Séance du
jeudi 18 septembre 1997 à
17h
53e
législature -
4e
année -
9e
session -
39e
séance
IU 366
Mme Erica Deuber-Pauli (AdG). S'il fallait donner un titre à mon interpellation, je l'appellerais «Bradage du patrimoine genevois». Elle s'adresse au président du conseil d'Etat, M. Jean-Philippe Maitre.
Il y a quelques mois, M. Maitre a déclaré spontanément au micro de Richard Labévière que la disparition du «Journal de Genève» tenait du bradage. Nous tenons de bonne source qu'une conversation avec le jeune et dynamique patron d'Edipresse aurait suffi à notre chef du département de l'économie publique et président du Conseil d'Etat pour désavouer à tête reposée son premier sursaut d'indignation. Pierre Lamunière en rirait encore !
Je passe pour un défenseur acharné du patrimoine genevois architectural, urbain et culturel. Le «Journal de Genève» fait partie avec ses plus de 170 ans d'âge de ce patrimoine. S'il a fait l'opinion dans la Genève bourgeoise et bien-pensante des XIXe et XXe siècles, il n'en a pas moins participé aux débats démocratiques et culturels. Il a porté notre littérature et a fait rayonner une certaine image cultivée et même spirituelle de Genève à l'étranger.
S'opposant au bradage de l'ancien domaine de Varembé du banquier Rilliet - l'actuelle Villa Rigot - promouvant la défense du patrimoine, depuis la cathédrale du prince-évêque en passant par les hôtels de luxe des quais jusqu'aux immeubles plus modestes des faubourgs, il est normal que l'Alliance de gauche défende le «Journal de Genève».
Mais vous, Monsieur Maitre, qu'avez-vous fait, que comptez-vous faire encore pour le prestigieux titre de presse genevois ? Il vous reste un peu de temps : on attend encore la décision de l'assemblée des actionnaires, le choix d'un site pour la rédaction et la production du nouveau journal. A défaut d'être un protecteur acharné du patrimoine, nous vous savons préoccupé par l'emploi. Mon interpellation vise à vous demander de nous expliquer les démarches que vous avez entreprises et que vous comptez encore entreprendre pour aider tous ceux qui se mobilisent actuellement pour la sauvegarde du «Journal de Genève»; ceux qui refusent le bradage du patrimoine de Genève, d'une entreprise pourvoyeuse d'emplois, d'un élément de la vie genevoise qui contribue à soutenir le moral de cette petite République démocratique. La disparition du «Journal de Genève» contribuera à l'inverse à sa démoralisation.