Séance du
jeudi 24 mars 1994 à
17h
53e
législature -
1re
année -
5e
session -
9e
séance
P 995-A
La commission des pétitions, sous la présidence de Mme Fabienne Bugnon, a procédé à trois auditions et a traité ce sujet pendant plusieurs séances pour suivre ce dossier jusqu'à l'obtention d'un espace pour l'école de cirque du Théâtre-Cirqule.
Le 28 juin 1993 audition des pétitionnaires représentés par:
Mme Mme Y. Challande (responsable des enfants);
M. G. Challande (président du théâtre);
M. M. M. Portier (médecin);
M. M. J. Déruaz (représentant les parents).
M. Challande informe la commission que le Théâtre-Cirqule est actuellement sis sur le terrain du Centre sportif des Trois-Chêne dans un angle de terrain qui n'a jamais été utilisé pour le football.
Le refus du comité du centre de reconnaître les activités enseignées comme des activités sportives de cette école ne leur permet pas de continuer à occuper le terrain actuel de manière permanente.
Plusieurs requêtes ont été déposées, mais aucune réponse n'a été donnée. Une pétition des jeunes, puis une autre des parents ont aussi été envoyées aux autorités communales qui n'ont pas daigné répondre.
Vu le prêt pour une durée limitée du terrain, le Théâtre-Cirqule ne peut dispenser que deux stages de 15 jours chacun durant les mois de juillet et août. Un emplacement permanent permettrait de maintenir des stages pendant deux mois et d'ouvrir une véritable école de cirque pour les 10 autres mois de l'année.
La présente pétition est justifiée par le délai imparti, soit le 19 septembre 1993 pour quitter le terrain du centre sportif. Les stages prendront fin le 27 août.
M. Challande précise qu'il ne s'agit pas de trouver un terrain pour déposer du matériel, mais bien pour que puissent se dérouler des activités permanentes durant l'année.
M. Déruaz souligne qu'il a toujours été frappé de voir 120 enfants de 6 à 17 ans sans aucune manifestation d'agressivité pendant 15 jours; il trouve cela fantastique. M. Portier confirme ces propos en attestant que la solidarité existe entre les enfants de tous âges et que la bonne humeur règne au Théâtre-Cirqule. Il souligne l'enseignement des valeurs humaines et pédagogiques sous la direction des époux Challande. Ces activités méritent donc d'être encouragées et elles doivent pouvoir continuer de manière permanente.
M. Challande nous fait aussi remarquer qu'une école de cirque ne doit pas être confondue avec «une garderie d'enfants» ou une animation ayant pour thème le cirque. Il existe environ 90 écoles de ce type en France. Le Théâtre-Cirqule, une fois installé, demandera son adhésion à l'Association mondiale des écoles de cirque. Les idées ne manquent pas, outre les représentations locales, l'école serait représentée dans les festivals de cirque d'Europe, tels que Paris, Vérone, Tournais, Auch, Wiesbaden et bien d'autres. Le Théâtre-Cirqule est déjà connu dans ce milieu, puisque des participants aux stages depuis plusieurs années ont été récompensés dans leurs efforts, par exemple: Titoune (fille d'Yvette Challande) a obtenu une médaille d'argent au Festival mondial du cirque de demain à Paris en 1992 et Laurent Perrelet un Eléphant d'or au Festival de Wiesbaden en 1993. Amandine Morisod est devenue championne genevoise de monocycle en 1993.
Le 30 août 1993, audition de M. Jean-Pierre Ehinger, directeur du centre sportif des Trois-Chêne.
M. Ehinger explique qu'il avait reçu en 1992 une première demande pour que l'école du Théâtre-Cirqule soit autorisée à s'implanter sur le terrain du Centre sportif des Trois-Chêne. Le centre a accepté et fait installer l'électricité pour cette école. La saison 1992 s'est révélée être une grande réussite.
Malheureusement, en 1993, les choses se sont quelque peu gâtées; selon lui, le comité du centre a notamment subi des pressions. Il est délicat de restreindre l'espace prévu pour le football. De plus, il précise qu'en 1993 de nombreuses manifestations étaient prévues entre le 15 mai et le 30 juin.
