Séance du
vendredi 21 mars 2025 à
14h
3e
législature -
2e
année -
11e
session -
61e
séance
P 2228-A
Débat
Le président. Nous abordons maintenant les pétitions en catégorie II, trente minutes. Voici la première: la P 2228-A. Je cède la parole à M. Jean-Marie Voumard.
M. Jean-Marie Voumard (MCG), rapporteur de majorité. Oui, merci, Monsieur le président. Je dirai simplement que j'habite le quartier des Pâquis, pas très loin de la rue Jean-Charles-Amat (plus précisément à la rue du Prieuré, qui lui est parallèle), et que je ne l'ai jamais vue bouchée, je n'ai jamais aperçu de camions dès 5h du matin bloquer cet axe, comme c'est mentionné dans le rapport de minorité. A mon avis, cette pétition, comme d'autres, vise uniquement à embêter les citoyens qui vivent dans cette zone, à les empêcher de se parquer, à les contraindre à effectuer des détours par l'avenue de France ou la rue de Lausanne, où le trafic est complètement engorgé.
Je reviens rapidement sur le rapport de minorité. Il se trouve que la rue Amat est à sens unique: on ne peut que la descendre, il n'est pas possible de la remonter. Des voitures qui l'emprunteraient pour monter en direction de la rue de Lausanne, comme le rapport de minorité en fait état, c'est faux, ça ne peut pas exister ! Il n'y a pas non plus de voie ascendante pour les vélos, Monsieur Thévoz, vous devez confondre - c'est peut-être vous le cycliste qui montait en sens interdit, c'est probablement ça ! (Exclamations.)
Ensuite, il est indiqué qu'on recense le passage de 450 véhicules par heure, selon un habitant du quartier. Alors je voudrais bien savoir qui est cette personne et combien de temps elle est restée à la fenêtre, parce qu'en une heure, on ne peut pas dénombrer 450 véhicules, de loin pas.
Pour toutes ces raisons, je recommande le dépôt de cette pétition qui, il faut le signaler par ailleurs, dépend de la Ville de Genève: elle a été déposée au Conseil municipal le 26 novembre 2024 et y porte le numéro 531. Voilà, il n'y a pas grand-chose d'autre à dire ou à faire maintenant, si ce n'est écouter M. Thévoz dans ses délires. Je vous remercie, Monsieur le président. (Rires. Applaudissements. Commentaires.)
Une voix. Ça, c'est envoyé !
M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur de minorité. Je vais être factuel, Mesdames et Messieurs, et essayer de faire entendre la voix des personnes qui ont déposé cette pétition, laquelle est munie de 193 signatures. Parmi elles figurent de nombreux résidents des Pâquis; en tout cas, la première signataire vit à la rue Abraham-Gevray. Effectivement, M. Voumard a raison, un habitant a compté durant une heure le nombre de voitures qui passaient et l'a chiffré à 450. Qui dit vrai ? M. Voumard, qui habite deux rues plus loin...
Une voix. La rue d'à côté !
M. Sylvain Thévoz. Alors M. Voumard, qui habite la rue d'à côté, ou un résident ainsi que les 193 personnes qui ont signé cette pétition et qui n'en peuvent plus ?
Vous conviendrez que ce n'est pas le premier texte de ce type que nous recevons de la part d'habitants de quartier qui signalent que la législation n'est pas respectée. En effet, selon la LMCE, il ne doit pas y avoir de trafic de transit dans les quartiers. Or ils constatent que du matin aux heures de pointe et parfois tout au long de la journée, des automobilistes circulent sans s'arrêter dans leur quartier alors qu'ils n'ont rien à y faire.
Pour rappel, les deux axes primaires sont le quai Wilson et l'avenue de la Paix. On ne devrait même pas voir des véhicules s'engager dans la rue de Lausanne pour se rendre plus loin, par exemple à Onex. Il y a là, Monsieur Voumard - vous transmettrez, Monsieur le président -, des faits objectivables. Pas plus tard qu'aujourd'hui, je longeais la rue Amat; vous pouvez y observer des voitures bifurquer à gauche depuis la rue de Lausanne, puis continuer leur chemin avant de déboucher sur le quai Wilson - je les ai suivies un moment - afin d'éviter les embouteillages. (Commentaires.)
