Séance du jeudi 28 août 2025 à 17h
3e législature - 3e année - 3e session - 12e séance

RD 1630
Hommage à André PFEFFER, député décédé

La présidente. Mesdames et Messieurs les députés, nous avons appris avec une grande tristesse le décès de notre collègue André Pfeffer à l'âge de 69 ans.

M. André Pfeffer est devenu député suppléant en 2013, puis député titulaire en 2015. Il a été réélu en 2018 et en 2023. Au cours de son mandat, M. André Pfeffer a siégé dans de nombreuses commissions, notamment la commission de l'économie, la commission législative et la commission des visiteurs officiels du Grand Conseil. En 2021, il a assumé la présidence de la commission des affaires sociales et, entre 2021 et 2023, la fonction de chef de groupe de l'UDC.

M. André Pfeffer a été un député très investi; il a notamment déposé de nombreux rapports de commission, qui étaient souvent des rapports de minorité. Face aux attaques, il ne se démontait jamais et conservait toujours un sourire qui avait le don de désarmer ses adversaires.

Nous relevons en outre qu'il a été l'une des chevilles ouvrières de l'organisation du tournoi intercantonal de football qui s'est tenu cette année à Genève.

Après avoir affronté sa maladie avec beaucoup de courage, M. André Pfeffer s'en est allé au début du mois de juillet dans un autre paradis que celui qu'il avait trouvé sur terre du côté de Bâle-Ville.

A sa femme et à ses quatre filles, nous disons toute notre sympathie dans cet instant de séparation. Nous observerons une minute de silence après les prises de parole.

Je passe maintenant la parole à M. Christo Ivanov.

M. Christo Ivanov (UDC). Merci, Madame la présidente. Cher André, il y a cinquante ans nous faisions connaissance à l'Union de banques et de cadres d'une grande banque suisse de la place. J'étais alors apprenti en première année de gestion, tandis que pour ta part tu effectuais un stage, après avoir réussi ta maturité. Lorsque j'y repense, je me dis: «Purée, déjà cinquante ans !» Cette année, tu nous as quittés à la suite d'une longue maladie, je me sens donc un peu orphelin.

Mesdames et Messieurs les députés, chers amis, comment vous décrire André ? C'était un homme très humain, dynamique, avec toujours en tête de nombreux projets à réaliser. Un hyperactif, en somme. C'était aussi un père de famille très affectueux et très disponible pour ses quatre filles, lesquelles ont toutes obtenu leur maturité et sont en outre championnes de Suisse d'aviron. L'une de ses filles a également réussi ses examens de médecine, comme sa maman, c'est-à-dire l'épouse d'André.

Le sport nous a tout de suite réunis. Nous allions voir avec son papa, qui avait joué au Servette FC après la Deuxième Guerre mondiale, les trois clubs genevois qui évoluaient en ligue nationale A à la fin des années 70: le CS Chênois, Etoile Carouge et, bien sûr, notre Servette FC.

Je suis parti de la grande banque, comme lui; il était entré à la Banque cantonale comme cadre, responsable d'un service des crédits, qu'il quitta ensuite pour la Croix-Rouge internationale, où il oeuvra une dizaine d'années. Il s'est beaucoup investi dans les zones de conflit, spécialement en Afrique (notamment au Rwanda, mais aussi dans d'autres pays), comme responsable du transport, de la logistique et des véhicules. Si le sport avait été notre dénominateur commun, l'Afrique aura quant à elle été une révélation car, oui, André et moi revendiquions le fait d'être des souverainistes et des humanistes.

André a appartenu au parti radical, car il était, comme je l'ai dit, humaniste, mais pour notre Waldstätten, notre Schwytzois (et non Bâlois !), la neutralité de la Suisse, la non-entrée dans l'Union européenne et la démocratie directe étaient capitales. C'est pourquoi il quitta le parti radical pour rejoindre l'UDC - je l'ai d'ailleurs parrainé, comme je l'avais fait en 2010, avec Robert Bouleau, pour qu'il entre à la Société des Vieux-Grenadiers.

Sur le plan politique, il est devenu député en 2013, notre présidente l'a rappelé, avant d'être réélu en 2018 et 2023. Il aimait la politique, il aimait dialoguer et se confronter avec ses collègues députés. Il appréciait particulièrement les séances de la commission de l'économie ou encore des visiteurs officiels du Grand Conseil. Je pense du reste que certains doivent se remémorer quelques sketches savoureux: il adoptait parfois une position, seul contre tous, puis choisissait de rédiger un rapport de minorité qu'il finissait par oublier de déposer. Il avait un côté très têtu, très obtus, il espérait faire changer d'avis, seul contre tous, la majorité de la commission.

