Séance du
jeudi 6 novembre 1997 à
17h
54e
législature -
1re
année -
1re
session -
51e
séance
E 870
Mme Yvonne Humbert (L). Monsieur le doyen, Mesdames et Messieurs les députés, est-il vraiment nécessaire de vous présenter René Koechlin ? Celui qui guerroie en vers et fabule en prose, ceci entre deux rêves...
Architecte indépendant, il pose des fleurs même sur les façades des immeubles qu'il construit. Il aime les arts, qu'ils soient contemporains ou anciens. Imaginatif et créatif, lucide et visionnaire, René Koechlin aime l'ordre. Sa logique le mène à nous donner de multiples explications, afin que nous le comprenions. Réfléchi et jamais lassé de trouver des solutions, il fera, j'en suis convaincue, un excellent président.
Député, il siège sur nos bancs depuis 1985. Il accéda à la vice-présidence du Grand Conseil en 1996.
Monsieur le doyen, Mesdames et Messieurs les députés, le groupe libéral présente à vos suffrages René Koechlin, à la présidence de ce Grand Conseil.
Le président. Il est pris acte de cette candidature.
Mme Deuber-Pauli est arrivée. M. Koechlin l'assermentera en même temps que moi. Je pense que c'est la solution la plus simple. Je prie donc les huissiers de ne pas lui donner de bulletin de vote, puisqu'elle n'est pas encore assermentée.
M. Christian Ferrazino (AdG). Certains pourraient s'étonner que la gauche et les Verts, désormais majoritaires au sein de ce parlement, ne présentent pas une candidature issue, précisément, des rangs de cette nouvelle majorité. La démarche aurait été légitime, vous en conviendrez.
Néanmoins, nous n'utiliserons pas les anciennes pratiques... (Rires et exclamations.) ...qui ont eu lieu dans ce parlement, selon lesquelles l'Entente, qui était régulièrement majoritaire jusqu'aux dernières élections, imposait systématiquement l'un des siens à la présidence de ce parlement. (Brouhaha; l'orateur est interpellé et le président agite la cloche.) Nous avons suffisamment... Je vois que M. Dupraz et certains libéraux s'habituent à faire partie de l'opposition... (Rires.) C'est bien; nous en prenons acte, et nous vous en félicitons ! Bravo ! (Applaudissements.)
M. John Dupraz. Faut pas se laisser faire ! (Rires.)
M. Christian Ferrazino. Eh bien, voyez-vous, Monsieur Dupraz, nous ne prenons pas les mauvaises manières de nos adversaires. (Commentaires et exclamations.) Quant à nous, précisément, nous donnerons nos voix à M. René Koechlin, dont les qualités viennent d'être mises en évidence.
Mais il en manquait une, sur laquelle vous êtes passée un peu rapidement; qualité que j'ai d'ailleurs appréciée à mes dépens : la faculté de M. René Koechlin de faire des anagrammes avec les noms des uns et des autres. Alors, j'ai aussi pris le temps, Monsieur Koechlin, de faire un anagramme avec votre nom. Je dois dire que le résultat est assez surprenant - vous allez le voir - puisque l'anagramme de M. René Koechlin donne une formule quelque peu paradoxale s'agissant du personnage en question : «Kroche Lénine» ! (Rires et applaudissements.)
C'est donc une raison supplémentaire, Monsieur René Koechlin, de montrer ce soir l'ouverture que nous avons vis-à-vis de celles et ceux des bancs d'en face, puisque nous allons contribuer à l'élection d'un nouveau «Lénine de droite», à qui nous souhaitons plein succès ! (Applaudissements.)
M. Pierre-Alain Champod (S). Monsieur le doyen, Mesdames et Messieurs les députés, le groupe socialiste soutiendra également la candidature de M. René Koechlin. Nous avons toujours défendu les principes de proportionnalité, en ce qui concerne la présidence du Grand Conseil et des commissions parlementaires. C'est la raison pour laquelle nous sommes favorables à ce que la gauche préside le Grand Conseil deux années et la droite aussi, contrairement à ce qui se faisait avant. En effet, le rapport était toujours de trois à un, alors que le rapport gauche/droite n'était pas fondamentalement différent de ce qu'il est aujourd'hui.