Les pétitionnaires précisent qu'en haut de la rue se trouve l'espace Cité Seniors, un lieu où de nombreuses personnes âgées viennent assister à des événements sociaux et culturels. A cet endroit, les automobilistes en provenance de la rue de Lausanne tournent très rapidement pour s'engager dans la rue Amat, par crainte de se heurter au tram ou à d'autres véhicules roulant en sens inverse, ce qui met en danger piétons et cyclistes. Voilà le genre de choses que les signataires nous ont rappelées.
Leur requête est somme toute modeste: ils souhaitent un nouveau plan de circulation du secteur comprenant des sens interdits, des potelets, une interdiction de bifurquer à gauche dans la rue Amat depuis la rue de Lausanne. En effet, quand vous arrivez depuis l'est, il y a d'abord la rue Butini, puis Rothschild, où il est défendu d'obliquer à gauche, donc la première option des voitures qui empruntent la rue de Lausanne, si celle-ci est bouchée, est de descendre la rue Amat. Les habitants n'en peuvent tout simplement plus et réclament une sécurisation des chemins de l'école.
Mesdames et Messieurs, il ne s'agit pas d'une demande excessive. Pour le canton, il est juste question d'un signal politique à lancer pour dire: «Ok, allons de l'avant, ce sera de toute façon à la Ville de Genève d'effectuer le travail, il n'en coûtera rien à l'Etat.» De grâce, arrêtez de mettre des bâtons dans les roues des résidents et cyclistes, qui entendent juste se déplacer grâce à la mobilité douce; en revanche, un coup de frein au trafic motorisé serait bienvenu.
Au nom des habitants des Pâquis (peut-être pas de M. Voumard, malheureusement, à qui la situation convient), je vous remercie beaucoup de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)
Mme Marjorie de Chastonay (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, cette pétition très simple est le reflet du quotidien d'une grande partie de la population de la ville de Genève qui subit les nuisances de la circulation de transit à l'intérieur des quartiers, tant sur la rive gauche que sur la droite: sur la rive gauche, à la Jonction, par exemple; sur la rive droite, aux Pâquis, en l'occurrence.
A travers ce texte, les habitants et habitantes du quartier des Pâquis nous font part de leur ras-le-bol, en particulier les riverains de la rue Amat - et les riveraines, évidemment...
Une voix. Evidemment !
Mme Marjorie de Chastonay. Il ne faut pas les oublier, effectivement, parce que de nombreuses familles sont touchées par cette problématique, Monsieur le député - vous transmettrez, Monsieur le président ! Ces gens constatent une hausse importante du trafic individuel motorisé, et surtout récente. En effet, il est intéressant de souligner qu'il s'agit d'un phénomène nouveau: c'est la conséquence de l'instauration d'une autorisation de bifurquer à gauche depuis la rue de Lausanne pour descendre la rue Amat. En raison de cette mesure, la circulation a beaucoup augmenté; un résident a compté - cela a été mentionné - le passage d'environ 450 véhicules par heure dans cette petite rue en pente.
De multiples risques et problèmes de sécurité en découlent - je pense que c'est quand même important -, tout d'abord pour les enfants, parce que de nombreuses familles vivent dans ce quartier qui comprend plusieurs écoles. Les patrouilleuses et patrouilleurs ne sont pas omniprésents: les week-ends, les mercredis et à certaines heures du soir, il n'y a personne.
Ensuite, l'espace Cité Seniors se trouve à l'angle de la rue, ce qui implique la présence d'un grand nombre de personnes âgées et à mobilité réduite. Et je ne parle même pas des questions de bruit et de pollution - qui relèvent de la santé publique, n'est-ce pas ? Tout cela a un fort impact sur la qualité de vie des habitants et habitantes.
Dans un tel contexte, cette pétition, qui demande un nouveau plan de circulation du secteur, mais également une interdiction de tourner à gauche dans la rue Amat depuis la rue de Lausanne ainsi que la sécurisation des chemins de l'école, a tout son sens.
Le Conseil administratif de la Ville de Genève a tout récemment déposé une proposition attendue depuis des décennies, la fameuse PR 1668 relative au projet de la «Croix-Verte». Cet objet est actuellement dans les coulisses des commissions du Conseil municipal. Ainsi, la présente pétition réclamant une régulation du trafic de transit dans la rue Jean-Charles-Amat s'inscrit dans un environnement plus large de transformation des Pâquis en un espace apaisé où la mobilité douce et la qualité de vie sont renforcées.
Nous devons appréhender ce texte dans le cadre d'une réflexion globale. Voilà pourquoi nous le soutiendrons et le renverrons au Conseil d'Etat. Il s'agit de donner un signal positif, mais surtout d'inviter notre gouvernement à ne pas entraver l'action de la Ville de Genève, laquelle s'est engagée à pacifier le quartier sur le plan de la sécurité et surtout à collaborer davantage. Merci. (Applaudissements.)
