Séance du
jeudi 31 octobre 2024 à
17h
3e
législature -
2e
année -
6e
session -
32e
séance
M 2639-B
Débat
Le président. Nous en venons à la M 2639-B, que nous traitons en catégorie II, trente minutes. Monsieur le rapporteur, vous avez la parole.
M. Matthieu Jotterand (S), rapporteur. Merci, Monsieur le président. Ce que l'on peut dire des travaux en commission, en gros, c'est que l'idée sur laquelle se base ce texte est que la desserte des transports publics serait insuffisante. Face à ce constat, la proposition des motionnaires est de faire appel aux taxis pour combler cette insuffisance, réelle ou supposée, des transports publics.
La majorité de la commission n'a pas suivi cet avis, pour différentes raisons, notamment le fait que la solution viendra plutôt d'une augmentation des cadences, d'un renforcement de la desserte, notamment aussi via la volonté de renforcer les cadences aux heures creuses et nocturnes - c'est une politique du canton qui est appréciable. C'est en effet par ces moyens qu'on trouvera une réelle solution à la problématique soulevée par la motion.
Une autre possibilité de résoudre cette problématique, c'est de faire appel à un service qui fonctionne de mieux en mieux, qui est encore assez récent et qui trouve son public, à savoir tpg flex, c'est-à-dire un service de transport à la demande, ce qui est en fait presque une sorte de taxi, mais beaucoup plus rationalisé pour ce genre de desserte, d'autant plus avec un certain bassin de population. Et puis surtout, cette solution représente un prix qui peut être beaucoup plus proche d'un service public pour l'ensemble de la population, contrairement à des prestations de taxi, qui, rappelons-le, sont très onéreuses et donc réservées à un certain public.
On peut encore mentionner le complément que constituent d'autres types de mobilité, comme la fin du parcours en marchant. Pour ça, j'encouragerai la majorité de ce parlement à accepter l'initiative 192, même si évidemment, sur ce point, contrairement au renvoi en commission de l'objet précédent, j'ai moins d'espoir de réussir à convaincre le PLR ! Mais l'important, c'est d'y croire - je n'abandonne pas ! Et puis évidemment aussi avec le vélo, etc., enfin via différents moyens de transport qui permettent de ne pas avoir besoin de faire appel à cette mobilité particulière que sont les taxis, qui - et c'est un autre doute que la commission avait - ne sont pas forcément très efficaces tard le soir, en pleine nuit et en pleine campagne.
Pour toutes ces raisons, s'agissant de cette motion, qui était revenue en commission et qui a été traitée brièvement - la commission des transports ne savait même pas pourquoi on lui avait renvoyé ce texte, raison pour laquelle elle l'a renvoyé en plénière -, la majorité vous invite à la refuser et à passer au point suivant.
M. Stéphane Florey (UDC). Notre groupe s'abstiendra sur cette motion pour la simple et bonne raison qu'on a déjà traité ces sujets via l'acceptation du plan concernant la stratégie des transports publics, qui a été voté il y a quelques mois. Cette motion aurait eu tout son sens si elle avait été votée en même temps, mais aujourd'hui, elle est clairement obsolète. Par conséquent, nous nous abstiendrons sur le principe. Nous étions assez favorables au départ, mais actuellement, ce texte ne sert plus à rien. Nous vous recommandons de vous abstenir également. Je vous remercie.
M. Pascal Uehlinger (PLR). Effectivement, cette motion a pour but d'améliorer une forme de transversalité des TPG. Elle vise aussi la création d'une plateforme informatique accessible via un smartphone pour combiner les services des TPG et des taxis. Elle a pour objectif d'améliorer la mobilité hors des heures de pointe en périphérie, sachant qu'effectivement, les taxis sont onéreux et que les TPG sont peu rentables à ces heures-là.
Mais finalement, s'agissant de ce partenariat entre les TPG et les taxis, quid du taux de sous-traitance ? Quid des AIMP ? Parce que selon moi, vu les montants, on est clairement dans les AIMP ! Et puis, est-ce que ce n'est pas aux TPG de trouver les solutions face à cette problématique ?
Alors évidemment, les taxis-bus ont été évoqués. Quid des coûts de cette variante entre les taxis et les TPG ? Comment c'est financé ? Quel est le fonctionnement de tout ça ? Ça a l'air très très très compliqué à mettre en place. Finalement, les TPG retiennent une solution qui satisfait apparemment tout le monde, à savoir la réactivation des transports à la demande.
