Séance du
jeudi 22 juin 1995 à
17h
53e
législature -
2e
année -
8e
session -
30e
séance
IU 99
M. Philippe Joye, conseiller d'Etat. Tout d'abord, je tiens à dire que M. Vanek a tout à fait raison.
En effet, une partie des terrains situés derrière le projet de la Maison Europa voient leur capacité constructive diminuée, mais il faut dire que ces terrains sont, depuis des décennies, prévus à l'usage de terrains de sport et de pistes cendrées pour les écoles situées à proximité. Le cycle de Sécheron désire modifier ses équipements sportifs, car les installations actuelles ne sont plus conformes.
Ces terrains se trouvent en bordure de la voie CFF. Une couverture des voies CFF pourrait être prévue dans cette région, ce qui changera, quoi qu'il en soit, considérablement le statut de cette parcelle.
Le projet, en lui-même, demande d'augmenter la charge foncière pour la Maison Europa, en rajoutant une somme destinée à dédommager le propriétaire de la parcelle voisine, c'est-à-dire l'Etat. Or, vous savez que les prix articulés et votés dans ce Grand Conseil, il y a de cela quelques années, sont connus et qu'ils sont extrêmement élevés. La charge foncière d'une réalisation sur cette parcelle, votée par la majorité de ce Grand Conseil, est déjà extrêmement lourde. Je me vois donc difficilement demander aux personnes qui construiront probablement à perte sur cette parcelle, que ce soit des banques, le groupe Aprofim ou autre, de grever encore plus ce projet.
Notre but dans cette affaire, Mesdames et Messieurs les députés, n'est en tout cas pas de favoriser quiconque, que ce soit le groupe Gaon, les banques ou autres, mais de permettre la mise en route rapide de la construction d'un ouvrage adéquat pour notre plus gros partenaire économique tant pour la Suisse que pour Genève, à savoir la Commission des communautés européennes. Celle-ci désire disposer d'environ 27 000 m2 de surface de plancher brut pour ses besoins. De notre côté, nous souhaitons continuer à jouer un rôle international de premier plan. Or, depuis de nombreuses années, nous avons promené la Commission des communautés sur diverses parcelles sans trouver de solution. Par conséquent, il me semble urgent que nous puissions passer à la phase de la construction. L'enjeu n'est pas d'avoir un étage de plus sur une parcelle, mais bien plutôt le nombre d'emplois que cela représente. En effet, ce sont 150 millions de travaux qui se trouvent bloqués, en raison des oppositions nouvelles à ce projet, oppositions, soit dit en passant, qui reprennent, en gros, les arguments déjà avancés auparavant.
Je m'élève avec force contre cette manière de procéder, contre une tendance à laquelle nous sommes de plus en plus confrontés - comme, par exemple, dans les discussions concernant Uni Mail - consistant à bloquer les projets importants, pour des questions de constructions annexes. Je pense, par exemple, au déplacement de 60 cm d'une dalle de l'arsenal ou à la suppression d'un lieu de musique comme Jackfil. Pourtant, ces sujets ont été largement discutés pendant huit séances et Uni Mail a été traité en une séance.
Nous faisons dévier le débat pour des raisons qui me semblent fort peu économiques et qui ne vont pas dans le sens de l'intérêt général. A mon avis, ce sont des raisons de politique purement politicienne. Malheureusement, je crois que nous sommes en train de nous couvrir de ridicule aux yeux de la communauté !
Cela me serait tout à fait égal, mais, par contre, je ne suis pas du tout indifférent au fait que nous fassions ainsi la démonstration de notre lenteur proverbiale pour la mise au point d'un projet, dont certaines personnes ont cherché, depuis des années, à bloquer la réalisation pour des raisons de relations humaines, qui n'avaient rien à voir avec la qualité de l'objet. Dans une opération de ce genre, les pertes subies par les différents partenaires vont se chiffrer par dizaines de millions !
Probablement, cet objet ne sera ni construit ni géré par le groupe Gaon, mais par d'autres sociétés, pour trouver des circonstances favorables permettant de commencer la construction rapidement, à la satisfaction de tout le monde.
Cette interpellation urgente est close.