M. Jacques Jeannerat (LJS). Chers collègues, de tout temps, l'activité économique, sociale, culturelle s'est développée le long des axes de communication. C'est ainsi que sont nées les villes, et celle de Genève ne fait pas exception à la règle. Bien sûr, le monde politique a dû organiser les déplacements au sein des cités. Ainsi, à Genève, une hiérarchie du réseau routier a été établie entre les voies principales (les pénétrantes) d'une part et les rues des quartiers d'autre part.
Maintenant, examinons de plus près ce qui se passe aux Pâquis. Les rapporteurs ont tous deux déjà signalé qu'il y a de nombreuses interdictions de tourner à gauche et à droite, des sens uniques en veux-tu en voilà, des parties de rue dévolues aux piétons depuis plusieurs années, ce qui est une bonne chose. Aussi, il me semble qu'un certain équilibre règne dans ce périmètre.
Bien entendu, on pourrait imaginer construire un mur autour des Pâquis, et plus aucune voiture ne passerait ! A ce moment-là, bon nombre de pétitions nous parviendraient, les gens voudraient tout de même accéder à leur logement, à leur commerce, à leur restaurant avec un véhicule privé.
Mesdames et Messieurs les députés, cette pétition est quelque peu excessive. Le groupe LJS ne la renverra pas au Conseil d'Etat et vous propose plutôt son dépôt sur le bureau du Grand Conseil. Merci.
Mme Christina Meissner (LC). La rue Amat représente l'un des seuls accès au quartier des Pâquis, lequel comporte de très nombreux sens uniques. Comme cela a été relevé précédemment, d'autres aménagements sont en cours dans ce périmètre, notamment le fameux projet de la «Croix-Verte». A cet égard, il faut rappeler - et l'office cantonal des transports (OCT) l'a fait en commission - que toute nouvelle mesure influence l'ensemble des autres.
Ce qui est absolument formidable, à Genève, c'est qu'il est extrêmement difficile d'aller de l'avant, tant les solutions préconisées sont systématiquement remises en question par de nouvelles propositions. Voilà le problème. Ainsi que Mme de Chastonay l'a suggéré, laissons le projet de la «Croix-Verte» développer ses effets sur le plan de la circulation avant de nous lancer dans un autre dispositif lié au trafic qui rendrait le tout encore plus complexe à gérer.
En tout état de cause, il s'agit ici d'une rue du réseau de quartier, c'est-à-dire qui relève de la compétence de la Ville de Genève. L'OCT nous a également informés que celle-ci nous enverrait une demande consistant à étudier la question et à réaliser un réel recensement du trafic dans le quartier - c'est-à-dire non basé sur l'observation individuelle des uns et des autres. A ce moment-là, le canton avisera et déterminera, en fonction d'une pesée des intérêts, s'il est pertinent ou pas de prendre des mesures complémentaires à la rue Amat. Toutes ces raisons amènent Le Centre à déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.
M. Jean-Pierre Tombola (S). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, cette pétition en rappelle d'autres. Il s'agit d'un cas emblématique des problèmes qui affectent différents quartiers, comme les nuisances et la circulation. Chacun en convient, nous aimerions tous vivre dans un endroit paisible.
Les habitants des Pâquis subissent de nombreux préjudices, tout le monde le sait. Plusieurs pétitions ont été lancées à ce sujet, la commission en a étudié beaucoup qui traitent des mêmes problématiques (nuisances, sécurité, trafic) que celles de ce texte relatif à la rue Jean-Charles-Amat.
Le rapporteur de minorité a très bien exposé les différents points de préoccupation, d'autres préopinants en ont également relevé. Il s'agit de prendre au sérieux les revendications des gens qui souhaitent mener une existence tranquille dans leur quartier, qui demandent des mesures de sécurité ainsi qu'une qualité de vie acceptable.
Mesdames et Messieurs, je soutiens le rapporteur de minorité et le remercie pour la qualité de son rapport. Sincèrement, au vu des conséquences graves qui découlent des nuisances sonores (impact sur la santé, insomnie), je pense que nous devrions prendre en considération ces réclamations et renvoyer la pétition au Conseil d'Etat qui, bien entendu, examinera la situation conjointement avec la Ville de Genève, puisque la rue concernée est du ressort municipal.
