Séance du
vendredi 2 juillet 2021 à
18h05
2e
législature -
4e
année -
2e
session -
15e
séance
R 968
Débat
Le président. Voici l'urgence suivante: la R 968. Nous sommes en catégorie II, trente minutes. En l'absence des trois premiers signataires, c'est au quatrième, M. Cyril Aellen, que revient le rôle d'auteur. A vous, Monsieur Aellen.
M. Cyril Aellen (PLR). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, chers collègues, il y a de nombreuses bonnes raisons de créer la Cité de la musique: le Victoria Hall ne répond plus aux normes actuelles, la Haute école de musique est dispersée aux quatre coins du canton, il est important d'accueillir un nouvel acteur culturel dans notre canton.
Le projet mis en place vise le partage des infrastructures, il permettra d'avoir un seul endroit où la musique pourra vivre et se pratiquer, il créera des synergies entre les différents types de musiques, ce sera un lieu incontournable pour la formation continue. Il y aura des salles de concert, petites et grandes, des auditoires, des installations modernes d'enregistrement, des locaux de répétition, des bureaux administratifs - c'est nécessaire aussi -, des salles de classe, des bibliothèques et beaucoup d'autres choses particulièrement utiles à ceux qui aiment et souhaitent promouvoir la musique. Il se situera dans un espace magnifique et sera financé à 100% par des deniers privés.
Maintenant, nous sommes confrontés à un problème de procédure qui a nécessité de demander un préavis à la commune concernée, à savoir la Ville de Genève. Celle-ci a d'abord émis une position favorable, laquelle a été soumise à un référendum qui a abouti et qui, comme vous le savez, a eu un résultat négatif. Court, mais négatif; court, mais clair. On peut relever trois catégories d'opposants: ceux qui étaient contre la Cité de la musique, qui auraient été contre de toute façon, ceux qui pensent que ce n'est pas le bon lieu et ceux qui considèrent que le projet, un peu élitiste, n'est pas le bon - mais les auteurs de la proposition de résolution rappellent qu'ils étaient favorables à la Cité de la musique sur le périmètre prévu.
Une invite supplémentaire a été déposée par le groupe socialiste afin de tendre la main à une partie des opposants, notamment ceux qui préconisent une politique d'ouverture à toutes les musiques. C'est précisément dans cette optique que le texte a été déposé, l'idée n'est pas d'aller contre un vote populaire - un vote populaire partiel, cela dit, puisqu'une seule commune s'est prononcée sur un projet de portée cantonale. S'il est juste de soutenir que le canton doit trancher - c'est la procédure, la loi est ainsi faite - et peut aller au-delà du préavis communal, il est juste aussi de rappeler que la moitié de la population, celle qui n'habite pas la ville, n'a pu s'exprimer sur le sujet.
Cette proposition de résolution ne doit pas être comprise comme une manière de s'opposer à un Conseil d'Etat qui a repris les discussions, mais comme un soutien au Conseil d'Etat. Il s'agit de lui communiquer deux choses: nous voulons non seulement concrétiser la Cité de la musique au lieu dit, mais également reprendre le dialogue avec l'entier des partenaires culturels concernés par la musique dans notre canton. (Applaudissements.)
M. André Pfeffer (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, il est vrai que l'avis des communes sur les PLQ n'est que de portée consultative; il est vrai aussi que le projet, prévu sur une parcelle déclassée depuis sept ans, remplit toutes les conditions et normes pour ce périmètre. Cependant, dans ce dossier, nous sommes confrontés à un problème de fond lié à un ultracentralisme à la genevoise.
Dans notre canton, en effet, la répartition des tâches entre Etat et communes pose énormément de difficultés; nous parlons désenchevêtrement, partage des compétences et des frais, mais tous ces débats n'aboutissent à rien. La raison est simple: avant toute répartition des tâches, il faut au préalable définir les différentes compétences et responsabilités. Ce qui fonctionne dans l'ensemble des autres cantons suisses est une catastrophe à Genève.
Et là, on assiste à une Genferei de plus ! Annuler et bafouer le vote populaire de la Ville de Genève sous prétexte que notre fonctionnement et notre organisation sont défaillants, c'est absolument inacceptable. Organisons notre Etat, améliorons notre fonctionnement, et ce type de raté ne se produira plus. Je le répète: ne pas respecter un vote populaire et annuler la décision de la Ville de Genève est intolérable. Le groupe UDC refusera cette proposition de résolution à moins que l'amendement que nous présentons, qui vise un transfert du projet dans le PAV, soit accepté. Merci de votre attention.
