Séance du
vendredi 3 septembre 2021 à
8h
2e
législature -
4e
année -
3e
session -
19e
séance
PL 12951-A
Premier débat
Le président. Nous en sommes au PL 12951-A relatif à l'Aéroport international de Genève. (Brouhaha. Le président marque un temps d'arrêt en attendant que le silence se rétablisse.) Le rapport est de M. Jacques Béné, à qui je laisse la parole.
M. Jacques Béné (PLR), rapporteur. Merci, Monsieur le président. Un rapport très succinct sur les états financiers de l'Aéroport international de Genève, mais des enjeux énormes. Je souhaite tout d'abord remercier Mme Moinat, présidente, M. Schneider, directeur général, et Mme Vaglio, directrice financière, pour la qualité de nos échanges. Malgré les attaques répétées contre l'aéroport ces dernières années - on a pris l'habitude de le désigner comme bouc émissaire, de le tenir responsable de l'ensemble des problèmes environnementaux de notre société -, ils ont tenu la barre pendant la crise et le font encore maintenant de manière exemplaire.
J'en veux pour preuve que contrairement à bon nombre d'entités du périmètre de consolidation de l'Etat de Genève, l'AIG ne bénéficie d'aucune subvention et ses responsables ne viennent jamais devant la commission des finances demander des crédits supplémentaires, comme le font de multiples autres institutions. Pour mémoire, la commission des finances a tout de même octroyé 523 millions de crédits supplémentaires durant l'année 2020 ! (Brouhaha.)
Le président. Un instant, Monsieur le rapporteur. (Le président marque un temps d'arrêt en attendant que le silence se rétablisse.) Vous pouvez poursuivre.
M. Jacques Béné. Je vous remercie, Monsieur le président. Ce que j'aimerais souligner, ce sont les efforts déployés par la direction pour contenir les pertes subies en 2020. Il faut savoir que le nombre de passagers a chuté de près de 70% - de 68%, pour être précis - et que les revenus non aéronautiques ont considérablement diminué également, détériorant le résultat de l'exercice de 213 millions de francs, c'est énorme. Les produits d'exploitation et les redevances sont en baisse de plus de 300 millions, ce qui signifie que l'aéroport a réussi à réaliser des économies substantielles d'une centaine de millions sans procéder à des licenciements, je tiens à le relever. La direction financière a mis en oeuvre des mesures d'économies strictes sur l'entier des postes de dépenses quand c'était possible, le tout sans aide de l'Etat, et on peut le saluer.
A propos d'aide de l'Etat, je signale qu'à Zurich, le Conseil d'Etat avait accepté de ne pas prélever la redevance 2019 de l'aéroport alors que dans le canton de Genève, le gouvernement n'a pas souhaité faire abstraction du montant de 42 millions, soit 50% du bénéfice 2019, que l'aéroport devait reverser à l'Etat, ce qui est regrettable. Pour s'acquitter de cette somme, l'AIG a dû emprunter de l'argent.
Mesdames et Messieurs, à l'unanimité, la commission des finances vous recommande d'approuver ces états financiers. Je précise pour conclure que la santé de notre tissu économique ces prochaines années dépendra de la reprise de l'activité de notre aéroport, et on espère que le Conseil d'Etat continuera à soutenir cette entité avec fermeté. Je vous remercie, Monsieur le président.
Le président. Merci, Monsieur. La parole est à M. Jean Burgermeister pour trois minutes trente.
M. Jean Burgermeister (EAG). Merci, Monsieur le président. On ne peut pas aborder la question de l'aéroport, même s'il s'agit juste des états financiers, sans évoquer les problèmes à Swissport. Evidemment, on va me dire que ce n'est pas l'AIG au sens strict, mais une entreprise active sur la plateforme, sauf que ces situations surviennent trop souvent là-bas pour que ce soit un hasard.
En effet, durant l'année 2020, sur l'ensemble des conflits sociaux enregistrés par la CRCT, 35% avaient lieu à l'aéroport; ces dix dernières années, ce sont 15% à 48% des litiges relevés par la CRCT qui s'y sont déroulés. Cela représente 48 conflits, soit presque cinq par an, ce qui fait beaucoup pour croire que c'est une coïncidence, qu'il n'y a pas de problème de sous-enchère salariale, de gestion des salariés et des conditions de travail sur le site, que l'aéroport n'a aucune responsabilité en la matière. C'est le premier point que je voulais soulever.
La deuxième chose, c'est qu'aujourd'hui, alors que nous nous trouvons en pleine crise environnementale qui exige une rupture importante dans nos habitudes, il est parfaitement absurde que la direction de l'aéroport et le Conseil d'Etat aient pour unique préoccupation le retour à un trafic aérien comparable à celui de 2019, il est absolument aberrant pour le canton de Genève de viser la neutralité carbone à l'horizon 2050 sans réduire drastiquement les activités aéroportuaires à brève échéance. (Un instant s'écoule.) Ce sera tout. (Applaudissements.)
Le président. Je vous remercie. La parole n'étant plus demandée, nous passons au vote... (Remarque.) Monsieur Guinchard, c'était moins une ! Vous avez la parole pour quatre minutes quatorze.
M. Jean-Marc Guinchard (PDC). Désolé d'avoir tardé, Monsieur le président. Le montant des pertes a été rappelé par M. Béné tout à l'heure, elles sont considérables. La gauche et les Verts ont voulu pendant des années une diminution drastique, voire une cessation, des activités de l'aéroport, et nous y sommes à l'heure actuelle. Une chose m'inquiète au sujet des projets de lois qui ont été déposés, notamment par les Verts et la gauche, sur la réinternalisation de certaines activités de sécurité, qui vont ajouter des dépenses supplémentaires aux coûts déjà engendrés par la crise. Nous serons peut-être appelés non plus à encaisser une redevance annuelle de 42 millions, comme cela a été mentionné - c'est-à-dire la moitié des bénéfices -, mais plutôt, si cette attitude persiste, à subventionner l'aéroport, ce qui serait quand même un comble. Je vous remercie.
Le président. Merci, Monsieur le député. Je mets le texte aux voix.
Mis aux voix, le projet de loi 12951 est adopté en premier débat par 57 oui et 9 abstentions.
L'article unique du projet de loi 12951 est adopté en deuxième débat.
Mise aux voix, la loi 12951 est adoptée en troisième débat dans son ensemble par 58 oui et 8 abstentions.