Séance du
jeudi 15 septembre 1994 à
17h
53e
législature -
1re
année -
9e
session -
29e
séance
IU 39
M. Pierre Vanek (AdG). Vous savez peut-être que l'Union pour la promotion du commerce genevois s'est crue autorisée à se livrer à un acte illégal et à une provocation «pro-bagnoles» mardi après-midi au centre-ville. En effet, ces messieurs ont tout simplement supprimé les interdictions de circuler dans les rues marchandes en les recouvrant d'une toile cirée fantaisiste signée par leur association.
Cette initiative manifeste à mon sens, et à celui d'une majorité des citoyens, un mépris assez scandaleux à l'égard des tentatives, pourtant faibles, lancées pour limiter la circulation au centre-ville. Elle démontre que ses auteurs font passer de manière très égoïste les intérêts de leur porte-monnaie avant la protection de l'environnement en milieu urbain et la qualité de la vie de tous leurs concitoyens.
Je suis personnellement concerné par cette affaire, parce que j'ai été immédiatement «alpagué» par plusieurs citoyens assez indignés par cette affaire. Je suis allé constater de visu ce qui se passait à l'entrée de la Corraterie, côté Place Neuve. (L'orateur hausse le ton en raison du brouhaha.). (Il est interpellé par un député.) Oui, j'ai un sens civique très aigu. Afin de rétablir au plus vite la signalisation officielle, j'ai naturellement décroché le panneau illégal de l'Union pour la promotion etc. (Remarques et quolibets fusent.) ...avec la paire de ciseaux que voici.
Sur ces entrefaites, arrive une patrouille de police dans le style... (Vive manifestation.) ...des séries américaines bien connues. Elle m'interpelle, je dois le dire, avec une certaine vigueur en me demandant ce que je faisais là, pour quelle maison je voyageais et me sommant de présenter mes papiers. Sur ce, je leur ai répondu que je voyageais en tant que citoyen et que je rétablissais la signalisation officielle. Je ne leur en tiens pas grief, mais j'ai été surpris de leurs remarques : que le panneau illégal était plus joli que l'autre... (Rires et vifs applaudissements.) ...ce qui peut se discuter...
Le président. Monsieur Vanek, je vous rappelle que vous avez droit à trois minutes pour une interpellation urgente !
M. Pierre Vanek. Il faut déduire les temps d'interruption, s'il vous plaît, Monsieur le président ! Avec votre permission, je vais terminer brièvement. Effectivement, nous avons des choses plus sérieuses à traiter ce soir.
Une voix libérale. La question ?
M. Pierre Vanek. Donc, ils m'ont dit que le panneau était joli, que de toute façon l'interdiction n'était pas respectée et ils m'ont sommé de ne pas décrocher les autres panneaux. Personnellement, je regrette une telle attitude. Je la trouve désinvolte face au respect des mesures légales en matière de circulation et décourageante face à l'exercice de ce que j'appelle une initiative civique normale. (Manifestation réprobatrice.) On comprend mieux cette attitude des gendarmes quand on sait que, l'après-midi même, M. Ramseyer, en commission des transports, était plutôt favorable à cette initiative tout en affirmant que les panneaux avaient été enlevés, ce qui n'était pas le cas.
M. Ramseyer entend-il condamner publiquement l'action illégale de l'UPCG quant à son esprit et quant à sa forme ?
Compte-t-il donner des instructions pour faire respecter sérieusement de facto sur le terrain les restrictions à la circulation dans les rues concernées ?
Va-t-il demander à ses services de procéder à des contrôles d'identité seulement dans les cas où il y a présomption d'un délit quelconque ? Evidemment, ce n'était pas mon cas.
Le président. La réponse à l'interpellation urgente de M. Pierre Vanek prendra place au point 82 ter de l'ordre du jour, à la fin du chapitre concernant le département de justice et police et des transports.