Séance du
vendredi 24 mai 1996 à
17h
53e
législature -
3e
année -
7e
session -
20e
séance
P 1055-A
Le 8 décembre 1994, le Grand Conseil a reçu la pétition ci-dessous «Pour la création d'un parcours «mouche» sur le canton de Genève».
PETITION
Pour la création d'un parcours «mouche» sur le canton de Genève
Comme vous avez certainement pu le constater, la pêche à la mouche connaît actuellement un succès croissant. En effet, le nombre de pêcheurs pratiquant cette pêche est en nette augmentation. Cela n'est pas dû à une simple mode mais correspond à un changement d'état d'esprit ainsi qu'à une prise de conscience des problèmes inhérents à cette activité. Ces pêcheurs pratiquent leur loisir favori non plus pour des kilos de «viande» mais pour des heures de plaisir et de détente au grand air et dans un cadre naturel. Nous aimerions lancer auprès des instances concernées l'idée de la création d'un parcours uniquement réservé à la pratique de la pêche à la mouche, comme cela se fait depuis fort longtemps dans de nombreux pays (Autriche, Allemagne, France, etc.), ainsi que dans certains cantons suisses. Ce parcours, régi par une réglementation particulière (remise à l'eau du poisson ou une capture par jour, truite à 30 cm, ombre à 35 cm), devrait également servir de parcours test et donc être suivi afin de comparer avec les secteurs ouverts à tous types de pêche.
Une possibilité ayant l'avantage de ne pas empiéter sur les parcours déjà fort restreints des rivières genevoises serait d'ouvrir à nouveau à la pêche le secteur du lit-mère de la Versoix attenant à la pisciculture et, en contrepartie, un parcours exclusivement réservé à la mouche pourrait voir le jour depuis l'aval du «Pont du Relais des Chasseurs» jusqu'à la prise du bief.
Il est bien entendu que les pêcheurs, ainsi que toutes les autres personnes ayant signé la pétition, demandent également qu'une vraie politique de protection des eaux soit enfin engagée (qualité des eaux, débits minimums, pompages, que la notion de pollueur-payeur soit appliquée, etc.) et que les règlements soient rapidement adaptés afin de promouvoir une pêche se pratiquant dans une éthique au-dessus de tout reproche; notamment en augmentant la taille légale de capture des salmonidés et en diminuant le nombre de prises journalières autorisées. Ces mesures sembleront peut-être exagérées à certains mais, au rythme où vont les choses, il faudra bien prendre des décisions qui s'imposent si nous ne voulons pas que les rivières genevoises ressemblent un jour à certaines rivières italiennes où toutes les semaines quelques bassines de truites d'élevages sont déversées.
Pour conclure, encore deux remarques: la première concerne l'échelle à poissons sur le bas de la Versoix; les truites lacustres ainsi que les ombres vont enfin pouvoir remonter, mais pour que cette échelle prenne toute sa valeur, il faudrait qu'au niveau de la deuxième chute l'échelle à poissons existante soit aménagée efficacement afin que ces poissons puissent enfin frayer sur l'ensemble du parcours. Quant à la seconde remarque, elle concerne le repeuplement. En effet, la nouvelle loi fédérale sur la pêche exige que les repeuplements soient effectués uniquement avec des poissons de souche locale; il est important que le service de la pêche adopte un programme respectant cette nouvelle disposition dans un délai maximum de trois ans.
N.B. : 495 signatures
Association genevoisedes sociétés de pêche
M. .
Audition de la commission
La commission de l'environnement s'est réunie sous la présidence deM. Luc Barthassat le 2 mars 1995 afin de procéder à l'audition des pétitionnaires. Ces derniers expliquaient l'attrait grandissant pour la pêche à la «mouche» et relevaient également son aspect didactique car, dirent-ils, les pêcheurs à la mouche sont passionnés de nature et des rivières.
Ils ajoutèrent, par ailleurs, que la Versoix mais aussi l'Allondon se prêteraient bien à la création d'un parcours de «mouche».
Discussion de la commission
La commission, quant à elle, estimait que cette pétition aurait plutôt dû être du ressort de la commission consultative de la pêche (CCP) et demandait, en effet, que ce point puisse figurer à l'ordre du jour et être discuté au cours d'une prochaine séance de la CCP. C'est la raison pour laquelle notre commission avait décidé de garder cette pétition «sous le coude» et d'attendre la décision de la commission consultative de la pêche.
En attendant, le temps s'est écoulé...
Au cours de nos travaux concernant le projet de loi 7218, nous avons, le1er février 1996, auditionné cette même association. Ses représentants nous informaient de leur intention de vouloir «suspendre» leur pétition (P 1055) car, nous disaient-ils, ils ne souhaitaient pas créer des dissensions entre les milieux de la pêche.
Bien qu'il ne soit pas, semble-t-il, dans les habitudes du Grand Conseil de «suspendre» des pétitions qu'il reçoit et qu'il est, de plus, difficile de connaître le temps que durera cette «suspension».
Dans ce cas, nous ne pouvons - et cela à l'unanimité de la commission - que vous proposer, Mesdames et Messieurs les députés, de déposer la présente pétition sur le bureau du Grand Conseil.
Mises aux voix, les conclusions de la commission de l'environnement et de l'agriculture (dépôt de la pétition sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées.