Séance du
lundi 11 mai 2020 à
17h
2e
législature -
3e
année -
1re
session -
1re
séance
RD 1334
Le président. Mesdames et Messieurs les députés, nous avons appris avec une grande tristesse le décès de M. Rolin Wavre... (Un instant s'écoule. Le président est saisi par l'émotion.) ...à l'âge de 56 ans.
M. Wavre entra au Grand Conseil en 2018... (Un instant s'écoule. Le président est à nouveau saisi par l'émotion.) Excusez-moi ! ...et siégea depuis lors sur les bancs du PLR. Au cours de ces deux années, il participa aux travaux des commissions judiciaire, des transports et des affaires communales. Ses interventions en plénière portèrent souvent sur des questions liées aux transports et à la mobilité, notamment à la mobilité douce, un sujet qui était cher à ce passionné de vélo.
Outre sa charge de député, M. Wavre fut membre du Conseil municipal de Pregny-Chambésy durant sept ans, Conseil qu'il présida de 2014 à 2015.
Nous saluons un homme engagé et ouvert au dialogue, loué par tous pour son humanité et sa bienveillance.
Nous exprimons toute notre sympathie à sa famille et l'assurons de nos pensées en ce moment de douleur. Pour honorer la mémoire de M. Wavre, je vous prie d'observer, Mesdames et Messieurs les députés, un instant de silence. (L'assemblée, debout, observe un moment de silence.) Je vous remercie. Vous pouvez vous asseoir. La parole revient à M. Alexandre de Senarclens.
M. Alexandre de Senarclens (PLR). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, c'est avec beaucoup d'émotion que je prends la parole cet après-midi au nom du groupe PLR. Incrédules, sonnés, nous avons appris le 17 avril que Rolin nous avait quittés subitement dans son sommeil, à l'âge de seulement 56 ans. Hébétés et sans voix, nous nous sommes tous remémoré les moments d'amitié et de compagnonnage politique partagés avec lui. Les qualificatifs qui revenaient en boucle dans nos discussions étaient ceux de l'élégance, de la gentillesse, de la profondeur, de la dignité, de l'humanité.
Toute la vie de Rolin fut tournée vers l'autre. Après des études de droit, il débuta sa vie professionnelle au sein de l'organisation non gouvernementale qui symbolisait par excellence son idéal d'humaniste: le Comité international de la Croix-Rouge. Il était profondément marqué par son expérience de délégué. Il la commença à Gaza, en pleine intifada, où son engagement sans faille et son travail minutieux forcèrent le respect des Palestiniens et des Israéliens. C'est là qu'il rencontra sa femme, Pascale, avec laquelle il formera un magnifique binôme tout au long de sa vie, rapidement complété par ses filles, Julianne et Inès. Il ira aussi en poste au Koweït, en Tchétchénie, au Rwanda, en Colombie, en Syrie et en Asie centrale. Un magnifique parcours professionnel au service de la Genève internationale et humanitaire.
Après dix-huit ans dans ce secteur, principalement au CICR, mais également à l'Organisation mondiale contre la torture, c'est tout naturellement qu'il poursuivit son engagement pour les autres en faisant son entrée en politique, en devenant secrétaire général du parti radical, puis du PLR. Comme dans tout ce qu'il entreprenait, Rolin s'investira à 200%, allant à la rencontre de toutes les sections, prenant part à toutes les fêtes de village du canton. Et toujours à vélo ! De Céligny à Dardagny, de La Plaine à Soral, de Bardonnex à Hermance, éternellement souriant et bienveillant à l'égard des gens qu'il rencontrait. Il était engagé à tous les échelons de la vie politique suisse: conseiller municipal à Pregny-Chambésy dès 2013, député au Grand Conseil depuis 2018, il était aussi membre du comité directeur du PLR suisse. Et puis il y avait également ses très nombreux engagements associatifs qui reflétaient ses intérêts divers: Fédération romande des consommateurs, Comité Suisse-Vietnam COSUNAM, Pro Vélo, APRES-GE, Institut national genevois, NOMES, les associations sportives, en particulier dans le rugby... Je ne peux pas ici tous les citer.