En accord avec nos principes, comme je l'ai dit tout à l'heure, nous défendrons aussi une répartition des présidences de commissions parlementaires proportionnelle à la force des différents groupes dans ce parlement.
Le président. Je prie les huissiers de bien vouloir distribuer les bulletins de vote. (Les députés remplissent leur bulletin de vote.)
Chacun a-t-il voté ?
Tel étant le cas, je prie les huissiers de recueillir les bulletins.
Je déclare le scrutin clos et prie les scrutateurs de bien vouloir se réunir à la salle Nicolas-Bogueret pour procéder au dépouillement, sous la présidence du benjamin, M. Antonio Hodgers. Je rappelle que les scrutateurs sont M. Jacques Béné, Mme Véronique Pürro, Mme Anita Cuénod, M. Jean-Marc Odier, Mme Nelly Guichard et Mme Esther Alder.
Voici les résultats de l'élection du président du Grand Conseil.
Bulletins distribués : 94
Bulletins retrouvés : 94
Bulletins blancs : 5
Bulletins nuls : 2
Bulletins valables : 87
Majorité absolue : 44
M. René Koechlin est élu par 87 suffrages. (Applaudissements. Mme Humbert remet une gerbe de fleurs à M. Koechlin.)
(Les deux huissiers, en manteau rouge et jaune, entrent à nouveau dans la salle et se placent comme précédemment.)
Le président. J'accueille René Koechlin et je le félicite de son accession au perchoir. Lorsque nous siégeons dans la même commission, nos accrochages ne sont pas rares et ils peuvent être vifs, mais ils font partie du jeu politique... les qualités de l'homme subsistent néanmoins.
Rappelle-toi, René, que, sur le plus haut siège du monde, l'homme n'est jamais assis que sur son... (L'orateur fait une pause significative, ce qui déclenche les rires de toutes parts.)
M. René Koechlin. Parfaitement ! (M. Meyll et M. Koechlin parlent debout.)
Le président. Je me permets de te lire quelques passages d'un célèbre ouvrage d'un auteur peu connu, mais tu dois connaître Talmon :
«Chaque politicien, entre tous, a le don
De paraître comique à force de raison.
Son discours est simpliste et sa promesse vaine.
L'auditeur n'est pas dupe : il voit Guignol en scène...
Prenez-vous au sérieux, seuls vous suivront les cons !
Riez de vous un peu, vous séduirez les bons...».
Merci, je m'en vais en souriant. A toi, qui es poète, je peux dire : Et maintenant que ça poète ! Salut ! (Applaudissements.)
Présidence de M. René Koechlin, président
Le président. (Debout.) (Les deux huissiers sont face à la salle, sur la quatrième marche, l'un à gauche, l'autre à droite de l'estrade.) Cher Pierre, merci !
Je commencerai de nouveau par vous vouvoyer, si vous le permettez, puisque vous êtes notre doyen d'âge... et non d'esprit ! Car seul un esprit jeune se révolte, comme le vôtre, et se met en colère, avec cette fougue qui vous caractérise, contre toute forme d'injustice.
Les quelques mots que je vous adresse, je les tiens de deux de vos amis :
Vous présidez le Conseil municipal de Versoix, cette commune à laquelle vous êtes très attaché et dont vous défendez avec vigueur tous les espaces naturels, et ils sont nombreux. En effet, vous êtes aussi écologiste et pour le moins préoccupé par la sauvegarde de notre environnement.
Intègre et très indépendant, c'est toujours à ce titre que vous avez participé aux travaux de ce Grand Conseil, bien que vous siégiez dans les rangs du groupe des représentants d'abord du parti du Travail, puis de l'Alliance de gauche...
Vous êtes humaniste, dans le sens que vous croyez principalement à l'être humain que vous placez avant tout système, avant toute théorie, et au-dessus de toute idéologie.
Vous avez bâti votre intelligence à partir du coeur et à travers vos mains, que vous n'avez cessé d'utiliser dans l'exercice de votre profession.
Au nom du Grand Conseil et au nom de tous vos amis, je vous dis : merci ! (Applaudissements.)