Séance du
vendredi 18 novembre 1994 à
17h
53e
législature -
2e
année -
1re
session -
44e
séance
P 997-B
Introduction
La pétition susmentionnée a été déposée le 7 juin 1993 au Grand Conseil; elle a fait l'objet d'un rapport de la commission des pétitions, daté du 3 octobre 1993, qui demandait au Conseil d'Etat de reprendre contact avec les autorités communales, afin de trouver une solution pour la replantation rapide de ces arbres et assurer un entretien adéquat. Le 7 octobre 1993, le Grand Conseil a décidé de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat (voir Mémorial No 35/93, pages 5598 à 5601).
Etat de la situation
Depuis de nombreuses années, la vitalité des 139 tilleuls bordant l'avenue de Bel-Air préoccupe les responsables de leur entretien. Aux écimages drastiques des couronnes, nécessaires à la sécurité des lignes électriques, se sont additionnées, au fil des ans, une multitude d'agressions sévères des racines pour l'établissement en sous-sol d'un important réseau de conduites: eau, gaz, électricité, téléphone et égouts. En fait, cette belle double allée d'arbres centenaires paie au prix fort le coût du développement de notre confort urbain et de l'amélioration de nos voiries. C'est ainsi que de très nombreux sujets sont atteints de foyers de pourriture provoquant la casse de leurs charpentières ou, plus grave encore, leur chute pure et simple. Pour parer à ces dangers sérieux, depuis 1990, 12 arbres ont dû être abattus ou sont tombés sans occasionner de dégâts importants, heureusement. L'espérance de vie de ces vieux tilleuls se situe entre 5 et 15 ans au mieux.
Devant cette situation, alarmante certes, mais surtout fort complexe, le service de la protection de la nature et des paysages (SPNP) a entrepris, dès fin 1991, une étude de restauration de l'ensemble végétal bordant l'avenue.
Se basant sur les résultats de l'inventaire «les route vertes», réalisé par ce même service entre 1987 et 1989, un examen complémentaire de chaque sujet a encore été effectué en période hivernale pour bien déceler les problèmes apparaissant dans les couronnes, tels le bois mort, les foyers de pourriture, l'état des soudures d'embranchements, les fissures, les éclatements d'écorce, etc. Cette vision globale de l'état sanitaire permet de dégager des priorités de renouvellement.
Précisons d'ores et déjà qu'il n'est pas question de remplacer au coup par coup les arbres tombés ou devant être abattus, comme le demandent certains: les regarnissages ponctuels effectués dans le passé ont démontré l'inefficacité de ce genre d'opération, ces arbres étant fort peu vigoureux.
La plantation d'arbres en ville n'est pas simple et par la même coûteuse. Dans le cas particulier, un examen complet des contraintes montre qu'il sera particulièrement difficile de trouver la solution adéquate:
- l'occupation intensive du sous-sol, en particulier sous les trottoirs, réduit très fortement l'espace disponible pour les racines et impose en compensation un aménagement permettant une aération et une alimentation de l'ensemble du volume prospectable;
- la situation des arbres en bordure extrême de chaussée oblige d'en renforcer l'encaissement afin d'éviter des déformations ultérieures provoquées par le trafic lourd;
- cette position implique aussi le respect d'un gabarit libre permettant le passage des bus sous la couronne, ceci aussi bien au droit des arrêts que sur l'ensemble du tracé, vu l'étroitesse de la chaussée, accentuée par les aménagements de modération de trafic réalisés par la commune;
- l'utilisation d'une partie des trottoirs comme parcage pour les véhicules des immeubles riverains et les nombreux accès aux villas imposent une couverture correcte des espaces destinés à recevoir des plantations pour éviter un tassement du sol et les chocs contre les troncs.
Projet et coût de construction
La création d'un espace vital permettant véritablement à un arbre de se développer et d'atteindre une taille adulte constitue l'élément primordial de toute plantation. Après avoir relevé et implanté correctement toutes les contraintes, un espace-type a été projeté. L'estimatif unitaire pour la plantation d'un nouvel arbre se monte à environ 8'600 F, la part de la fourniture de l'arbre et de son entretien ultérieur ne représentant qu'environ 1'000 F.
Le coût de cette opération - 1'200'000 F pour l'ensemble - constitue une donnée très importante de ce dossier et impose avec la prise en compte des problèmes de sécurité, d'échelonner le renouvellement des arbres.
En mars 1992, le SPNP, alors SFFPN, a transmis un rapport au département des travaux publics et de l'énergie, gestionnaire de cette route cantonale: l'aspect financier de l'affaire en a retardé la mise en chantier.
Afin de bien coordonner cette réalisation, un groupe de travail a été constitué comprenant des représentants des différentes parties intéressées, dont les compétences ont été réparties de la manière suivante:
- Pilote de l'opération Département de l'intérieur, de l'environnement et des affaires régionales
- Mandant Département des travaux publics et de l'énergie
- Relation avec les habitants/ Commune de Chêne-Bourg
information
Une répartition des frais, mettant en évidence la volonté de chacun de réaliser ce renouvellement, a été décidée: le DTPE et la commune prennent en charge paritairement les coûts de préparation du terrain et de plantation, le DIER fournit les arbres. L'ensemble de l'opération est techniquement réalisé sous la direction d'un architecte-paysagiste conseil, mandaté par le groupe de travail.
Un examen de la situation a été également demandé à la commission des arbres qui, lors de sa séance du 29 mars 1994, a fait les propositions suivantes:
- vu l'espérance de vie des sujets, l'ensemble de la double allée est à restaurer; en particulier 100 arbres nécessitent un remplacement à court terme. Dans un premier temps seront conservés les plus jeunes sujets et les arbres situés du côté de la rue de Genève qui ne présentent pas actuellement de risques majeurs. L'opération pourrait s'échelonner sur 10 ans, le solde pouvant être réexaminé par la suite;
- la partie la plus détériorée se situant vers l'entrée de la clinique de Belle-Idée, le renouvellement doit progresser de cette partie de l'artère en direction de la voie SNCF;
- afin d'éviter les inconvénients des remplacements ponctuels, des séries d'au minimum 10 arbres par an devraient être plantées;
- Le tilleul est l'essence à reconduire pour des raisons historiques et sentimentales. Le tilleul tomenteux (Tilia tomentosa) est préférable aux autres espèces, en raison de sa meilleure résistance aux agressions urbaines.
L'été 1994 a été mis au profit pour élaborer les plans de détail et les soumissions, la recherche, le choix et le contrat de réservation des arbres en pépinière, ainsi que la proposition d'un programme de travail. A ce sujet, compte tenu des avis convergents des spécialistes, de la rationalisation des travaux de génie civil, de la fourniture optimale d'arbres de dimensions semblables et de l'impact psychologique de l'opération, il a été proposé de réaliser des étapes de plantation de 20 sujets tous les 2 ans. Ces ensembles permettront aux jeunes arbres de se développer correctement, sans souffrir de la concurrence des anciens.
Le chantier débutera dès l'automne prochain et la première série d'arbres sera plantée avant la fin de l'année.
Conclusion
Force est de constater que cette reconstitution exemplaire constitue une opération particulièrement complexe, mais les pouvoirs publics associés mettent tout en oeuvre pour sa réussite.
Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.