Séance du jeudi 2 mai 2024 à 17h
3e législature - 2e année - 1re session - 1re séance

Discours de M. Alberto Velasco, nouveau président

Le président. Mesdames et Messieurs les députés, Madame la conseillère d'Etat, Mesdames, Messieurs, c'est extrêmement ému que je prends ce jour la présidence du Grand Conseil pour un an. Je mesure la responsabilité que vous me confiez et vous remercie pour la confiance que vous m'accordez dans cette fonction. Je tiens d'abord à relever la qualité et l'engagement de Mme Zuber-Roy, notre présidente sortante, qui, par sa connaissance des institutions et son autorité, a permis de mener les débats avec sérénité, mais aussi avec célérité, allégeant ainsi des ordres du jour bien chargés. Je souhaite également relever la qualité et le professionnalisme des collaborateurs et collaboratrices du secrétariat général du Grand Conseil qui soutiennent les activités du Bureau, et parfois nos humeurs, avec indulgence et générosité; qu'ils et elles en soient chaleureusement remerciés.

Si je n'ai pas le talent oratoire de mes prédécesseurs - et je ne doute pas que vous ferez preuve d'indulgence à ce propos -, permettez-moi tout de même, Mesdames et Messieurs les députés, de témoigner à quel point mon parcours et mon origine me destinaient peu à tenir aujourd'hui ce rôle face à vous. A Genève, dans les années 60, seuls les immigrés en âge d'exercer une activité économique pouvaient être admis au séjour. C'est la raison pour laquelle, à mon arrivée en Suisse, âgé de 12 ans et immigré sans papiers, je fus séparé de mes parents et accueilli en pension dans une ferme du canton de Vaud chez la famille Heiniger, originaire de Bâle-Campagne. Je souhaiterais rendre hommage et remercier cette famille qui m'a appris les valeurs et le sens du travail, mais surtout qui m'a inculqué, après l'école, le dur labeur de la terre, sans lequel notre existence ne serait pas possible. J'aimerais ici exprimer ma reconnaissance à tous les travailleurs et travailleuses de la terre, à Genève comme ailleurs.

Ce que l'on reçoit nous construit, voilà pourquoi je voudrais particulièrement insister sur les prestations publiques à la population, ces prestations que notre république assure à ses habitants et auxquelles notre Grand Conseil doit veiller afin d'en garantir l'accessibilité. A cet égard, deux politiques publiques me tiennent spécialement à coeur pour concrétiser l'égalité des chances: la formation et le logement.

Tout d'abord, l'école est l'une des institutions les plus fondamentales pour assurer la formation des futurs citoyens, mais surtout pour leur donner les moyens de se construire un avenir au sein de notre république. Je voudrais saluer ici la mémoire de M. André Chavanne, conseiller d'Etat chargé de l'instruction publique: à la faveur de l'instauration des cours du soir pour les travailleurs et travailleuses de ce canton, il leur permit d'accéder à la formation supérieure. C'est grâce à cette politique que j'ai pu suivre une formation universitaire après mon certificat d'apprentissage.

Ensuite, le logement. Sans logement, personne ne peut envisager de vivre dignement, ni se projeter dans l'avenir. Dans un canton où le mal-logement s'installe, notre parlement doit veiller à ce que les lois qu'il produit permettent à l'ensemble des citoyens et citoyennes d'avoir un logement adéquat et financièrement abordable.

Si mon parcours a été douloureux, semé d'embûches et d'épreuves, les origines des députés sont aujourd'hui plus diversifiées, ce dont nous pouvons nous réjouir dans une ville internationale comme la nôtre. Néanmoins, notre parlement reste encore peu représentatif des milieux les plus modestes. C'est la raison pour laquelle il me semble important de rappeler que notre Grand Conseil, en tant qu'assemblée du peuple, a une immense responsabilité: celle de servir et non pas de se servir, celle de protéger les intérêts de la collectivité et non pas des intérêts particuliers.

Les Genevois et les Genevoises attendent de nous que nous exercions notre mandat de premier pouvoir et parfois de contre-pouvoir en cas de dérive, quelles que soient nos allégeances partisanes. La commission de contrôle de gestion du Grand Conseil l'a fait à de nombreuses reprises en exerçant la haute surveillance parlementaire sur les institutions avec efficacité et intégrité. Nos décisions ont des conséquences directes et concrètes sur le sort des plus fragiles, des gens sans pouvoir, des non-privilégiés, des plus démunis. Puissions-nous nous en souvenir !

Que nos débats servent à rassembler plutôt qu'à diviser, que nos travaux défendent le bien commun ! Tels sont les voeux que je forme aujourd'hui.

Vive la république ! Vive Genève ! Vive la Suisse ! (Longs applaudissements. L'assemblée se lève.) Merci beaucoup pour vos applaudissements !