M. Sylvain Thévoz (S). Mesdames et Messieurs les députés, le parti socialiste tient à remercier M. Patrick Saudan d'avoir déposé cette proposition de résolution. Il fallait peut-être un député indépendant pour passer outre les clivages, pour s'extraire d'un débat qui, vous l'avez vu ces derniers mois, a été extrêmement passionné, extrêmement polarisé en Ville de Genève.
Pour le groupe socialiste, il est nécessaire de remettre l'ouvrage sur le métier: nous avons pris acte du vote consultatif de la Ville de Genève, mais nous n'entendons pas attendre dix, quinze ou vingt ans avant de voir émerger les infrastructures nécessaires pour la Haute école de musique, ses étudiants et professeurs, pour l'Orchestre de la Suisse romande, ses musiciens et son public, car actuellement, ils travaillent dans des conditions qui ne sont pas dignes. Nous n'entendons pas attendre quatorze ans, comme ça a été le cas pour le Pavillon de la danse après l'échec populaire de la Maison de la danse à Lancy, tout cela pour un projet de portée réduite et non pérenne. Nous n'entendons pas attendre dix ou peut-être quinze ans, comme pour le Musée d'art et d'histoire dont la rénovation a été refusée en 2016, ce qui engendre des coûts supplémentaires pour cet établissement qui tombe en ruine.
Aujourd'hui, il nous semble aussi intelligent qu'intéressant de lancer un signal politique fort, de remettre l'ouvrage sur le métier, ce en intégrant évidemment les critiques émises sur le projet de différents bords. C'est pourquoi les invites telles que libellées par le député indépendant Saudan nous conviennent, notamment: «à se concerter avec les partis politiques et associations opposés à ce projet afin d'explorer si des solutions peuvent être envisagées pour prendre en compte certaines de leurs préoccupations».
Via notre amendement, nous souhaitons ajouter: «à inclure les musiques actuelles dans ce projet afin de renforcer le poids du soutien à la culture au niveau cantonal». Ce serait un geste extrêmement fort si le canton pouvait s'impliquer davantage dans la culture et y investir des fonds, raison pour laquelle nous vous invitons à accepter l'invite supplémentaire proposée par le parti socialiste, à rejeter l'amendement de l'UDC - l'emplacement est idéal et il est important que nous disposions d'un lieu culturel sur la rive droite - et enfin à valider cette proposition de résolution qui constitue un signe d'ouverture. Nous devons relancer immédiatement ou le plus rapidement possible l'idée d'une infrastructure culturelle d'envergure pour Genève. Merci. (Applaudissements.)
M. Pierre Eckert (Ve). Monsieur le président, permettez-moi en préambule de signaler qu'il y a quelques mois, certains groupes ici soutenaient une disposition stipulant que la tenue vestimentaire adoptée par les députés lors des séances plénières doit rester neutre; eh bien voyez le résultat aujourd'hui ! (Commentaires. Huées.)
Le président. Monsieur le député, je vous rappelle que le projet de loi que vous évoquez avait été refusé par notre Conseil et que, partant, les règles précédentes s'appliquent. Poursuivez votre intervention.
M. Pierre Eckert. On est tout à fait d'accord, mais je tenais juste à le souligner.
En ce qui concerne la Cité de la musique, Mesdames et Messieurs, tout le monde a pu lire dans la presse que le Conseil d'Etat a l'intention de tenir compte, dans la mesure du possible, du vote populaire de la Ville de Genève, qui a rendu un préavis négatif au plan localisé de quartier sur cette parcelle située à proximité de la place des Nations. Des solutions alternatives sont recherchées à la fois pour l'implantation du lieu et pour préserver l'état naturel du site des Feuillantines. A notre connaissance, ces options sont en cours d'exploration, et le groupe des Vertes et des Verts se réjouit de se prononcer sur les propositions que le Conseil d'Etat soumettra au Grand Conseil quand le moment sera venu. En effet, il faut rappeler que si le gouvernement peut passer outre un préavis communal, en revanche, le dossier doit obligatoirement être porté devant notre parlement, c'est une obligation, et c'est lui qui tranchera en définitive. Dès lors, nous estimons que la proposition de résolution qui nous est présentée aujourd'hui est largement prématurée et superfétatoire.
