Séance du vendredi 3 octobre 1997 à 17h
53e législature - 4e année - 11e session - 49e séance

IU 396
20. Réponse du Conseil d'Etat à l'interpellation urgente de M. Luc Gilly : nouvelle déontologie de la police ou politique électorale. ( ) IU396
Mémorial 1997 : Développée, 8004.

M. Gérard Ramseyer, conseiller d'Etat. Monsieur le député, votre interpellation urgente n'a rien à voir avec le code de déontologie de la police. Elle traite plutôt d'une faune que vous assimilez un peu vite à des squatters...

S'agissant de Fort-Barreau, la procédure a été identique à celle utilisée pour tous les autres immeubles devant être libérés par les squatters. Cette procédure permet de négocier les départs à l'amiable dans 99% des cas. En 1997, nous avons dû recourir à la force seulement deux fois sur environ cent vingt fins d'occupation.

Les squatters du 21 Fort-Barreau ont été avisés par les soins de la police qu'ils devaient avoir quitté l'immeuble pour le 8 septembre 1997. Depuis lors, ils ont affirmé publiquement leur volonté de rester, et aucune négociation n'a donc été possible. Depuis cet avis, les squatters ont procédé à d'importants travaux pour se barricader dans l'immeuble et empêcher qu'il ne soit investi par la police : travaux de soudure des balcons et des fenêtres, pose de plaques métalliques et panneaux de coffrage renforcés par des étais et des soudures. (Brouhaha en provenance de la tribune du public.) Le troisième étage a été rendu inaccessible par l'installation de deux portes en béton armé. (La présidente agite la cloche.)

Lors de son intervention, la police a dû travailler plus d'une heure à l'aide du matériel technique du SIS pour accéder au troisième étage, où s'étaient retranchés quatorze squatters. Durant ce laps de temps, les sympathisants invectivaient et harcelaient les policiers.

Conformément à la pratique, la police a mis en place un dispositif de sécurité, afin de permettre le bon déroulement de l'opération et garantir la sécurité des différents intervenants. Simultanément, elle a évacué le camping populaire des Cropettes. Six personnes ont été interpellées; les femmes et les enfants qui vivaient de manière précaire sur place ont été identifiés et laissés en liberté.

Cette intervention fait suite à une plainte, une demande d'évacuation émanant de la Ville de Genève. Les effets personnels ont pu être récupérés par les squatters; le reste a été évacué par la voirie de la Ville de Genève.

Mentionnons que tant dans l'immeuble que dans le camping régnait un capharnaüm indescriptible, mais de cela, sans doute, vous vous doutiez !

Lors de leur interpellation, les squatters ont pu désigner leurs effets personnels, dûment relevés sous inventaire. Il est à leur disposition au garde-meuble.

Durant les opérations, les habitants du quartier ont remercié la police pour cette évacuation, en espérant le retour à des nuits plus calmes. L'autorisation d'ouvrir le chantier émane du département des travaux publics et de l'énergie. Les squatters ne pouvaient pas ignorer le feu vert donné par l'office du logement et ce département. Cette opération a été importante et délicate, surtout dans la perspective d'éviter des heurts. Une présence dissuasive était de rigueur, surtout si l'on sait qu'une semaine plus tôt la police avait trouvé, à proximité immédiate de l'immeuble, un sac contenant dix-huit bouteilles, dont six étaient remplies d'essence avec mèche, prêtes à la mise à feu.

C'était, Mesdames et Messieurs les députés, notre feuilleton : «Gilly et les gentils squatters; Ram's et les vilains policiers» ! (Rires.)

Sachez néanmoins, Monsieur le député, que personne n'est dupe. J'ai même le sentiment que vous-même commencez à éprouver quelques scrupules à défendre des fauteurs de trouble de cette espèce, par ailleurs venus de l'étranger... (Huées, sifflets et contestation à la tribune.) ...en majorité... (La présidente agite la cloche.)

La présidente. On ne manifeste pas ! (Exclamations et sifflets.) Sinon, je me verrai contrainte d'évacuer la tribune ! Alors, s'il vous plaît, pas de manifestation à la tribune ! Messieurs les députés, ne donnez pas l'exemple non plus ! (Exclamations.)

M. Gérard Ramseyer, conseiller d'Etat. Je crois en effet utile de préciser que, sur dix-sept personnes interpellées, il n'y avait que cinq Suisses, et trois Genevois seulement ! (Exclamations.)

Cette interpellation urgente est close.