Désintéressé, intègre, jamais avare de son temps, il ne faisait pas avancer ses intérêts propres, mais des causes auxquelles il croyait. Il supportait parfois mal certains débats politiques qu'il jugeait stériles. Toujours calme et serein, ayant connu par son expérience humanitaire les horreurs de la guerre, Rolin était trop conscient de la chance que nous avons de vivre dans un pays sûr et prospère. Il savait prendre de la hauteur pour éviter les invectives et garder son élégance naturelle. Il était pragmatique, pas dogmatique. Bien qu'il ait été plusieurs années secrétaire général du parti, il se sentait de temps en temps à l'étroit dans les limites de l'action partisane et avait souvent envie de casser les codes. Esprit courageux, résolument libre, souvent précurseur, il avait en particulier à coeur de faire avancer la cause de la mobilité douce et l'ouverture européenne de la Suisse.
Mesdames et Messieurs, nous avons perdu un collègue aimé et respecté de tous, à la personnalité attachante et complexe, qui savait remplir consciencieusement son mandat et faire servir ses travaux au bien de la patrie qui lui avait, malheureusement pour une trop courte période, confié une partie de ses destinées. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, nos pensées émues, notre affection et nos condoléances vont à sa femme, Pascale, et à ses filles, Julianne et Inès.
Le président. Je vous remercie. La parole est à M. Christo Ivanov. (Un instant s'écoule.) Vous pouvez rester à votre place, Monsieur Ivanov.
M. Christo Ivanov (UDC). Oui, je pense qu'il vaut mieux que chacun reste à sa place, cela nous permettra de gagner du temps, même si l'heure est grave et que nous avons tous été touchés par le décès subit de notre collègue Rolin Wavre.
Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, il me revient l'honneur de rendre hommage à notre regretté collègue et ami Rolin Wavre au nom du groupe UDC-Genève. Comment résumer Rolin ? Homme de conviction, humaniste engagé au CICR sur des terrains de guerre, personnalité généreuse, grand sportif au coeur énorme. J'ai bien connu Rolin dès 2008 lorsqu'il est devenu secrétaire général du parti radical. Il était déjà très actif, toujours fourmillant d'idées et de projets, et il avait surtout des convictions, il aimait aller au bout des choses, comme s'il voulait sans cesse repousser les limites, faire toujours un peu mieux, toujours un peu plus.
Et puis le virus de la politique l'a rattrapé et il est devenu d'abord conseiller municipal à Pregny-Chambésy, ensuite député. Je le rejoignais chaque année à Pregny Alp Festival, fête bien helvétique de musique folklorique, dans sa belle commune de Pregny-Chambésy où nous partagions un verre de rosé de gamay ou encore une bonne bière. En 2014, il a rejoint l'aventure du Servette Rugby Club avec notre regretté collègue et ami Pierre Losio et moi-même. Il avait le rugby dans le sang, il avait joué dans sa jeunesse pour le club de Neuchâtel. Enfin, je l'ai retrouvé dès 2018, comme nous tous, lors de cette législature au Grand Conseil. Sportif engagé, il a également assumé la vice-présidence de Pro Vélo.
A Pascale, à ses filles, à ses proches, je présente au nom de notre groupe toutes nos condoléances et sincères pensées. Je terminerai par cette citation de Victor Hugo: «Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout là où nous sommes.» Tu vas nous et me manquer, Rolin. Adieu, l'ami !
M. Jean-Luc Forni (PDC). Mesdames les députées, Messieurs les députés, je vais lire l'hommage préparé par notre consoeur, Mme Anne Marie von Arx-Vernon, qui aurait voulu le prononcer aujourd'hui au nom du groupe démocrate-chrétien. «Trop tôt»; «Il avait tant à donner encore»; «Non, pas lui». Au sein du parti démocrate-chrétien, ces mots se sont bousculés lorsque nous avons appris la terrible nouvelle du départ de Rolin. Un collègue si proche de nous, de nos valeurs, un frère non pas d'armes, mais de justice et de paix.
Trop tôt: tellement jeune qu'on lui en voudrait presque de nous fausser compagnie sans nous avoir prévenus qu'il partait sans revenir. Que ce soit en politique, où son humanité et son respect de l'autre constituaient un exemple à suivre, ou encore dans ses visions d'une société qui met vraiment l'humain au centre, il avait encore du pain sur la planche.