Par ailleurs, elle est inadéquate d'un point de vue institutionnel, car elle demande explicitement - je cite - d'«approuver le plan localisé de quartier concernant la Cité de la musique», c'est-à-dire d'aller de l'avant à l'endroit prévu initialement, ce qui est une manière de s'asseoir sur la volonté populaire exprimée le 13 juin dernier. Les cautèles offertes par les porteuses et porteurs du texte quant aux possibilités de faire évoluer le projet avec les partis politiques et les associations ainsi que de mieux intégrer les musiques actuelles ne changent rien à l'affaire. Cette mise sous tutelle de la marge de manoeuvre exploratoire du Conseil d'Etat représente un déni de démocratie. L'abstentionnisme est déjà suffisamment important parmi toutes les catégories d'âge de la population, un peu partout en Suisse et en particulier dans ce canton, pour ne pas en rajouter une couche.
Enfin, rappelons-le, c'est le rôle du gouvernement que de procéder à un arbitrage en cas de préavis communal négatif, ce qui est le cas ici. Cet objet ôterait cette capacité au Conseil d'Etat. Il en est d'ailleurs de même avec l'amendement de l'UDC qui demande de placer la Cité de la musique ailleurs, dans le PAV. Une fois de plus, laissons l'exécutif travailler sur ce dossier qui relève clairement de sa compétence. Nous vous engageons à refuser cette proposition de résolution de façon à suivre les voies démocratiques que nous sommes tenus de respecter. Je vous remercie. (Applaudissements.)
M. Pablo Cruchon (EAG). Mesdames les députées, Messieurs les députés, nous rejoignons les conclusions du groupe des Verts, à savoir qu'il convient de refuser cette proposition de résolution. Pourquoi ? Parce que contrairement à ce qu'a indiqué M. le député Thévoz, celle-ci ne vise pas du tout à sortir du clivage, au contraire: ses auteurs persistent et signent, ignorant les différents signaux envoyés à la fois par la population et par les opposants au projet. La droite et le parti socialiste s'enferment dans une tour d'ivoire, et ce à double titre.
D'abord, ils aspirent à un projet élitiste... (Remarque.) Oui, un projet élitiste dont le but est de faire rayonner Genève, un établissement qui ne sera accessible qu'à une petite partie des citoyens, notamment les plus aisés, et qui coûtera une fortune en frais de fonctionnement. D'ailleurs, je suis surpris d'entendre M. Cyril Aellen soutenir qu'il s'agit d'un projet de portée cantonale et que, partant, nous devons nous prononcer à l'échelle cantonale... Quand on sait la pingrerie de son groupe quand il est question d'allouer des fonds à la culture ! La droite refuse toujours d'aligner des millions pour la culture, et ce n'est pas demain que ça changera.
Ensuite, non contents de se montrer élitistes quant à l'envergure de cette Cité de la musique, la droite et le parti socialiste se montrent encore élitistes dans leur rapport au vote populaire. Ce n'est pas un déni démocratique, c'est qu'ils ne veulent tout simplement pas entendre ce qui est dit, à savoir que la population citadine refuse majoritairement ce projet qui date du XXe siècle, un projet «has been» qui ne prend en compte ni l'intégration de la nature en milieu urbain, ni la question des musiques actuelles, ni celle des interactions sociales. Il faut dès lors revoir la copie, ce que cette proposition de résolution ne fait pas.
Par ailleurs, cette opération est indécente en temps de crise, en particulier vis-à-vis du monde de la culture. Les mêmes qui se sont exclamés il y a peu: «Oh, la culture est précarisée, c'est terrible, il faut aider les protagonistes !» sont aujourd'hui prêts à développer un projet à hauteur de 300 millions de fonds privés afin d'ouvrir une institution qui ne concerne que deux acteurs sur les 150 organismes de musique hébergés dans le canton de Genève, c'est ahurissant ! Ahurissant ! Prenons ces deniers et utilisons-les pour soutenir les acteurs culturels, très touchés par cette période de pandémie, et le reste des citoyens.
Enfin, j'aimerais revenir sur la notion de vote partiel évoquée par M. Cyril Aellen: le vote partiel, c'est précisément le vote cantonal qui exclura tous les étrangers alors que ceux-ci se sont exprimés en Ville de Genève. M. Cyril Aellen entend ignorer la parole de 40% des habitants alors qu'ils ont donné leur avis, donc ne venez pas me parler de vote partiel ! Ensemble à Gauche rejettera cette proposition de résolution et demande au Conseil d'Etat d'abandonner cette chimère et de nous soumettre un projet qui soit représentatif du XXIe siècle. Merci. (Applaudissements.)