Il était par ailleurs membre, joueur et trésorier de notre prestigieuse équipe de football du Grand Conseil. Malheureusement, cher André, tu n'as pas pu être des nôtres lors du tournoi de football des parlementaires cantonaux de Suisse et du Liechtenstein, organisé cette année par notre Grand Conseil à Plan-les-Ouates.

J'aimerais ici, Madame la présidente, remercier toutes celles et tous ceux qui ont accompagné notre ami André jusqu'à la fin de son parcours sur cette terre, ainsi que toutes celles et tous ceux qui étaient présents à ses obsèques à Choulex en juillet dernier. Cela nous a fait, à moi, à nous, chaud au coeur.

Repose en paix, mon ami André, et prions pour que ton âme puisse monter dans la lumière. Ce n'est qu'un au revoir, mon ami André. Adieu l'ami !

Mme Christina Meissner (LC). André nous a quittés le 2 juillet dernier, à l'âge de 69 ans, après s'être vaillamment battu contre la maladie durant les six derniers mois. L'issue fatale n'était pourtant pas prévisible, et sa disparition laisse un goût amer à tous ceux qui l'ont connu, dont moi.

Très engagé dans la vie publique, il nous laisse le souvenir d'un homme aimant, généreux, serviable et surtout empreint d'un positivisme inaltérable. Aventurier, il appréciait les voyages, et son engagement auprès de la Croix-Rouge et du HCR au cours de sa jeunesse avait renforcé son envie d'aider les autres.

Ses interventions au Grand Conseil ne laissaient naturellement personne indifférent, surtout quand il nous rappelait la situation à Bâle. D'un optimisme à toute épreuve, il aimait son pays, il avait à coeur de préserver le bien commun, tout comme il avait plaisir à bâtir de solides amitiés avec son entourage.

Imperturbable lorsqu'il présentait un projet de loi, il restait toujours courtois avec ses opposants, tout en poursuivant implacablement son argumentaire. Loin de tout cliché lié à l'étiquette politique, il aimait sincèrement échanger avec tout le monde, y compris avec ceux du bord politique opposé. Avec un sourire spontané, André tendait la main à tous; il était de ceux qui considèrent que l'on a véritablement vaincu un ennemi en s'en faisant un ami.

L'aventure continue maintenant de l'autre côté, cher André. Au nom du Centre, je te souhaite bonne route !

Mme Sophie Bobillier (Ve). André Pfeffer a été ma toute première rencontre lors de ma première séance de commission au Grand Conseil et - j'ai la chance de pouvoir le dire - mon tout premier contact chaleureux, rappelant cette règle bien établie qu'on peut être en désaccord sur tout et néanmoins s'apprécier et se respecter. J'étais alors un peu effrayée par ce nouveau défi - autrement dit rejoindre nonante-neuf autres députés et débattre de valeurs parfois très différentes des miennes -, je m'attendais au pire, et puis j'ai rencontré André.

André, nous le connaissons tous, avec sa gentillesse, son sourire, son accueil et son éternelle bienveillance. André savait nous rappeler ce que représentait notre privilège parlementaire; il se donnait du mal pour créer du lien entre tous les députés afin d'instaurer une atmosphère conviviale qui permettait vraiment de travailler ensemble et de faire émerger l'intelligence collective dans un cadre chaleureux.

André était fier ! Il était fier de ses enfants. Il m'avait raconté son dernier voyage en Argentine, où il était allé rejoindre l'une de ses filles alors en stage de médecine. Ce voyage lui avait permis de découvrir la Patagonie et ses glaciers grandioses, et il avait pris plaisir à nous montrer ses photos. (L'oratrice est saisie par l'émotion.) Il était aussi fier de partager son expérience au CICR et dans la coopération suisse (avec des photos aujourd'hui vintage), lorsqu'il s'agissait d'acheminer des vivres et du matériel dans les pays qui en avaient le plus besoin. Enfin, il était fier de son épouse, médecin, qu'il décrivait volontiers, avec un sourire plein de modestie, comme bien plus intelligente que lui. Il en parlait toujours avec tendresse et éprouvait de la joie à partager leurs voyages, leurs aventures au Pérou auprès de leur famille élargie. 

André, on avait du plaisir à le retrouver à la commission des visiteurs officiels, qui réveillait en lui des souvenirs du CICR; il y exerçait avec conviction la prérogative de se rendre derrière les murs, là où ni la population ni les médias ne sont autorisés à aller, afin de s'assurer que le droit y est respecté.

André, c'était tout cela: chaleur, sourire, famille, humour et surtout une humanité profonde qui marquait quiconque croisait sa route. Il aimait nous rappeler qu'on avait une chance énorme, celle de pouvoir vivre dans un pays où le débat démocratique est garanti, de même que la paix et la sécurité.

