Séance du
jeudi 27 janvier 2022 à
16h30
2e
législature -
4e
année -
7e
session -
39e
séance
RD 1447
Le président. Nous allons entamer la partie protocolaire et je cède la parole au président du Conseil d'Etat, M. Serge Dal Busco.
Discours de M. Serge Dal Busco, président du Conseil d'Etat
M. Serge Dal Busco, président du Conseil d'Etat. Monsieur le président du Grand Conseil, Mesdames les députées, Messieurs les députés, mes chers collègues, c'est un plaisir et un honneur de partager ce moment avec vous cet après-midi, et ce pour plusieurs raisons.
D'abord parce que c'est un moment d'histoire. Cette salle, inaugurée en 1703, n'a été rénovée que trois fois: en 1873, sans modification du volume et de la disposition, en 1961, avec des changements plus conséquents, et enfin aujourd'hui, à la faveur d'une transformation complète.
Ensuite parce que c'est un moment de politique, et que nous aimons toutes et tous ici la politique en tant qu'outil au service du bien commun. J'aimerais que ces murs puissent parler: ils raconteraient trois siècles de délibérations, du Conseil des Deux-Cents au Grand Conseil, en passant par le Conseil représentatif et l'Assemblée constituante. Ils auraient sans doute de multiples anecdotes à partager, mais aussi d'innombrables débats démocratiques passionnants à relater, sur des questions de fond touchant à la vie de Genève.
Enfin parce que c'est un moment de grande émotion, mêlée à la joie d'arriver au bout d'un long chemin. Depuis la première étude de faisabilité en 2010, le projet a connu de nombreuses étapes - concours d'architecture, réalisation du devis général, acceptation du projet de loi par le Grand Conseil et enfin ouverture du chantier en 2018 - avant d'aboutir à l'inauguration que nous célébrons aujourd'hui.
«Les hommes ont autant besoin d'espace, de lumière et d'ordre qu'ils ont besoin de pain et d'un endroit où dormir.» Le Corbusier, cet emblématique architecte suisse, avait parfaitement saisi les besoins fondamentaux que sont l'espace, la lumière et l'ordre. L'espace est prolongé par de larges vitrages, qui renforcent la relation étroite entre ce qui se décide ici et ce qui est ressenti au-dehors. Oui, car le politique n'a pas vocation à se retirer dans une tour d'ivoire. Ce qu'il fait a des conséquences concrètes pour les citoyennes et citoyens. La lumière, ensuite, non seulement vient du côté, de ces larges ouvertures que j'ai évoquées, mais plonge surtout depuis le haut, depuis ce magnifique dôme. Quant à l'ordre, il est manifeste dans cet hémicycle exclusivement composé de lignes droites, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes.
C'est ce bel ouvrage que nous vous remettons aujourd'hui, Monsieur le président du Grand Conseil, Mesdames les députées, Messieurs les députés. Il est le fruit du travail de maintes personnes au sein de notre administration cantonale, en particulier de l'office cantonal des bâtiments, mais aussi des nombreux mandataires, des architectes, naturellement, ainsi que des autres spécialistes de multiples disciplines. Et bien sûr, il est le fruit des ouvriers et des artisans. Qu'ils et elles en soient tous et toutes chaleureusement remerciés.
Monsieur le président du Grand Conseil, Mesdames les députées, Messieurs les députés, puissent l'esthétique et le confort de cet ouvrage vous plaire et surtout favoriser des débats fructueux. Merci de votre attention. (Applaudissements.)
Monsieur le président du Grand Conseil, j'ai le grand plaisir de vous remettre cette clé symbolique. Je vous souhaite beaucoup de plaisir et de satisfaction dans l'exercice de vos fonctions au sein de ce nouveau lieu. (M. Serge Dal Busco remet une réplique en laiton de la clé qui figure sur les armoiries de la République et canton de Genève à M. Diego Esteban. La clé est ensuite apposée sur une plaque en marbre vert de Suède, qui rappelle le matériau recouvrant deux murs de la nouvelle salle du Grand Conseil.)
Le président. Un grand merci à vous, Monsieur le président du Conseil d'Etat.
Discours de M. Diego Esteban, président du Grand Conseil
Le président. Mesdames et Messieurs les membres du Grand Conseil, Monsieur le président du Conseil d'Etat, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil d'Etat, «maintenant, nous voilà enfin chez nous» ! Ces termes, employés le 30 décembre 1813 par le garde de la porte de Neuve lors du départ des troupes napoléoniennes, conservent toute leur pertinence aujourd'hui, au moment où le Grand Conseil retrouve enfin sa salle historique.
Je remercie le Conseil d'Etat pour la remise symbolique des clés de la nouvelle salle du Grand Conseil. Il l'a fait de bonne grâce dans l'esprit des échanges respectueux qui animent nos deux pouvoirs. Pour l'anecdote, toujours en 1813, le général des troupes françaises avait refusé de rendre les clés de la Ville, et il avait fallu en trouver un double pour que la porte de Cornavin puisse être ouverte à l'arrivée des troupes autrichiennes libératrices. Autres temps, autres moeurs.
Nous vivons aujourd'hui une nouvelle étape dans l'histoire mouvementée de cet auguste édifice. J'attire votre attention sur la belle plaquette qui a été déposée à vos places et qui vous donnera nombre d'informations sur ce lieu. J'aimerais cependant rappeler certains éléments. C'est au mois de juin 1700 qu'il faut remonter pour qu'apparaisse l'idée de construire une aile sud à l'Hôtel de Ville, aux fins d'y accueillir le Conseil des Deux-Cents, ancêtre de notre Grand Conseil. Inaugurée le 1er janvier 1703, la salle est une première fois restaurée en 1873, et une deuxième fois entre 1958 et 1961 sous la direction de l'architecte Charles Schopfer.