Quel est le rôle des TPG en fin de compte ? D'offrir un service public à la population sur l'ensemble du territoire. Il faut aussi garder à l'esprit qu'on votera bientôt un contrat de prestations quinquennal de près de deux milliards, qui est en forte hausse, dans lequel ces préoccupations devront clairement être intégrées.
Et puis, en tant que geek, je dirai enfin que l'arrivée des véhicules autonomes résoudra peut-être une partie de cette problématique de nuits où le trafic est très faible. Devant le risque de recours, le PLR est opposé au fait que les TPG favorisent une entreprise par rapport aux autres, raison pour laquelle il refusera cette motion et vous enjoint de faire de même.
M. Cédric Jeanneret (Ve). A priori, c'est une bonne idée d'imaginer un super Google Maps axé sur une mobilité permettant aux Genevoises et aux Genevois de se déplacer sans leur véhicule privé. Mais quant à la gestion de données et à la réalisation, ça nous semble un peu, à l'heure actuelle, un voeu pieux. Par ailleurs, sachant que la multimodalité fait partie de l'ADN du DSM, étant donné que le projet tel que proposé n'intègre pas les modes de transport les plus écologiques que sont la marche et le vélo, qu'il soit en libre-service ou pas... En conclusion, si nous saluons l'intention des auteurs, nous ne soutiendrons pas cette motion.
M. Thierry Cerutti (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, je suis ravi qu'en mai 2020, le MCG, par le biais de cette motion, ait ouvert des portes ouvertes, puisque quatre ans plus tard, vous avez voté le PATC à l'unanimité ! Toutes et tous, vous avez dit en commission: «Cette motion n'est plus du tout d'actualité parce que ce qui est proposé a été inclus dans le PATC; c'est une porte ouverte si nous votons cette motion.»
On est ravi de l'apprendre ! Le MCG a été une fois de plus innovant, visionnaire. Je suis quand même assez étonné que le PLR prône aujourd'hui les services étatiques. Alors on veut que l'Etat fasse ce que les taxis pourraient très bien faire, ce que les privés - des sociétés libérales, des indépendants - pourraient faire à un moindre coût.
L'objectif de cette motion est aussi de faire en sorte que les taxis passent un accord, un partenariat avec les TPG pour offrir ces prestations. Alors bien sûr, tpg flex est une grande idée, on l'a d'ailleurs soutenue et on la soutiendra, mais je rappelle, comme cela a été fait tout à l'heure, que ça représentera un coût de deux milliards, soit 500 millions de francs par année, qu'on va donner aux TPG pour qu'ils assurent une prestation que le milieu privé aurait pu délivrer.
Je ne crois pas que les taxis soient aujourd'hui une profession dans laquelle les gens s'enrichissent énormément. Là, on aurait peut-être eu l'opportunité de développer cette fameuse multimodalité tant souhaitée par la gauche. Mais je rappelle une fois de plus que vous avez toutes et tous dit en commission, cela ressort du procès-verbal, que le MCG avait ouvert une porte ouverte. Pour rappel, cette motion a été déposée en mai 2020. (Commentaires.) Vive le MCG ! On est innovateurs, souvenez-vous-en ! (Applaudissements.)
Une voix. Bravo !
M. Matthieu Jotterand (S), rapporteur. J'ajouterai rapidement deux petites remarques. La première, c'est de saluer la fierté du MCG, qui s'imagine innovateur parce qu'il ouvre des portes ouvertes ! (Rires.) Vous avez bien entendu: ouvrir des portes ouvertes, voilà le talent du MCG ! (Commentaires.) C'est dire tout le talent du MCG, saluons-le.
Et puis, par rapport à l'application, qui a été ensuite évoquée et que j'avais oubliée dans mon rapport de majorité: c'est vrai que c'est un axe de progression des TPG, même si la teinte orange est désormais parfaite. Nous avons là clairement encore une marge d'amélioration. On espère simplement qu'on arrive bientôt à une application digne de ce nom, plutôt que de réinventer la roue et d'ouvrir des portes ouvertes.
Une voix. Enfoncer !
Le président. Merci, Monsieur le député. Mesdames et Messieurs, nous passons au vote.
Mise aux voix, la proposition de motion 2639 est rejetée par 65 non contre 13 oui et 9 abstentions (vote nominal).