Séance du jeudi 20 février 1997 à 17h
53e législature - 4e année - 3e session - 5e séance

P 1118-A
34. Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition pour que la 3e édition du festival rock «Pour l'Europe» ait lieu en salle et non sur la place (publique) des Nations. ( -) P1118
Rapport de M. Luc Barthassat (DC), commission des pétitions

La pétition no 1118 a été traitée par la commission des pétitions sous la présidence de Mme Janine Hagmann, lors des séances des 16 et 20 septembre et du 14 octobre 1996.

(P 1118)

PÉTITION

pour que la 3e édition du festival rock «Pour l'Europe» ait lieu en salleet non sur la place (publique) des Nations

Souhaiteriez-vous avoir le privilège d'être poursuivi(e)s par les concerts rock, la nuit durant, jusque dans votre chambre? Avec sono assourdissante non-stop?

Nous vous rappelons ce festival dit «Pour l'Europe» 1995.

Pour juin 1996, on nous promet de doubler le nombre de manifestations et concerts avec une foule d'au moins 100 000 personnes... et cela, du 17 au 22 juin.

Si votre réponse est «non», veuillez signer cette pétition.

N.B. : 139 signatures

Groupe d'habitants du Petit-Saconnex et des environs du Palais des Nations

p.a. 26, chemin Pasteur1209 Genève

Audition

Le 16 septembre 1996, la commission auditionne les pétitionnaires: Mmes Adrianna Solano et Margot Duboule, représentantes du groupe d'habitants du Petit-Saconnex et des environs du Palais des Nations.

Ces pétitionnaires expliquent que la pétition a récolté 139 signatures. Ils nous informent que certains bâtiments de la région sont équipés de double vitrage, mais malgré cela, le bruit du festival est insupportable et se prolonge jusqu'à 4 heures du matin. Certains voisins qui, eux, n'ont pas de double vitrage, voyaient les objets bouger dans les appartements. Les pétitionnaires se trouvent très étonnés que cela soit admissible dans une ville où l'on demande de ne pas déranger les voisins après 22 h, sous prétexte que les jeunes puissent «s'éclater» ...

La place des Nations est fermée à la circulation le vendredi déjà et cela cause beaucoup de difficultés aux gens du quartier qui veulent rentrer chez eux. Les pétitionnaires se demandent pourquoi le festival ne se fait pas à l'Arena ou dans un lieu où l'on ne dérange personne. Il y a aussi des orchestres qui jouent mal, avec des fausses notes. Mme Duboule, «pétitionnaire», qui s'est rendue sur place, n'a pas pu rester longtemps ! On marche sur des boîtes de bière et de coca, on n'est pas à l'aise pour suivre le concert. Mme Solano, elle, n'y est pas allée, elle est allergique à ce genre de manifestation, qui, même une fois par année, est insupportable et met en danger les oreilles de la population.

Le 30 septembre 1996, la commission auditionne M. Luc Mégroz, coordinateur de «Génération Europe», et Mme Osiek.

Selon M. Luc Mégroz, le festival «Pour l'Europe» est la plus grande manifestation de ce type à Genève et en Europe. Malgré son gigantisme, cette manifestation musicale cause un minimum de nuisances. Le nombre de plaintes adressées à la police genevoise a été dérisoire (moins de 10). La puissance du volume sonore a été respectée. La brigade du son a fait un rapport dithyrambique à ce sujet. Le fait que les organisateurs soient extrêmement attentifs à ces problèmes a permis de limiter les nuisances.

M. Mégroz comprend les pétitionnaires et serait le premier d'accord de mettre ce festival en salle, mais il faudrait voter une loi pour construire une salle qui abriterait 50 000 personnes. Il s'agit de faire avancer l'idéal Europe. Le festival sur la grande place ne s'est déroulé que pendant 2 jours, cela afin d'éviter les nuisances.

