Séance du
vendredi 17 juin 1994 à
17h
53e
législature -
1re
année -
8e
session -
23e
séance
I 1900
Mme Mireille Gossauer-Zurcher (S). Monsieur Ramseyer, vous n'ignorez sans doute pas qu'actuellement la commission des pétitions traite deux pétitions ayant pour objet l'église de scientologie. Tous mes collègues députés auront pu apprécier le flot de littérature qu'ils reçoivent en ce moment de ce mouvement. Ce que nous savons aujourd'hui sur eux doit nous inciter à une grande prudence. Dès lors, quelle n'a pas été ma surprise de découvrir dans un poste de police une publicité pour un centre Narconon qui utilise les techniques de Run Hubbard, fondateur de la scientologie.
Narconon, selon ces petits papillons, prétend sortir définitivement les toxicomanes de la drogue en utilisant une méthode sans médicament, mais avec vitamines, sauna et sport. Si sur le plan purement social l'intention est louable, je ne peux imaginer le sérieux de l'entreprise, lorsque l'on apprend que le toxicomane voit ses relations avec l'extérieur rompues, qu'il subit une cure de purification comprenant des séances de sauna de plus de quatre heures par jour pendant près de trois semaines au moins, l'absorption de calcium/magnésium à forte dose, de même que la prise massive de vitamines, notamment la niacyne qui provoque un violent urticaire et transforme un patient en soleil incandescent ! De plus, il ingurgite chaque jour un bon verre d'huile.
Ce bref tableau pour démontrer que ces centres sont tout au plus l'occasion de recruter de futurs scientologues en les faisant passer d'une dépendance à une autre. J'en veux pour preuve la conclusion de leur brochure : «Une réponse pour sortir du problème des drogues : une fois que vous aurez terminé le programme de purification, ne vous arrêtez pas en si bon chemin; inscrivez-vous immédiatement à la procédure sur les drogues : la scientologie.».
Face à un problème aussi grave que celui de la toxicomanie, je ne comprends pas pourquoi la population genevoise est informée sur l'existence de ces centres uniquement par l'intermédiaire des postes de police ! A Genève, nous avons des infrastructures subventionnées qui ont fait leurs preuves et qui méritent d'être connues. Je pense, par exemple, à l'Association pour la création de dispositifs thérapeutiques en faveur des toxicomanes, devenue depuis quelques années «ARGOS» et qui gère deux institutions le TOULOURENC et le CRMT. Ses valeurs sont la solidarité, la prévention, les soins, la recherche du bien-être sanitaire et social, le respect de la dignité humaine et une vision globale de la personne. Ces actions sont menées par des professionnels compétents et soutenues par des personnalités politiques, l'OFAS et différentes communes.
A l'avenir ne pourrait-on pas trouver dans chaque poste de police des brochures des différentes institutions genevoises publiques ou privées en lieu et place de ces petits papillons ?
M. Gérard Ramseyer, conseiller d'Etat. Il est exact qu'une publicité faite par Narconon a été déposée au poste de police d'Onex. A notre connaissance, il s'agit du seul et unique poste dans ce cas. Ces dépliants ont été déposés sur le présentoir de l'avant-poste à l'insu du personnel de service. Le présentoir n'étant pas à la vue directe des gendarmes, ces derniers n'ont pas réagi. En outre, cette publicité antidrogue n'a pas offusqué non plus les patrouilles entrant et sortant.
Cela étant, je déplore comme vous cet incident. Les remarques qui en découlaient ont été faites à la hiérarchie, et je souhaite que les postes de police soient plus prudents sur la publicité qu'ils affichent dans leur poste à l'avenir, étant entendu que, de toute façon, il ne peut s'agir que de publications officielles, à l'exclusion de publications émanant d'organismes tels les sectes ou émanant des milieux commerciaux. Je remercie Mme Gossauer-Zurcher de son intervention. Encore une fois, la remarque a été communiquée comme il se devait à la hiérarchie.
Cette interpellation est close.