Séance du vendredi 24 janvier 2025 à 14h
3e législature - 2e année - 9e session - 51e séance

P 2155-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la pétition : Défendons la Course de côte de Verbois
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session IX des 23 et 24 janvier 2025.

Débat

Le président. Nous traitons ensuite la P 2155-B (catégorie III). Madame Fabienne Monbaron, vous avez la parole.

Mme Fabienne Monbaron (PLR). Merci, Monsieur le président. Ce texte mentionne une autre pétition hostile à la course de Verbois munie de 118 signatures, mais il ne précise pas que ce rapport fait suite à une pétition qui, elle, était en faveur de cette course et soutenue par 2235 personnes.

Le volet sécuritaire est mis en avant par le département, or j'aimerais relever qu'il n'y a jamais eu aucun souci en matière de sécurité lors de cette course, qui existe depuis près de septante ans. La structure qui l'organise est extrêmement respectueuse des consignes et du lieu.

Des mesures ont été prises et des obstacles ont été posés sur cette route pour réfréner les ardeurs de certains conducteurs; je relève qu'on ne sait pas si ces personnes participent ou non à la course. Il serait peut-être envisageable que des contrôles de police soient effectués plus souvent et qu'il soit interdit aux éventuels contrevenants de participer à la compétition.

Interdire cet événement, ce serait priver la population genevoise d'une manifestation populaire, familiale et gratuite - j'ai déjà eu l'occasion de le dire -, qui réunit plus de 7000 personnes. Vous me direz que c'est un peu dans l'air du temps de ce qu'on vit à Genève: on a perdu les grandes Fêtes de Genève, on ne peut plus consommer de viande dans certaines manifestations et, pour notre santé, on mangera bientôt peut-être tous des pâquerettes, sans sauce, avant de finir par manger les pissenlits par la racine !

En attendant, on lit à la fin de cette réponse du Conseil d'Etat que la course sera autorisée en partenariat avec les autorités communales. Nous espérons donc très sincèrement que celles-ci seront favorables à cette manifestation et que le canton les suivra puisque, comme cela a été relevé, le fait de l'interdire n'aura aucune influence sur le trafic présent sur cette route. Et s'il se trouve qu'elles ne sont pas favorables à cette course, nous espérons que le canton autorisera tout de même cet événement. Merci.

M. Sylvain Thévoz (S). Nous accueillons avec soulagement le rapport du Conseil d'Etat, qui a pris acte des soucis liés à cette course de côte, aux entraînements qui se déroulent durant l'année sur cette route et aux risques d'accidents. Je ne pense pas que les Genevois ont vraiment remarqué que cette année il n'y avait pas eu la course de côte de Verbois. Par contre, ils ont vu tous ces jeunes fauchés: cet automne, des motards sont décédés sur les routes, les uns après les autres, j'ai envie de dire, alors qu'ils étaient dans la fleur de l'âge.

Nous pensons que maintenir le culte de la vitesse et une course qui met en avant le risque (les participants doivent rouler le plus vite possible sur une route de côte tournante, proche d'habitations) ne constitue pas un symbole dont Genève doit absolument s'enorgueillir; il ne s'agit pas d'un événement à conserver à tout prix.

Ce n'est pas une fête populaire, c'est une manifestation qui appartient peut-être au passé. Je comprends qu'il puisse être difficile de tourner la page, mais comme le Conseil d'Etat le dit très bien, ne pas organiser la course cette année a permis de la désacraliser; c'est donc qu'il y avait un totem autour de cette compétition, un totem dangereux pour notre jeunesse et pour la circulation sur les routes. A tel point que les chicanes qui ont été posées cette année ont été déplacées et vandalisées (le Conseil d'Etat fait bien de le rappeler), preuve finalement de l'énergie pas très positive ni harmonieuse qui règne sur cette route.

Une inquiétude demeure: le gouvernement indique que l'année prochaine, la course pourra finalement avoir lieu. On relève donc quand même une certaine contradiction entre d'un côté dangerosité et mortalité sur les routes et de l'autre le fait que l'année prochaine, au fond, on continue comme avant ! Merci beaucoup.

M. Stéphane Fontaine (MCG), député suppléant. Je voudrais revenir sur les propos de mon préopinant: ce n'est pas une piste d'entraînement, contrairement à ce qui a été dit. Je tiens à rectifier certains points, en tant que pilote moto, routier et motard depuis des années. J'assiste chaque année à cette course et les vrais pilotes, les professionnels, ne s'entraînent pas toute l'année sur cette route comme vous l'indiquez; voilà le premier élément.

