Séance du
jeudi 20 mars 1997 à
17h
53e
législature -
4e
année -
4e
session -
11e
séance
IU 314
M. Pierre Vanek (AdG). Ma deuxième interpellation urgente concerne la centrale nucléaire du Creys-Malville et la position de l'Etat de Genève à son égard. Je l'adresse à M. Haegi.
Certains citoyens ont pris connaissance d'un gros titre assez inquiétant du «Matin» sur Creys-Malville : «Claude Haegi lâche du lest !» Le «Nouveau Quotidien», appartenant, je crois, au même groupe, titrait : «Genève ouverte à une reconversion de Malville»...
M. Claude Haegi, conseiller d'Etat. Et «Le Courrier» ?
M. Pierre Vanek. J'y viens, Monsieur Haegi ! D'habitude, c'est moi qui fais de la publicité pour «Le Courrier» et maintenant, c'est vous ! Merci, Madame la présidente, de tenir compte de cette interruption dans le chronométrage !
Ces deux manchettes sont effectivement inquiétantes. Hier, deux journalistes - Mme Emmanuella Magnin du «Nouveau Quotidien» et M. Alexandre Bender du «Matin» - m'ont dit sortir d'une conférence de presse de M. Claude Haegi. Ils m'ont avoué n'avoir pas tout compris de ce qu'il leur avait déclaré, mais qu'il leur semblait bien que Genève était ouverte à l'idée que Creys-Malville devienne un incinérateur, un laboratoire, etc. Ma réponse, que l'on peut retrouver dans un de ces journaux, a exprimé mon extrême surprise. Tout en ayant eu la prudence de signifier que je réagissais à leurs seuls propos, ne connaissant pas ceux tenus par M. Haegi, j'ai qualifié cette position d'absurde à deux titres :
1. L'article constitutionnel 160 C obligeant nos autorités à s'opposer à quelque installation nucléaire que ce soit sur le territoire de Genève et ses environs, M. Haegi n'était pas libre de s'ouvrir à ceci ou à cela.
2. Alors qu'un recours a été gagné contre le décret autorisant Creys-Malville à fonctionner comme incinérateur ou laboratoire, selon les perspectives fumeuses avancées par les nucléocrates français, il serait aberrant de se déclarer soudainement ouvert à ce que nous avons combattu jusqu'ici, avec le succès que l'on sait.
Il y avait donc un problème. A l'instar du WWF d'ailleurs, j'ai réagi, avec une certaine fermeté, aux propos prêtés à M. le conseiller d'Etat Claude Haegi.
A mon tour de relever votre interruption de tout à l'heure, Monsieur Haegi. Je lis le «Courrier» et j'ai été quelque peu rassuré par ce que j'ai trouvé dans cet excellent journal. J'ai également été quelque peu rassuré par une déclaration reproduite dans un article de la «Tribune de Genève», signé des initiales P.V. - ce n'est pas moi !
La lecture de ces articles a suscité les questions que je vous pose ici :
1. Monsieur le conseiller d'Etat, pouvez-vous nous confirmer les déclarations, reproduites dans la presse, selon lesquelles Genève continue et continuera à s'opposer fermement à l'installation de Creys-Malville, juridiquement et politiquement en vertu de la constitution, quels que soient les avatars ou oripeaux de cette centrale ?
2. Si votre réponse est affirmative, n'y aurait-il pas lieu d'adopter une stratégie de communication un peu moins fine, un peu moins subtile ? En effet, si vous répondez oui à la première question, cela signifie que deux journalistes, a priori pas complètement «bouchés», ont compris tout le contraire de ce que vous avez dit. Monsieur Haegi, ne pourrait-on pas communiquer plus franchement, plus carrément, pour que les choses soient claires ?
Ce n'est pas très grave pour le lecteur du «Matin» ou du «Nouveau Quotidien»; on sait que toute la Suisse romande est opposée à ce surgénérateur. Mais pour vous, qui avez aussi - heureusement ou malheureusement - une audience internationale...
La présidente. Je vous rappelle, Monsieur le député, que vous développez une interpellation urgente !
M. Pierre Vanek. Je termine. Des journalistes français étaient certainement présents. Ils ne connaîtront donc pas les corrections que nous allons apporter ensemble, ce soir, à ces inexactitudes.
Ma dernière interrogation est le rappel d'une question que j'ai déjà posée ici : la concertation ne devrait-elle pas être plus grande entre la Ville de Genève et le collectif - M. Segond y a été pour quelque chose ! - composé de Contratom, du WWF, ainsi que de villes françaises comme Besançon, de communes alémaniques et de communes du nord de l'Italie. De tels couacs ne pourraient-ils pas être évités si l'Etat cultivait un peu moins le «quant à soi» dans cette affaire, mais collaborait et s'associait aux mêmes recours ? A l'heure de la chasse aux doublons, il en est un ici dont la suppression permettrait peut-être de faire des économies et d'être plus efficaces.