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député, et je donne la parole à Mme Nicole Valiquer Grecuccio pour une minute et une seconde.
Mme Nicole Valiquer Grecuccio (S). Merci, Monsieur le président. On ne dira jamais assez qu'il s'agit non seulement d'un projet culturel, mais aussi d'un lieu de formation pour les étudiantes et étudiants de la HEM. Puisqu'il a été question du rôle du canton, je précise que ce projet est précisément l'occasion de mettre en oeuvre l'initiative pour la culture et de rappeler que l'Etat doit promouvoir des équipements de portée cantonale et régionale. C'est aussi l'occasion de plaider pour une infrastructure majeure sur la rive droite.
Enfin, arrêtons de croire que cette opération aura lieu dans le PAV, car celui-ci ne prévoit pas ce type d'installation, et nous le savons, nous qui, dans ce Grand Conseil, avons voté le plan directeur de quartier. En ce sens, nous appuyons le Conseil d'Etat pour qu'il négocie avec l'ensemble des actrices et acteurs culturels ainsi qu'avec les institutions qui s'engagent en faveur de ce projet. Je vous remercie. (Applaudissements.)
M. Souheil Sayegh (PDC). Chers collègues, le PDC fait siens les propos de M. Aellen, de M. Thévoz et de Mme Valiquer, je n'y reviendrai pas. Nous avons été très partagés quant au soutien à apporter à cette proposition de résolution, spécialement en raison de l'issue du scrutin populaire en Ville de Genève. Pour rappel, la section PDC Ville de Genève avait milité en faveur du projet et, en tant que citoyen de la ville, j'en ai fait de même. Même consultatif, ce vote reste déterminant et souverain, il ne s'agit pas ici de le contester.
Maintenant, à la suite de cette votation, le canton tout entier se retrouve sans projet - culturel, qui plus est - d'envergure sur la rive droite. Le test grandeur nature effectué avec le Grand Théâtre aux Nations a montré que la population accepte de se déplacer et de traverser le lac. A deux pas d'un arrêt du Léman Express, très bien desservie par les transports en commun, la place des Nations constitue un point de convergence naturel qui dépasse les frontières citadines. Le PDC déplore la discrétion du Conseil d'Etat, qui n'a pas su fédérer les artistes autour d'une entreprise commune. Alors qu'il s'agit d'un projet de portée cantonale, cette pudeur a conforté le sentiment d'abandon des milieux culturels, lesquels se sont sentis minorisés. Le monde politique doit faire son autocritique: il n'a pas su communiquer sur un projet fédérateur, ce qui, encore une fois, prive Genève d'une infrastructure culturelle majeure sur la rive droite.
Rappelons que seulement 8% de la population - 8% ! - s'est exprimée alors que le projet dépasse de loin le cadre de la ville. Comment peut-on admettre que les habitants des Eaux-Vives votent sur un projet situé à Bernex quand ceux du Grand-Saconnex, à deux pas de la place des Nations, n'ont pas pu s'exprimer sur celui de la Cité de la musique ? Si cette institution n'était destinée qu'aux citoyens de la ville et concernait juste les artistes de la Ville de Genève, le résultat des urnes ne souffrirait aucune forme de discussion, mais ce n'est pas le cas. Il faudra que notre parlement se penche un jour sur la question et offre à l'ensemble du canton l'opportunité de se prononcer sur des objets municipaux lorsque ceux-ci dépassent les frontières communales - je pense par exemple au parking Clé-de-Rive ou au Musée d'art et d'histoire.
Le PDC soutiendra cette proposition de résolution ainsi que l'amendement socialiste afin de réunir à nouveau les artistes autour de la table; il s'agit de concilier toutes les musiques au sein d'une même institution que Bâle-Ville même nous jalousera ! Je vous remercie. (Rires.)
Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Le président. Merci bien. La parole va maintenant à M. Stéphane Florey pour une minute et six secondes.
M. Stéphane Florey (UDC). Merci, Monsieur le président. Juste deux mots sur l'amendement, Mesdames et Messieurs. En fait, il découle d'un projet de motion déposé par le groupe UDC au Conseil municipal, qui est soutenu par les Verts et Ensemble à Gauche; malheureusement, ils n'ont pas pu obtenir l'urgence mardi ou mercredi dernier, donc elle est toujours inscrite à l'ordre du jour.
