Séance du vendredi 29 avril 1994 à 17h
53e législature - 1re année - 6e session - 14e séance

IU 14
12. Réponse du Conseil d'Etat à l'interpellation urgente de M. Olivier Lorenzini : «Maison Europa». ( ) IU14
Mémorial 1994 : Développée, 1030.

M. Philippe Joye, conseiller d'Etat. L'interpellation urgente de M. Lorenzini concerne la Maison de l'Europe. Elle tombe à point puisque, comme vous le savez, nous avons au niveau du Conseil d'Etat un léger litige avec la Ville. Nous sommes persuadés que, comme à l'habitude et dans un esprit de compréhension mutuelle, nous trouverons une réponse favorable et une solution commune qui satisfasse tout le monde.

Je réponds aux inquiétudes de M. Lorenzini et je m'excuse de renoncer à lire son texte de deux pages. Premièrement, dans le domaine des organisations internationales, nous sommes largement demandeurs. Deuxièmement, la Maison de l'Europe, telle qu'elle est prévue maintenant, est au bénéfice d'une autorisation préalable. Vouloir déplacer cette Maison sur le terrain principal de Sécheron entraîne de nombreuses complications. La Communauté, qui sera l'utilisateur principal, a axé l'ensemble de sa réflexion sur la parcelle du Foyer. La commission communautaire des acquisitions et des marchés ainsi que la commission juridique de la Communauté à Bruxelles se prononcent aujourd'hui sur le principe de l'acceptation de l'implantation de la Maison de l'Europe sur le site du Foyer.

En cas d'accord, le texte part en circulaire auprès de la commission pendant huit jours. S'il n'y a pas d'opposition, l'acceptation par le client, c'est-à-dire la Communauté, est définitive et le projet peut continuer. C'est précisément le but d'une demande préalable que de permettre de débloquer certains principes et de montrer dans quelles directions l'on va. C'est ce but qui est maintenant atteint et qui permet à la Communauté de faire le mouvement suivant.

La question des PUS a été évoquée. Faut-il une dérogation ? Les avis à ce sujet sont partagés, vu le caractère particulier de cette zone et vu le caractère concentré de la mise sur pied d'un immeuble réservé à des missions diplomatiques et des fonctions de fondations et autres. Il faut dire que le choix de cet emplacement s'est fait après quatre ans d'atermoiements concernant dix emplacements possibles. Le projet de contrat qui sous-tend cette construction a été étudié par le service juridique de Bruxelles et a aussi rencontré un accord de principe. C'est une formule de leasing avec des annuités proches du taux hypothécaire usuel en Suisse, sur un amortissement de 25 ans, ce qui semble être tout à fait raisonnable.

Enfin, un souci que l'on peut avoir par rapport à la Maison de l'Europe concerne le sort du terrain de Sécheron et en particulier l'état de l'usine de Sécheron. La démolition de cette usine sera terminée à la fin de la semaine prochaine. Elle a été effectuée avec soins puisque les bâtiments seront utilisés une nouvelle fois et remontés. Aprofim commencera le chantier immédiatement après la fin de la période de démolition. Le projet qui nous est soumis architecturalement est de bonne qualité, mais il doit encore être amélioré au stade de la demande définitive. Des étapes sont possibles et souhaitées.

Les Etats intéressés se sont manifestés et il est tout à fait faux de prétendre qu'il n'y a pas d'intérêt de leur part à venir dans cette maison. Le problème vient du fait qu'un représentant diplomatique répugne à faire une demande auprès de son gouvernement tant qu'il ne sait pas qu'elles sont les chances réelles de réalisation.

En ce qui concerne, la participation des membres, il n'y a qu'un pays membre qui ait refusé de façon tout à fait claire, c'est l'Espagne. Les autres ont dit : «peut-être». Se sont déjà manifestées, en plus de la Communauté, la Hongrie, la Slovénie, l'Autriche et la Finlande. Les possibilités d'un aménagement concerté du périmètre, avenue de France, avenue Blanc, rue du Valais et voies CFF sont bonnes. On limiterait les fonctions sur ce territoire au cycle d'orientation actuel, pour lui permettre une extension raisonnable, et à Europa pour avoir des dégagements et répondre aux demandes éventuelles d'extension future du fait de l'adhésion de nouveaux pays.

Une certaine réserve existe aussi en direction des voies CFF. L'usage du bâtiment a été souvent critiqué. On s'est demandé s'il s'agissait d'une opération spéculative consistant à construire des bureaux. Je peux rassurer les gens qui se posent cette question, en disant que le chef de la délégation, M. Tran Van Trin, est tout à fait d'avis qu'il faut limiter strictement l'accès de cet immeuble aux entités publiques.

Le prix des terrains. On a dit qu'il est facile de changer la Maison Europa de place et de l'implanter sur des terrains faisant partie du noyau de Sécheron principal à 1 850 F et de mettre de l'habitat à 6 000 F le m2. Cela semble un peu difficile parce que, contrairement à ce qu'on croit, il faut repasser devant le Grand Conseil, remettre en train toute la machine, et cela peut prendre des mois, voire des années.

Concurrence des régions voisines. Nous devons nous méfier. Je pense que les organisations internationales pourraient bientôt préférer aller dans notre région française pour s'implanter et je ne suis pas sûr que ce soit ce que nous désirons.

Emplois. Si nous continuons à travailler avec cette Maison Europa, nous pouvons compter sur des emplois, non pas dans deux, trois ou quatre ans, mais dans une année, et c'est maintenant que nous avons besoin de ces emplois. Enfin, je dirai que nous avons besoin, comme tampon et comme pays, d'avoir des relations positives et agréables avec la Communauté européenne. Cela d'autant plus que maintenant nous sommes en train de discuter des accords aussi importants que l'OMC - l'ancien GATT - l'Organisation mondiale de la météorologie, le Palais Wilson, la Maison de l'Inde, la Maison des droits de l'homme, la Maison des pays les plus défavorisés, et j'en passe. Je me demande si nous faisons vraiment bonne route en voulant remettre sur le tapis une discussion concernant la Maison de l'Europe pour la changer tout simplement de trottoir et dire que, parce qu'elle est à droite en montant, elle est idéalement située, alors que maintenant ce n'est pas le cas. Cela n'est tout simplement pas très crédible du point de vue de l'architecture et de l'aménagement.

Toute dernière chose concernant la démolition de la Villa Blanc qui, comme vous le savez, n'appartient pas au député du même nom...

M. Claude Blanc. Hélas !

M. Philippe Joye, conseiller d'Etat. Cette villa est située en contrebas d'une route qui a été surélevée il y a plusieurs années. Elle a donc perdu son rayonnement naturel. Vouloir la maintenir ici me paraît sympathique, mais je crois qu'il faut être réaliste, on peut la démolir et ce ne sera pas la plus grande perte pour le patrimoine culturel genevois. Dans ces conditions, je suis d'avis qu'il faudrait que la population tout entière et la Ville aussi se réunissent derrière ce projet qui a des qualités très grandes, quelques défauts - je le reconnais tout à fait - mais qui a le mérite d'exister, d'avoir un client, d'être constructible et de nous aider à remplir nos obligations de ville hôte pour les organisations internationales. (Applaudissements.)

Cette interpellation urgente est close.