Séance du
jeudi 28 avril 1994 à
17h
53e
législature -
1re
année -
6e
session -
12e
séance
IU 14
M. Olivier Lorenzini (PDC). L'importance que joue Genève en tant que siège de nombreuses organisations internationales n'est plus à démontrer. Or, depuis la fin de la guerre froide, la réunification allemande et l'élargissement de l'Europe, la nouvelle donne stratégique et économique sur le plan mondial, la nature et l'implantation de ces organisations évoluent très rapidement. Il ne fait aucun doute par exemple que le centre de gravité du continent européen s'est déplacé vers l'Est et que des villes comme Vienne, Prague, voire même Berlin seront appelées un jour à jouer un rôle plus important dans le système de relations internationales.
Dans d'autres continents, des villes souhaitent également accueillir des organisations internationales. En revanche, ce redéploiement pourrait affaiblir d'autres centres de la négociation internationale tel que Genève. Enfin, en raison du déménagement prochain de l'administration fédérale allemande à Berlin, Bonn offrira des locaux de toute première qualité à des conditions favorables aux organisations internationales. C'est ainsi que le gouvernement allemand a, d'ores et déjà, fait acte de candidature pour abriter à Bonn le siège de l'Organisation mondiale du commerce destinée à remplacer le GATT qui est installé à Genève - je vous le rappelle - depuis sa création.
Les conditions du gouvernement allemand sont particulièrement attrayantes, puisque ce dernier offre même de financer le déménagement de l'organisation internationale dans la cité rhénane. Dans ce contexte de concurrence acharnée, Genève ne peut se permettre de galvauder la plus petite chance de maintenir et de renforcer sa position de ville internationale. Aussi, on peut légitimement s'inquiéter des atermoiements, des retards, voire de la confusion qui entourent le dossier de la Maison Europa.
En particulier, les réticences et tergiversations, dont feront preuve les Conseils municipal et administratif de la Ville de Genève au sujet de la Maison Europa, sont de nature à discréditer les efforts qu'entreprend le Conseil d'Etat, tout en lassant les autorités de l'Union européenne qui finiront bien par abandonner leur projet.
Genève ne peut se permettre de passer à côté d'une telle chance au risque d'affaiblir non seulement sa position et son avenir en tant que centre international en Europe, mais également de contribuer à compliquer encore les relations entre la Suisse et l'Union européenne. Je pense qu'il serait très mal venu que nous ajoutions encore un grain de sable dans les rapports entre la Suisse, et plus particulièrement Genève, et Bruxelles.
Aussi, vu l'urgente nécessité de prendre une décision, je me permets de demander au président du département des travaux publics et de l'énergie de bien vouloir informer le Grand Conseil sur l'état d'avancement de ce dossier et les décisions qu'il entend prendre pour que la Maison Europa puisse être construite sur notre territoire dans les plus brefs délais.
Connaissant la célérité avec laquelle il entend débloquer un certain nombre de dossiers importants pour l'avenir de Genève, je suis convaincu que le président du département sera en mesure de nous rassurer sur ce sujet.
Le président. La réponse du Conseil d'Etat à l'interpellation urgente de M. Olivier Lorenzini trouvera place au point 40 ter de notre ordre du jour.