Séance du
vendredi 8 octobre 1993 à
17h
52e
législature -
4e
année -
8e
session -
38e
séance
M 351-A
M. Roland Vuataz, dans sa motion du 13 septembre 1985, plaide pour une intégration systématique de l'enseignement artistique dans les programmes de nos écoles. Il se réfère à une expérience célèbre menée en Hongrie dans les années 60, et à d'autres plus récentes, en Autriche, en Allemagne et dans le canton de Berne, qui tendent à montrer que les apprentissages artistiques accélèrent le développement, chez les élèves, d'un faisceau d'aptitudes qui renforcent nettement leurs performances générales.
De plus, le motionnaire demande que les spécialistes des sciences de l'éducation entreprennent une étude quant aux effets de l'enseignement artistique sur la formation des élèves.
Nous remercions le motionnaire de sa contribution, qui s'inscrit dans la droite ligne des réflexions et des réformes pédagogiques que nous menons depuis une vingtaine d'années au département de l'instruction publique. Ce dernier, cependant, après avoir considéré l'ensemble de la situation, tient à rappeler ceci:
Dans l'enseignement des langues, des sciences, de la géographie ou de l'histoire, les réformes de ces trois dernières décennies ont toutes été marquées par le souci d'équilibrer les anciennes pratiques par des approches inductives et globales. A propos de cette évolution notoire, il faut rappeler que le département de l'instruction publique n'oriente pas la pédagogie des enseignants à coups de directives; il préfère plutôt influer sur les pratiques en favorisant les courants prometteurs, en encourageant et en persuadant, car dans l'ordre de la pédagogie, il n'y a pas de progrès sans adhésion profonde des participants.
Certes nous sommes bien dotés à Genève en ce qui concerne la recherche et l'université dispose de moyens considérables à cet effet. Néanmoins, le département de l'instruction publique n'a pas fait entreprendre de recherches appliquées dans le domaine artistique et il n'a pas l'intention de le faire pour le moment, car il a l'intime conviction d'avoir déjà utilisé de grandes ressources dans ce secteur.
Pour plus de précision, en ce qui concerne l'enseignement de la musique, qui est évoqué en particulier par le motionnaire, il faut savoir que le département de l'instruction publique stimule son développement dans bien des degrés scolaires depuis de nombreuses années. Pour prendre quelques exemples, nous pouvons rappeler qu'au collège de Genève, la musique est enseignée en option, à raison de 2 heures par semaine en 1re et en 2e année, dans les sections classique, latine, scientifique et moderne; la section artistique (option musique), elle, est dotée de 6 heures en 1re, 2e et 3e année et de 4 heures en année terminale. Dans un autre secteur, à l'école de culture générale Henry-Dunant, l'enseignement de la musique est obligatoire durant un trimestre, en 1re année, à raison de 2 heures hebdomadaires, et figure en option libre en 2e et 3e année. On a ainsi la preuve d'une bonne intégration d'un enseignement artistique dans le cursus scolaire.
De plus, la commission générale pour l'enseignement de la musique, regroupant des représentants des divers ordres d'enseignement, s'est tenue largement à l'écoute des diverses expériences menées dans ce domaine en Suisse et à l'étranger. De ce fait, une bonne information a été diffusée, et continue à l'être dans nos écoles, preuve en est le rapport de la journée d'étude du groupe de musique du Cycle d'orientation, qui a eu lieu le 20 mars 1992.
Pour élargir le débat, nous sommes convaincus que les enseignements artistiques, tout particulièrement, exigent une implication personnelle intense et profonde de la part des apprenants. Leur utilité n'est pas toujours bien comprise et leur intégration dans un programme demande souvent du temps et ne va pas sans un travail d'influence et de conviction qui s'exerce d'ailleurs aussi bien auprès du corps enseignant que des élèves. Le département de l'instruction publique continuera donc de soutenir activement l'effort des enseignants de branches artistiques qui, munis du savoir-faire et de la méthodologie qu'ils ont acquis, cherchent à élargir et à enrichir cet enseignement dans nos écoles.
Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.