Il faut se souvenir que les opposants n'étaient pas contre la Cité de la musique en soi, ils ne voulaient pas de ce projet en particulier. Il existe d'autres options, par exemple ce que propose mon amendement, à savoir de modifier l'un des PLQ relatifs au PAV. Ce que prétend Mme Valiquer est totalement faux: il faut remonter à la résolution PAV dans son ensemble qui demandait précisément de prévoir un certain nombre de lieux, notamment culturels, dans ce périmètre. Nous vous invitons par conséquent à soutenir notre amendement, faute de quoi nous refuserons le texte. Je vous remercie.
M. Guy Mettan (HP). Je pense que nous soutenons toutes et tous ici la musique et notamment l'apprentissage de la musique, nous sommes tous d'accord là-dessus. Toutefois, cette proposition de résolution me paraît douteuse pour deux raisons. La première a déjà été évoquée, à savoir qu'on ne peut pas remettre en question un vote démocratique, même s'il ne s'agit que d'un vote communal. Si on ne tient pas compte des positions communales, alors il vaut mieux abolir les communes ! On fait comme si elles n'avaient rien à dire alors que la constitution prévoit qu'elles peuvent se prononcer; on ne peut pas bafouer leur décision en passant outre dès que l'issue du scrutin ne nous convient pas ! Je m'excuse, mais ça s'appelle un déni démocratique, ou alors il faut aller jusqu'au bout du raisonnement et leur ôter tout pouvoir décisionnel.
La deuxième raison est plus importante, c'est qu'il existe un plan B pour cette Cité de la musique, un plan B bien meilleur que le plan A et qui consiste tout simplement à conserver la localisation du bâtiment aux Nations... (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) ...mais en le faisant déménager de l'autre côté de la place, là où se situait précisément l'opéra des Nations. Le terrain s'y prête parfaitement, on peut très bien ériger la construction...
Le président. Merci...
M. Guy Mettan. ...sur ce terrain sans abattre d'arbres et sans démolir la villa des Feuillantines, ce qui permet...
Le président. Merci !
M. Guy Mettan. ...de préserver le patrimoine à la fois culturel...
Le président. C'est terminé, Monsieur le député.
M. Guy Mettan. ...et naturel. C'est tout simple à réaliser, il n'y a aucun problème juridique...
Le président. C'est vraiment terminé.
M. Guy Mettan. ...à transférer la bâtisse... (Le micro de l'orateur est coupé. Applaudissements.)
M. Daniel Sormanni (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, tout a été dit, mais au fond, quel est le but de cette proposition de résolution ? Il s'agit de renouer le dialogue, d'appuyer le Conseil d'Etat pour renouer le dialogue avec tous les acteurs et avec toutes les musiques. Evidemment, une salle symphonique n'est pas forcément adaptée aux courants actuels, mais on peut trouver des solutions, j'en suis certain. On parle tout de même d'un projet d'importance cantonale !
Chaque fois que des sponsors - enfin, plutôt des mécènes, ce ne sont pas des sponsors, sont prêts à mettre de l'argent sur la table pour faire rayonner Genève, on dit non; c'est vraiment dommage. Rappelez-vous le débat sur le Muséum d'histoire naturelle; je pense que vous allez aimer le prochain projet qui, lui, devra être entièrement financé par les contribuables ! On fait fausse route, et je pense que l'objectif est de renouer le dialogue de façon à trouver des solutions à cet endroit - elles sont possibles - et que nous disposions enfin d'une institution culturelle d'envergure sur la rive droite, qui n'en a aucune.
Rappelez-vous également le débat sur les terrains de sport aux Evaux; on voit que certaines communes font tout pour empêcher le projet alors que là aussi, il s'agit d'une infrastructure d'intérêt cantonal. Encore une fois, l'objectif de ce texte consiste vraiment à renouer le dialogue, et je vous invite à l'approuver ainsi qu'à rejeter l'amendement de l'UDC. Merci. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole échoit à M. Jacques Béné pour deux minutes trente-cinq.
M. Jacques Béné (PLR). Merci, Monsieur le président. En ce qui concerne l'amendement, il vaut la peine d'expliquer que le PLQ concerné a été mis à l'enquête publique après plusieurs années de négociation entre tous les partenaires du périmètre, et croyez-moi, ce n'est pas simple de parvenir à faire aboutir un PLQ dans ce canton ! Il se trouve que l'enquête publique s'est terminée avant-hier, Mesdames et Messieurs, donc le plan d'aménagement pourra être validé très prochainement, qui permettra de réaliser plus de 350 000 mètres carrés de surface brute de plancher, dont plus de 2500 logements. Alors si on veut réduire à néant tout ce qui a été accompli dans le cadre du processus de concertation, eh bien il faut voter cet amendement qui, à mon sens, est totalement inique. Je vous remercie.