Aujourd'hui, je suis triste - tout comme mes co-commissaires de la commission des visiteurs officiels et tout le parlement ici présent - de ne plus participer aux séances de commission avec lui, mais nous sommes reconnaissants d'avoir eu la chance de le rencontrer, d'avoir pu faire un bout de chemin à ses côtés et surtout de le considérer comme un ami. André, tu nous manqueras !

M. Cyril Mizrahi (S). Cher André, j'ai été profondément touché par ton départ, intervenu assurément trop tôt. C'est donc avec beaucoup d'émotion que je prends la parole aujourd'hui pour te rendre hommage, au nom de mon groupe, mais aussi à titre personnel, car pour moi tu étais non seulement un collègue pour lequel j'avais grande estime, mais également un ami.

Cher André, j'avoue que je me suis laissé surprendre par ton départ, car tu étais un battant. Je ne sais que trop bien que toute personne n'a d'autre choix que de faire face à la maladie avec les ressources dont elle dispose, mais lors de nos derniers échanges, j'ai été admiratif et inspiré par la manière dont tu l'as fait, c'est-à-dire avec courage, optimisme et sérénité.

Cher André, tu étais assurément quelqu'un de bien. Au-delà de nos différences, nous partagions de nombreuses valeurs: l'engagement sincère pour le bien commun, l'empathie, le respect de l'adversaire et l'envie de dialoguer, en somme une certaine vision de la politique, et, last but not least, une saine curiosité pour ce qui se passe hors de nos frontières cantonales - au-delà même du Röstigraben pour toi et «del confine della polenta» en ce qui me concerne. L'idée est la même: bien que Genève reste évidemment le centre du monde, ce qui se passe dans notre grande banlieue ou plutôt, devrais-je dire, dans notre pays peut nous faire réfléchir, voire parfois, comble de l'audace, nous inspirer !

Cher André, nos discussions me manquent. Je garde le souvenir de ta voix grave, de ton sourire communicatif, de ta bonne humeur et de ta bienveillance. A ton épouse et à ta famille, je tiens à adresser mes chaleureuses pensées.

Cher André, nous ne t'oublierons pas.

Mme Masha Alimi (LJS). Chères et chers collègues, c'est avec beaucoup d'émotion que je prends la parole au nom des députés LJS pour rendre hommage à notre collègue André Pfeffer, trop tôt disparu. Nous connaissions André depuis deux ans, date de notre arrivée au Grand Conseil. Nous avons eu l'occasion de le côtoyer de près au sein des commissions. Il a toujours fait preuve de respect, d'écoute et d'humanité, qualités précieuses pour assumer sa mission, notamment à la commission des visiteurs officiels.

Au-delà de son rôle d'élu, André était un homme profondément attaché aux autres. Dans nos échanges, il parlait souvent de sa famille, de ses filles, avec une fierté empreinte de tendresse. Il évoquait aussi avec modestie son parcours et son expérience, en particulier au CICR, dont il était très fier.

Nous garderons le souvenir d'un collègue engagé, courageux et bienveillant, mais aussi d'une personne chaleureuse, simple et profondément humaine. Nous sommes fiers d'avoir eu la chance de le connaître, malheureusement bien trop brièvement. Sa disparition laisse un vide, mais son souvenir restera toujours parmi nous.

M. Thierry Oppikofer (PLR). Le groupe PLR et moi-même, bien sûr, retiendrons d'André Pfeffer principalement quatre qualités parmi toutes celles qui ont été évoquées. Premièrement, la transparence et la sincérité: il n'a jamais dissimulé ses convictions. Il était assez difficile de ne pas les connaître d'ailleurs, puisqu'il n'hésitait pas à les exprimer ! Il n'y avait ni manoeuvre, ni dissimulation, ni combine, fait relativement rare dans les autres milieux et peut-être aussi dans le nôtre.

Sa deuxième qualité était ce qu'on appelle l'équanimité, c'est-à-dire la paix de l'âme, la paix du caractère: il était toujours de bonne humeur, ce qui est également assez rare et doit être salué. Ce n'est pas donné à tout le monde.

Troisièmement, mes préopinants l'ont abondamment évoqué, on peut relever sa bienveillance et sa profonde humanité, qualités qu'en tout cas pour ma part j'ai constatées à la commission des affaires sociales ou à celle des visiteurs officiels. Et puis, nous connaissons tous ses engagements humanitaires passés.

Enfin, sa quatrième qualité était le stoïcisme: il était capable de tenir tête avec le sourire à tout un parlement quand il était le seul à défendre une position, mais aussi de résister, toujours avec le même sourire, aux éventuels «enguirlandages» de ses collègues.

