cette ville en 1987 et 1988.

Il traverse la cour sur un tapis volant

 Celui dont le destin revêt un élégant

  Costume d'apparat. Dieu daigna le pourvoir

   Des rôles éminents que trace le pouvoir.

Mais il est homme, aussi, le soir,

 Quand l'ombre envahit le terroir

  Et fait jaillir en son esprit

   Le doute et son troublant défi.

A ce moment privilégié,

 Il saisit le coeur pour allié :

  Ouvrant sa porte au vagabond,

   Son âme emporte sa raison.

Le meilleur de sa personne

 Transparaît quand l'heure sonne

   Le retour de l'amitié.

S'éveille alors le potier

   Qui façonne.

Je vous invite à l'applaudir. (Applaudissements.)

Philippe Joye accède au gouvernement en 1993.

Il en est l'actuel vice-président et dirige avec fougue le département des travaux publics et de l'énergie - énergie lui convient bien !

Architecte, membre du comité suisse du parti démocrate-chrétien; il en préside la section genevoise de 1988 à 1990.

Philippe Joye fut en outre député au Grand Conseil de 1986 à 1993.

Jipy Eléphopi. C'est le seul pour lequel j'utilise une anagramme.

Il exécute à fond ses propres décisions

 Et franchit, ou renverse en passant les obstacles,

  Sans hésiter longtemps ni poser de questions.

«Mieux vaut agir, dit-il, qu'écouter les oracles.»

Cet homme de terrain, de matériau concret

 Et de contacts empreints de spontanéité

  Court la roue et remue, en demeurant discret,

   Les fondements figés d'un Etat saturé.

J'aime cet éléphant

 En dépit des faux pas

  Dont il se rend coupable;

Car il est attachant

 Et offre sur un plat

  Son coeur, tendre et affable.

Je vous invite à l'applaudir. (Applaudissements.)

Enfin, last but not least, Olivier Vodoz accède au gouvernement en 1989.

Vice-président en 1994, il le préside l'année suivante.

Avocat au Barreau de Genève de 1971 à 1989, il préside l'Office du tourisme de 1986 à 1989 et la LICRA depuis 1985.

Olivier Vodoz a présidé le parti libéral de 1976 à 1978 et fut député au Grand Conseil de 1977 à 1989, soit jusqu'à son accession au Conseil d'Etat.

Ecorché vif par le budget

 D'un Etat-vache-à-lait trop maigre,

  Ce ministre honnête et discret

   Avale des flots de vinaigre.

Le pilotage du navire

   Des comptes publics le fatigue.

Il voudrait quitter cet empire

   Qu'à grands coups de pelle il endigue.

Sa peine le rend attachant

 Ce cher Olivier, et l'élan

  Dont il assortit son action

   Provoque notre admiration.

Quand le vaisseau pénétrera

 Dans les eaux plus calmes du port

  Il remettra au loup social

   Le fruit juteux de son contrat.

Ce jour-là, il paraîtra fort

   Et fidèle à son idéal.

Je vous invite à l'applaudir. (Applaudissements.)

M. Jean-Philippe Maitre, président du Conseil d'Etat. Au nom des quatre collègues, qui ce soir ont l'honneur de prendre congé de votre parlement, il m'appartient de vous dire quelques mots.

Dans notre engagement de service public, nous avons été d'abord membres de votre Grand Conseil, puis nous nous sommes retrouvés au Conseil d'Etat.

Pendant toutes ces années, nous avons traversé des périodes, des circonstances, très riches d'enseignements. En prenant un peu de recul, et pour résumer à l'extrême, je dirais qu'il y a eu, au parlement comme au gouvernement, trois étapes bien distinctes.

La première, qui remonte évidemment à quelques années, fut celle que je qualifierais de période de l'insouciance :

- Les recettes de l'Etat étaient très bonnes. Le seul problème était de savoir comment se partager les excédents. Certains appelèrent même de leurs voeux une sorte de décroissance, comme si la prospérité était à jamais acquise, comme si l'on faisait fonctionner l'économie à la manière d'un robinet, qu'on tourne à sa guise.

- Mais l'Etat ne fut pas seul en cause, et cette période fut sur d'autres points critiquable. Elle fut celle de l'argent facile, notamment dans le domaine immobilier. Certains gagnaient gros, sans apporter la moindre plus-value par leur imagination et leur travail. A l'époque, des articles signés par l'excellent Antoine Mauris portaient un titre à la fois cruel et objectif. Il avait appelé cette époque : «La Genève des ploucs».

Puis, la conjoncture s'est retournée et cela a craqué. Pas seulement sur le plan économique. Mais surtout dans les mentalités. Et c'est ainsi qu'au début des années 90 Genève est brutalement passée de l'époque de l'insouciance à celle du pessimisme frileux.

- Nous avons alors vécu plusieurs années dominées par des difficultés économiques et les drames humains qui en découlent. Ces années ont nourri des réflexes antagonistes de néo-conservatisme bloquant et de tentation de terre brûlée sociale.

- La volonté d'entreprendre devenait suspecte. La vraie générosité ne parvenait pas à s'exprimer, car une vision étroite et égoïste de la vie conduisait, en effet, d'aucuns à s'écarter d'une politique sociale responsable, en ignorant délibérément le dénuement de certaines familles, alors qu'inversement d'autres se cramponnaient à des acquis qu'ils refusaient d'autant plus de remettre en cause qu'ils ne leur étaient plus nécessaires.

Ce temps doit être maintenant dépassé. D'ailleurs, plusieurs signes montrent que nous sommes en train d'aborder l'époque qui doit être à mes yeux celle de l'optimisme soucieux.

- Optimisme, oui, car Genève a des atouts incomparables pour demeurer un lieu de création, de rayonnement et de partage.

- Optimisme, oui, car nous avons au cours de ces dernières années mis en place, en particulier pour les PME, des instruments nouveaux, capables d'accompagner, mieux encore de stimuler, le frémissement de reprise économique que nous observons. Des instruments nouveaux qui nous permettent également d'assurer nos responsabilités sociales, nos ambitions culturelles et notre vocation internationale.

- Optimistes, oui ! Mais nous devons demeurer des optimistes soucieux. Soucieux d'abord par modestie, car nous ne sommes qu'une petite île, sur des flots encore agités. Soucieux ensuite par courage, car il faut en avoir pour poursuivre ce qui a été entrepris, notamment en matière d'assainissement des finances publiques. Soucieux enfin, parce que c'est la seule façon intellectuellement correcte de marquer notre détermination dans la durée.

- Etre aujourd'hui des optimistes soucieux, c'est une manière d'exprimer le point où convergent la confiance que nous avons en l'avenir de Genève et la responsabilité qui est la nôtre pour que cet avenir ne soit pas livré à l'aveuglement des sectaires ou aux hoquets du hasard.

Bonne chance à tous ! (Applaudissements.)

6. Correspondance et pétitions.

Le président. La pétition suivante est parvenue à la présidence :