Séance du vendredi 30 août 2024 à 14h
3e législature - 2e année - 4e session - 19e séance

PL 13473-A
Rapport de la commission de l'enseignement supérieur chargée d'étudier le projet de loi du Conseil d'Etat approuvant le rapport de gestion de l'Université de Genève pour l'année 2023
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session IV des 29 et 30 août 2024.
Rapport de M. Julien Nicolet-dit-Félix (Ve)

Débat

Le président. Nous abordons à présent le PL 13473-A (catégorie III). Je cède le micro à M. de Senarclens.

M. Alexandre de Senarclens (PLR). Merci, Monsieur le président. A l'occasion du traitement de ce rapport, le PLR tient à relever quelques points. D'abord, nous nous réjouissons du dynamisme de notre Université de Genève, reconnu en Europe et dans le monde - vous vous rappelez les prix très importants qu'elle a reçus ces dernières années -, cela alors que la concurrence est grande, en particulier dans le domaine de la recherche. Puisque je parle de recherche, je souligne l'importance du programme Horizon 2020, que la Suisse devrait regagner le plus vite possible - mais cela concerne une autre question, celle des accords bilatéraux.

Cela dit, le but de mon intervention vise essentiellement à exprimer une inquiétude, une préoccupation du PLR face à une certaine dérive qu'on a pu observer ces deux ou trois dernières années. On a en effet assisté à des actes militants très marqués, trop marqués, dont les auteurs venaient interrompre des conférences données par des intellectuels, des professeurs reconnus, au motif que la prise de parole de ces derniers ne leur convenait pas. Je pense aussi à des manifestations portant sur des thématiques de politique étrangère ainsi qu'à des occupations de locaux qui posent problème, accompagnées de propos parfois extrêmes et condamnables.

Le PLR aimerait évidemment que l'université reste un espace de débats et de tolérance, un sanctuaire pour la liberté de parole et la liberté académique; il souhaite que le débat soit vif, mais qu'il se tienne dans un cadre respectueux des uns et des autres. C'est le sens de ces quelques mots, et le PLR sera très attentif à ce qu'il n'y ait pas de nouveaux débordements dans les années à venir. C'est aussi le sens de la M 3030, déposée par le député Pierre Conne, que nous nous réjouissons d'examiner à la commission de l'enseignement supérieur. Je vous remercie, Monsieur le président.

M. Thomas Bruchez (S), député suppléant. Je ne pensais pas avoir à prendre la parole sur ce sujet vu qu'il s'agit d'un rapport accepté à l'unanimité, mais malheureusement le PLR a décidé de faire de la publicité pour sa vieille rengaine selon laquelle l'université serait devenue un haut lieu du wokisme, où l'on ne peut plus rien dire, etc. Bref, ce qu'il adore dire dans le cadre de ses fantaisies habituelles ! Bien entendu, ce n'est pas le cas; je pense que je l'ai déjà exposé il y a quelques mois dans ce même hémicycle. A travers l'histoire, l'université a toujours été un lieu de débats, de rapports de force. Il n'y a pas de nouvelle dynamique qui serait en train de s'installer, sauf dans vos têtes ! S'il vous plaît, arrêtez de venir avec ces sujets assez ridicules, et laissez les étudiantes et étudiants étudier, militer et défendre leurs idéaux, parce que je pense que c'est aussi à ça que sert l'université. Merci. (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

M. Julien Nicolet-dit-Félix (Ve), rapporteur. Mesdames et Messieurs, en tant que rapporteur, je rappelle que cet objet a effectivement été accepté à l'unanimité, précisément parce que le rapport de gestion de l'université ne porte pas sur la question évoquée à l'instant par notre collègue de Senarclens. Nous n'en avons pas non plus parlé lors des débats de commission - si tant est qu'on puisse qualifier ainsi la discussion que nous avons eue.

Je n'avais pas forcément prévu de prendre la parole, mais je vous invite très chaleureusement à prendre connaissance de ce rapport de gestion, qui est un modèle du genre; j'ai vu peu de rapports d'institutions du grand Etat aussi clairs et aussi bien rédigés, et les objectifs de la convention sont isolés et traités de façon extrêmement transparente. En outre, les réponses que nous avons obtenues du nouveau rectorat sur les quelques objectifs qui n'étaient pas atteints étaient tout à fait satisfaisantes et rassurantes.

L'université est une institution qui se porte très bien, ça a été dit, et elle a obtenu un rang très honorifique au classement de Shanghai l'année passée. On le sait, elle a perdu quelques places cette année, mais cela nous permet de relativiser opportunément l'importance et la méthodologie de ce genre de classements. Bien plus que cela, l'université est une institution qui offre un grand nombre de prestations d'une diversité et d'une qualité incroyables, à la fois à ses chercheuses et chercheurs, à ses étudiantes et étudiants, mais également à la cité. En tant qu'enseignant au secondaire, je suis très heureux de savoir que l'université propose, entre autres à mes élèves et à ceux de mes collègues, des prestations d'un excellent niveau.

Tout cela pour dire qu'effectivement, ce n'est sans doute pas le moment de polémiquer sur la question ouverte à l'instant par notre collègue. Une motion dont le contenu est lui-même très contestable (nous avons entamé son traitement lors d'une session précédente, avant de la renvoyer en commission) va être examinée à la commission de l'enseignement supérieur; elle sera étudiée très sérieusement pour que l'on détermine si oui ou non la dérive dénoncée existe. Je partage entièrement l'avis de notre préopinant selon lequel il est en l'occurrence question de représentations plus que de faits réels. C'est peut-être surtout l'occasion de réitérer la valeur de la liberté académique.

En définitive, s'agissant des questions qui étaient évoquées précédemment, ce n'est pas au Grand Conseil de trancher: c'est bien à l'institution, à l'université de déterminer les lignes rouges qu'il convient de poser face à d'éventuelles dérives qui, je le répète, relèvent plus de la représentation que de la réalité. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Je prie l'assemblée de bien vouloir s'exprimer sur cet objet.

Mis aux voix, le projet de loi 13473 est adopté en premier débat par 78 oui et 1 abstention.

L'article unique du projet de loi 13473 est adopté en deuxième débat.

Mise aux voix, la loi 13473 est adoptée en troisième débat dans son ensemble par 80 oui et 1 abstention.

Loi 13473