Son intonation légèrement teintée d'accent alémanique et ses exemples bâlois ou argoviens ne résonneront plus dans cet hémicycle, dans cette assemblée. Ils nous manqueront, mais ils résonneront toujours dans nos mémoires et dans nos coeurs. Le groupe PLR présente ses condoléances les plus sincères et sa sympathie à sa famille, qu'il adorait (on l'a dit et c'est vrai), ainsi qu'au groupe UDC.

Mme Gabriela Sonderegger (MCG). Chères et chers collègues, c'est avec une profonde tristesse que nous rendons hommage à notre collègue et ami André Pfeffer.

André était une personnalité marquante de ce parlement. Reconnu pour son humanité, sa sensibilité et sa passion, il savait écouter, conseiller et encourager. De même, il interpellait toujours ses collègues avec respect et bienveillance.

Son engagement au service des autres a été constant. A l'étranger, il a oeuvré dans l'humanitaire, convaincu que chacun peut contribuer à un monde plus juste et solidaire. Ici, parmi nous, il a incarné ces mêmes idéaux avec régularité et conviction. Dans ses interventions, André aimait s'appuyer sur des exemples concrets. Bâle, sa ville de coeur, où je suis née, revenait souvent dans ses propos. Ces images donnaient à ses convictions une dimension vivante. Il a été pour moi une référence, un guide attentif et un soutien essentiel, particulièrement lors de mes premiers pas au Grand Conseil. Je lui en serai éternellement reconnaissante.

Homme de parole, mais aussi d'action, il défendait avec détermination les causes qui lui tenaient à coeur. C'était également un homme de conviction, pour qui les causes justes méritaient d'être soutenues publiquement.

Face à la maladie, il a fait preuve d'un courage et d'une dignité remarquables. Il a affronté cette épreuve avec sérénité et une force tranquille.

Au-delà de son engagement public, André était un homme de famille profondément attaché aux siens. Son amour et sa fierté pour son épouse et ses quatre filles rappelaient combien sa force venait de ses proches.

Son départ laisse un vide immense au sein de ce parlement. Il nous lègue cependant un exemple durable: celui d'une vie guidée par la fidélité à ses idéaux, par la solidarité, par la passion et par l'attention aux autres.

André Pfeffer était un homme de conviction et d'engagement. A sa famille et à ses proches, le groupe MCG adresse toute sa sympathie et sa profonde reconnaissance pour ce qu'il a apporté à notre institution et à notre société.

André, tu étais une belle personne. Ton sourire, ton optimisme reconnu par tous et ton accent si particulier nous manquent déjà. Repose en paix, cher ami.

M. Thierry Apothéloz, président du Conseil d'Etat. Mesdames les députées, Messieurs les députés, permettez au Conseil d'Etat de se joindre aux hommages et messages qui ont été adressés à André ainsi qu'à sa famille. J'aimerais aborder quelques aspects, en me gardant de répéter ceux que vous avez déjà évoqués.

Vos mots m'ont particulièrement touché, de même que le gouvernement. Il faut se rappeler ô combien le combat politique est parfois difficile, dans la mesure où il est de plus en plus individualisé et personnel. Ce qui m'importe, en tant que président du Conseil d'Etat, c'est ce que ses filles en particulier, ses petits-enfants et sa femme retiendront de vos paroles. Car oui, le combat politique est difficile, mais il demeure néanmoins humain, et vous l'avez démontré par les propos particulièrement importants que vous avez énoncés aujourd'hui, qui reflètent bien le caractère et les convictions d'André Pfeffer. Ses filles, sa femme et ses proches entendront certainement ces mots, qui resteront par ailleurs dans les annales de notre parlement.

Grâce à votre hommage, lorsqu'il s'agira pour ses filles et ses petits-enfants - une fois que la vie et son aventure reprendront leur cours - de se rappeler les graines que leur proche a semées comme jalons dans sa famille, ils se souviendront de ce qu'était André: un papa aimant et un grand-père particulièrement présent, bien entendu, mais aussi un homme politique engagé.

Le combat est difficile, mais nous devons toutes et tous nous rappeler à quel point l'engagement politique est porté par des êtres humains. André était profondément humain et nous avons à coeur de nous en souvenir en lui rendant hommage aujourd'hui, comme vous l'avez fait.

Le gouvernement se joint à la famille et aux proches d'André et partage la tristesse que provoque sa disparition; il gardera particulièrement en mémoire l'engagement incroyable dont a fait preuve André dans le combat politique, tout comme le souci qu'il avait des autres.

Cher André, nous n'avons certes pas toujours partagé la même ligne politique, mais nous avions en commun celle de l'humain, et c'est ce que je tiens à retenir de toi. Merci.

La présidente. Merci beaucoup, Monsieur le conseiller d'Etat. Je vous prie, Mesdames et Messieurs, de vous lever afin d'observer un instant de silence. (L'assemblée, debout, observe un moment de silence.)