Le président. Merci. Monsieur Pierre Conne, vous avez la parole pour une minute quarante-neuf.
M. Pierre Conne (PLR). Oui, Monsieur le président, merci. Chers collègues, je voudrais apporter une précision en ce qui concerne le plan B évoqué tout à l'heure par notre collègue Guy Mettan, qui proposait d'installer la Cité de la musique sur la campagne Rigot, là où était situé le théâtre éphémère en bois de l'opéra des Nations: ce terrain appartient à la succession Rockefeller, et dans son testament, celui-ci prévoyait explicitement qu'aucune construction ne pourrait être aménagée sur ce périmètre. Cette idée est donc tout simplement irréalisable, voilà. Le seul site qui nous reste actuellement dans le canton, c'est la parcelle des Feuillantines, et c'est la raison pour laquelle je vous invite à soutenir cette proposition de résolution. Merci.
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. La parole revient à M. Patrick Dimier pour une minute vingt.
M. Patrick Dimier (MCG). J'ai juste besoin d'une seconde, Monsieur le président: dans ce genre de débat, il faut surtout éviter les fausses notes.
Le président. Merci. Les indépendants n'ont malheureusement plus de temps de parole, ce qui me permet de la donner, en conclusion, à M. le conseiller d'Etat Thierry Apothéloz.
M. Thierry Apothéloz, conseiller d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames les députées, Messieurs les députés, nulle intention de ma part de refaire le débat de fond sur la Cité de la musique; certains propos pourraient pourtant m'y inviter, mais ce n'est pas le moment. Le dimanche 13 juin, le Conseil d'Etat a communiqué sur la façon dont il entendait procéder. D'abord, il a pris acte de la situation, à savoir le préavis négatif rendu par les habitantes et habitants de la Ville de Genève quant au plan localisé de quartier. Il a ensuite indiqué qu'il comptait profiter de l'automne pour rassembler autour de la même table les différents partenaires du projet afin qu'ils puissent échanger les uns avec les autres.
Il y a d'une part un enjeu culturel: nous avons besoin à Genève de salles de répétition, les actrices et acteurs culturels ont demandé à réitérées reprises d'obtenir des locaux. Mais, d'autre part, il y a encore des enjeux d'aménagement du territoire, financiers, démocratiques... L'ensemble de ces pistes seront traitées par le Conseil d'Etat cet automne; nous réunirons les opposants, les différents partis politiques, la Ville de Genève et son Conseil administratif en particulier, la Fondation pour la Cité de la musique, l'ONU, la Haute école de musique ou encore l'OSR.
Tout cela pour vous dire que le Conseil d'Etat a l'intention de respecter son engagement pris le 13 juin dernier à plancher sur l'ensemble du dispositif, sans perdre de vue que le bâtiment pourra et devra être une cité des musiques. Le signal que votre parlement est prêt à donner ce soir contribuera à alimenter notre réflexion, le Conseil d'Etat en prendra compte et reviendra vers vous avec des objets au bon moment pour travailler sur le fond tout en respectant la volonté populaire.
Le président. Je vous remercie, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs, nous sommes saisis de deux amendements que je vais mettre aux voix, en commençant par celui déposé par M. Stéphane Florey et cosignataires, le plus éloigné de la proposition initiale, qui consiste à remplacer les deux invites par celle-ci: «à modifier le PLQ N° 30052 afin d'intégrer la Cité de la musique dans le futur quartier des Acacias en concertation avec la Fondation de la Cité de la musique et l'ensemble des acteurs culturels.»
Mis aux voix, cet amendement est rejeté par 78 non contre 10 oui et 1 abstention.
Le président. A présent, nous passons à la demande d'amendement de M. Sylvain Thévoz:
«Nouvelle invite
- à inclure les musiques actuelles dans ce projet afin de renforcer le poids du soutien à la culture au niveau cantonal.»
Mis aux voix, cet amendement est adopté par 65 oui contre 17 non et 7 abstentions.
Mise aux voix, la résolution 968 ainsi amendée est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 55 oui contre 25 non et 7 abstentions. (Applaudissements à l'annonce du résultat.)