Séance du
vendredi 3 mai 2024 à
14h
3e
législature -
2e
année -
1re
session -
3e
séance
M 2874-A
Débat
Le président. Nous abordons à présent la M 2874-A (catégorie III) et je cède la parole à M. Jean-Pierre Tombola, rapporteur.
M. Jean-Pierre Tombola (S), rapporteur. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, la commission de l'environnement et de l'agriculture s'est réunie à cinq reprises pour étudier cette proposition de motion. Cette dernière s'inscrit dans le cadre de la problématique du réchauffement climatique et demande essentiellement que l'Etat ainsi que les établissements de droit public soient exemplaires en matière d'offre alimentaire.
Plusieurs entités ont été auditionnées afin que l'on comprenne les tenants et les aboutissants de ce texte qui, au final, a convaincu la commission. Diverses questions ont été abordées lors des travaux de commission, notamment au sujet de l'approvisionnement. Pour les commissaires, la réflexion devait en effet aller au-delà du seul volet alimentaire mentionné dans cette motion. Celle-ci demande que les établissements publics qui bénéficient de contrats de prestations et de conventions d'objectifs proposent une offre alimentaire répondant aux enjeux de la population en matière de santé de même qu'aux exigences du plan climat cantonal.
Les auditions de l'office cantonal de l'agriculture, de la direction de la durabilité et du climat ainsi que des professionnels de la restauration collective, y compris celle de l'association MA-Terre, ont convergé sur un élément certain: cette motion est très importante car la mise en oeuvre de ses invites permettra à l'agriculture de bénéficier de retombées économiques. Pourquoi ? Parce que la question de l'approvisionnement de produits agricoles a été abordée et que l'objectif concernant une alimentation saine, durable, équilibrée et répondant aux exigences climatiques concorde tout à fait avec le label GRTA. L'agriculture, la production et la consommation de proximité sont très importantes, et la mise en application de cette motion permettra aux producteurs locaux de bénéficier de retombées.
Les commissaires ont posé plusieurs questions sur l'approvisionnement extérieur: celui-ci a un impact sur la promotion des produits locaux, mais en même temps, les accords de libre-échange permettent l'importation de produits extérieurs. La production biologique, qui coûte très cher, a également été évoquée.
Le président. Vous passez sur le temps de votre groupe.
M. Jean-Pierre Tombola. Au final, la commission a estimé que l'Etat a fait beaucoup dans ce domaine; les associations, telles que MA-Terre, organisent des séminaires, des ateliers de sensibilisation auprès des professionnels et dans des écoles. Aussi, la commission a accepté à l'unanimité cette motion et vous recommande de faire de même. Merci beaucoup.
Mme Marjorie de Chastonay (Ve). Tout d'abord, permettez-moi, Monsieur le président, de vous adresser toutes mes félicitations pour votre élection !
Les Vertes et les Verts saluent l'excellent travail accompli par la commission de l'environnement sur cette motion Verte ainsi que son acceptation unanime. Il faut tout de même souligner qu'après l'audition de Fourchette verte Genève, de MA-Terre, des fournisseurs et du département - tous des experts -, il était devenu évident que les propositions devaient être acceptées. Mais de quoi s'agit-il ? Ici, nous parlons d'assiettes saines et bonnes pour l'environnement. Ce texte vise une augmentation des offres de repas végétariens dans les établissements de droit public. Le coeur du sujet, c'est le droit à une alimentation de qualité qui soit en même temps respectueuse des limites planétaires. En effet, il est question d'alimentation bas-carbone, avec l'idée que manger moins de produits d'origine animale a des conséquences forcément positives pour l'environnement et pour la santé - c'est la «Revue médicale suisse» qui le dit. La production d'aliments d'origine animale est plus intensive en ressources utilisées et plus émettrice de gaz à effet de serre que la fabrication de produits d'origine végétale.
Soulignons aussi l'impact sur la santé, qui a été mentionné. Pour des questions diététiques, d'équilibre alimentaire, il a été démontré qu'il n'est pas nécessaire de manger de la viande tous les jours; bien au contraire, c'est mieux d'en consommer moins, voire pas du tout. Cette motion a en outre l'avantage de permettre le débat sur les produits locaux, de proximité. Elle a de plus le mérite d'avoir un impact économique positif dans la mesure où elle augmente les moyens financiers des producteurs locaux.
En conclusion, je ne peux que vous souhaiter bon appétit: consommez des fruits et des légumes, mangez varié, diversifié, local et de saison ! Cette motion est bonne pour la santé, l'environnement et l'économie; merci de la soutenir ! (Applaudissements.)
M. François Erard (LC). Cette motion est très pertinente et nous ne pouvons que la soutenir. Dans le cadre des auditions menées par la commission, notamment celles des prestataires de la restauration collective, nous avons fait deux constats intéressants. D'une part, on remarque les bénéfices d'une alimentation pauvre en viande, entre autres de repas axés sur des principes véganes, mais cette approche a souvent pour conséquence, en tout cas dans la restauration collective chez les jeunes, que ces derniers vont régulièrement à la Migros pour acheter de la «junk food» parce qu'ils ne sont pas du tout habitués à ce type de nourriture. D'autre part, s'agissant du bio, on en produit peu et c'est très cher - il faut quand même le préciser. La généralisation du bio dans les cantines scolaires nous paraît donc totalement illusoire, notamment au regard de sa rareté et de son prix. Cela étant dit, nous vous invitons bien sûr à voter cette motion. Merci.
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. Vu qu'il n'y a pas d'autre demande de parole, j'ouvre le scrutin sur cette motion.
Mise aux voix, la motion 2874 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 67 oui contre 2 non.