C'est en 2009, à l'initiative de notre collègue et ancien président du Grand Conseil Guy Mettan, que le plus récent projet de rénovation est engagé. En septembre 2011, le bureau d'architectes Bonhôte et Zapata est désigné. Le 10 juin 2014, face au refus du Conseil d'Etat de mener lui-même la suite de la procédure, Mme et MM. Antoine Droin, Gabriel Barrillier, Renaud Gautier, Guy Mettan, Eric Leyvraz, Antoine Barde, Patrick Lussi et Salika Wenger déposent le PL 11472 ouvrant un crédit d'investissement de quelque 19 millions de francs pour la transformation du bâtiment de l'Hôtel de Ville.
Face à une certaine opposition initiale, qui se traduira notamment par un renvoi en commission, le projet de loi obtient une confortable majorité le 3 novembre 2016. Le Grand Conseil siégera pour la dernière fois à l'Hôtel de Ville en juin 2018, les gros oeuvres débutant dans la foulée. Symboliquement, la pose de la première pierre le 27 février 2019 marquera le début de la reconstruction. Et en ce jour du 27 janvier 2022, le Grand Conseil regagne enfin sa salle historique.
Permettez-moi de remercier chaleureusement les organisations qui ont hébergé notre «Grand Conseil itinérant» au cours de nos presque quatre années d'exil. Je pense tout d'abord à l'Union internationale des télécommunications, puis au Centre international de conférences de Genève et enfin à l'Organisation météorologique mondiale. Quelle belle contribution de ces organisations internationales au fonctionnement de notre démocratie locale !
Cet accueil nous a en revanche peut-être fait prendre de mauvaises habitudes, tant l'espace de ces salles était vaste, à l'instar de la salle principale du CICG et de ses 1000 places. Ici, nous retrouvons l'espace plus exigu dans lequel nos prédécesseurs ont néanmoins siégé pendant plus de trois siècles. Un temps d'adaptation et de rodage sera nécessaire et je vous remercie de votre compréhension.
Vous conviendrez toutefois que le cadre est propice à des travaux sereins: la disposition en hémicycle, une première pour notre Grand Conseil, privilégiera sans doute les échanges consensuels à la confrontation. L'architecture est sobre et pourtant monumentale, rappelant subtilement que nous nous situons au coeur de l'exercice du pouvoir dans notre ordre démocratique. La lumière est douce et également répartie dans l'ensemble de la salle. L'acoustique sèche met en valeur la parole de l'oratrice ou de l'orateur. La salle est en outre moderne et équipée de nombreux outils grâce auxquels nous pourrons exercer notre mandat avec efficacité.
Seules ombres au tableau, le report des festivités permettant de conférer à cette inauguration le faste qu'elle mérite, et en particulier la fermeture prolongée de la tribune du public. Une enceinte démocratique devrait être ouverte sur la cité dont elle décide du sort, et si la situation de pandémie que nous connaissons peut justifier une restriction à ce principe, celle-ci n'est que temporaire.
Avant de conclure, je tiens à remercier toutes les personnes qui se sont impliquées dans ce projet, en commençant par les architectes, pour leur génie créateur. Le Conseil d'Etat, lui aussi, a apporté sa contribution en renonçant à siéger dans sa salle historique pour permettre un déroulement fluide des travaux. Je pense ensuite aux services de l'administration, notamment à l'office cantonal des bâtiments et au secrétariat général du Grand Conseil, qui se sont donnés sans compter pour garder le projet sur les rails, tenir les délais et le budget, maltraités par la pandémie. Les anciens présidents et les membres du comité de pilotage élargi ont également apporté leurs contributions avisées pour les choix d'équipements de cette salle. Je pense encore aux apprentis et maîtres de l'école d'horlogerie, de l'école de mécatronique et de la Haute école d'art et de design, qui ont démontré le savoir-faire historique de notre canton en restaurant et en installant une nouvelle horloge, à la hauteur de notre réputation dans ce domaine, dont le mécanisme, visible depuis la nouvelle salle Nicolas-Bogueret, est un trésor de complication. Je pense enfin aux associations représentant les personnes à mobilité réduite qui ont apporté leur expertise pour rendre ce bâtiment plus accessible.
Soyons reconnaissantes et reconnaissants pour cette belle salle dans laquelle nous allons désormais siéger. Prenons-en le plus grand soin et réjouissons-nous qu'elle puisse aussi accueillir le Conseil municipal de la Ville de Genève et d'autres entités cantonales, nationales ou internationales pour des événements. Elle abritera d'ailleurs prochainement la première session cantonale des jeunes.
Comme je le disais, cette inauguration est placée sous le signe de la sobriété, mais également de l'espoir que nous puissions sortir rapidement de la crise que nous vivons depuis deux ans, pour déboucher sur un avenir aussi radieux que ce dôme éclairé qui nous surplombe.
Vive la République, vive Genève et vive la Suisse ! (Applaudissements.)
Je suspends la séance deux minutes avant de poursuivre le traitement de nos points initiaux.
La séance est suspendue à 16h42.
La séance est reprise à 16h44.
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous reprenons notre séance.