Séance du vendredi 22 septembre 2017 à 14h
1re législature - 4e année - 6e session - 33e séance

P 2000-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition pour des Automnales sans fourrure ni foie gras
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session II des 6, 7 et 24 avril 2017.
Rapport de M. Pascal Spuhler (MCG)

Débat

Le président. Cet objet est classé en catégorie II avec trente minutes de temps de parole. Le rapport est de M. Spuhler, à qui je laisse la parole.

M. Pascal Spuhler (MCG), rapporteur. Merci, Monsieur le président. Deux mots sur cette pétition qui demandait l'interdiction de la vente de fourrures et du foie gras dans le cadre des Automnales. Evidemment, ça nous intéresse et tout le monde soutient l'association contre la vivisection, mais la demande est un peu exagérée, dans le sens où on interfère avec le commerce privé, le commerce d'exposition, dans une exposition d'importance quand même internationale !

Nous nous sommes également renseignés au niveau fédéral pour savoir à quel niveau les interdictions devaient survenir. En l'occurrence, à part l'interdiction du gavage sur les animaux, que nous comprenons et soutenons, il n'y a aucune interdiction d'élever des animaux pour la fourrure. Le seul empêchement éventuel à l'élevage d'animaux pour la fourrure, ce sont les conditions assez drastiques et assez sévères pour l'élevage. Cela fait que personne ne s'adonne réellement à l'élevage d'animaux pour la fourrure en Suisse. Pour toutes ces diverses raisons, nous ne pouvons pas intervenir dans le cadre privé. Bien sûr qu'il y a des interdictions, mais du moment que les commerçants respectent les règles et les lois, nous ne pouvons pas intervenir sur le type ou la morale d'une exposition, même si celle-ci pourrait en choquer certains.

Donc, pour toutes ces raisons, Mesdames et Messieurs les députés, je vous propose, comme la commission des pétitions, de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. (Brouhaha.)

Le président. Merci, Monsieur. (Brouhaha.) S'il vous plaît, un peu de silence ! La parole est à Mme Salika Wenger.

Mme Salika Wenger (EAG). Merci, Monsieur le président. Chers collègues, en plus de la difficulté d'intervenir au niveau du commerce privé, il y avait aussi la volonté de parler des critères éthiques concernant la production du foie gras et des fourrures. Je me suis renseignée sur d'autres produits. Il s'avère par exemple que dans la production de fibre de coton, toutes les chemises, tous les t-shirts que nous portons ont besoin d'être blanchis et cardés. Il faut des produits chimiques extrêmement puissants pour le blanchissage du coton et le cardage produit une poussière extrêmement fine qui provoque des cancers, qui provoque de l'asthme. Là, on parle donc d'un seul produit ! Les chaussures en cuir que vous portez, que je porte, que nous portons, ont elles aussi des effets sur les travailleurs au moment de la teinture ou de la coupe.

Encore une fois, des milliers de travailleurs sont concernés par ce genre de choses. Les ouvriers agricoles, par exemple pendant les vendanges... Je ne parle pas de leurs conditions de travail ici, je parle de pays comme les Etats-Unis, comme le Chili, comme tous ces pays qui produisent du vin et dans lesquels les travailleurs agricoles sont non seulement mal payés, mais ont une vie qui n'a aucun rapport avec celle que nous réservons aux travailleurs ici.

Là, pour l'instant, on nous fait une petite pétition pour nous dire qu'il faut s'occuper des canards et des oies. Oui, en effet ! Je trouve effectivement que les canards et les oies sont des animaux très - très - importants, mais peut-être pourrait-on s'intéresser à des choses qui sont un tout petit peu plus... mortelles, je dirais; et nous laisser manger du foie gras à Noël, c'est quand même le minimum ! (Applaudissements.)

Mme Sarah Klopmann (Ve). Cette pétition n'empêche personne de manger du foie gras à Noël ! Cette pétition rappelle juste qu'il y a un petit paradoxe entre des lois suisses qui amènent une certaine éthique et qui disent qu'en Suisse, on n'a pas le droit d'utiliser certains modes de production pour la fourrure, pour le foie gras, notamment le gavage des oies. Pourtant, on permet aux Automnales de Genève de promouvoir ces produits qui, du coup, forcément, ne viennent pas de la Suisse, puisqu'on n'a pas le droit de les fabriquer en Suisse avec ce genre de méthodes ! Elles les promeuvent et les vendent, tout ça pour quoi ? Pour faire rayonner Genève ? Faire rayonner Genève avec des produits qu'on n'a pas le droit de vendre ici ? Je ne comprends pas ! Je n'ai même pas envie de vous faire un discours sur l'éthique, sur le respect des animaux, sur la torture des animaux, parce que personne ne m'écoutera - et c'est dommage. Mais j'aimerais quand même regretter que le bénéfice marchand passe toujours avant l'éthique et j'aimerais surtout qu'on ait tous ici envie - ça, c'est vraiment important pour Genève et son rayonnement - qu'à Palexpo, tous les produits de consommation, alimentaires, à boire, soient de la région, soient labellisés GRTA et promeuvent ainsi vraiment Genève. C'est pour cette raison-là que je soutiens cette pétition et que je souhaite la renvoyer au Conseil d'Etat.

Ensuite, en ce qui concerne mon groupe, je n'ai pas encore très bien compris ce qu'il va faire sur ce sujet. C'est un peu mitigé chez nous: les Verts sont très gourmands, vous le savez. Normalement, ils me suivent, mais je n'en suis pas encore sûre ! On verra ! (Rires.)

M. Jean-Marie Voumard (MCG). Je me réjouis des dires de ma préopinante. En parlant de Palexpo et d'exposition non comestible, j'espère que vous n'irez pas y voir l'exposition de cadavres et soutiendrez notre requête de la boycotter ! (Commentaires.)

M. Marc Falquet (UDC). A titre personnel, je soutiens aussi cette pétition. Je trouve inadmissible qu'à l'heure actuelle, alors qu'on parle de dignité, de droits de l'homme et de tous les droits possibles, on oublie les droits des animaux. Ma collègue a parlé des ouvriers agricoles, mais je ne crois pas qu'on écorche les ouvriers agricoles ou qu'on les gave - au contraire ! Je suis ouvrier agricole à 20% et je suis très heureux, c'est la meilleure chose que j'ai pu faire dans ma vie ! Ça n'a donc rien à voir avec les ouvriers agricoles et la maltraitance animale est un problème qu'on doit traiter ! C'est un problème de conscience, d'évolution de la société et ça devrait être prioritaire.

Quant à Palexpo, effectivement, ils nous font honte en ayant accepté cette exposition de cadavres ! C'est une véritable honte et Palexpo ne respecte pas son cahier des charges, en plus !

Le président. Merci, Monsieur. La parole n'étant plus demandée, nous allons voter. La commission des pétitions préconise le dépôt de la pétition 2000 sur le bureau du Grand Conseil.

Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2000 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 56 oui contre 6 non et 7 abstentions.