M. Ehinger souligne que l'occupation du terrain par le Théâtre-Cirqule provoque une usure du gazon. A la demande d'une commissaire, il répond qu'il serait personnellement prêt à reconduire d'été en été la location dudit terrain, en faveur du Théâtre-Cirqule, mais que la décision finale relève de l'autorité du comité du Centre sportif des Trois-Chêne. Les communes de Chêne-Bourg, Thônex et Chêne-Bougeries jouissent d'une certaine autonomie propre aux groupements intercommunaux. Le terrain ne serait cependant pas disponible avant le mois de juillet et pas après le mois d'août. Il serait injuste de favoriser le Théâtre-Cirqule par rapport à Cirquenchêne, dont il souligne qu'il est l'ex-trésorier. Il serait judicieux que le centre sportif connaisse à l'avance les dates des stages proposés et que la tente ne soit pas plantée avant que les stages ne débutent. Il souligne que depuis trois ans il recherche un terrain. Il informe qu'il s'en trouve un, à côté du Centre de loisirs de Thônex. Malheureusement ce terrain est cultivé, mais il pourrait éventuellement être utilisé sans préjudice aux activités agricoles de juillet à octobre.
6 septembre 1993, audition des conseillers administratifs des trois communes: Mme Mock (Chêne-Bougeries) excusée, M. Piazzalunga (Thônex) et M. Parrat (Chêne-Bourg).
M. Piazzalunga rappelle le fonctionnement du groupement intercommunal, dont Mme Mock, M. Piazzalunga et M. Parrat font partie en tant que délégués du Conseil intercommunal, ensuite il précise les points suivants: de l'avis de la majorité des personnes siégeant au Conseil intercommunal, les activités d'un cirque ne sauraient être assimilées à des activités sportives. Par ailleurs, il s'agit de faire la différence entre une école de cirque et un cirque appelé à se déplacer. Les arguments pour les personnes siégeant au Conseil intercommunal, contre une implantation du Théâtre-Cirqule sur les terrains du Centre sportif des Trois-Chêne, durant toute l'année, sont les suivants: l'implantation du Théâtre-Cirqule provoque l'usure du terrain. Par ailleurs, le fait que ledit terrain soit occupé par le Théâtre-Cirqule met en cause l'entraînement des jeunes footballeurs. Enfin, si l'on autorise le Théâtre-Cirqule à s'implanter sur ce terrain, il sera difficile de l'en déplacer par la suite. Certaines personnes craignent aussi pour l'image du centre sportif: dans un cirque, «il y a du linge qui pend, c'est pas terrible, terrible comme image!». Il n'a aucune objection à ce que le Théâtre-Cirqule s'installe sur ledit terrain, durant deux mois par année (juillet et août). M. Piazzalunga précise que dans le cadre d'un complexe futur, il sera peut-être possible d'envisager l'installation permanente du Théâtre-Cirqule au Centre sportif des Trois-Chêne. Il est d'avis que l'ensemble du problème, et particulièrement celui de trouver un terrain adéquat pour le Théâtre-Cirqule, devrait être étudié au niveau des communes. Il évoque aussi le fait que l'Etat possède des terrains, et qu'il serait peut-être utile d'examiner la possibilité de s'adresser à l'Etat pour obtenir un terrain adéquat. Il précise que le Théâtre-Cirqule offre une animation sympathique, durant les mois de juillet et août; il souhaite vivement que l'on puisse trouver un terrain où le Théâtre-Cirqule pourrait s'implanter.
Il leur faudra plier bagages d'ici au 20 septembre, mais il imagine mal le recours à la force dans cette affaire. Il donne lecture d'un courrier du centre sportif adressé à M. Challande, dans lequel il est expressément dit que celui-ci est tenu de rendre le terrain mis à sa disposition d'ici au 20 septembre.
M. Piazzalunga propose de conseiller à M. Challande de prendre contact avec l'Etat, s'agissant d'un terrain approprié pour le Théâtre-Cirqule. M. Parrat souligne que M. Challande aimerait trouver un terrain pour installer définitivement son école. En hiver, M. Challande a prévu une soufflerie à air chaud pour le chauffage. MM. Parrat et Piazzalunga réitèrent leur demande pour que l'Etat puisse mettre un terrain à disposition et pour que la commission fasse quelque chose dans ce sens.
