Séance du vendredi 27 juin 1997 à 17h
53e législature - 4e année - 8e session - 38e séance

IU 358
a) Interpellation urgente de M. René Longet sur la fusion «Journal de Genève» - «Nouveau Quotidien». ( ) IU358
Mémorial 1997 : Développée, 5012.
IU 361
b) Interpellation urgente de M. Bernard Clerc sur la disparition du «Journal de Genève» et les implications sur la liberté de la presse. ( ) IU361
Mémorial 1997 : Développée, 5015.

7. Réponse du Conseil d'Etat aux interpellations urgentes suivantes :

M. Jean-Philippe Maitre, président du Conseil d'Etat. Les députés Longet et Clerc ont développé chacun une interpellation urgente à propos de la fusion du «Journal de Genève» et du «Nouveau Quotidien».

Il y a quelques mois, des discussions ont été engagées par le «Journal de Genève» et le «Nouveau Quotidien» sur ce qui était une volonté de coopération et non un projet de fusion. Ces discussions n'ont pas abouti. Elles ont donné lieu à des communiqués selon lesquels chaque journal continuerait à suivre la politique propre à son titre.

Après l'échec des négociations avec le «Nouveau Quotidien», le «Journal de Genève» a poursuivi des réformes déjà engagées, allant jusqu'à annoncer à ses lecteurs une présentation nouvelle et une modification du rythme des parutions. On parlait de la suppression de l'édition du samedi et de ses incidences sur le «Samedi littéraire» et sur des éditions connexes.

Dans ce contexte, le «Journal de Genève» a vu, dès le début de l'année, croître le nombre de ses abonnements et son volume de publicité. Tout récemment, il annonçait des prévisions financières meilleures que celles inscrites à son budget et des chiffres noirs pour fin 1998; il affirmait pouvoir quitter, à partir de cette date, la zone de pertes qui était la sienne depuis de nombreuses années.

Il y a quelques jours, nous avons appris la nouvelle de la fusion du «Journal de Genève» et du «Nouveau Quotidien». J'ai immédiatement pris les contacts nécessaires. Voici ce qu'il en est résulté :

La décision de fusionner n'est concrétisée que par une seule lettre d'intention. Aucun document ne certifie que des pourparlers ont été engagés plus avant. Cette lettre d'intention fixe l'objectif de réaliser ce qui doit l'être pour aboutir à la naissance d'un nouveau titre, au début de l'année prochaine.

Dans le contexte que je viens d'évoquer, à savoir le redressement financier du «Journal de Genève», la décision prise va à contre-courant de la restructuration de la publication telle qu'annoncée. Elle a d'ailleurs été prise à la suite de négociations conduites, de toute évidence, dans le plus grand secret, puisque les rédacteurs en chef respectifs n'ont même pas été informés de ce que nous savons maintenant.

On ne pourra jamais savoir si cette décision constitue une démission, face à ce qui était possible pour le «Journal de Genève», ou une anticipation judicieuse par rapport à ce qui s'avérait inéluctable.

Compte tenu du programme de redressement entrepris, nous aurions souhaité que le «Journal de Genève» s'accorde le temps de tester, de manière opérationnelle, le bien-fondé et le succès des réformes engagées.

Le Conseil d'Etat regrette cette décision de fusionner pour plusieurs raisons. La première, évidemment, est la perte d'un élément contribuant à la diversité de la presse pour la Romandie et plus spécialement pour notre canton, ce quotidien incluant «Genève» dans son titre. Cela n'est pas sans incidence, le «Journal de Genève» ayant de nombreux abonnés à l'étranger.

Cette perte aura nécessairement une conséquence sur l'emploi, et j'en viens aux questions posées à ce propos.

Monsieur Clerc, vous avez cité des chiffres. Je rends hommage à votre vision et apprécie les informations dont vous disposez. En l'état, personne n'est en mesure d'annoncer les chiffres qui sont les vôtres. En revanche, une fusion supprime toujours des emplois. C'est, malheureusement, une évidence.

Des discussions ont d'ores et déjà été engagées. J'en ai eu, personnellement, avec M. Gilbert Coutau qui m'a informé que seuls des principes avaient été fixés dans une lettre d'intention et que trois paramètres devaient être considérés, en ce qui concerne les emplois.

Le premier se rapporte aux emplois des journalistes; le deuxième, aux emplois administratifs; le troisième, au secteur de l'impression, le centre d'imprimerie de Vernier pouvant être affecté.

J'ai informé M. Coutau de notre volonté de faire en sorte que l'impact sur les emplois soit le plus faible possible. Je lui ai dit que nous prêterions une attention toute particulière notamment aux emplois affectés à la composition et à l'impression, afin que Genève ne soit pas perdante, vu les circonstances liées à la reprise du centre de Vernier par Edipresse. Je lui ai fait savoir qu'il s'agissait là d'un noyau dur.

La structure de la nouvelle publication devra être considérée, selon ses protagonistes, comme un projet devant bénéficier de toutes les chances possibles. Il importe, en effet, que la publication issue de la fusion du «Journal de Genève» et du «Nouveau Quotidien» puisse avoir les meilleures chances de succès, en acquérant un titre de référence en Suisse romande.

Vous connaissez la répartition envisagée du capital-actions : 47% pour le «Journal de Genève»; 47% pour Edipresse; 6% pour la société des rédacteurs. M. Coutau m'a informé que le siège de la nouvelle publication et sa rédaction principale seront à Genève, mais cela ne signifie pas que Lausanne ne sera qu'une simple antenne.

Voilà les informations et prises de position que je pouvais vous communiquer.

Quant à la question de l'aide indirecte à la presse, je rappelle que votre Grand Conseil vient de renvoyer une motion à ce sujet au Conseil d'Etat, laquelle sera débattue au moment où nous rendrons rapport. Actuellement, nous procédons à certaines investigations.

Néanmoins, je rappelle que votre Grand Conseil devra choisir, une fois pour toutes, la doctrine qui lui semblera être la bonne, car il nous enjoint continuellement de réaliser des économies dans tous les domaines. En l'occurrence, il y a probablement une nouvelle donne. Si vous la voulez, il faudra que vous en donniez les moyens au gouvernement et à l'administration.

Ces interpellations urgentes sont closes.