Ainsi, la Ville de Genève pourra envisager, en tenant compte des circonstances et des différents usages, des solutions d'atténuation pour répondre aux préoccupations des habitants des Pâquis, particulièrement des riverains de la rue Jean-Charles-Amat. Je demande donc le renvoi de ce texte au Conseil d'Etat. Merci beaucoup de votre attention.
M. Geoffray Sirolli (PLR). Mesdames et Messieurs, pour le PLR, cette problématique ne doit pas être cantonnée à une seule rue (cette fameuse rue Jean-Charles-Amat), mais plutôt envisagée de façon globale aux Pâquis. En effet, si on enlève l'autorisation de tourner à gauche dans cette rue, que se passera-t-il dans la suivante ? M. Voumard sera impacté, les riverains de la rue voisine déposeront leur propre pétition pour dénoncer ce changement de sens, pétition qui se retrouvera en fin de compte ici aussi. Chacun se renverra la balle et on n'avancera absolument pas.
Ce que le PLR prône depuis toujours en matière de circulation, c'est un réseau d'axes structurants, à savoir un U lacustre permettant de faire disparaître le trafic de transit à travers les Pâquis, tout simplement; c'est, comme la population le souhaite, une traversée du lac grâce à laquelle il ne sera plus nécessaire de s'engager à droite et à gauche dans les petites rues pour finalement ne même pas réussir à circuler sur les voies principales.
Voilà ce que préconise le groupe PLR. Ainsi seulement pourrons-nous bannir la circulation de transit dans les quartiers, auxquels ne devraient accéder - en cela, nous vous rejoignons - que les habitants, les riverains ou les personnes cherchant à gagner les commerces et activités.
C'est pour toutes ces raisons et parce que nous privilégions une approche globale du sujet que nous vous proposons de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil et de ne pas aller plus loin. En définitive, et cela a été souligné par tout le monde (les rapporteurs de majorité et de minorité, l'ensemble des partis), la décision finale ainsi que sa mise en application appartiennent à la Ville de Genève. Je ne vois pas trop ce que nous, Grand Conseil, aurions à dire dans cette affaire. Que les services municipaux accomplissent leur travail, qu'ils avancent dans ce dossier, qu'ils aident les habitants; ce n'est pas à nous de leur expliquer quoi faire.
Une voix. Bravo.
Le président. Merci, Monsieur le député. Il est vrai que la question se pose: ne serait-ce pas à la Ville de Genève de s'occuper de cela ? Enfin bon, voilà. La parole va à M. Ivanov.
M. Christo Ivanov (UDC). Surtout que vous habitez en ville de Genève, Monsieur le président ! Je vous remercie. Le groupe UDC se rallie à la majorité et votera en faveur du dépôt de cette pétition. Il se trouve que j'ai des bureaux dans l'immeuble sis 28, rue Amat, au troisième étage (je suis le président d'une association de réinsertion professionnelle), donc je connais très bien le quartier en général et cette rue en particulier.
Je rappelle qu'il y a un centre pour la voirie, les pompiers et, plus loin, des commerces. Vous transmettrez à M. Thévoz, qui a vraisemblablement quelques soucis avec la géographie des Pâquis, qu'en bas à gauche se trouve la rue des Buis; quant à la partie qui se poursuit en direction du lac, c'est la rue Jean-Antoine-Gautier. Il s'agit d'une zone 30 km/h avec des dos d'âne. Si le passage de 450 véhicules par heure, ce qui représente grosso modo sept à huit véhicules par minute, est de l'ordre du possible, les voitures circulent tout de même au ralenti dans ce périmètre.
Enfin, comme cela a été décrit, le quartier ressemble à un puzzle géant: vous avez des interdictions de tourner à gauche ou à droite de tous les côtés et, de surcroît, il est extrêmement compliqué de se parquer, en particulier quand on possède un véhicule d'entreprise. Pour toutes ces raisons, le groupe UDC préconise le dépôt de cette pétition. Merci, Monsieur le président.
Le président. Je vous remercie et passe la parole à M. Steiner, qui siège aussi au Conseil municipal. (Rires.)
M. Christian Steiner (MCG). Merci, Monsieur le président. Il faut d'abord que j'apporte une petite rectification, Mesdames et Messieurs les députés: il s'agit bien, en grande majorité, du réseau de quartier, mais la rue Gautier fait tout de même partie du réseau de quartier structurant. Dès lors, pour agir sur ce tronçon comme cela était prévu, c'est-à-dire le fermer ou le mettre...
Une voix. C'est la rue Amat, Jean-Charles-Amat !
