Séance du vendredi 14 février 2025 à 14h
3e législature - 2e année - 10e session - 56e séance

P 2213-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la pétition : Sauvons la crèche Eveil en forêt à Genève !
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session X des 13 et 14 février 2025.

Débat

Le président. Voici le prochain objet: la P 2213-B (catégorie III). La parole est sollicitée par Mme Bartolomucci.

Mme Céline Bartolomucci (Ve), députée suppléante. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, nous le savons toutes et tous, Genève fait face à une pénurie criante de places en crèche. Aujourd'hui, il manque 3200 places, ce qui laisse de nombreuses familles sans solution et accroît les inégalités. Ce déficit pèse lourdement sur les parents et en particulier sur les femmes, qui se retrouvent souvent contraintes de réduire leur activité professionnelle, faute de mode de garde adapté.

Les crèches en forêt non seulement répondent au besoin de places d'accueil, mais présentent d'autres atouts incontestables. En effet, ces structures sont économiques et durables, car elles ne nécessitent pas de bâtiments énergivores: elles sont donc en parfaite cohérence avec les objectifs climatiques et éducatifs du canton. Plus important encore, les bénéfices pour les enfants sont prouvés: amélioration de la santé physique et mentale, développement de l'autonomie et de la créativité et, bien sûr, sensibilisation accrue à la nature, loin des écrans.

Notre groupe prend acte du rapport du Conseil d'Etat et se félicite des avancées qu'il mentionne. Nous reconnaissons le travail réalisé pour permettre à l'éco-crèche de poursuivre temporairement son activité grâce à la solution de repli trouvée avec Pro Natura; nous saluons également l'ouverture de l'administration à tester des alternatives comme les siestes nordiques, notamment via le projet pilote mené par le SASAJ.

Toutefois, nous regrettons que ce rapport se limite à des réponses temporaires et ne contienne aucun engagement clair afin d'assurer la pérennité et le développement des crèches en forêt. La société change, et nous devons adapter notre réglementation pour faciliter le déploiement de ces entités, comme d'autres cantons et pays européens l'ont déjà fait, celles-ci répondant à un besoin urgent des familles en places d'accueil tout en permettant de reconnecter les enfants à la nature; il est grand temps de modifier notre cadre légal pour leur permettre d'exister pleinement. Je vous remercie.

Mme Diane Barbier-Mueller (PLR). Je ne peux que partager le constat de ma préopinante: il y a effectivement une pénurie criante de places en crèche à Genève. Cela étant, je rappelle qu'une solution avait été proposée, notamment pour des structures comme les crèches en forêt, visant à diminuer la contrainte sur les charges salariales que représente l'alignement de toutes les entités non subventionnées sur les conditions de la fonction publique en Ville de Genève. La population, mal renseignée en raison de certains messages communiqués, a malheureusement refusé cette option lors de la votation.

Aujourd'hui, l'éco-crèche pâtit directement de cette situation, ce qui est regrettable. Au-delà de ça, il y a également des normes trop rigoureuses, en particulier quant à l'utilisation de la zone des bois et forêts, ce qui rend toute construction et toute exploitation d'une crèche en forêt impossibles. Faut-il le souligner à nouveau, Genève se paie le luxe d'une surdensification et d'une surnormification; c'est dommage, parce que ça empêche toute créativité. Le PLR souhaite le renvoi de ce rapport au Conseil d'Etat.

Mme Christina Meissner (LC). Mme Bartolomucci - vous transmettrez, Monsieur le président - a très bien expliqué la situation, et je l'en remercie, je ne répéterai pas ses propos. En revanche, je souhaite corriger l'un des dires de Mme Barbier-Mueller: vous lui rappellerez, Monsieur le président, que la crèche en forêt dont il est question, contrairement à ce que son nom laisse supposer, se trouvait dans une zone agricole. Ce ne sont donc pas les exigences de la zone des bois et forêts, mais bien celles de la zone agricole qui ont posé problème. A un moment donné, le SASAJ a imposé que les enfants de cette structure, qui souhaitent pourtant passer du temps à l'extérieur, puissent, en cas de besoin, faire la sieste et manger un repas chaud dans un endroit fermé. La solution de la roulotte a été trouvée, sauf qu'une construction en dur n'est pas autorisée en zone agricole. La situation était impossible à régler.

A cet égard, j'aimerais remercier le Conseil d'Etat d'avoir fait preuve de bon sens en testant l'option dite nordique. En effet, le concept des crèches en forêt, c'est qu'un lieu couvert n'est pas nécessaire: on est en forêt, on y reste, quelle que soit la météo, et les enfants adorent ça. Merci donc d'avoir fait preuve de bon sens. Je reconnais que le test constitue une bonne idée, parce qu'il faut tout de même déterminer si ça marche ou pas. J'espère que cette démarche essaimera ailleurs. Longue vie aux crèches en forêt et merci beaucoup !

Le président. Je vous remercie, Madame. Nous sommes saisis d'une proposition du groupe libéral-radical de renvoyer ce rapport au Conseil d'Etat; je la soumets aux votes de l'assemblée.

Mis aux voix, le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport sur la pétition 2213 est rejeté par 64 non contre 20 oui.

Le Grand Conseil prend donc acte du rapport du Conseil d'Etat sur la pétition 2213.