Séance du vendredi 14 mai 1993 à 17h
52e législature - 4e année - 5e session - 20e séance

RD 193
3. Hommage à M. Yves Meylan, député, démissionnaire. ( )RD193

La présidente. Nous avons reçu une lettre de démission de notre collègue Yves Meylan (C 56). Je prie Mme la secrétaire de bien vouloir en donner lecture.

Mme Fabienne Bugnon (Ve). Je ne souhaite pas faire un long discours, ni retracer ici le considérable travail politique accompli par mon collègue Yves Meylan, mais simplement lui dire quelques mots au nom du groupe écologiste.

Yves Meylan, on peut dire que c'est un peu un pionnier dans plusieurs domaines. Pionnier d'abord à la fondation du parti écologiste puisqu'il en est l'un des premiers membres. Pionnier ensuite comme candidat et comme élu en 1985 au Grand Conseil où, étant le plus jeune député, il a eu l'insigne honneur de siéger au Bureau quelques heures en tant que secrétaire. Pionnier encore, puisqu'il a été le chef du groupe écologiste durant toute la première législature et c'est lui qui a eu la lourde tâche de se familiariser avec l'institution et ses règlements. Il a été en cela pour nous un précieux guide.

Pionnier enfin, puisqu'il était le chef de file des écologistes en Ville de Genève en 1987, année où nous avons eu l'agréable surprise de voir arriver onze écologistes au Conseil municipal. Mais pour lui, comme pour nous tous, les années ont passé et le voilà en passe de devenir papa et, qui sait, peut-être aussi futur brillant avocat (Exclamations de joie sur tous les bancs.) puisqu'il nous quitte aussi afin de poursuivre des études de droit.

Yves Meylan, par ses huit ans de députation, mais aussi par ses précédentes nombreuses années de militantisme écologiste, de même que par le fait d'avoir assumé le secrétariat administratif du WWF, puis celui du PEG, nous a toujours un peu servi de mémoire collective. Il est tellement plus facile de demander que de chercher. Yves, pour cela et pour toutes tes autres qualités, pour ton sérieux, mais aussi pour ton humour dont tu ne fais malheureusement pas profiter tout le monde, par timidité sans doute, pour tout cela le groupe écologiste te laisse partir, mais va beaucoup te regretter. J'ajouterai, à titre tout à fait personnel, que nos deux fidèles supporters à la tribune que sont tes parents, et dont les encouragements nous ont souvent été précieux, vont eux aussi nous manquer. (Applaudissements.)

M. Yves Meylan (Ve). Tout d'abord, j'aimerais remercier très vivement Fabienne pour ses propos qui me touchent, et je suis sûr, Fabienne, que si tu le désires tu pourras encore aller loin en politique.

J'aimerais remercier également l'équipe du Grand Conseil qui assure en arrière-plan toutes les tâches administratives qui nous concernent. Ces sept ans et demi m'ont permis de vivre une expérience fort enrichissante à tout point de vue. J'en garderai un souvenir agréable, malgré les débats parfois très animés, quelquefois à la limite de l'invective et des tentatives d'obstruction vis-à-vis des orateurs.

Heureusement, certaines traditions tendent d'ailleurs à se perdre. On ne voit plus, comme lors de ma première législature, certains radicaux faire un chahut du diable en claquant leurs couvercles de pupitres pour couvrir la voix des députés communistes! (Rires. M. Balestra fait claquer son pupitre.) Et c'est tant mieux car je ne vous dis pas l'impression désastreuse que cela crée sur les trop rares personnes venues assister à nos débats.

Après quelques années d'activité parlementaire, il est vrai qu'on a parfois trop tendance à fonctionner en circuit fermé, en oubliant que nous pouvons projeter une image désastreuse de nos institutions politiques sur les spectateurs et notamment sur les jeunes qui viennent parfois assister à nos séances dans le cadre de l'instruction civique. Il me paraît extrêmement important que le parlement ne soit pas coupé davantage de la population qui l'a élu, mais se donne au contraire les moyens d'être plus efficace et plus proche des citoyennes et citoyens de notre canton, et se donne également les moyens de fonctionner sans être totalement dépendant du Conseil d'Etat et de son administration.

A cet égard, la position du Conseil d'Etat et de son président en particulier, qui cherche à imposer sa présence systématiquement et sans exception à toutes les séances de commission, me paraît très discutable. Le Conseil d'Etat s'appuie notamment sur une interprétation très large des articles 90 et 98 de la constitution genevoise en affirmant que les séances du Grand Conseil comprennent à la fois les séances plénières et les séances de commissions. Mais cette interprétation a une autre conséquence qui me paraît très intéressante en raison du principe de la publicité des séances. Concrètement, cela voudrait dire que la population pourrait dorénavant assister aux séances de commissions et suivre le travail réel des députés, et pas seulement les effets de manches lors des débats dans cette salle. Cela se pratique d'ailleurs dans d'autres cantons, alors pourquoi ne pas tenter l'expérience?

Avant de laisser ma place à François-Régis Mahrer, j'aimerais juste évoquer un des souvenirs qui m'ont le plus marqué pendant ces deux législatures, Fabienne Bugnon y a d'ailleurs fait allusion tout à l'heure. C'était lors de ma toute première séance, en 1985, en tant que benjamin j'avais dû monter au perchoir, comme l'a fait Martine Roset quatre ans plus tard. J'avais eu alors l'honneur de siéger pendant quelques minutes au côté du regretté et respecté Jean Vincent qui était le doyen de l'époque et cela m'avait fortement impressionné.

Pour terminer, j'aimerais vous remercier de votre attention, et vous souhaiter à toutes et à tous une bonne fin de législature. (Chaleureux applaudissements.)

La présidente. M. Meylan siège au Grand Conseil depuis 1985, nous formons nos voeux les meilleurs pour la poursuite de ses études, et nous le félicitons d'être bientôt papa, quoiqu'il faudrait plutôt féliciter sa femme! (Protestations des hommes et applaudissements des femmes.) Nous prenons acte de sa démission et nous lui remettons le stylo-souvenir traditionnel. (L'huissier remet à M. Meylan le stylo-souvenir du Grand Conseil.)