Séance du
jeudi 7 novembre 1996 à
17h
53e
législature -
3e
année -
12e
session -
43e
séance
IU 258
M. Jacques Boesch (AdG). Mon interpellation urgente s'adresse à Mme Brunschwig Graf. Elle aura certainement l'occasion d'y répondre demain soir.
Le rapport Andersen, largement commenté dans la presse, a préconisé, en ce qui concerne l'école primaire, des gains de 1 à 15 millions de francs. Pour ce faire, il a mis en cause l'emploi des maîtres et maîtresses de disciplines spécialisées.
Cet enseignement, coûtant actuellement 19,3 millions, touche aux matières artistiques et sportives. Les maîtres et maîtresses titulaires seraient habilités à reprendre tous ces enseignements, hormis la couture.
Ce rapport - qui tient ses conclusions pour des évidences - et les commentaires de presse ont suscité chez les enseignants et chez certains parents inquiétude, interrogations et perplexité.
On pourrait réagir par le mépris. Néanmoins, il nous est difficile de croire que cette réponse n'ait pas été soufflée aux enquêteurs d'Andersen. Le risque existe qu'à force de laisser se propager de telles «âneries», on finisse par les faire accréditer par le public et les politiciens en mal d'économies.
L'introduction d'enseignements spécialisés dans les matières concernées a été longue. Elle a correspondu à une promotion démocratique de l'accès à la culture et aux sports. Elle a mobilisé les établissements de formation, notamment le conservatoire de musique et l'école des beaux-arts, aujourd'hui école supérieure d'arts visuels, qui délivrent, entre autres, un diplôme pédagogique à leurs élèves artistes.
Comme la maturité artistique, dont nous aurons l'occasion de parler demain, l'activité des maîtres et maîtresses d'enseignements spécialisés est une conquête remarquable et enviée. Genève a désormais la chance de disposer d'un ensemble de maîtres spécialisés diplômés dont beaucoup exercent, parallèlement, une activité artistique.
Des expériences pédagogiques remarquables sont en cours au DIP, mais avec trop peu de moyens. Que ce soit dans le domaine musical, ou avec «l'Art et les enfants», les jeunes sont familiarisés avec la création contemporaine.
Or la proposition d'Arthur Andersen n'a pas fini de susciter des craintes. Mme Brunschwig Graf, certes, a déclaré à la radio et à la télévision qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter. Néanmoins, je constate que les publications sur la rénovation de l'école primaire sont pratiquement muettes sur les éventuelles rénovations nécessaires relatives aux maîtres d'enseignement des disciplines spécialisées.
Les propos d'Andersen font peur. C'est l'accès à la culture qui est remis en question. Veut-on que tous les enfants bénéficient d'une initiation artistique et sportive ou veut-on que seul un nombre restreint d'élèves, issus d'une élite éclairée et prête à payer, reçoivent un enseignement culturel complet ?
Je demande à Mme Martine Brunschwig Graf de répondre demain clairement à cette question, avant que ne se développe l'angoisse d'enseignants et ne souffle le vent de la révolte des parents et des élèves.
La présidente. Il sera répondu à votre interpellation urgente au point 67 quinquies de notre ordre du jour.