Suite à ces diverses auditions et propositions que la commission avait entendues, l'ensemble de la commission a demandé à la présidente Mme Fabienne Bugnon d'intervenir par lettre auprès du président du département des travaux publics, afin que ce dernier examine d'urgence la demande du Théâtre-Cirqule, pour qu'il ne doive pas fermer ses portes au terme de son contrat avec le Centre sportif de Sous-Moulin.
La commission n'a cependant pas apporté son soutien contre l'avis du comité du centre sportif pour que le cirque reste au stade des Trois-Chêne. Cette pétition n'a donc pas d'effet suspensif.
Entre-temps, les parents ont créé une association qui a le but suivant: «aider à la création d'une école de cirque sur le territoire genevois, dispensant un enseignement spécialisé toute l'année, en partant de la structure déjà existante du Théâtre-Cirqule; puis, le cas échéant, aider au fonctionnement de ladite école en mettant à la disposition de son personnel encadrant la capacité de travail et les compétences de ses membres».
L'association se veut politiquement et confessionnellement neutre. Elle n'a aucun but lucratif.
Les parents ont eux-mêmes aidé au démontage du cirque, en espérant que le Conseil d'Etat trouve un terrain.
Lors de la commission du 6 octobre, aucune solution n'était trouvée et la situation demeurait tendue. De nombreux parents d'élèves ne comprenaient pas que cette école de cirque ne soit pas tolérée par le Centre sportif des Trois-Chêne et, d'autre part, que les autorités n'admettent pas que le cirque puisse rester sur le terrain du centre comme convenu.
Conclusion
Après avoir entendu les diverses auditions, il semble qu'il y ait un grand malentendu sur la définition d'une «école de cirque» permanente. Selon les informations reçues, ces écoles dans toute l'Europe font appel aux sportifs de différentes catégories, d'où la demande d'accepter que certaines activités puissent être considérées comme du sport. D'ailleurs, bien des jeunes sportifs, allergiques à la compétition à tout prix, sont venus rejoindre le cirque qui offre des activités complémentaires.
Un autre malentendu est l'organisation des cours telle qu'elle a été prévue. L'école devrait fonctionner 10 mois par année, les deux mois restants étant réservés aux stages tels qu'ils se déroulent actuellement. En hiver, une soufflerie a été prévue pour le chauffage.
Après des mois de recherche d'autorisation pour un emplacement permanent, l'Etat a offert un terrain sis à côté du Centre de loisirs de Thônex. Malgré quelques recours suite à l'APA délivrée par le département des travaux publics, le but de la pétition, c'est-à-dire d'avoir un terrain permanent pour installer une école de cirque de manière permanente, a été accepté. L'attente de la commission pour rendre son rapport nous a permis de voir l'installation du cirque sur son nouvel emplacement, cela pour les cinq prochaines années, renouvelable ensuite d'année en année.
Reste à espérer que les opposants du jour deviendront demain les supporters de ces activités sportives et artistiques de ces jeunes.
Dans ces conditions, les pétitionnaires ayant obtenu satisfaction, la commission des pétitions vous propose, à l'unanimité, le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement.
Débat
M. Max Schneider (Ve), rapporteur. Je voudrais faire une petite remarque sur le cirque, notamment sur le cirque qui a eu lieu ce soir avec beaucoup d'agressivité ! (Manifestation de réprobation.) Des parents d'élèves sont venus témoigner à la commission des pétitions pour exprimer leur étonnement en constatant la non-agressivité de ces jeunes réunis à l'occasion des stages de cirque d'une durée de quinze jours. En vous écoutant ce soir vous battre pour «La Suisse», cela m'a fait penser au cirque. Nous avons certainement des cours à prendre !
Je remercie M. Grobet, ex-président, qui a octroyé, suite à la demande de la commission des pétitions, un terrain à cette école de cirque, qui est une première en Suisse. Je remercie également M. Joye qui a soutenu la décision de son prédécesseur pour maintenir cette école sur ce terrain. On peut souhaiter, malgré les recours, que les travaux puissent être effectués pour que cette parcelle soit aménageable au plus vite et que les cours puissent commencer dès septembre.
Mises aux voix, les conclusions de la commission (dépôt de la pétition sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées.
La séance est levée à 23 h 10.