Séance du
vendredi 13 octobre 1995 à
17h
53e
législature -
2e
année -
10e
session -
44e
séance
I 1948
M. René Longet (S). Le hasard de l'ordre du jour fait que l'on commence par une interpellation, mais je ne vais pas abuser de votre temps.
Il s'agit avant tout, pour moi, de savoir quelle est l'analyse du Conseil d'Etat par rapport à trois aspects : la situation d'une branche importante de l'économie genevoise, l'image de Genève et le positionnement de Genève dans les flux touristiques.
Il n'est un secret pour personne que l'image touristique de la Suisse est en crise. Or, le tourisme étant une des branches importantes de notre économie nationale et locale, nous avons de quoi nous inquiéter de cette crise.
Monsieur Maitre, je ne vais pas vous proposer un "concept de gauche" du tourisme, ou un concept personnel, mais je veux d'abord poser le problème, savoir quelle réflexion mène le gouvernement genevois, qui se préoccupe plus particulièrement de ces questions, et sur quelle base.
Sans avoir fait d'analyse particulière, mais en entendant un certain nombre d'observations, en lisant certains commentaires de presse, on se rend compte que cette crise du tourisme est peut-être aussi une crise d'orientation, de mentalité et, même, un conflit de générations, un certain nombre d'opérateurs ayant trop l'habitude de vivre sur des acquis. Sur ces divers fronts, des gens se posent des questions et d'autres, visiblement, ne s'en posent pas.
A ce stade, à la fin d'une saison assez contrastée, quelle est l'analyse objective de la situation ? Quels sont les problèmes majeurs que l'on rencontre ? Au vu de cette analyse, quels marchés sont prometteurs ? Quelles sont les difficultés ?
Je m'intéresse tout particulièrement à la réflexion concernant les publics-cible par rapport à Genève et sa région. Il y a un certain nombre de paramètres sur lesquels il faut porter notre attention. (Brouhaha.)
Mesdames et Messieurs, je ne sais pas s'il vaut mieux que les interpellations interviennent à minuit, mais apparemment...
La présidente. Attendez que le calme revienne, Monsieur Longet !
M. René Longet. Mesdames et Messieurs, je vous ai dit que je ne voulais pas vous ennuyer longtemps, mais, l'ordre du jour étant ce qu'il est, je développe mon intervention maintenant. Elle peut aussi concerner certains d'entre vous !
1) Parmi les paramètres importants figure la qualité de l'accueil. Celle-ci n'est pas assurée partout. On trouve beaucoup d'endroits où la relation qualité-prix est mauvaise, où les gens qui arrivent sont mal accueillis. C'est un premier point suffisamment important pour qu'on s'en préoccupe.
2) Puis il y a la question du prix : à Genève, les prix sont souvent dissuasifs. Ensuite, on doit encore voir quelle place on souhaite réserver à un tourisme populaire et social, par rapport à un tourisme haut de gamme, financièrement parlant; et de quelle façon on peut recevoir les jeunes touristes. Enfin, se pose la question de la région, plus particulièrement par rapport au différentiel des prix qui est considérable.
3) Dans le contexte du tourisme, s'inscrivent également l'animation et les fêtes. Nous avons pu assister, cet été, à une démonstration éclatante des différentes manières d'animer la ville. Je n'ai pas besoin d'aller plus loin, mais on a abondamment parlé dans la presse de la différence entre des fêtes comme, d'une part, les Ponts de Saint-Gervais ou les fêtes de la diversité ou le Festival de l'Europe à la place des Nations et, d'autre part, les traditionnelles et ronronnantes fêtes de Genève que tous les Genevois s'empressent de fuir, sans qu'ils soient remplacés pour autant par des visiteurs suffisamment représentatifs. Il faut donc vraiment qu'aussi bien les opérateurs que les pouvoirs publics travaillent sur le concept de l'animation.
4) Se pose encore la question de l'évolution des sites. Nous aurons bientôt à débattre d'une motion concernant le Salève. Même si cela ne semble pas avoir, à première vue, grand rapport avec le tourisme, je pense que nous avons une image à défendre. Une certaine qualité du site va de pair avec l'attractivité de Genève.
Voilà les éléments que je souhaite voir développer. Monsieur Maitre, c'est donc l'état de la réflexion du Conseil d'Etat qui m'intéresse en premier lieu, ainsi que les pistes envisagées pour résoudre ces problèmes, afin de savoir où l'on se positionne de part et d'autre, et quelles sont les perspectives du secteur touristique.
J'ajoute encore un dernier point. Pour nous, économie et social sont toujours intimement liés. C'est dans l'hôtellerie que se posent un certain nombre de problèmes sociaux et qu'on trouve un nombre particulièrement important de clandestins assujettis à des conditions salariales très difficiles. Il s'agit donc de résoudre la contradiction entre la situation concurrentielle, les prix élevés et les conditions de travail inacceptables, contradiction difficile mais qu'on doit résoudre, parce qu'on ne peut séparer l'aspect économique de l'aspect social.
La réponse du Conseil d'Etat à cette interpellation figurera à l'ordre du jour d'une prochaine séance.