Séance du
vendredi 21 février 1997 à
17h
53e
législature -
4e
année -
3e
session -
8e
séance
I 1977
M. Luc Gilly (AdG). Il se passe de drôles de choses dans notre République. Entre novembre et décembre 1996, j'ai reçu plusieurs communications téléphoniques et visites, au secrétariat où je travaille, de la part de cinq jeunes vivant une situation assez ahurissante.
Tous ces jeunes étaient au chômage - sont encore ? - alors qu'une véritable chance d'obtenir une place de travail s'offrait à eux. Pour certains, il s'agissait de leur premier emploi.
Lors des entretiens d'embauche soit avec le responsable du personnel soit directement avec le patron, ils se sont entendu dire que s'ils devaient se rendre école de recrues ou à un cours de répétition ce printemps ou cet été ils n'obtiendraient pas le poste.
Je ne peux pas accepter cette attitude, l'Alliance de gauche non plus. Monsieur Vodoz, chef du département militaire, Monsieur Maitre, chef de l'économie publique, comment allez-vous réagir à ces cas qui sont certainement nombreux - j'allais dire «légion» ?
Ces jeunes ont contacté le DMF à Berne, mais tous ont essuyé un refus de report, alors que les chiffres accablants du chômage touchent une majorité de jeunes. L'armée fait - paraît-il - des efforts pendant l'école de recrues pour aider les recrues à retrouver du travail. Cependant, on constate que dans le civil les bureaucrates du DMF entrent peu en matière face aux jeunes chômeurs en refusant de repousser la période de service militaire, les empêchant ainsi de faire leurs premières expériences professionnelles.
Que dire de l'attitude de certains patrons ou de certaines entreprises exerçant un chantage inacceptable entre le poste de travail et les obligations militaires ?
Par cette interpellation, je vous demande, Monsieur Vodoz, de donner des instructions pour un changement d'attitude au département militaire à Genève face à de telles situations. Un courrier au DMF serait également le bienvenu.
Je souhaite également solliciter M. Maitre pour qu'il envoie une information claire à toutes les entreprises genevoises, afin que les responsables du personnel cessent ce chantage.
Messieurs, j'ai sous les yeux le dossier d'un jeune ingénieur ETS Télécom qui s'est déjà vu refuser deux postes. Le troisième, offert par Landis et Gyr, est perdu puisqu'il doit partir au service, cet été. Depuis la fin de ses études, ce jeune n'a pas encore travaillé. Malgré deux mois de démarches auprès du DMF et de nombreuses lettres et téléphones, le résultat est négatif.
Il y a quelques jours, une lettre lui est parvenue disant que les raisons avancées ne justifiaient pas le déplacement du cours. Ainsi, le chômage n'est pas considéré comme une raison valable. Messieurs, j'attends vos réponses, et je vous en remercie.
M. Olivier Vodoz, conseiller d'Etat. J'aimerais répondre à cette interpellation dont le sujet ne nous est pas inconnu et nous préoccupe.
Monsieur Gilly, vous avez toujours eu un problème de compréhension dans le domaine des compétences. Sans vouloir fuir mes responsabilités, j'aimerais vous répéter une fois encore que les départements militaires cantonaux n'ont pas la compétence d'accorder des reports d'école de recrues, de cours d'avancement ou d'autres obligations militaires.
En revanche, dans cette époque difficile, chaque fois qu'un habitant de Genève, convoqué soit pour un service d'avancement soit pour l'école de recrues, trouvait un travail pendant cette même période, l'intervention du département militaire auquel le dossier avait été soumis a permis de modifier la première décision négative de Berne.
Je n'ai reçu aucun élément précis de votre part. Cependant, je vous ai souvent répété que j'étais à votre disposition pour intervenir en faveur de celles - quelques jeunes filles sont également concernées - et ceux qui se trouvent dans cette situation.
Le problème est en effet important. Lundi dernier, au cours de la Conférence romande des chefs de département militaire, j'ai eu une longue conversation avec M. Ogi à ce sujet. Il était déjà sensibilisé à ce problème, mais nous souhaitions que son administration le soit aussi.
Il est prioritaire qu'un jeune puisse retrouver du travail plutôt que d'effectuer son service militaire. Comme vous l'avez reconnu, l'armée fait de gros efforts pour les chômeurs pendant l'école de recrues. Pendant les cours de répétition, nous essayons d'intervenir lorsqu'un poste de travail est en jeu, et nous le faisons généralement avec succès.
Rien ne saurait donc être reproché au département militaire cantonal genevois. Mais je ne peux pas accepter l'attitude des chefs d'entreprise refusant à un jeune son premier emploi, alors que l'obligation de servir est clairement inscrite dans la Constitution.
Je n'ai aucun exemple précis, mais je me réjouis que vous m'indiquiez les noms des personnes concernées et de leurs employeurs, et, dans ce cas-là, j'interviendrai.
M. Luc Gilly (AdG). J'aurais aussi souhaité avoir l'avis de M. Maitre !
Cette interpellation est close.