Les organisateurs ont à coeur de respecter les citoyens et tout sera toujours fait pour cela. Le festival est une école de civisme; à Genève,300 bénévoles y ont travaillé pendant toute la semaine, assurant un contrôle parfait de la situation, ce qui a permis d'éviter toute intervention de la police. Le financement du festival est assuré pour un tiers par le sponsoring, pour un tiers par le bénéfice de la vente de boissons et pour un tiers par des subventions du canton et de la Ville de Genève. Après 3 ans de fonctionnement, le festival a accumulé un déficit de 350 000 F pour les trois éditions. Jusqu'à maintenant, le festival était gratuit mais, pour la 4e édition, on envisage de vendre des billets à prix modique (10 F à 15 F).

Le festival «Pour l'Europe» fonctionne sans aucune perte salariale. Les organisateurs restent optimistes pour les prochaines années. Ils ont pris contact avec l'Etat, la Ville et la Loterie romande pour une aide accrue.

Discussion

La pétition a réuni 139 signatures. Elle est arrivée trop tard pour que la commission puisse la traiter pour l'édition 1996 du festival, mais les pétitionnaires la maintiennent en vue des futurs festivals.

En l'espace de trois ans seulement, l'organisation des jeunes de «Génération Europe» a réussi de mettre en place une manifestation d'envergure. Le budget pour un fetival est de 550 000 F, malheureusement le déficit pour les 3 éditions s'élève à 350 000 F.

Le plus impressionnant de l'édition 1996 est l'engagement extraordinaire de 300 jeunes militants et bénévoles qui a réuni 70 000 personnes. La commission est consciente qu'il est difficile, dans l'organisation d'une manifestation telle que celle de la place des Nations, de ne pas créer quelques nuisances. La commission appelle à plus de tolérance et de dialogue face à l'enthousiasme des jeunes pour l'Europe.

Conclusion

Suite à tous les éléments recueillis auprès des personnes auditionnées, la commission des pétitions, par 9 voix (2 PDC, 2 S, 2 AdG, 3 L) pour,1 abstention (R), vous recommande, Mesdames et Messieurs les députés, le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil, à titre de renseignement.

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Débat

M. Luc Gilly (AdG). Je n'ai évidemment rien contre le festival de rock; bien au contraire... surtout depuis la disparition du festival de la Bâtie, même si le genre est bien différent. Il est bon d'avoir de temps en temps encore de la musique en plein air.

Pourtant, j'aimerais profiter de cette pétition pour demander comment et où M. Segond a trouvé, l'automne dernier, 250 000 F pour éponger une partie des 350 000 F de l'ardoise, et cela sans passer par le Grand Conseil.

En lisant le rapport de la pétition, je constate que les sponsors ne manquent pas. Ils sont plus de quatorze de la «Tribune de Genève», à Couleur 3, en passant par CIPRET, FEGPA, Campagne Nationale de Prévention du Tabagisme, SBS, City Disc, Air call, Let's drink Milk, Ambrosetti, Zweifel, Fiat, Pepsi-Cola, Office du tourisme de Genève, plus le soutien du canton et de la Ville de Genève, les communes de Carouge et de Bernex et, évidemment, beaucoup de beau monde du sérail politique genevois !

Est-ce au nom de l'Europe ou au nom de Luc Mégroz que M. Segond arrose et efface la dette d'un festival qui fait montre de peu de scrupules quant à ses dépenses ? Alors que nombre d'associations culturelles et sociales ont vu leur budget méchamment réduit, M. Segond... Ah, il n'est pas là ! Dommage, j'aurais bien voulu qu'il me réponde... Merci, Madame Brunschwig Graf, d'avoir la gentillesse de me répondre à sa place !

Comment cette somme - un quart de million ! - a-t-elle été trouvée pour éponger les dettes ? Pouvez-vous nous dire si le montant de cette dette est normal et quelles en sont les causes ?

Mme Martine Brunschwig Graf, conseillère d'Etat. Vous êtes étonnée, Madame la présidente, de me voir vous demander la parole : tout simplement parce que je suis la suppléante de M. Segond !

N'ayant en aucun cas la science infuse, je propose que mon collègue puisse répondre par écrit à cette demande. Je ne puis en effet répondre à ces questions...

Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (dépôt de la pétition sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées.