Séance du vendredi 13 décembre 2024 à 14h
3e législature - 2e année - 8e session - 47e séance

M 3078
Proposition de motion de Natacha Buffet-Desfayes, Jacques Béné, Jean-Pierre Pasquier, Philippe Meyer, Joëlle Fiss, François Wolfisberg, Vincent Subilia, Alexandre de Senarclens, Alexis Barbey, Francine de Planta, Thierry Oppikofer, Murat-Julian Alder, Pierre Nicollier, Geoffray Sirolli, Jean-Louis Fazio, Darius Azarpey, Uzma Khamis Vannini, Pascal Uehlinger, Jacques Blondin, Jean-Marc Guinchard, Nicole Valiquer Grecuccio, Jean-Charles Rielle, Angèle-Marie Habiyakare, Emilie Fernandez, Sophie Bobillier, Yves de Matteis, Thomas Wenger, François Erard, Anne Carron, Céline Bartolomucci, Oriana Brücker, Julien Nicolet-dit-Félix, Philippe de Rougemont, Marjorie de Chastonay, Grégoire Carasso, Lara Atassi : Sauvons le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge !
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session VIII des 12 et 13 décembre 2024.

Débat

Le président. Nous enchaînons avec l'urgence suivante, la M 3078. Nous sommes en catégorie II, trente minutes. Madame Natacha Buffet-Desfayes, vous avez la parole.

Mme Natacha Buffet-Desfayes (PLR). Merci, Monsieur le président. Je me réjouis, et le groupe PLR avec moi, que cette urgence ait été largement acceptée par les différents groupes de ce parlement. Je repose simplement le cadre: nous avons déjà eu l'occasion de parler de ce sujet tous ensemble il y a un mois, lorsqu'on votait les aides versées au Musée de la Croix-Rouge. Nous avons déposé ce texte, et il est important de rappeler le contexte: début novembre, la Confédération nous annonçait sa volonté de ne plus soutenir financièrement autant qu'elle le fait aujourd'hui le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, ou du moins plus sous la même forme et possiblement plus chaque année. Vous le savez peut-être, la Confédération a décidé d'opérer un transfert de ce musée entre le DFAE et l'Office fédéral de la culture, ce qui occasionne un changement dans les règles qui s'appliquent en matière de subvention financière.

J'en viens aux conséquences de cette décision: évidemment, cela entraîne une mise en péril du bon fonctionnement de ce musée et une remise en cause de sa pérennité, alors que cette institution joue un rôle fondamental dans notre canton, mais aussi en Suisse et à l'international - cela a été rappelé par différents groupes, qui ont tous voté le mois dernier pour que l'on continue à aider financièrement le musée. Nous avons entre autres eu l'occasion de rappeler son rôle fondamental sur le plan pédagogique pour les enfants et jeunes adultes de Genève et des autres cantons, qui le visitent régulièrement et en très grand nombre.

Nous avions bien entendu souligné un autre rôle fondamental joué par ce musée, celui de fleuron du rayonnement de l'action humanitaire et de la diplomatie multilatérale. Tout cela rend évidemment la décision prise par Berne encore plus choquante. Vous l'avez vu, différents fronts, très larges, se sont organisés, au niveau tant fédéral que cantonal, pour soutenir très fortement l'action du Musée de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

Nous ne lâchons rien, et par le vote de cette motion (qui, nous l'espérons, sera largement soutenue, mais les signaux sont bons; les signataires sont nombreux et émanent de la plupart des groupes de ce parlement), nous nous engageons à nous battre fortement et avec la plus grande des convictions aux côtés du Conseil d'Etat, pour que le reste de la Suisse, et donc Berne, continue à participer au destin du Musée de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et surtout lui assure un avenir radieux et pérenne.

Le président. Merci, Madame la députée.

Mme Natacha Buffet-Desfayes. Je dois conclure ?

Le président. Vous passez sur le temps de votre groupe.

Mme Natacha Buffet-Desfayes. D'accord, merci ! Donc plutôt que d'abandonner ce musée à son destin et de demander finalement à Genève de desserrer les cordons de la bourse s'il souhaite le sauver, nous voulons que cela se joue aussi au niveau national. Comme je l'ai dit tout à l'heure, à travers ce texte, nous envoyons un signal très fort en direction de Berne, pour éviter que la Confédération ne délaisse ce musée et qu'elle se désintéresse de Genève d'une certaine manière - c'est un peu l'impression que ça donne !

Nous vous encourageons très fortement et avec la plus grande conviction à être les porteurs de la fronde dont il a été question dans les différents articles sortis ces derniers temps sur le sauvetage financier du Musée de la Croix-Rouge. Je conclurai ainsi: quand c'est le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui tousse, c'est possiblement l'aide humanitaire qui tombe malade; c'est un risque que nous refusons absolument de prendre, et c'est pour cela que nous vous engageons à soutenir cette motion. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Mme Nicole Valiquer Grecuccio (S), députée suppléante. Mesdames et Messieurs les députés, j'avais déjà eu l'occasion d'intervenir sur ce sujet lorsque, Mme Natacha Buffet-Desfayes l'a rappelé, ce parlement a accepté de continuer à aider financièrement le Musée de la Croix-Rouge. Nous en avions finalement appelé à l'ensemble des parlementaires fédéraux genevois en leur demandant d'intervenir en faveur de ce musée.

J'aimerais quand même souligner un élément. Dernièrement, vous l'avez bien sûr vu, Mme Keller-Sutter est devenue présidente de la Confédération, et elle a notamment mis en avant la nécessité de mener des réflexions et de prendre des mesures dans deux domaines: la problématique du changement climatique et évidemment les effets de la guerre en Ukraine. Elle a en outre souligné, et on peut partager cette préoccupation, l'importance de savoir gérer l'incertitude - incertitude dans laquelle se trouvent de nombreuses citoyennes et de nombreux citoyens, et bien sûr même nos parlements, devant la complexité des problèmes qui se posent aujourd'hui. Or, pour gérer cette incertitude et répondre à ce qu'elle a appelé le besoin d'orientation, eh bien je pense qu'il n'y a rien de tel que le volet culturel, et le Musée de la Croix-Rouge propose à la fois un travail sur la mémoire et une approche créative.

Effectivement, on peut se demander pourquoi M. Cassis ne comprend pas le rôle essentiel que joue ce musée, dans la transmission de connaissances et de la mémoire, mais aussi dans l'anticipation, pour nous aider à accompagner des projets. Il est important que Genève garde ce rôle de ville et de canton du droit humanitaire ainsi que son rôle de précurseur. L'une des possibilités est d'admettre, dans le cadre du message culture de la Confédération, que ce musée peut aussi jouer un rôle quant au patrimoine culturel qu'il représente. Ainsi, on répond à ce que voulait la Confédération, c'est-à-dire une stratégie nationale pour ce même patrimoine culturel. Il y a plusieurs angles d'attaque, comme l'a rappelé la conseillère nationale socialiste Estelle Revaz, qui est intervenue sur ce sujet. Les groupes de ce Conseil doivent donc vraiment mobiliser leurs parlementaires fédéraux ainsi que les conseillères et conseillers fédéraux issus de leurs rangs; il est impensable que ce musée ferme, car cela voudrait dire que l'on abandonne la défense des droits humains.

M. Jean-Louis Fazio (LJS). Chères et chers collègues, le Musée de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est le musée le plus visité de Genève. En effet, il compte plus de visiteurs que le Musée d'art et d'histoire - mais il est vrai que ce dernier est depuis des lustres, hélas, une belle endormie. Le Musée de la Croix-Rouge a failli disparaître à ses débuts, mais grâce à la compétence et au dynamisme de son ancien directeur, qui a occupé ce poste durant vingt ans, il est devenu incontournable pour nos concitoyens, les touristes, les diplomates et les visiteurs de tous les pays attentifs au droit humanitaire, Genève étant depuis cent cinquante ans le berceau du CICR et la ville de référence en la matière - les Conventions de Genève, entre autres, l'attestent.

Diminuer d'un million la subvention, c'est mettre à mort cette institution. L'attitude des autorités fédérales est donc incompréhensible. Ce musée fournit déjà un effort substantiel en recherche de fonds privés. Lui soustraire un million, c'est donner un signal toxique à tous ses soutiens privés et publics. Ces derniers temps, Genève perd beaucoup de batailles culturelles (pas de rénovation du MAH, pas de Cité de la musique), mais aussi médiatiques (TV à Lausanne, gifle à la «Tribune de Genève» par un groupe financier sans scrupule, disparition du Salon de l'auto, etc.), il est donc impératif de maintenir ce rôle de référence que joue le Musée international de la Croix-Rouge. Soutenez l'effort demandé ! Henry Dunant, premier prix Nobel de la paix en 1901, vous en remerciera.

Une voix. Bravo !

M. Jean-Marc Guinchard (LC). Dans cette affaire, j'ai un peu l'impression que M. le conseiller fédéral Cassis est atteint d'un lumbago historique et humanitaire qui l'empêche de se pencher sur l'importance cruciale que revêt le Musée de la Croix-Rouge sur le plan historique, éducatif et humanitaire.

Le musée conserve et présente l'héritage de la Croix-Rouge, cette organisation fondée pour apporter assistance et secours en temps de guerre et de crise. Il permet aussi de comprendre l'évolution du droit humanitaire et le rôle essentiel joué par la Croix-Rouge dans l'histoire. Il propose des expositions, des visites guidées et des ateliers éducatifs, qui sensibilisent le public aux enjeux humanitaires contemporains, aux droits de l'homme et à l'importance du respect des conventions internationales.

Le musée promeut également les principes fondamentaux de la Croix-Rouge et contribue à la diffusion des valeurs qui favorisent la paix et la solidarité internationale. En tant que symbole de la diplomatie humanitaire, il est un lieu de rencontre pour les décideurs, les chercheurs et les activistes; il favorise ainsi les discussions sur les questions humanitaires globales.

En tant que reflet de la neutralité et de l'engagement de la Suisse en matière d'aide humanitaire, le musée renforce la position de notre pays et de notre canton comme acteurs clés sur la scène internationale. Il abrite des archives uniques et des ressources précieuses pour les chercheurs, les étudiants ainsi que tous ceux qui s'intéressent à l'histoire contemporaine, et joue un rôle fondamental dans la documentation et l'analyse des crises humanitaires. Il attire de nombreux visiteurs - cela a été dit, je n'y reviendrai pas.

En conclusion, ce musée joue un rôle fondamental dans la promotion de l'aide humanitaire, de l'éducation, de la recherche et de la diplomatie, justifiant ainsi le maintien de la subvention de la Confédération. Je rappelle également à cet égard que si nous suivons avec anxiété les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, il y a actuellement 44 autres conflits de par le monde - chiffre record depuis 1948 -, dont on ne parle pas ou très peu. Par la richesse de ses recherches et de ses archives, le musée est aussi là pour nous le rappeler. Nous vous incitons donc à réellement appuyer ce texte. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Mme Marjorie de Chastonay (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge fait partie des lieux hautement symboliques de la Genève internationale. Il s'agit d'une institution incontournable pour les touristes qui se rendent à Genève, mais c'est également un lieu d'importance pour les Genevois et les Genevoises. Il existe un attachement profond à ce symbole de la Genève internationale, parce que ce musée est la marque d'une page de notre histoire. De nombreuses classes s'y rendent à des fins pédagogiques. A ce titre, le musée est un lieu de médiation culturelle. Au-delà de cet attachement lié à la Genève internationale, à notre enfance, à notre histoire, à l'aide humanitaire et à notre diplomatie, ce musée accomplit un travail de mémoire essentiel à la compréhension de notre passé, mais aussi de la situation internationale actuelle.

Ce texte demande au Conseil d'Etat de tout faire pour que la Confédération ne supprime pas ni ne modifie l'aide financière qu'elle accorde actuellement à cette institution et qui représente un quart de son budget total. J'aimerais rappeler que le droit international humanitaire est né à Genève. Le Musée international de la Croix-Rouge permet de porter ce droit à la connaissance du grand public, en Suisse et dans le monde. La Suisse, en tant qu'Etat dépositaire des Conventions de Genève, a le devoir de soutenir financièrement le Musée international de la Croix-Rouge à la hauteur de cette responsabilité. Dans notre monde où de multiples conflits et guerres ont lieu, dans notre système de multilatéralisme où chaque Etat reste néanmoins souverain, il est essentiel de donner encore plus de force et de poids aux lieux, aux symboles qui incarnent cette vision du droit international humanitaire, parce que celui-ci devrait être encore plus appliqué aujourd'hui sur le plan international - il l'est malheureusement de moins en moins dans les faits; autrement dit, il est de plus en plus bafoué. Parce que le droit international humanitaire est l'un des piliers de la politique étrangère de la Suisse et parce que cet ensemble de règles cherche à limiter les effets des conflits armés et à protéger les victimes et les civils, la Confédération suisse doit être à la hauteur de ses engagements et de son histoire. C'est une question de devoir et de responsabilité de la Suisse, encore plus aujourd'hui ! Merci. (Applaudissements.)

M. Guy Mettan (UDC). Il se trouve que j'ai été longtemps président de la Croix-Rouge genevoise (je ne le suis plus depuis dix ans, je ne suis donc pas concerné par l'article 24) et qu'à ce titre j'avais participé en 2014 à l'organisation des 150 ans du mouvement de la Croix-Rouge, ici à Genève. Dans ce cadre, en collaboration avec toutes les institutions de la Croix-Rouge (la Croix-Rouge genevoise, la Croix-Rouge suisse, le CICR, la fédération et le Musée international de la Croix-Rouge), nous avions notamment organisé une marche à travers la Suisse qui avait commencé en Suisse allemande, à Berne, pour se terminer à Genève. Elle avait rassemblé beaucoup de gens, dont des jeunes, qui s'étaient associés à cet anniversaire. Nous avions conclu par une grande fête populaire à la promenade du Pin - certaines et certains ont eu le plaisir d'y participer. A cette occasion, toute la population genevoise s'était jointe à cet anniversaire des 150 ans de la Croix-Rouge, qui était très important pour notre canton.

La Croix-Rouge est en effet la première organisation internationale dans l'histoire de l'humanité et la première organisation non gouvernementale, puisqu'elle a les deux facettes. Elle a contribué non seulement au droit humanitaire, mais aussi à la politique internationale et à la création de la communauté internationale. Pour ces raisons, nous estimons qu'il est effectivement important que nous poursuivions l'aide apportée à ce musée. Alors de quoi parle-t-on ? Je viens de passer un appel pour être sûr des chiffres. Un transfert a eu lieu du Département des affaires étrangères au Département de l'intérieur, à la culture, qui ferait perdre 400 000 francs au Musée de la Croix-Rouge (c'est le chiffre dont je dispose), parce qu'avec la nouvelle aide, tout le monde serait mis au même niveau, et il y aurait 300 000 francs... Je viens d'appeler Berne pour connaître les chiffres; je vois des gens qui semblent ne pas être d'accord. Il y aurait une perte assez importante de la subvention fédérale pour le musée. Tout n'est pas perdu, mais la baisse serait conséquente. Je pense pourtant qu'il est essentiel que nous puissions maintenir les activités de ce musée. Le chiffre que j'ai, c'est la somme de 400 000 francs qui devrait éventuellement être reprise par le canton de Genève. Il me paraît indispensable que nous poursuivions notre soutien à ce musée, raison pour laquelle le groupe UDC acceptera la motion présentée par le PLR en vue d'assurer le maintien des activités de ce musée dans leur intégralité. Merci.

M. Amar Madani (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, la Croix-Rouge est l'emblème le plus rayonnant de la Genève internationale. Le MCG joint sa voix à l'unanimité qui se dessine autour du sauvetage de ce musée. Tout a été dit sur la valeur et sur la place importante qu'occupe cette institution, au niveau tant local qu'international. Notre groupe souscrit bien évidemment à la requête formulée par cette motion et appelle à la raison en demandant à nos représentants à Berne de parler d'une seule voix, afin de sauver ce joyau qui est, comme je viens de le dire, le porte-parole de la Genève internationale et de la Suisse, et qui a récemment fêté ses 160 ans d'existence. Je vous remercie de votre attention.

M. Alexandre de Senarclens (PLR). J'aimerais juste ajouter un élément à ce débat, qui intervient à un moment où le multilatéralisme est en danger, en particulier avec l'arrivée d'une nouvelle administration aux Etats-Unis, laquelle va certainement entraîner un retrait de ce grand pays des organisations internationales; on parle de l'OMS, mais également d'autres institutions très importantes, comme le Conseil des droits de l'homme, qui a aussi son siège à Genève. C'est un retrait plus global de l'idée universaliste, qui a présidé à la création de la SDN et de l'ONU. Dans ces conditions, pour l'idée que l'on se fait de ces organisations, non seulement à Genève, mais plus généralement, nous avons besoin d'un soutien absolument total venant de la Confédération. Il est aussi essentiel de rappeler l'importance de la Genève internationale à la capitale, à Berne.

M. Thierry Apothéloz, conseiller d'Etat. Mesdames les députées, Messieurs les députés, merci de l'accueil favorable que vous réservez à cette motion, qui a été déposée pour demander un soutien important. Je ne vais pas revenir sur les éléments et les arguments qui sont à inscrire dans une réflexion pénible sur notre lecture du monde et l'importance de la Genève internationale dans ce contexte. Cette mobilisation exprimée par vos différentes interventions, notamment sur le volet culturel, est particulièrement importante pour ce musée, qui continue malgré tout, malgré les incertitudes, à offrir à la population genevoise et internationale son travail autour de la mémoire, de l'accueil, de l'humanitaire, mais aussi évidemment autour de ce que Genève peut être particulièrement fière de promouvoir, notamment le multilatéralisme et le droit humanitaire.

Nous ne lâchons rien, ai-je entendu au début de ce débat, et nous avons en effet raison de ne rien lâcher dans ce domaine, tant pour les droits humains d'une part que pour le soutien à la culture d'autre part. Le Conseil d'Etat s'est immédiatement mobilisé à la sortie du rapport dit Gaillard, adopté par le Conseil fédéral, qui offre une palette de propositions allant de la petite enfance jusqu'aux routes, en passant malheureusement par la Genève internationale, notamment sur le sujet de la sécurité, mais aussi en ce qui concerne le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

C'est une somme de plus d'un million qui est en jeu, Monsieur le député, et il ne s'agit pas d'un transfert - on aurait pu encore imaginer que le DFAE se dise que le fond appartient à la culture et que ce serait bien ainsi, même si je tiens à ce que le DFAE maintienne sa volonté d'inscrire la Genève internationale dans une vision de politique fédérale. On pourrait imaginer qu'un transfert financier d'un département à un autre puisse faire partie de l'exercice, mais ce n'est pas le cas. On parle d'une coupe, sèche, d'un département à un autre, et cela a comme conséquence à proprement parler pour le musée de ne plus pouvoir compter sur ce montant dès 2027.

En outre, cela inscrit le Musée international de la Croix-Rouge dans la liste des autres musées dits nationaux du point de vue du Département fédéral de l'intérieur et de son Office fédéral de la culture, ce qui entraîne un certain nombre de conditions et de conséquences. D'abord, il faut être reconnu comme musée d'importance nationale. Ensuite, le montant est réparti entre l'ensemble des musées; il n'est donc pas possible de soutenir davantage que les 250 000 à 300 000 francs que le musée pourrait effectivement recevoir de la part du DFI. Et, troisième élément, ce montant est remis tous les trois ans au concours. Par conséquent, à partir de ce moment-là, l'incertitude demeure pour un musée aussi important que celui de la Croix-Rouge.

Il y a donc un intérêt à envoyer un signal fort avec cette motion. J'en appelle à l'unanimité de votre parlement pour soutenir le Musée international de la Croix-Rouge. L'engagement du Conseil d'Etat est total sur ce sujet, comme d'ailleurs pour les autres, s'agissant des pistes évoquées par le Conseil fédéral en ce qui concerne le transfert de charges de la Confédération aux cantons, qui, pour notre territoire, se monte à plusieurs centaines de millions. Nous avons donc urgemment besoin de faire le point avec le Conseil fédéral sur ses intentions. Malheureusement, le Musée international de la Croix-Rouge en fait partie, mais je peux vous assurer que le Conseil d'Etat est très mobilisé sur ce sujet.

Mesdames les députées, Messieurs les députés, ce musée n'est pas genevois, il n'est même pas suisse, il est mondial, et je vous remercie du soutien unanime que vous manifestez à l'égard de cette motion, qui nous permettra de faire en sorte que le Conseil fédéral entende le besoin pour Genève qu'une aide forte, importante et pérenne soit apportée à ce musée. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, nous passons au vote.

Mise aux voix, la motion 3078 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 86 oui (unanimité des votants) (vote nominal). (Applaudissements à l'annonce du résultat.)

Motion 3078 Vote nominal