Séance du vendredi 26 janvier 2024 à 14h
3e législature - 1re année - 8e session - 49e séance

P 2179-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : Arrêtons de mettre la vie d'élèves et de cyclistes en danger - Oui à l'installation d'une piste cyclable sur la route d'Annecy !
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session VIII des 25, 26 janvier, 1er et 2 février 2024.
Rapport de Mme Marjorie de Chastonay (Ve)

Débat

La présidente. A présent, c'est le tour de la P 2179-A (catégorie III). Mme Marjorie de Chastonay a rédigé le rapport, et je lui cède la parole.

Mme Marjorie de Chastonay (Ve), rapporteuse. Merci, Madame la présidente. Mesdames et Messieurs les députés, la pétition 2179 a été déposée en août 2023 par des jeunes, plus spécifiquement des élèves du collège Madame de Staël, qui demandent aux autorités compétentes, soit à notre Grand Conseil aussi, l'installation d'une piste cyclable sur la route d'Annecy pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, la route d'Annecy est une artère cantonale d'importance, parce qu'elle relie les communes de Bardonnex, Plan-les-Ouates et Troinex, mais aussi tout le pourtour de la France voisine à Carouge et au centre-ville. Ensuite, il s'agit d'un axe fréquenté par de nombreux cyclistes, en grande partie des élèves, lesquels sont contraints de circuler quotidiennement sur cette route dangereuse pour se rendre sur leur lieu de formation; ils et elles craignent pour leur vie, tous les jours.

En outre, la loi nous impose de créer des pistes cyclables, notamment la loi sur la mobilité douce votée en 2016 et bien d'autres. Enfin, les pétitionnaires ont, parallèlement à ce texte, entrepris d'autres démarches: ils se sont adressés directement au département, qui a refusé leur requête en expliquant l'importance du patrimoine arboré sur ce tronçon.

Or les jeunes estiment que les mesures de sécurisation peuvent se faire en respectant les arbres existants. Lors des auditions à la commission des pétitions, ils nous ont soumis une alternative constructive: ils ont proposé de créer une piste cyclable bidirectionnelle suivant une ancienne voie de tram qui est déjà utilisée par des piétons; plus besoin donc de couper des arbres. Ils nous ont également exposé leur motivation à aller discuter avec les propriétaires des terrains concernés, puisqu'il s'agit de parcelles privées.

La mobilisation des jeunes à travers cette pétition démontre la nécessité de sécuriser rapidement les déplacements à vélo dans ce secteur sud du canton. Etant donné le trafic important, des pistes cyclables séparées et continues sont indispensables. On sait que là-bas, le transport individuel motorisé impacte un bassin de 25 000 habitants, il y a plus de 20 000 véhicules par jour. Des mesures ont été prises par le département de la santé et des mobilités, notamment une diminution de la vitesse maximale, qui est passée à 50 km/h; c'est un premier pas, mais ce n'est pas suffisant.

Pour toutes ces raisons et aussi parce qu'une motion sur ce sujet avait déjà été acceptée par notre parlement, mais n'a jamais été concrétisée - la motion 1593 -, nous vous invitons, à l'unanimité de la commission, à soutenir cette pétition en la renvoyant au Conseil d'Etat. Merci.

Mme Christina Meissner (LC). Voir des jeunes se mobiliser autour d'une pétition en la médiatisant avec une proposition d'alternative est assez rare pour que cela mérite d'être souligné. En plus, il s'agit de jeunes d'horizons d'études très différents, et la qualité et la clarté des documents présentés doivent être relevées. Il est important que le Grand Conseil soutienne les pétitionnaires et invite le Conseil d'Etat à aller de l'avant. Autre fait remarquable: ces jeunes sont prêts à prendre leur bâton de pèlerin et à se rendre auprès des propriétaires pour négocier avec eux l'espace nécessaire à la réalisation de la piste cyclable, ce qui est tout à leur honneur.

Auditionné, le conseiller d'Etat a souligné qu'une étude préliminaire et une inscription au projet d'agglomération seraient nécessaires pour concevoir une piste cyclable; il s'agit là d'une option extrêmement lente. Le fait que les usagers s'impliquent, identifient eux-mêmes une solution et soient prêts à s'engager devrait pourtant permettre d'accélérer le processus. Cela étant, comme il s'agit de terrains en surfaces d'assolement, quand bien même non utilisés pour l'agriculture, c'est compliqué.

Cette voie cyclable serait réalisée sur un ancien tracé de tram, un tracé qui faisait tout à fait sens à l'époque et qui fait toujours sens aujourd'hui. Aucun arbre ne serait abattu. Il n'y a pas de culture sur ce périmètre, c'est déjà un cheminement piétonnier. Nul besoin de sortir cette superficie de 0,5 hectare des SDA, pour autant qu'on ne construise pas une piste en béton imperméable et que la réversibilité soit assurée.

Une première motion demandant d'élaborer au plus vite une piste cyclable sur le même tronçon avait été adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat en 2005. Vingt ans plus tard, rien n'a été entrepris, le problème est toujours d'actualité; cette pétition est là pour nous le rappeler. Espérons que les futurs enfants de ces jeunes n'auront pas à déposer à leur tour une pétition dans une génération ! Le Centre soutient les pétitionnaires, leur démarche, leur proposition et renverra le texte au Conseil d'Etat, car - et j'ose à peine le dire au vu de l'historique de l'affaire - il est vraiment urgent d'agir.

La présidente. Merci bien. Nous passons au vote sur les conclusions du rapport, c'est-à-dire le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat.

Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 2179 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 85 oui contre 1 non.