Séance du
jeudi 23 mai 1996 à
17h
53e
législature -
3e
année -
7e
session -
18e
séance
IU 197
M. Jean-Philippe de Tolédo (R). J'adresse mon interpellation urgente à M. Claude Haegi, responsable des votations et de la surveillance de leur bon déroulement.
Monsieur Haegi, comme Mme Maulini-Dreyfus, MM. Ferrazino et Longet avant moi, j'aimerais avoir quelques précisions sur les crédits qui seront votés et les dépenses entraînées par les projets soumis au peuple, dans le cadre de la votation du 9 juin sur la traversée de la rade.
Il me semble urgent d'éclaircir les choses et de sortir de la confusion qui semble frapper certains, dans ce parlement, notamment M. Saurer, qui n'est pas là ce soir. En effet, pas plus tard qu'hier, je l'ai entendu annoncer des dépenses se chiffrant à un milliard, un milliard et demi, dont cent millions pour l'environnement, quatre cents millions pour un hypothétique renchérissement. Tout cela me semble extrêmement confus.
Cette abondance de chiffres farfelus et contradictoires a probablement suscité des doutes chez nos concitoyens, doutes qu'il faut impérativement dissiper.
En parcourant la presse, comme tout un chacun, ainsi que les publications de la Société d'Art Public, de l'association «Sauvons la rade», la lettre de la Ville de Genève, j'ai constaté qu'au fil des jours les opposants à la traversée de la rade se livrent à une véritable surenchère, puisque certains n'hésitent pas à parler d'un milliard, d'un milliard et demi, voire davantage. Pendant qu'on y est, pourquoi pas ? Jongler avec les millions des contribuables est l'habitude des opposants.
Que faut-il en penser ? Le bulletin officiel, adressé à tous les citoyens pour le vote du 9 juin, fait état d'un montant de 490 millions pour le tunnel et de 430 millions pour le pont. Aussi la population est-elle en droit de se demander si ces chiffres sont corrects ou si ce sont les milliards, cités quotidiennement dans la presse, qui doivent être pris en considération.
Y a-t-il des éléments objectifs, des études sérieuses, des projets concrets permettant aux opposants d'affirmer que la traversée de la rade coûtera un, voire deux milliards ? Ou ne s'agit-il là que d'une campagne de désinformation dont ils ont le secret, une campagne mensongère et trompeuse ?
Je vous cite un exemple. La Société d'Art Public se bat contre un projet connu de tous. Ce projet est-il concerné par le vote du 9 juin, oui ou non ? La question étant posée, l'on peut se demander s'il ne s'agit pas d'une élucubration de plus des opposants à la traversée de la rade.
Au moment où la population s'apprête à voter - alors que nous traversons une situation économique délicate - il est essentiel que l'on cesse de la tromper et qu'on l'informe exactement des engagements financiers que prendront celles et ceux qui diront oui le 9 juin.
Si M. Claude Haegi nous confirme ce soir que le coût de la traversée de la rade, que nous voterons le 9 juin, est effectivement de 490 millions pour le tunnel et de 430 millions pour le pont, et qu'il sera payé, sur trente ans, par les 195 744 automobilistes du canton, cela correspond, pour chaque automobiliste, à un montant de 6,95 F par mois pour le tunnel et de 6,10 F par mois pour le pont.
En d'autres termes, ceux qui décideront de voter deux fois oui pour un des deux objets prendront un engagement financier équivalant à deux cafés par mois, il est vrai, pendant trente ans...
Nul doute qu'à ce prix la traversée de la rade sera votée à une écrasante majorité.
D'autre part, pourriez-vous nous confirmer, Monsieur Haegi, si un éventuel prolongement sur Frontenex fera partie, oui ou non, du vote du 9 juin ? J'avais cru comprendre que c'était au Grand Conseil de se prononcer sur l'opportunité d'un tel prolongement après l'acceptation, par la population, d'une traversée, pont ou tunnel, de quai à quai. Si le Grand Conseil vote un tel prolongement jusqu'à Frontenex, au lendemain du scrutin du 9 juin, des coûts supplémentaires s'ensuivront.
Par conséquent, je souhaite savoir si la population pourra lancer un référendum contre cette dépense additionnelle...
Le président. Terminez, Monsieur le député !
M. Jean-Philippe de Tolédo. ...si elle juge ce prolongement superflu ou inopportun.
Compte tenu de l'importance et de la complexité du projet, il me semble raisonnable de demander l'avis des Genevois aussi souvent que possible et d'obtenir du Conseil d'Etat les précisions qui permettront à chaque citoyen de voter en toute connaissance de cause.
Le président. Il sera répondu à votre interpellation urgente au point 57 quater de notre ordre du jour.