Séance du
vendredi 23 juin 2023 à
14h
3e
législature -
1re
année -
2e
session -
10e
séance
M 2777-B
Débat
La présidente. Nous passons à la M 2777-B (catégorie III). Madame Patricia Bidaux, auteure de la motion, vous avez la parole.
Mme Patricia Bidaux (LC). Merci, Madame la présidente. J'ai lu avec attention ce rapport, le groupe Le Centre également, et nous demandons son renvoi au Conseil d'Etat. Alors que nous venons de voter un texte d'une haute importance, je lis dans le rapport: «Il apparaît que les situations auxquelles ces actrices et acteurs sont confrontés dans leur quotidien renvoient essentiellement à des événements ordinaires, des formes de micro-violence caractérisées par des abus de langages, des moqueries, des conflits.» On nous dit que c'est là le vécu des élèves et qu'il est difficile, car il y a des discriminations, etc. Mais cette motion parle d'actes et de propos antisémites ! J'ai donc beaucoup de peine à entendre l'exécutif nous répondre qu'il s'agit là essentiellement d'événements de violence ordinaire, de micro-violence. Cette motion demande qu'une action préventive soit menée, or le Conseil d'Etat répond: eh bien, c'est le ressenti des élèves, ce sont des événements ordinaires.
Un peu plus loin, on lit que rien n'a été déployé, qu'il n'y a pas eu d'interventions ou de demandes d'élèves. Il faut quand même reconnaître que l'école est un cadre particulier: les élèves y sont sous l'autorité de leur enseignant et il est toujours très compliqué pour eux d'aller se plaindre. On ne peut pas le nier ! D'où la raison et le fondement du texte que nous avons voté tout à l'heure: on a vraiment besoin, dans les écoles aussi, de faire davantage de prévention.
Il est dit également que la mise en oeuvre de la loi générale sur l'égalité et la lutte contre les discriminations conduira à renforcer les actions au sein des établissements.
Pour ma part, en matière d'efficacité et s'agissant de ce que devrait répondre le Conseil d'Etat à une motion qui formule des demandes telles que celles figurant dans les invites, il se trouve que je suis totalement insatisfaite. Je peux encore considérer, à la limite, que la première invite a obtenu une réponse, mais pas la deuxième, dont voici la teneur: «à préparer, en collaboration avec les associations concernées, les informations et le matériel permettant au corps enseignant et au personnel administratif et technique de prévenir et, le cas échéant, de gérer les comportements à caractère raciste et antisémite.» En conclusion, je vous remercie de renvoyer ce rapport au Conseil d'Etat.
M. Yves Nidegger (UDC). Madame la présidente, Mesdames et Messieurs, je vous recommande, à l'inverse, de prendre acte du rapport du Conseil d'Etat: il constate avec justesse que ce qui est demandé par les motionnaires - soit la mise en place d'un programme scolaire pérenne de lutte contre toutes les formes de racisme et d'antisémitisme -, c'est déjà le programme scolaire dans nos écoles. On a évacué l'histoire depuis fort longtemps; il ne reste au fond qu'un prêche moral contre la discrimination et des références à l'histoire uniquement dans la mesure où celle-ci montre le risque que l'on court lorsque des discriminations, ou des idéologies discriminantes, se mettent à avoir une influence politique.
Je ne crois donc pas qu'on puisse faire beaucoup plus que ce qui est déjà réalisé dans ce domaine. J'inviterais plutôt le Conseil d'Etat à remettre un peu d'histoire, au-delà de la Seconde Guerre mondiale, de l'holocauste... (Exclamation.) ...et de l'UDC, dans les cours d'instruction civique et d'histoire.
M. Patrick Dimier (MCG). Je ne sais pas si c'est le hasard qui fait que je suis généralement - enfin, c'est arrivé plusieurs fois - le successeur de mon préopinant et donc amené à dire qu'on peut tout comprendre, tout admettre, tout accepter, mais certaines choses moins que d'autres. Ce qui vient d'être dit n'est évidemment pas acceptable: dans une république comme la nôtre, dans laquelle il y a une aussi grande variété de populations, de nationalités, on ne peut pas être laxiste. On doit absolument insister, et c'est le rôle du Conseil d'Etat de veiller à la mise en oeuvre des demandes de notre collègue Patricia Bidaux, que je sais être particulièrement modérée. Je pense que si elle a décidé de prendre la parole, c'est que c'était fondé, et je la remercie.
M. Julien Nicolet-dit-Félix (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, une fois de plus, nous avons dû entendre des propos malvenus de la part de personnes mal informées sur ce qui se passe dans nos écoles. Le problème de l'antisémitisme et du racisme existe; il est ponctuel, il est parfois géré, mais il demeure et il faut que l'école se donne les moyens de lutter contre ce qui est encore plus grave que des dérives.
Les invites de la motion étaient relativement claires et nous partageons l'analyse de Mme Bidaux quant aux réponses du gouvernement. Nous remercions M. Dimier pour son intervention, qui a effectivement remis les choses en place, et nous trouvons tout à fait opportun de renvoyer ce rapport au Conseil d'Etat. Je vous remercie.
M. Cyril Mizrahi (S). Mesdames et Messieurs, chers collègues, au sein du groupe socialiste, nous rejoignons totalement les dires des préopinants Julien Nicolet-dit-Félix, Patrick Dimier ainsi que Patricia Bidaux, et nous ne pouvons évidemment pas souscrire aux propos inadéquats de notre collègue Yves Nidegger. Nous suivrons donc la proposition de Patricia Bidaux et voterons le renvoi de ce rapport au Conseil d'Etat. Merci beaucoup.
La présidente. Merci. Mesdames et Messieurs, nous passons au vote.
Mis aux voix, le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport sur la motion 2777 est adopté par 80 oui contre 8 non et 2 abstentions.
Le rapport du Conseil d'Etat sur la motion 2777 est donc rejeté.