Ensuite, ces professionnels sont équipés, il y a des stands, c'est officialisé. Dans mon entourage, je ne connais pas de pilote qui irait s'entraîner là-bas en dehors du jour de la course. Effectivement, certains jeunes font la montée, apprennent les trajectoires, comme lorsqu'ils vont à Saint-Cergue ou qu'ils roulent sur d'autres routes.

Je crois que le fait que cette course ait malheureusement été annulée cette année a représenté un trouble pour les pilotes et le milieu des motards. Beaucoup d'enfants viennent avec leurs parents lors de ces trois jours de course. Dans le monde de la moto et pour la famille des motards, cet événement est important et son annulation a créé un sentiment de manque énorme. J'espère que les années à venir, la course pourra être organisée à nouveau, parce que comme l'a dit ma préopinante, dans notre canton on perd toutes les manifestations, comme les Fêtes de Genève et d'autres événements. Je pense que cette course de moto crée de bons moments et qu'elle représente une passion pour certains. Les enfants qui nous observent monter ou descendre ont le regard admiratif; ils ont aussi la possibilité de venir voir les motos à l'arrêt sur les stands. Je tenais à corriger ces éléments et j'espère que cette manifestation continuera à vivre comme elle l'a fait depuis de nombreuses années. Je vous remercie.

Une voix. Très bien !

Le président. Merci, Monsieur le député. (Brouhaha.) Ecoutez, Mesdames et Messieurs, si vous voulez échanger, tenir des conciles ou je ne sais quoi, trois salles sont à votre disposition. Je vous prie d'arrêter vos discussions, s'il vous plaît. Cela vaut aussi pour vous, Messieurs les députés du groupe PLR ! (Un instant s'écoule.) La parole est à la conseillère d'Etat, Mme Carole-Anne Kast.

Mme Carole-Anne Kast, conseillère d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je ne comptais pas prendre la parole, mais suite à vos interventions, il me semble important de préciser un ou deux points.

Comme j'ai eu l'occasion de vous le dire lors du débat sur la résolution à ce sujet, au mois d'août, il en va des courses de côte comme des crèches en forêt, voire comme des burkinis; on peut tous avoir un avis sur la question, mais ce qui est essentiel, c'est qu'on respecte la loi.

Le canton n'a pas à autoriser ou à interdire une course; il y a des organisateurs, qui doivent respecter des conditions légales pour que leur événement puisse avoir lieu. Et c'est finalement la même chose lorsqu'on veut développer une crèche en forêt: on doit respecter des conditions prévues par la loi, formuler une demande et obtenir une autorisation.

Dans le cas précis, l'autorisation est double: elle est attribuée par le canton et par la commune. Le travail que mon département a mené sur ce sujet a permis une véritable médiation, une conciliation entre les organisateurs, les habitants, les autorités communales et les professionnels du domaine de la sécurité, qu'il s'agisse de la sécurité routière ou de la sécurité publique au sein de la police.

Nous avons mis les acteurs autour de la table et trouvé des solutions. Suite à ce travail, l'ensemble des parties prenantes étaient convaincues que de ne pas organiser la course cette année était la meilleure option; pour les motards, il s'agissait de faire contre mauvaise fortune bon coeur et, pour la commune, de s'engager pour l'avenir et de fixer ses attentes pour la tenue de la manifestation.

Pour ma part, je considère que le Grand Conseil a le droit de donner son avis, mais qu'il faut faire confiance aux différents partenaires de terrain; lorsqu'ils arrivent à s'entendre, les choses se passent bien. Quand on essaie de forcer les gens à se mettre d'accord sur une opinion ou une autre, c'est là que les problèmes commencent. Je suis très satisfaite du travail qui a été mené sur cette question, tant avec les organisateurs de la course de Verbois qu'avec les autorités communales et les partenaires cantonaux. Je suis certaine qu'ainsi, nous serons capables à l'avenir de concilier à la fois la sécurité routière, qui est un enjeu primordial, la désacralisation de la route - comme cela a été dit, c'était l'objectif en termes de sécurité - et le maintien d'une belle manifestation communale et populaire, en partenariat avec tous les acteurs concernés. Merci, Monsieur le président. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat.

Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la pétition 2155.