M. Christian Steiner. Madame la députée, la rue Amat, s'agissant des faits reprochés, se poursuit sur la rue Gautier...
Le président. Adressez-vous au président, Madame et Monsieur !
M. Christian Steiner. Vous transmettrez, Monsieur le président, que je sais de quoi je parle ! Cette rue relève donc du réseau de quartier structurant, et toute fermeture ou mise en sens unique dépendrait de l'office cantonal des transports.
Pour le reste, que remarque-t-on avec ce genre de pétition (car ce n'est pas la première) ? Qu'observe-t-on quand la Ville de Genève intervient sur le réseau de quartier, ce qu'elle est en droit de faire (si une association s'y oppose, elle perd généralement devant les tribunaux), à plus ou moins long terme ? On voit apparaître une pétition. Le cas s'est présenté par exemple suite à l'aménagement de la rue de Saint-Jean: à la rue des Charmilles, une pétition a été lancée, puis instrumentalisée par les trois sempiternelles mêmes associations qui ont limité à 30 km/h la vitesse des voitures arrêtées aux feux... Ici, c'est la même chose.
Si on se base uniquement sur un comptage effectué sur l'un des trottoirs de la rue Amat, on peut peut-être arriver à 450 véhicules, mais ce n'est pas du trafic de transit, parce qu'il est impossible de circuler dans le quartier des Pâquis. Il y a trop de rues fermées, l'agencement entier a été réalisé de manière anarchique dans l'unique but dogmatique, pavlovien, de lutter contre le trafic motorisé: on ferme tout ce qu'on peut fermer.
Quant au projet de la «Croix-Verte», j'ai eu cette information, en début de mandat, du service des espaces verts: tout l'espace qui a pu être trouvé pour végétaliser le quartier - il faut compter 9 mètres cubes par arbre - a été réquisitionné. Encore un aménagement qui utilise le prétexte de l'arborisation pour combattre les transports motorisés ! Je précise que l'une des conditions d'un plan de végétalisation, c'est de se trouver à plus de 300 mètres d'un parc; si vous calculez les distances sur Google Maps, vous verrez que 80% à 90% des habitants des Pâquis sont proches d'un parc ou du lac. Merci.
Une voix. Bravo.
M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur de minorité. Mesdames et Messieurs, quel dommage que la majorité renvoie l'affaire à la Ville de Genève ou se contente d'approximations pour faire croire que le sujet ne nous concerne pas alors que la loi pour une mobilité cohérente et équilibrée stipule bien: pas de trafic de transit dans les quartiers.
Pour répondre aux propos de M. Jeannerat, il n'est pas question d'ériger un mur autour des Pâquis, mais simplement de rappeler que les automobilistes qui n'ont rien à y faire - c'est la loi, et une partie d'entre vous l'ont votée - ne peuvent pas y circuler; ils doivent emprunter soit le quai Wilson, soit l'avenue de la Paix.
Comment résoudre le problème des conducteurs qui passent par là alors qu'ils n'ont rien à y faire ? Le canton pourrait s'en saisir, évaluer le nombre de voitures qui relèvent seulement du trafic de transit; il ne le fait pas, et c'est la raison pour laquelle nous devons renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat. Il s'agit d'effectuer un recensement, de déterminer d'où arrivent les véhicules, dans quelle direction ils se dirigent et, à partir de là, de prendre des mesures.
M. Sirolli, au moins, a reconnu le niveau cantonal de cette pétition lorsqu'il indiquait en substance: «Notre objectif est une lointaine traversée du lac qui ne verra jamais le jour, mais c'est la seule option que nous envisageons pour l'instant.» Les Genevois ne veulent pas attendre vingt-cinq ans pour que ce projet arrive à terme et préfèrent privilégier d'autres propositions concrètes et pragmatiques, que nous soutenons. Renvoyons donc cette pétition au Conseil d'Etat !
M. Jean-Marie Voumard (MCG), rapporteur de majorité. Je remercie les députés qui s'apprêtent à voter le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. On parle des véhicules qui n'ont rien à faire à la rue Amat, mais les autres, que fabriquent-ils là-bas ? Je suis ici pour défendre tous les automobilistes, qu'ils empruntent cet axe à leur gré ou parce qu'ils en ont besoin. Merci, Monsieur le président.
Le président. Je vous remercie. Mesdames et Messieurs, vous êtes priés de vous prononcer sur les conclusions de la majorité, c'est-à-dire le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.
Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2228 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 54 oui contre 30 non (vote nominal).