Donner: ce verbe lui allait si bien. Il donnait sans réserve quand il était convaincu de la justesse de ses combats. Le parti démocrate-chrétien a tout particulièrement admiré ses engagements en faveur de la démocratie au Vietnam et l'a accompagné avec respect et considération dans toutes les manifestations où son verbe était écouté. Là encore, il va beaucoup nous manquer.
Non, pas lui: nous avions tellement besoin de sa bienveillance, de sa compassion, de ses engagements et de son humanité. Nous ne pouvons que constater qu'il appartient désormais à la famille des Justes pour l'éternité. Adieu, Rolin ! A sa famille, à sa famille politique, le PDC exprime sa profonde sympathie. Nous garderons de lui le meilleur des souvenirs.
Mme Jocelyne Haller (EAG). Rendre hommage à une personne disparue, Mesdames et Messieurs les députés, constitue toujours un exercice difficile. Comment observer le bon ton ? Comment éviter la flagornerie ? Rien de plus déplacé... (Panne de micro. Paroles inaudibles de l'oratrice, qui poursuit son intervention.)
M. Romain de Sainte Marie. On n'entend plus, Jocelyne. (Un instant s'écoule.)
Mme Jocelyne Haller. Et maintenant ?
Des voix. Non !
Mme Jocelyne Haller. Non ? (L'oratrice appuie sur le bouton de son micro. Remarque.) Ah, il faut que ça devienne rouge ! Excusez-moi. Je reprends: rien de plus déplacé que ces éloges dithyrambiques qui ne convainquent personne et qui, à force de flatteries, finissent par manquer de respect au disparu. La mort ne rend pas les gens meilleurs; en revanche, elle laisse un vide, une douleur, une image, un souvenir à la mesure de ce que la personne décédée a été, de ce qu'elle a fait de sa vie, de ses engagements, de son attitude vis-à-vis des autres et de ses proches.
A cet égard, Rolin Wavre laisse derrière lui un grand vide. Dans notre groupe, tous ceux qui ont eu l'occasion de collaborer avec lui relèvent sa bienveillance, son ouverture d'esprit et son engagement pour des causes que l'on n'assimile pas forcément à celles de la famille politique qu'il avait choisie. Cette capacité à s'affranchir des dogmes et à vivre ouvertement ses convictions était sans doute l'une des caractéristiques les plus marquantes de Rolin Wavre, et c'est celle que nous garderons en mémoire, nous qui ne l'avons pas mieux connu sur le plan personnel. Je soulignerai encore, car cela ne gâche rien, bien au contraire, la courtoisie et l'amabilité qu'il manifestait constamment dans nos échanges.
Pour ma part, j'ai eu l'occasion de le côtoyer dans le cadre d'un groupe de travail interpartis pour la dépénalisation du cannabis, ce qui en dit long tant sur l'humanisme de cet homme que sur son pragmatisme. Rolin Wavre fait partie de ces gens dont on est heureux d'avoir croisé le chemin. Chacune de nos rencontres a été empreinte d'humanité, et c'est particulièrement précieux dans un milieu où, trop souvent, les postures, les attitudes ne sont pas ce qu'elles devraient être. De cela aussi, nous lui sommes reconnaissants, et cela nous amène à déplorer plus vivement encore sa perte.
Nous ne pourrions pas conclure cet hommage sans exprimer toute notre sympathie à la famille et aux proches de Rolin Wavre. Nous le formulons ici avec une profonde empathie et un grand respect.
M. David Martin (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, le décès de Rolin Wavre a été un véritable choc. Au nom des Verts, j'aimerais en premier lieu adresser nos sincères condoléances à sa famille et à ses proches. Au cours de deux trop courtes années au Grand Conseil, j'ai eu beaucoup de plaisir à échanger avec Rolin Wavre; j'aurais aimé faire davantage sa connaissance, je me réjouissais de développer de nombreux projets politiques avec lui. Le sort en a décidé autrement.
Rolin était un homme concerné par les grands enjeux de notre planète, comme en témoignent ses dix-huit années d'engagement pour le CICR, comme en témoigne aussi et surtout son investissement pour les questions écologiques. Ses convictions l'ont notamment amené à s'impliquer activement dans les comités de la Chambre de l'économie sociale et solidaire et de Pro Vélo. Sa liberté de pensée et sa grande capacité de dialogue lui ont permis d'oeuvrer avec aisance en tant que PLR au sein de deux associations pourtant connues pour leur coloration rose-verte. C'est que Rolin aimait penser au-delà des dogmes et jeter des ponts par-dessus les frontières qui trop souvent nous séparent.
