Séance du
jeudi 7 novembre 1996 à
17h
53e
législature -
3e
année -
12e
session -
43e
séance
IU 249
M. Luc Gilly (AdG). Mon interpellation s'adresse à M. Claude Haegi. Dans ce parlement, on parle beaucoup d'économies, certes pas souvent avec les mêmes objectifs !
On parle aussi d'aide humanitaire, de la Genève internationale, siège de la Croix-Rouge et, maintenant, de son nouveau siège aux études stratégiques. L'invasion programmée de la Padanie le fut heureusement avant l'inauguration de ce centre. Mais nul n'est parfait, j'en conviens !
Mais, Monsieur Haegi, revenons à votre département responsable, entre autres, de la protection civile. Je tiens ici à la féliciter, puisqu'elle a épargné à la population genevoise de sérieuses maladies intestinales en détruisant ses stocks d'eau «périmée» !
En effet, mercredi 30 octobre, pendant que les écoliers avaient congé, le préau de l'école de Lully à Bernex était le théâtre d'un bien curieux exercice. Cette opération se déroulait durant un cours de cadres, permettant à ceux-ci de mettre à l'épreuve leur sens de l'organisation... du sérieux, quoi !
L'exercice consistait donc à détruire 30 000 litres d'eau périmée appartenant aux stocks de la protection civile; 30 000 litres pour ce seul centre, puisque les douze autres sections avaient déjà appliqué ces directives. Pour éviter de crever un à un ces sacs d'eau, a dit, sans gêne aucune, M. Christian Aguet, chef suppléant de la PC Champagne, un rouleau compresseur a écrasé ces réserves d'eau...
Une voix. Il pétillait !
M. Luc Gilly. Un jeu de mot ? Oui ! Des raisons économiques...
La présidente. Un peu de silence, je vous prie ! Continuez, Monsieur le député !
M. Luc Gilly. ...ont dicté ce travail et, depuis deux ans, les communes ont reçu l'ordre de détruire toutes les provisions usagées explique M. Guy Progins, responsable du service cantonal de la PC.
Monsieur Haegi, des millions de francs sont encore gaspillés pour et par cette protection civile fantôme, dont certains instructeurs sont payés pour gérer et contrôler les stocks d'eau et de nourriture. Comment se fait-il que ces «chefaillons» - je tiens à ce mot - n'aient pas imaginé une seule seconde que ces stocks auraient pu être distribués, évitant ainsi les pires maladies, et sauvant ainsi des vies humaines dans les régions de la planète ravagées par la faim et la guerre ?
Que signifie l'appellation «protection civile» dans les cerveaux de ces dits «responsables» ? Et dire que j'ai fait un mois de prison pour avoir osé critiquer le concept de la protection civile. Mais là n'est plus le problème. (M. Vaucher intervient.) Monsieur Vaucher, silence !
Voici donc quelques questions, Monsieur Haegi :
1) Combien de milliers de litres d'eau ont-ils été détruits, ces derniers temps, par la PC dans les communes du canton ?
2) Quelles autres denrées ont été sacrifiées, et en quelle quantité ?
3) Pour finir, ferez-vous une enquête et agirez-vous, afin que ce type d'exercice stupide ne se reproduise pas ? Prendrez-vous des mesures disciplinaires à l'encontre des irresponsables de la PC qui ont - et vous devez l'admettre, Monsieur Haegi - de bien curieuses manières de former les cadres de la protection civile ?
4) Enfin, vous engagerez-vous, Monsieur Haegi, pour que, dorénavant, ce gaspillage honteux cesse ? Ferez-vous en sorte que l'eau et autres denrées soient distribuées à des organisations humanitaires avant que celles-ci ne soient périmées et que ces ressources, vitales pour beaucoup, soient acheminées là où les gens crèvent de soif et de faim ?
Mon interpellation s'intitule : «Eau rage, Eau désespoir !».
La présidente. Il sera répondu à votre interpellation urgente au point 74 bis de notre ordre du jour.