Rolin Wavre est parti trop tôt, en pleine force de l'âge, au beau milieu d'un engagement très important sur le plan politique et associatif, au beau milieu d'un engagement très fort pour Genève. Puissent son ouverture d'esprit, son humanisme, sa bienveillance et son goût du dialogue servir de source d'inspiration pour notre Grand Conseil et pour notre canton. Merci de votre attention.
M. Romain de Sainte Marie (S). Mesdames et Messieurs les députés, j'ai l'honneur, au nom du groupe socialiste, d'adresser un hommage à Rolin Wavre, disparu beaucoup trop tôt. Ce qu'il faut souligner avant tout, c'est l'humanité qu'incarnait Rolin Wavre, une humanité que l'on retrouve tout au long de sa carrière professionnelle et politique. C'est bien un esprit d'humanisme et d'ouverture qui l'a poussé dans son engagement: un engagement démesuré - on l'a entendu précédemment - un engagement de tous les instants, un engagement plus que politique, un engagement associatif, un engagement en faveur de la mobilité douce au sein de Pro Vélo ou du droit des consommatrices et consommateurs à la FRC.
Et il y avait également son ouverture: ouverture vers l'extérieur, vers l'Europe avec le NOMES, en faveur de la démocratie avec le Comité Suisse-Vietnam. Au-delà de l'aspect des frontières, Rolin se caractérisait par une ouverture d'esprit, une grande liberté de pensée. Je rejoins les propos de Mme Haller: moi aussi, j'ai participé il y a quelques années au groupe de travail interpartis pour la dépénalisation du cannabis, dans lequel Rolin était pleinement investi. Voilà un exemple de largeur d'esprit qui m'avait particulièrement marqué; il fallait avoir cet esprit totalement libre vis-à-vis des dogmes, libre vis-à-vis des partis, libre de penser soi-même et de vivre ses engagements.
Mais ce que nous retiendrons principalement de Rolin, c'est la chaleur et la gentillesse qu'il communiquait lors de travaux en commission, lors de plénières, lors de cafés, lors de simples rencontres. Le groupe socialiste adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches.
M. Patrick Dimier (MCG). Je m'exprime au nom du groupe MCG. Dans la vie politique plus qu'ailleurs, il est rare de rencontrer des personnalités qui, dès le premier abord, vous éclairent de leur rayonnement intérieur. Plus rares encore sont les personnes qui jamais ne vous déçoivent par des revirements opportunistes ou de circonstance.
Rolin Wavre, dont j'ai fait la connaissance lors des travaux de la Constituante, fait partie de ces personnalités d'exception qui vous redonnent espoir en la politique, dont les arcanes avoisinent parfois les bas quartiers du fils d'Hélios et d'Hirmina. Il est vrai qu'un homme qui a été confronté aux pires exactions dont Sapiens est capable pour servir les plus faibles et les plus démunis ne peut qu'inspirer un profond respect.
Les élections de 2018 nous ont permis de nous retrouver dans ce parlement. Nos relations se sont surtout concentrées autour de quelques axes politiques liés aux droits de la personne, où son expérience au CICR apportait beaucoup à notre réflexion, et de son dernier combat, celui du PL 12525, qu'il ne pourra malheureusement pas mener à terme. Au groupe MCG, nous savons combien ce projet lui tenait à coeur; il avait le sentiment tout à fait justifié que quelque chose dans le dossier de cette infrastructure majeure pour l'avenir de Genève et de sa région ne tournait pas rond. On voyait ainsi affleurer, sous la fine peau du politicien, celle de l'homme juste, foncièrement honnête, au service de l'intérêt général et de l'intérêt général seulement qu'était Rolin Wavre.
Au moment difficile de lui rendre hommage, le groupe MCG tient à affirmer sa totale loyauté dans cette lutte. Le départ abrupt de ce parlementaire de grande valeur nous affecte tous, tant il apportait à l'ensemble de ce Grand Conseil par la profondeur et l'humanité de sa pensée. Nous exprimons notre peine à sa famille et lui présentons nos plus sincères condoléances. Merci, Monsieur le président.